Une tribune pour les luttes

samedi 26 mai 2018

AIX EN PROVENCE

18 h

3C (Café Culturel Citoyen), 23, boulevard Carnot, 13090

Exposé-débat avec Joël Decarsin

Des petites révoltes de mai 68 à la grande révolution numérique

TECHNOlogos

« Cours camarade, le vieux monde est derrière toi » disait un slogan de mai 68. Aujourd’hui, alors qu’il ne semble plus possible d’entreprendre quoique ce soit sans « surfer sur le web », le vieux monde est vécu comme celui d’avant internet.

Mais alors qu’il y a cinquante ans le mot « révolution » revenait de façon récurrente chez presque tous les intellectuels, nul d’entre eux n’aurait pu imaginer que le grand chambardement qu’ils appelaient de leurs voeux prendrait un jour le qualificatif de « numérique ». L’ennemi d’alors était le capitalisme. Or, malgré ses crises sporadiques, non seulement celui-ci se porte toujours bien mais il est littéralement dopé par les « géants du web », les fameux GAFA, dont nul n’avait anticipé l’éclosion. Que s’est-il passé qui explique cette totale cécité ?

En 1999, dans "Le nouvel esprit du capitalisme", Luc Boltanski et Eve Chiapello estimaient que si, malgré les graves dommages écologiques et sociaux qu’il provoque, le capitalisme survit à toutes les critiques, c’est d’abord parce que ses agents moteurs sont parvenus à intégrer, « récupérer », les valeurs dites ’libertaires’ véhiculées par les forces qui s’opposaient à lui. Bien documenté, leur livre connut un franc succès. Mais presque vingt ans après sa publication, et cinquante après les ’’événements de mai’’, l’analyse – comme tant d’autres - nous semble notoirement incomplète.

D’une part, en effet, elle n’indique absolument pas en quoi les prétendues valeurs contestataires de 68 étaient « révolutionnaires », pourquoi les insurgés de l’époque s’en prenaient exclusivement au capitalisme occidental et pourquoi la majorité d’entre eux encensaient l’autre capitalisme, le capitalisme d’état, auquel on donnait à l’époque le nom de communisme. Cette analyse fait également l’impasse sur les conséquences de l’évolution des moyens de production, à savoir la montée en puissance de l’automation, érigeant la technique en « créatrice de valeur »… en lieu et place du travail.

Cette analyse - comme toutes les autres, répétons-le – esquivait un paramètre de taille, lequel reste, encore à ce jour, entièrement refoulé par la conscience collective : l’idéologie technicienne.

P.-S.

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