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Les Sociétés matriarcales. Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde

Article mis en ligne le samedi 10 juillet 2021

Dans son livre, Les Sociétés matriarcales, Heide Goettner- Abendroth fait le tour du globe en passant en revue les sociétés matriarcales qui subsistent encore avec plus ou moins de bonheur. Elle part du matriarcat dans le nord-est de l’Inde avec les Khasi un des peuples où le matriarcat a résisté avec vigueur protégé par la chaîne de l’Himalaya et où subsistent les formes les plus nettes des sociétés matriarcales, pour terminer avec les peuples pasteurs matriarcaux en Afrique du Nord dont les Touaregs héritiers de la civilisation berbère.

C’est un livre qui se lit facilement et très bien documenté. Avec ce passage en revue des sociétés matriarcales, l’auteur bouleverse sur bien des plans les préjugés patriarcaux des études ethnologiques. Ces idées toutes faites, ces présupposés anthropologiques avaient limité considérablement l’avancée d’une réflexion sur l’humain. Nous devons à Heide Goettner-Abendroth un élargissement de notre horizon qui avait fini par devenir étouffant. Son étude ne manque pas de finesse ni d’intelligence, si bien qu’elle donne à penser. C’est à la foi l’intérêt de ce livre et ses limites.

Comme tous les livres qui marquent une avancée réelle d’une réflexion sur nous-mêmes, cette somme se présente comme une étape, comme un moment d’une pensée collective portant en elle ses propres limites qui doivent être, à leur tour, dépassées.

L’intelligence de ces textes fut de poser la question de l’influence d’une civilisation, en l’occurrence la civilisation patriarcale,sur la civilisation matriarcale perçue comme originelle. À mon sens, Heide Goettner-Abendroth aborde trop succinctement la question de la rencontre de deux peuples et la naissance du patriarcat.

À l’origine nous pouvons supposer qu’il s’agit de la rencontre de deux sociétés matriarcales ou de deux peuples matriarcaux et que cette rencontre va modifier en profondeur la nouvelle société née de ce mélange avec la formation d’une classe sociale issue du peuple dominant qui entend diriger la société en formation. Cette nouvelle société qui prend forme repose non plus sur l’égalité qui caractérise le matriarcat en ses débuts mais sur une certaine forme d’inégalité avec une aristocratie qui donne le beau rôle au genre féminin. La société reposant ainsi sur l’inégalité prête le flanc à l’influence des religions de l’inégalité que sont les religions patriarcales.

Tout l’intérêt du livre consiste à susciter ce genre de réflexion.

George

Heide Goettner-Abendroth, Les sociétés matriarcales. Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde, trad. (anglais) par Camille Chaplain, Paris, Editions des Femmes-Antoinette Fouque, 2019.

Ce livre est disponible à la Médiathèque.

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