Une tribune pour les luttes

mardi 27 février 2018

MARSEILLE

20 h 30

Casa Consolat, 1 rue Consolat 13001

Un ciné-club militant • Les derniers mardis de chaque mois

Projection-débat autour de « L’Assemblée » de Mariana Otero

Ciné Casa Consolat & CNT 13

Chaque projection sera suivi d’un DÉBAT et d’un REPAS concocté par l’équipe de la Casa Consolat.
L’ENTRÉE pour chaque projection est à PRIX LIBRE.

L’Assemblée, documentaire de Mariana Otero, 1h35. Nuit Debout, printemps 2016.

Le 31 mars 2016, place de la République à Paris naît le mouvement Nuit debout. Pendant plus de trois mois, des gens venus de tous horizons s’essayent avec passion l’invention d’une nouvelle forme de démocratie. Comment construire quelque chose ensemble tout en considérant chacun dans sa singularité ? Comment réinventer le collectif ? Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ?

Présente comme « citoyenne » dès les prémisses de Nuit debout, la réalisatrice Mariana Otero n’a pas résisté le 1er avril 2016 — 32 mars selon le calendrier Nuit debout — à prendre une caméra. Ce film en résulte.

Durée : 1H39


Recension dans le Combat Syndicaliste de décembre 2017, n°429

Faire assemblée

À la suite d’une réunion, une assemblée générale se développe chaque soir place de la République, à Paris par le biais de militant·es aguerri·es, membres d’associations ou « autonomes », par le biais de nouveaux-lles arrivant·es dans les luttes, les contestations et les « autres futurs », par le biais de n’importe qui parce qu’être n’importe qui est tout de même l’une des meilleures définitions de qui individuellement nous sommes. Mariana Otero en est. Elle est aussi documentariste : on lui doit notamment « Entre nos mains » (2010) et « À ciel ouvert » (2013). Ce film n’a pas pour sujet Nuit Debout. Il se déroule intégralement à Paris et Nuit Debout ne fut pas que parisien.

Ce film n’a pas pour sujet Nuit Debout Paris, il ne retrace pas l’histoire du mouvement, n’en n’est pas non plus exhaustif. Ce film ne s’appelle pas Nuit Debout, mais L’Assemblée, celle avec un A capitale dont on peut circonscrire le champ à l’assemblée centrale de la place de la République. Et quand il s’écarte des plans de cette grande assemblée, c’est pour explorer – presqu’exclusivement – la commission qui avait en charge l’organisation et l’évolution de l’assemblée. Allers-retours permanents entre l’assemblée où s’appliquent des règles imaginées pour que la parole s’exprime et tourne, et l’assemblée de la commission où sont remises en question ces règles.

On voit ici les théories de l’expression en démocratie s’échafauder, évoluer, s’améliorer, se casser la figure, rebondir, et c’est là tout l’intérêt du film – et certainement de Nuit Debout – confronter les théories à leur application et construire par les faits. Vaste ambition donc que de traiter ce sujet en documentaire et ambition réussie grâce au ton de ce que capte la réalisatrice. On suit des militant·es qui semblent pour la plupart nouveaux arrivant·es dans le monde des « assemblées populaires » – pour qualifier sans enfermer ce qu’il s’est joué, pendant des mois, sur cette place de la République. De là se dégage un discours que je qualifierai de naïf, dans un sens extrêmement positif. Il n’est jamais fait référence à tel ou tel théoricien, tel concept, les échanges sont généralement courts, un langage sans effet déclamatoire ni exclusion par la « culture politique et théorique ». De ceux-ci se dégagent un sentiment de simplicité et d’honnêteté, un ton volontaire et bienveillant même s’il est fait d’oppositions. Ou comment aborder de manière claire et humaine les problématiques de la démocratie directe.

Ici, je me permets de partager mon sentiment de cénétiste avec un parallèle avec les motions dites « de fonctionnement » de nos congrès. Tous les deux ans, nous passons de longs moments – généralement plus d’une demi-journée – à échanger à propos de nos règles internes. Comment discuter, prendre en compte les interventions, compter les voix, valider un vote, prendre des décisions, etc. Ces motions m’ont toujours paru ennuyeuses, pinailleuses et pourtant ! Elles sont ce qui définit fondamentalement notre organisation que nous construisons, imaginons, développons sans cesse. Comment faire vivre nos désaccords ? Comment nos différentes idées n’ont pas pour objectif de s’opposer ou de se confondre, mais d’en créer de nouvelles issues de nos discussions, de nos compréhensions et de nos imaginations ? Comment chacun·e peut s’exprimer, être pris·e en compte ? Comment une force et une volonté collective s’en dégagent ? Comment préserver une unicité ?

« L’Assemblée » expose des questionnements du même ordre que celui posé par nos motions de fonctionnement... mais sans le côté rébarbatif ! Ou si peu, parfois. Une expression faite de plus de questions que de réponses, évoluant au gré des expérimentations, peu d’assertions, beaucoup de « peut-être ». Mariana Otero et son montage y sont certes pour beaucoup, mais c’est ce que l’on attend – ce que j’attends – du cinéma.

Nuit Debout est-il un échec ou une réussite ? Cette assemblée de la place de la République a-t-elle abouti à quelque chose ? Récurrentes pendant et depuis ce mouvement, ces questions trouvent ici réponse : Nuit Debout, ces assemblées et ces commissions ont eu et ont le sens de la réflexion, de la réflexion collective, de la mise et remise en question, de l’invention. « Avoir du sens » c’est bien ce qui se dégage de ce film où l’on refait sans cesse le monde. Il aurait pu – dû ? – s’appeler « Faire assemblée ».

Alexandre, SIPMCS (Syndicat Interprofessionnel de la Presse, des Médias, de la Culture et du Spectacle)

voir : www.lassemblee-lefilm.fr

source : http://www.cnt-f.org/combat-syndicaliste-no429-decembre-2017.html

P.-S.

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