Une tribune pour les luttes

Zone franche - Bulletin électronique novembre 2005

Genre en action

Article mis en ligne le vendredi 9 décembre 2005

Un édito qui décoiffe, transmis par le Codif : ça donne envie d’aller voir les articles référencés...

http://www.genreenaction.net

Pour être franche, être militante de l’égalité entre les sexes n’est pas
de tout repos ! Je ne parle pas des heures passées bénévolement à essayer
de faire avancer la cause mais du simple fait de suivre l’actualité au
quotidien sur les ondes françaises avec ’un regard genre’, un exercice qui
engendre, chez moi, de plus en plus de montées d’adrénaline et, dans mon
entourage, des signes de " franchement ... faudrait savoir ..." Suis
atteinte de genrinite aïgue ? A vous de juger ...

Je saute de joie à l’élection de la première femme à la tête d’un état en
Afrique (en attendant que ça se passe chez moi) ! Dans l’euphorie, je ne
regarde pas de trop près sa couleur politique, il faut bien l’avouer.
Est-ce bien raisonnable ? En tous les cas, je croise les doigts ’pour
qu’elle fasse ça bien’ pour éviter le redoutable ’voyez bien qu’elles ne
font pas mieux que les hommes’ qui risquerait de compromettre d’autant
l’élection d’autres femmes à de hauts postes de responsabilité sur ce
continent (et ailleurs). En Allemagne, je connais la couleur politique de
la nouvelle Chancellière, je me demande donc si un néolibéralisme porté
par une femme sera différent. Je me souviens soudainement de Maggie et
cesse de suite ma niaise rêverie. Je crains donc le pire politiquement,
mais je ne peux m’empêcher de hurler quand les journalistes commentent sa
coupe et la couleur de ses cheveux, son parcours marital et reproductif
(ciel, elle n’a pas d’enfant ! est-ce bien une femme ?). Je ne me souviens
pas avoir entendu autant de détails sur la vie privée et capillaire de
Schroeder lors de son élection. Et quand, sur une radio nationale
française, j’entends qu’on appelle la Chancellière "la première Dame
d’Allemagne", je m’étrangle. A t-on jamais appelé J. Chirac, le "premier
Homme de France" ?! Jamais entendu ça sur les ondes. D’accord, le
sobriquet de la "Dame de fer" est déjà pris, mais franchement ... la
’première dame’ ... Est-ce si difficile de dire la Cheffe d’Etat ? D’autant
que, quand on fait référence à ’une première Dame’, on parle généralement
de l’épouse (non élue et sans fonction politique officielle) d’un Chef
d’état. Et puis pourquoi ’dame’ et pas ’femme’ ... A t-on jamais entendu
un Chef d’état se faire appeler ’Monsieur de fer’. Bon, je n’aurais pas
vôtée pour elle, mais quand même ...
Bon, franchement t’es compliquée ... Politique mise à part, t’es contente
ou pas qu’il y ait des femmes Cheffes d’état ?

Violences urbaines en France ... pendant plusieurs jours, les média ne
semblent pas remarquer l’absence de filles/femmes dans les émeutes, les
politiques non plus d’ailleurs. Ensuite ils ne parlent pas, ou si peu des
femmes qui se mobilisent, forment des cordons, veillent. Dans la
surenchère médiatique, la ’race’ cache le genre, l’exclusion sociale avale
celle des femmes, les violences urbaines ignorent les violences de genre.
Mais quand les politiques en appellent aux parents, les medias parlent
enfin des filles. Pas des mères. On parle de et avec des filles surtout,
scolarisées, maîtrisant la langue, déjà aguérries et verbales sur les
situations qu’elles vivent et qui sont souvent loin d’être drôles. Mais on
n’entend pas les mères, parce que ni les médias ni les politiques ne
prennent en compte les écarts générationnels fondamentaux dans la position
des femmes dans ce contexte. Je trépigne à côté de l’émetteur radio pour
que soit aussi relatée la réalité de ces femmes-là. Et l’instant d’après,
je saute en l’air, pas de joie cette fois mais d’effroi, quand j’entends
que selon certains de nos hommes politiques, la polygamie est responsable
des violences urbaines ! masi qu’est-ce qui leur prend ?
Bon alors, faudrait savoir, tu veux qu’on en parle des discriminations et
des difficultés des femmes et des mères dans les banlieues, oui ou non ?
T’es franchement compliquée ...

Le 25 novembre est une journée dédiée aux violences faîtes aux femmes. je
sais que c’est un peu comme le 8 mars, un gros coup de
projecteur avant de retomber dans l’ombre, mais ça a le mérite d’exister
et de s’immiscer dans les média pendant 24 heures. Mais quand j’entends la
prévention de la violence contre les femmes comparée à la prévention
routière, j’hésite entre rire et pleurer. J’apprends (et c’est une femme
fortement impliquée dans la lutte qui le dit) qu’on a bien fini par
réduire la mortalité routière en faisant ralentir les automobilistes et en
leur faisant porter la ceinture, suite à de nombreuses campagnes
médiatiques. Donc, la fin de la violence faîte aux femmes, comme la
conduite irresponsable, serait au bout de la campagne. Que va t’on faire
pour montrer aux hommes qui tapent qu’il faut arrêter ? Leur démontrer
qu’ils feront des économies d’énergie, que ’qui va loin ménage sa
monture’, que c’est mieux de garder les deux mains sur le volant ou que
leur véhicule a le droit inaliénable de ne pas se faire défoncer la
carrosserie ?
Bon, dis, tu veux qu’on en parle des violences contre les femmes oui ou
non, franchement, faut te suivre ... !

Franchement, certains jours j’ai bien envie de les balancer mes ’lunettes
genre’, de les remplacer par des ’la vie en rose’ avec verres très opaques
et des oeillères sur le côté. Ca me ferait des vacances, et à mon
entourage aussi. Mais quand je les croise, qu’est-ce que je leur dis aux
2000 femmes réunies aux colloque d’AWID pour partager leurs combats, aux
béninoises solidaires, aux Rwandaises inlassables, aux Congolaises
violentées, aux Nigérianes exploitées et aux mères des banlieues
tiraillées ? Que je ne m’étais pas posé la question, que je croyais que
c’était vrai parce que je l’avais entendu à la radio, ou que je ne savais
pas que ça existait parce qu’on en parle pas dans les journaux ?
Franchement impossible. A vrai dire, si la genrinite qui dérange et
démange est une maladie sérieuse, j’aimerais bien qu’elle soit
contagieuse.

Claudy Vouhé (membre du réseau, coup de plume ponctuel en renfort à la
coordinatrice sans salaire Elisabeth Hofmann)

PS - Le réseau est toujours en attente de son prochain budget (depuis
juin) ... ça commence à faire franchement long ... mais le site est
toujours vivant ... preuve en est :

Forums thématiques

Banlieue sans femme, banlieue s’enflamme ?

Textes de référence

Sexe, race, classe et mobilité du marché néo-libéral

Enjeux et expériences par thème

Santé des femmes et violence domestique

Nouveau réseau ouest-africain Genre et Conflit

Compte-rendus du Forum de l’AWID

Genre au SMSI de Tunis

Compte rendus forum AWID 2005 : comment le changement a t-il lieu ?

Enjeux et expériences par pays

Mettre fin à la violence sexuelle en RDC

Trafic de femmes Nigérianes sur les trottoirs européens

Divorce à la marocaine

Bilan des 10 ans du réseau des femmes du Rwanda

Tenons les promesses faîtes aux femmes au Bénin !

Actualités

Une femme à la magistrature suprême au Libéria

Passage à l’acte sur la parité en Norvège

Les Femmes en mouvement changent le monde !

Rencontres

Séminaire du CEDREF 2005-2006

Rencontre Alternatives féministes

Femmes face aux STIC

Annonces

Offre et demande de stage/emploi

Stage en Afrique recherché

Le Forum Social Mondial au Mali

Recherche emploi/stage sur genre

Recherche formateurs/trice

Methodologie et outils

Intégrer le genre dans la coopération et la solidarité internationale

Livres, films, revues

Les femmes : Droits humains et réalités

Femmes et missions

Femmes, combats et débats

Féminisme(s) : Penser la pluralité


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