Une tribune pour les luttes

Communiqué de la Coordination Stop Cigéo

Face au risque nucléaire mis en lumière par le conflit actuel, l’abandon de Cigéo est inéluctable !

Article mis en ligne le jeudi 3 mars 2022

Alors que la guerre russo-ukrainienne met le monde entier en alerte, les différentes menaces nucléaires montrent que la nucléarisation d’un territoire accroît particulièrement sa vulnérabilité.
Cet état de fait doit inciter à protéger urgemment les installations nucléaires en France, à ne pas envisager de nouveaux chantiers tels que de nouveaux réacteurs, et à bloquer un projet de l’envergure de Cigéo qui constitueraient tous indiscutablement des zones de risques supplémentaires.

En quelques jours à peine la situation en Ukraine a basculé et les regards se sont rapidement tournés sur le site accidenté de Tchernobyl et les 15 réacteurs nucléaires que compte le pays (1). Force est de constater que les installations nucléaires en Ukraine semblent être un enjeu pour l’armée russe : prise de contrôle de la centrale de Tchernobyl (2), combats autour de différents sites (centrale de Zaporijia, site d’entreposage de déchets près de Kiev). Au point que l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) se mette en état d’alerte et provoque une réunion d’urgence aujourd’hui même (3).

Les risques nucléaires en Ukraine sont multiples :

D’une part, les installations nucléaires, y compris les sites d’entreposage et de stockage des déchets peuvent potentiellement être utilisés comme des cibles de guerre. D’autre part, les attaques sur les infrastructures électriques du pays peuvent amener à de graves dysfonctionnement des centrales. Enfin, s’ajoutent à ces risques les mises en alerte des forces de dissuasion nucléaire de la part du Président-dictateur Poutine, comme de la part de notre ministre Le Drian, prouvant ainsi que la dissuasion nucléaire n’amène qu’à une escalade inéluctable et incontrôlable, et joue même un rôle proéminent dans l’exacerbation des tensions.

Nous sommes donc confrontés à l’idée redoutable qu’une attaque sur le sol français visant une installation nucléaire n’est pas à exclure en cas de tension, d’autant plus que le territoire français est particulièrement exposé : 56 réacteurs répartis sur 18 centrales, des dizaines de sites de stockage et d’entreposage de déchets radioactifs, les usines de la filière du combustible nucléaire et celles des activités liées à l’armement, 20 000 transports ferroviaires et routiers par an, etc. La consultation de la carte de la France nucléaire laisse un vertigineux sentiment de fragilité face à la réalité de la menace (4).

A cette inquiétude nous apportons ce premier élément de réponse : dans une telle période de crise, la protection des installations actuelles doit être une priorité et constitue le véritable enjeu de sûreté et de sécurité.

Cigéo, un site vulnérable de plus ?

Le climat d’incertitude doit bloquer instamment le lancement d’un projet comme Cigéo qui aggraverait considérablement la vulnérabilité du pays : nouvelles zones de risques en surface, impossibilité de mener sa construction dans de bonnes conditions, amplification de transports ferroviaires et routiers dangereux sur tout le territoire national. Un bombardement au-dessus des installations souterraines de Cigéo occasionneraient immanquablement des fissures dans la couche terrestre. Sans compter la possibilité d’une cyberattaque généralisée touchant le fonctionnement et la maintenance du site à distance.

Qui peut aujourd’hui affirmer que de tels actes malveillants et que le scénario du pire ne pourraient pas concerner la France ?

La crise géopolitique actuelle confirme que notre monde est de plus en plus incertain et que le scénario du chaos est déjà là. Dans cette pression permanente, il serait irresponsable de construire de nouvelles zones à risque. Au contraire, il faut se concentrer sur l’existant : bunkeriser les sites particulièrement sensibles et renforcer la sécurité des installations nucléaires actuelles. Comme Yves Marignac de l’association Negawatt le précisait avec justesse au magasine Reporterre (5) : "Le danger serait que des tirs d’armes lourdes ne touchent les piscines ou les entrepôts abritant les combustibles, et qu’une explosion entraîne la dispersion de particules radioactives".

Nous exigeons que le projet Cigéo soit entièrement abandonné et que ses financements soient redirigés vers la sécurisation des sites d’entreposages et stockages déjà existants.

Et, enfin, il est urgent, en France mais aussi en Europe, de prendre la décision politique d’arrêter l’industrie nucléaire, productrice de ces déchets ingérables, qui, en cas de guerre, augmente considérablement des risques déjà inouïs par temps de paix.

Notes

(1) - https://www.sortirdunucleaire.org/REACTION-A-LA-SITUATION-EN-UKRAINE
(2) - http://balises.criirad.org/actu_guerre_Ukraine_2022.html
(3) - Dépêche AFP du 28/02/2022 :
https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/270222/nucleaire-l-aiea-convoque-une-reunion-face-aux-dangers-du-conflit-en-ukraine : "Nucléaire : l’AIEA convoque une réunion face aux dangers du conflit en Ukraine - L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé la tenue mercredi d’une réunion du Conseil des gouverneurs, pointant « le risque réel » que pose la guerre en Ukraine sur les sites nucléaires du pays."
(4) - https://www.sortirdunucleaire.org/spip.php?page=carte
(5) - https://reporterre.net/L-armee-russe-a-investi-la-zone-de-Tchernobyl

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