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** Abolir les prisons, la police et le système pénal
Entretien avec Gwenola Ricordeau **
par Gwenola Ricordeau - 21 août 2020
"Basta !" : Vous êtes féministe et vous voulez abolir la prison,
donc là où on enferme les agresseurs. Ces positions sont-elles
difficilement conciliables ?
Ces positions sont plus que "conciliables". Mon travail propose
une analyse féministe du système pénal et de ce que celui-ci fait
aux femmes. Cela permet de faire plusieurs constats. Tout d’abord,
les personnes détenues sont pour l’essentiel des hommes, mais la
vie des femmes de leur entourage, mère, sœur, compagne, fille, est
souvent affectée par cette incarcération, notamment à travers les
diverses formes de travail domestique qui sont attendues d’elles
et qui incluent le soutien moral, à travers les visites, le courrier,
etc. Par ailleurs, quand on regarde qui sont les femmes qui sont en
prison, on note qu’elles partagent de nombreuses caractéristiques
avec les hommes détenus : elles sont en grande partie d’origine
populaire et issues de l’histoire de la colonisation et des migrations.
Mais les femmes détenues ont aussi des particularités. Une très grande
proportion d’entre-elles ont été victimes de violences sexuelles.
Ces violences ont façonné leur parcours de vie, leur isolement social
ou leur parcours délictuel. Et lorsqu’on examine la protection que les
femmes peuvent attendre du système pénal, on ne peut que constater un
échec flagrant. (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/Abolir-les-prisons-la-police-et-le-systeme-penal-Entretien-avec-Gwenola
** La Grande Transformation (III) **
par Georges Lapierre - 15 août 2020
Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
"La Grande Transformation" (à suivre)
Dans son livre "La Grande Transformation", Karl Polanyi nous dit
que la motivation profonde de l’homme reste sociale, hier, dans
les sociétés primitives, comme aujourd’hui dans le monde contemporain.
Dans la société originelle, cette motivation était seulement plus
visible dans la mesure où le marché (qui repose sur la recherche
du profit) ne venait pas encore troubler notre perception de l’homme
et de la société. Dans la société primitive, "tous les échanges
s’effectuent comme des dons gratuits dont on attend qu’ils soient
payés de retour, quoique pas nécessairement par le même individu
— procédure minutieusement articulées et parfaitement préservées
grâce à des méthodes élaborées de publicité, à des rites magiques
et à la création des “dualités” (dualities) qui lient les groupes
par des obligations mutuelles — et cela devrait par soi-même
expliquer l’absence de gain, ou même de celle d’une richesse qui
ne soit pas seulement constituée d’objets qui accroissent
traditionnellement le prestige social".
Dans ces observations sur le fonctionnement des sociétés originelles,
l’auteur fait bien la distinction entre le don lié à la conscience
sociale et le prestige lié au paraître (et cela devrait par soi-même
expliquer l’absence de gain, ou même de celle d’une richesse qui ne
soit pas seulement constituée d’objets qui accroissent
traditionnellement le prestige social). Il rejoint ainsi les
conclusions auxquelles j’étais arrivé lors de mes derniers
commentaires. L’activité marchande a un rapport, d’une part, avec
l’intérêt particulier, le souci du gain, et, d’autre part, avec le
paraître qui accroît le prestige social. (...)
https://www.lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-III
** Maurice Born **
par Daniel de Roulet - 12 août 2020
Il y a différentes manières d’évoquer un homme comme Maurice Born.
On peut donner deux dates entre parenthèses et un trait d’union au
milieu (1943-2020), calculer qu’il est mort le 9 juillet à
soixante-seize ans et trouver une signification au trait d’union
entre les deux dates. On peut parler de ce qu’il a fait, des films,
des livres, des débats et même des maisons en dur.
Mais il ne faut pas oublier Maurice en mouvement. Plus d’une fois,
il a déménagé, s’est posé en nous jurant qu’il ne bougerait plus.
Au bout d’un certain temps lui venait l’envie de repartir. Françoise,
sa femme, me dit que si la maladie qui lui a rongé les poumons ne
l’en avait pas empêché, il aurait peut-être une fois de plus décidé
d’abandonner la Crète.
Il a commencé sa vie à Saint-Imier où sa mère nous faisait
d’excellentes tartines pour le goûter tandis que son père
installait l’électricité dans les maisons et vendait des postes
de radio. Quand on naît à Saint-Imier dans le Jura suisse à la fin
de la Seconde Guerre mondiale, on est imprégné par la tradition
horlogère et par la révolte qui en a fait partie. Dès le début,
les horlogers, travailleurs indépendants, refusaient les
transformations qu’apportaient les manufactures. D’où, à la fin du
XIXe siècle, le développement des idées anarchistes dans tout le Vallon.
(...)
https://www.lavoiedujaguar.net/Maurice-Born
LA VOIE DU JAGUAR • informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective • lavoiedujaguar chez riseup.net • http://lavoiedujaguar.net
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