Une tribune pour les luttes

La lettre d’information du site "la voie du jaguar"

Cette lettre recense les nouveautés publiées depuis 14 jours

Article mis en ligne le vendredi 8 janvier 2021

Nouveaux articles


** Troisième partie
La mission **

par SCI Galeano - 25 décembre 2020

De comment Defensa Zapatista tente d’expliquer à Esperanza quelle est
la mission du zapatisme et autres heureux raisonnements.

"Bon, alors je vais t’expliquer quelque chose de très important. Mais
tu ne peux pas prendre de notes, ce que je veux c’est que tu le gardes
en tête. Parce que le cahier, tu le laisses traîner n’importe où, mais
ta tête t’es forcée de l’avoir toujours sur toi."

Defensa Zapatista marche de long en large, comme on dit que faisait le
défunt quand il expliquait quelque chose de très important. Esperanza
est assise sur un tronc et, prévoyante, elle a posé un plastique sur
le bois humide, florissant de mousse, de champignons et de rameaux secs.

"Est-ce que nous allons voir l’endroit où nous arrivons pour la lutte ?"
lâche Defensa Zapatista tendant ses menottes vers nulle part.

Esperanza réfléchit à une réponse, mais il est évident que Defensa a
posé une question rhétorique, autrement dit ce n’est pas la réponse
qui l’intéresse, mais les interrogations qui suivent la première
question. Defensa Zapatista, d’après elle, suit la méthode
scientifique.

"La problème donc n’est pas d’arriver, mais de s’ouvrir un chemin.
Autrement dit, s’il n’y a pas de chemin, eh bien, il faut en faire un,
parce que sinon, comment ?" La fillette brandit un machete qui est
sorti allez savoir d’où, mais c’est sûr que dans une des cahutes
on doit être en train de le chercher.

"Alors la problème, comme qui dirait, a changé, et le plus premier,
c’est le chemin. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Troisieme-partie-La-mission

** Retour à la base
Thèses et observations
sur les objectifs de la lutte en France **

par Raoul Vaneigem - 22 décembre 2020

1. L’autodéfense de la femme est au cœur de l’émancipation
individuelle et sociale.

Débarrassée du féminisme étatique et autoritaire, la volonté
d’éradiquer le comportement patriarcal est le plus sûr moyen d’en
finir avec la peur et le mépris et de la nature et de la vie.

2. Contre les résurgences du patriarcat.

Religieux ou laïque, de gauche ou de droite, le comportement
patriarcal est le pilier de la société hiérarchisée. Il faut, pour
l’abattre, abolir le règne des chefs, sans distinction de sexe.

3. Contre l’écologie idéologique.

Le viol et la violence sont inhérents à une économie fondée sur
l’exploitation de la nature. C’est de son pillage, inaugurant le
règne de la marchandise, que date l’infortune de la femme. L’écologie
restera une idéologie de marché tant que le combat de la femme pour
son autonomie n’impliquera pas une nouvelle alliance avec l’univers
de la vie. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Retour-a-la-base-Theses-et-observations-sur-les-objectifs-de-la-lutte-en-France

** Correspondance
avec une insurgée chilienne **

par Raoul Vaneigem - 22 décembre 2020

Lettre du Chili

(...) À propos du Chili ces jours-ci, il me semble que le terrorisme
sanitaire et la farce électorale ont fini par écraser la force
insurrectionnelle créatrice qui nous avait tous réveillés ici de la
main des jeunes générations. Toutes les raisons qui ont motivé ce
soulèvement sont toujours là, et il semble même que les conditions
existentielles de tous se soient dégradées, mais ce grand rejet
collectif d’il y a quelques mois (Non à l’appauvrissement enduré
jusqu’à l’insupportable ! Non à la compétition impitoyable entre frères
et sœurs, non à une existence où nous ne sommes que de simples machines
à consommer et à travailler, etc.) n’a pas réussi à avancer dans la
création de nouvelles formes de vie. Au contraire, cette lutte qui
faisait revivre l’essence humaine en chacun de nous a été figée dans
une sorte de simulation.

Il y a encore des manifestations sur la plaza de la Dignidad (et dans
d’autres places et territoires du Chili), mais elles n’ont plus le
monde ou la fraîcheur d’avant. Je vois qu’une grande partie du peuple
gaspille son énergie vitale, d’une part, dans une absurde confrontation
avec la police et, d’autre, à rentrer dans un dialogue de sourds avec
le pouvoir. Les premiers offrent leur corps comme matière première à
la machine répressive et nourrissent ainsi le rituel qui permet aux
policiers de s’affirmer dans leur rôle de subjugueur invincible. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Correspondance-avec-une-insurgee-chilienne

** Convocation à la Cinquième Assemblée nationale
du Congrès national indigène **

par CNI, EZLN - 21 décembre 2020

Nous, peuples, nations, tribus et quartiers originaires qui constituons
le Congrès national indigène, le Conseil indigène de gouvernement
et l’Armée zapatiste de libération nationale, alors que nous nous
confrontons à la maladie de notre Mère Terre qui s’est traduite en une
grave pandémie frappant la vie et l’économie de nos communautés et le
monde entier, nous nous faisons entendre dans la voix des peuples
originaires qui crient depuis les géographies où ils luttent et
résistent contre la guerre capitaliste visant à l’appropriation des
territoires indigènes et paysans par d’agressives politiques
d’extraction d’un bout à l’autre de la géographie nationale, par
des mégaprojets de mort appelés Couloir interocéanique dans les États
d’Oaxaca et de Veracruz, Projet intégral Morelos dans les États de
Morelos, Puebla et Tlaxcala, Train maya dans les États du sud-est du
Mexique ou Aéroport international de Mexico dans le centre du pays, par
la mise en œuvre d’un ensemble de politiques et de mécanismes pour la
continuation du "libre commerce" subordonné aux États-Unis et au
Canada, pour contenir la migration et pour empêcher ou affaiblir
l’organisation et la résistance de nos peuples en supplantant les
autorités traditionnelles et en réalisant des simulacres de consultation
indigène.

Il s’agit de politiques et de mégaprojets impulsés par le gouvernement
néolibéral de la Quatrième Transformation au service des grands capitaux
mondiaux contre l’organisation autonome de nos peuples (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Convocation-a-la-Cinquieme-Assemblee-nationale-du-Congres-national-indigene

** En mémoire de Simone Debout **
par Laurence Bouchet, Simone Debout - 20 décembre 2020

En hommage à la résistante disparue le 10 décembre, qui a passé
une partie de sa vie à révéler l’œuvre de Charles Fourier, nous
republions ce dialogue avec Laurence Bouchet (entretien réalisé
le 22 avril 2003, complété par Simone Debout en septembre de la
même année et paru dans les "Cahiers Charles Fourier").

Laurence Bouchet : La philosophie de Fourier forme un ensemble où tout
se tient, si bien qu’en tirant sur un fil on finit par dévider toute
la bobine. J’aimerais aborder avec vous le thème de l’amour et entrer
dans la pensée de cet utopiste par ce chemin. L’aspect passionnel a
été longtemps oublié par les disciples successeurs de Fourier au profit
des analyses économiques et sociales. C’est en 1967, lorsque vous avez
découvert puis publié les manuscrits jusqu’alors inédits du "Nouveau
Monde amoureux", que cet aspect du fouriérisme a été mis au jour et a
permis de relire avec un nouvel œil l’œuvre déjà connue.

Simone Debout : Bien sûr, cet aspect est tout à fait central, tout est
commandé par sa notion de l’amour très généreux en relation avec le
sentiment de l’altérité. Cependant, il ne faut pas pour autant oublier
le côté économique parce que finalement tout est lié et c’est ce que
je voudrais tout de même souligner au début : son indignation face à
la pauvreté et au malheur qui réduisent les gens en deçà de ce qu’ils
peuvent être.

Alors que Saint-Just écrivait "Le bonheur est une idée neuve en Europe",
pour Fourier le bonheur doit être mondial, l’idée neuve est celle
d’une interdépendance du bonheur : "L’humanité sera tout entière
heureuse ou nul peuple ne jouira du bonheur" et sa notion de l’amour
est liée à cette exigence du bonheur pour tous. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/En-memoire-de-Simone-Debout

** La nouvelle anormalité **
par Miquel Amorós - 18 décembre 2020

La catastrophe n’est pas seulement la promesse du malheur annoncé par
la civilisation industrielle ; elle est déjà notre présent immédiat,
ce que confirme l’alarmisme des experts devant la possibilité annoncée
aux quatre vents d’un effondrement du système de santé. En décrétant
la fin du premier confinement, les gouvernants ont essayé d’éviter
l’aggravation de la crise économique. Cependant, l’urgente nécessité
qu’il y avait à sortir l’économie d’une forme de restriction peu
propice à la consommation a conduit au contraire : les résurgences du
virus n’ont pas tardé à venir, ou du moins c’est ce que disent les
statistiques des études scientifiques officialisées. Comme le laissent
malgré tout entrevoir les médias de désinformation, la gestion de la
pandémie a été humainement désastreuse. Pour qu’il en soit autrement
il eût fallu sortir de la logique et du formatage technocratiques et
s’intéresser plus aux individus qu’à leur fonction consumériste :
une société de consommation ne peut se développer avec une économie
semi-paralysée, elle doit donc impérativement s’occuper de ses
consommateurs. Leur degré de disponibilité pour le travail et la
dépense, c’est-à-dire ce que sous le capitalisme l’on appelle la
santé, doit être satisfaisant. Plus clairement, faute de faire,
visiblement, un pas en avant supplémentaire dans le renforcement du
contrôle social, les dirigeants ont choisi le pas de côté : ils ont
décrété un nouvel état d’alerte, conservant ainsi les dispositions
coercitives antérieures, afin de pouvoir relancer les activités
économiques (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/La-nouvelle-anormalite

** "La Grande Transformation" (XI) **
par Georges Lapierre - 17 décembre 2020

Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
"La Grande Transformation" (à suivre)

Notre vision du monde étant le fruit d’un mode de vie, une
cosmovision n’est évidente que pour ceux qui appartiennent à une même
civilisation. L’opposition entre culture et nature est-elle en passe
de devenir une vision du monde partagée par tous ceux qui vivent dans
une civilisation marchande ou bien est-elle toujours une idéologie que
l’avant-garde intellectuelle s’efforce de propager, avec les résultats
remarquables que nous connaissons ? Nous pouvons constater qu’une telle
cosmovision s’étend comme une tache d’huile en suivant le mouvement de
pénétration du marché. Il y aurait d’un côté l’humain, le monde de
la culture, de l’esprit, de la pensée et de l’être et, de l’autre,
la nature, l’apparence, l’absence de pensée, tout ce qui n’est pas
humain. Cet univers réduit au paraître s’oppose à l’être, l’être
serait en quelque sorte l’envers du décor. Non seulement l’apparence
occulte l’être (l’esprit, la pensée) mais rend l’être (l’esprit,
la pensée) inaccessible. Je dirai que l’apparence (ce que nous appelons
la nature) est seulement l’apparence de la pensée, en fait la pensée
comme aliénation de la pensée. La nature n’est pas opposée à la
culture, elle est toute notre culture. On dit en général que la nature
est toute la réalité, je dirai que la nature est toute notre réalité,
ou bien encore que l’aliénation est toute notre réalité. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-XI

** Acte 4 des sans-papiers : égalité, liberté, papiers ! **
par Marche des solidarités - 14 décembre 2020

Appel à l’Acte 4 et à des manifestations sur tout le territoire
le 18 décembre

Malgré les centaines de kilomètres parcourus par les sans-papiers lors
de l’Acte 3, la Marche nationale des sans-papiers du 19 septembre au
17 octobre, les milliers de villes et villages traversés, les centaines
de réseaux mobilisés, les multiples rencontres et les dizaines de
milliers de participant·e·s à la manifestation du 17 octobre à
Paris… rien. Emmanuel Macron n’a pas eu un mot pour les sans-papiers.

Macron et ce pouvoir méprisent les habitant·e·s de ce pays, avec ou
sans papiers.

Ils parlent de liberté. Mais après avoir refusé la liberté de circuler
aux migrant·e·s ils la limitent de plus en plus régulièrement pour
toute la population.

Le gouvernement prétend défendre la liberté d’expression mais a
interdit à la Marche nationale des sans-papiers de défiler vers
l’Élysée le 17 octobre.

Par ailleurs, ils ne respectent pas le droit d’asile, alors même que
l’État français est en partie responsable de guerres et de partenariats
économiques honteux qui provoquent l’exil. (...)
- https://www.lavoiedujaguar.net/Acte-4-des-sans-papiers-egalite-liberte-papiers


LA VOIE DU JAGUAR • informations et correspondance pour l’autonomie individuelle et collective • lavoiedujaguar chez riseup.net • http://lavoiedujaguar.net

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