Malgré les manœuvres patronales, les pressions judiciaires et des conditions d’occupation souvent très pénibles, les ouvriers et les ouvrières ont gagné leur régularisation dans les sept entreprises occupées en Île-de-France. Non sans débats internes, la CGT a réalisé une belle démonstration de solidarité.
Lancées le 12 février, les grèves avec occupation dans sept entreprises, pour la régularisation des ouvrières et ouvriers sans papiers, ont abouti le 23 mars.
La lutte s’est déroulée dans des conditions bien différentes sur plusieurs départements d’Île-de-France, avec une coordination assurée de manière très efficace par le collectif migrants de la CGT. Les grévistes travaillent dans des secteurs très divers : nettoyage (STLG et Sepur), transports (Chronopost et GLS), construction (Défi Technology), restauration (Event Thaï), Livre (France-Routage)... Certains sont en CDI, la plupart sont intérimaires. Dans ce second cas de figure, les boîtes d’intérim ont cherché à se défausser sur le donneur d’ordres et vice-versa, ce qui a évidemment compliqué le combat. Les conditions d’occupation ont été difficiles, surtout avec le froid des dernières semaines. Elles ont tourné à la quasi séquestration des grévistes dans un cas où les vigiles les ont menacés : tout gréviste quittant l’entreprise ne pourrait plus y remettre les pieds !
Dans la plupart des cas, ce sont les unions locales CGT qui ont fourni une présence régulière et parfois permanente pour soutenir les grévistes et aider à leur ravitaillement. Le Syndicat du livre CGT a lui aussi investi beaucoup de militantes et de militants sur le piquet d’une entreprise relevant de son champ syndical. L’union locale de Roissy-Aéroport a été condamnée en référé à 40 000 euros d’amende !
Plusieurs rassemblements de solidarité inter-piquets ont été organisés ainsi que l’investissement d’une agence d’intérim. S’il est dommage que le collectif ait repoussé l’idée de participer à la manif antiraciste du 17 mars, le cortège des grévistes dans la manif du 22 mars a été très remarqué.
Suivant leur situation géographique, certains piquets ont multiplié les actions en ville pour faire connaître le conflit et collecter de l’argent. Un bataillon de militantes et de militants s’est formé en un mois !
Pour la CGT, ce conflit a été l’occasion de faire reculer des a priori parmi les travailleuses et travailleurs des sites concernés, y compris parmi les syndiqué.es. Bien que le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, se soit déplacé en personne sur des piquets, le débat est parfois resté difficile dans certaines directions d’unions locales et d’unions départementales qui n’ont pas toutes joué le jeu avec la même énergie. Certaines ont regretté que ce conflit accapare trop de forces et de finances en pleine phase de préparation du 22 mars. Rendre leur dignité aux 160 grévistes en les sortant de la clandestinité n’a pourtant pas de prix !
Jean-Yves (AL 93-Centre)