Une tribune pour les luttes

Collectif

Appel contre la politique de criminalisation et de répression systémique qui s’abat sur les opposant•e•s à la poubelle nucélaire CIGEO à Bure

Article mis en ligne le lundi 22 octobre 2018

Plus de 100 organisations et personnalités appellent à une réaction massive face à la criminalisation de la lutte contre la poubelle nucléaire à Bure.

voir aussi là :
https://france.attac.org/actus-et-medias/le-flux/article/plus-de-100-organisations-et-personnalites-appellent-a-une-reaction-massive

Ces organisations nationales et régionales, collectifs et personnalités publiques se joignent à cette tribune des associations, collectifs et habitant-es en lutte contre la poubelle nucléaire CIGEO, pour :
- mettre fin à la criminalisation de la lutte à Bure et des autres mobilisations et espaces d’opposition en France
- construire une résistance à cet effet
- en finir avec la peur et le silence

Bure est devenu un gigantesque laboratoire répressif. Asphyxier ce combat légitime contre l’ordre nucléaire est un test pour mieux réprimer les autres luttes à l’avenir. Nous sommes tous-tes concerné-e-s.

Appel contre la politique de criminalisation et de répression systémique qui s’abat sur les opposant•e•s à la poubelle nucélaire CIGEO à Bure

Nous, associations nationales et locales, collectifs, comités, personnalités, dénonçons la politique de criminalisation et de répression systémique qui s’abat sur les opposant-e-s à la poubelle nucléaire CIGEO à Bure depuis plus d’un an et demi. Pour détruire ce mouvement de résistance vieux de 25 ans, il y a déjà eu plus d’une cinquantaine de procès. Des centaines de mois de sursis distribués. Près de 2 ans de prison ferme. 26 interdictions de territoire. 7 personnes interdites de se voir et rentrer en relation, et ce pour des années, dans le cadre d’un contrôle judiciaire dans une instruction pour "association de malfaiteurs". Des milliers d’euros d’amende. Une vingtaine de perquisitions réalisées en Meuse, à Paris, en Isère. Une trentaine de gardes à vue - dont celle, le 20 juin 2018, de l’avocat Maître Étienne Ambroselli. Un escadron de gendarmes mobiles installé sur place depuis l’été 2017. Chaque jour, depuis plus d’un an, les habitant-e-s de Bure et autour sont suivis, fichés, filmés, et contrôlés, et parfois à plusieurs reprises en l’espace de quelques heures.

Ce mardi 16 octobre, dans l’enceinte du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc une nouvelle atteinte aux droits de la défense a eu lieu, un nouveau pas franchi dans la répression. Ce matin-là, parmi d’autres procès, le tribunal a jugé en absence et par défaut le militant et journaliste Gaspard d’Allens. Pourtant ce dernier n’a jamais été informé qu’un procès le concernait. Il ne savait pas qu’il y avait des accusations portées contre lui. Il n’a donc pas pu préparer sa défense ni choisir un avocat. Néanmoins, il a quand même été jugé : au mépris des garanties les plus élémentaires des droits de la défense.

Le procureur Olivier Glady a expliqué devant une assistance et des avocats outrés qu’il lui avait envoyé une convocation à une adresse à Paris. Or cela fait 5 ans que Gaspard n’y habite plus et le procureur le savait pertinemment. Gaspard est domicilié à Mandres-en-Barrois, à proximité de Bure, où il a été filmé durant des semaines presque quotidiennement par les gendarmes. Le procureur a pourtant affirmé qu’il était "radicalement introuvable".

Mais qui à Bure pourrait encore être « introuvable » alors qu’une surveillance généralisée traque les opposants à CIGEO ? Qu’entre 15 et 50 téléphones sont sur écoute de façon ponctuelle ou permanente ? Que les communications sont espionnées et les déplacements traqués ? Que toutes les amitiés qui sont nées au coeur de cette résistance sont soupçonnées de relever d’une « association de malfaiteurs » à finalité criminelle ? Des millions d’euros d’argent public sont dépensés pour traquer les opposants, et le Parquet n’aurait pas pu actualiser son adresse de résidence ?

Depuis le mois de juin 2017, dans le cadre d’une instruction judiciaire pour "association de malfaiteurs", une « cellule Bure », basée entre Nancy et Commercy, fait travailler à temps plein entre 5 et 10 officiers de police judiciaire. Leur mission : enquêter et consigner toute la vie des opposants dans des milliers de procès-verbaux. Un seul but :
surveiller et détruire le mouvement de lutte par l’asphyxie policière et judiciaire.

Avec une autre personne, Gaspard a été accusé d’avoir fait opposition "par violence ou voie de fait" le 23 janvier 2017, aux travaux publics de l’ANDRA dans le bois Lejuc occupé. Le procureur réclame 3 mois de sursis simple. Une peine devenue classique pour quiconque refuse l’ordre nucléaire en Meuse. Gaspard s’est interposé physiquement quelques minutes devant un bulldozer. Mais où est la "violence", puisqu’à cette époque, le 30 janvier 2017, le chef de chantier de l’Andra, Emmanuel Hance versait de l’huile inflammable sur des opposants accrochés à une barricade (https://www.youtube.com/watch?v=kzit6sJjt-E) ?

Cette violation évidente des droits de la défense n’est qu’une goutte d’eau de la politique de karcher répressif qui vise à "nettoyer" intégralement toute forme de contestation à Bure. Le 16 octobre, six nouveaux procès absurdes ont également eu lieu, principalement pour des "outrages" générés par le climat de militarisation irrespirable qui s’est installé dans le sud-Meuse. Trois mois de prison ferme ou avec sursis ont été requis en fonction des cas.

D’étranges pratiques s’installent en Meuse. Que penser d’un tribunal où les gendarmes mobiles encadrent les arrivées et les départs à chaque procès concernant Bure, et finissent régulièrement par vider la salle d’audience ? Quelles conclusions devons-nous tirer lorsque des avocats commis d’office refusent de se déplacer pour assister certaines personnes gardées à vue à Bure ? Comment juger le fait que l’avocate de l’Andra, Carine Bourrel, soit également la batônnière de la Meuse ? Que devons-nous conclure lorsqu’en garde à vue un officier de police judiciaire appelle le juge d’instruction M. Le Fur par son prénom, « Kevin », lorsqu’elle lui passe des coups de téléphone ?

Nous dénonçons fermement la mise en place depuis 2 ans en Meuse d’un système mafieux qui ne dit pas son nom, où les libertés fondamentales et les droits de la défense sont chaque jour piétinés. Au nom de l’avancée forcée d’un projet nucléaire démentiel qui ne présente aucune garantie de sécurité et de faisabilité. Au nom de la destruction d’un mouvement de lutte pluriel pour commencer les travaux imminents de CIGEO. Au nom de la mise en place d’un laboratoire répressif servant d’expérimentation pour mieux neutraliser de futures luttes.

Fait tout aussi inquiétant, cette répression massive s’installe également partout ailleurs en France et dans le monde, dans les mouvements sociaux, les quartiers, les luttes migratoires, les luttes territoriales et environnementales... Nous ne devons pas rester silencieux ni courber l’échine par peur d’être les prochain-e-s sur la liste.

Nous appelons à ce qu’un maximum d’organisations, de comités, de collectifs et de personnalités publiques signent et relaient cette tribune pour :
- mettre fin à la criminalisation de la lutte à Bure et des autres mobilisations et espaces d’opposition en France
- construire une résistance à cet effet
- en finir avec la peur et le silence

Nous appelons à densifier partout les solidarités et à ne pas nous laisser enfermer dans l’isolement.

Nous ne serons pas les prochain-e-s sur la liste !

Nous refusons de céder à l’intimidation !

Si vous souhaitez signer cette tribune

Adresse pour les signatures : soutienburerepression chez riseup.net
(Merci de préciser pour les orgas (NOM DE L’ORGA, FONCTION) dans l’objet
du mail, et pour les personnalités publiques (NOM, PRÉNOM, FONCTION).

Adresse de contact : noussommestousdesmalfaiteurs chez riseup.net

P.-S.

PREMIERS SIGNATAIRES :

Coordination Stop CIGEO : (CEDRA, EODRA, Habitants Vigilants de Gondrecourt-le-Château, Habitants Vigilants de Void-Vacon, des habitant-e-s de Bure et des environs. Burestop 55, Meuse Nature Environnement et Mirabel Lorraine Nature Environnement)

Organisations nationales :
Agir pour l’Environnement Alternative Libertaire Amis de la Terre France Arrêt du nucléaire Attac CGT-Caisse des dépôts Collectif « La Fête à Macron » Ende Gelande France Ensemble ! Greenpeace France HALEM Réseau Sortir du Nucléaire Union Syndicale Solidaires

Organisations nationales et régionales :
ACDN (Action des citoyens pour le désarmement nucléaire) A.C.T.E. (Association Chalonnaise pour une Transition Écologique énergétique et citoyenne) ADENY (Association de défense de l’environnement et de la nature de l’Yonne) Alternative Libertaire 54 ARPENT (Association pour la Restauration et la Protection de l’Environnement Naturel du Tonnerrois) A.P.P.E.L.S. Arrêt du nucléaire Savoie Arrêt du nucléaire 34 ASODEDRA Attac Agen Attac Hauts-Cantons (34) BI Lüchow-Dannenberg Bure Haleurs CADE (Collectif des Associations de Défense de l’Environnement Pays Basque et Sud des Landes) CCAN de Nancy (Centre Culturel Autogéré de Nancy) CEDRAT 87 Cercle 49 Comité de soutien transfrontalier // Grenzüberschreitendes Solikommittee Comité de lutte Bure/Longwy Comité STOP Bure 41 Comité de lutte Bure n Contr’Atom Décroissance IDF Ki 6 col’ (Bourges, 18) La France Insoumise 44 LDH Châlons-sur-Saône Leforest Environnement Les Amis de la Décroissance IDF Mouvement de la paix - Comité sud 54 STOP EPR Ni à Penly ni Ailleurs (SENPNA) STOP Fessenheim STOP Golfech STOP Nucléaire 26 SDN Aude (11) SDN Berry-Giennois-Puisaye SDN Bugey SDN Deux-Sèvres (79) SDN Isère (38) SDN Moselle SDN Paris (75) SDN Pays Nantais (44) SDN Trégor SEL47TERRE Solidaritäts-Kommittee Bure-Dreyeckland Solidaires Alsace Solidaires 54 STOP Précarité Sud Collectivités Territoriales 54 Tchernoblaye (Gironde) Terre et Liberté pour Wallmapu

Personnalités, intellectuel-les, artistes, activistes, politiques
/Intellectuels/Activistes :
Paulette & Didier Anger, militant-e-s antinucléaires Sara Aguiton, chercheuse au CNRS Jérôme Baschet, historien Ludivine Bantigny, historienne Anne-Emmanuelle Berger, professeure à Paris 8 Judith Bernard, metteure en scène et journaliste Eric Beynel, co-délégué de Solidaires Christophe Bonneuil, historien Sam Bourcier, sociologue université de Lille Isabelle Cambourakis, éditrice Geneviève Coiffard-Grosdoy, militante associative Jean-Baptiste Comby, sociologue Danakil, musiciens Jean-Jacques Delfour, philosophe Benjamin Dessus, ingénieur et économiste Anne Gaudron, présidente de la LDH Pyrénées Orientales Vincent Gay, maître de conférences Barbara Glowcewzski,
anthropologue Cécile Gondard-Lalane, co-déléguée de Solidaires Émilie Hache, philosophe Éric Hazan, éditeur Odile Hélier, anthropologue François Jarrige, chercheur et historien Rose-Marie Lagrave, sociologue EHESS Amélie Le Renard, professeure à Paris 1 Stéphane Lavignotte, pasteur Sandra Laugier, professeur des universités Olivier Long, universitaire et peintre, Paris-1 Jean-Marie Matagne, docteur en philosophie Hélène Merlin-Kajman, professeure Catherine Neveu, directrice de recherche CNRS Albert Ogien, directeur de recherche CNRS Gérald Orange, professeur honoraire La Parisienne Libérée, chanteuse Alessandro Pignocchi, auteur de BD Christine Poupin, porte-parole du NPA Josep Rafanell Orra, psychologue et écrivain Les Ogres de Barback, musiciens Serge Quadruppani, écrivain Françoise Verchère, opposante historique à NDDL

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