Une tribune pour les luttes

La Gazette de Mut Vitz 13

LGdMV13 #9 - Septembre 2022

Repression contre les compas mexicains

Article mis en ligne le mercredi 14 septembre 2022

Bienvenue au neuvième numéro de la « Gazette de Mut Vitz 13 »

La Gazette de Mut Vitz 13
Un café rebelle et zapatiste

La Gazette de Mut Vitz 13

#9 - Septembre 2022

Sommaire



mutvitz13

Bienvenue au neuvième numéro de la « Gazette de Mut Vitz 13 ».
Nous espérons que vous avez réussi à traverser indemnes cet été particulièrement chaud. Après les vagues virales, les vagues caniculaires : à ce rythme-là, on finira bientôt par ne plus rien dénombrer.
Alors que les souscripteurs du café vont recevoir en ce mois de septembre le café des communautés zapatistes, vous trouverez dans cette Gazette deux communiqués : le premier, du Groupe de soutien en solidarité avec Miguel Peralta Betanzos. à propos d'un nouveau mandat d'arrêt émis contre ce compa mexicain, condamné récemment à 50 ans de prison, suite à la révocation de la remise liberté qu'il avait obtenu le 14 octobre 2019.
Le deuxième communiqué nous arrive du Réseau contre la Répression et pour la Solidarité, qui nous informe de l'assassinat, ce 19 juillet, du compa Álvaro Sebastián Ramírez, enseignant et activiste.


mutvitz13

Nouveau mandat d'arrêt contre Miguel Peralta

La contradiction de l'indolente justice actuelle

50 ans, un demi-siècle, c'est la peine qui a de nouveau été prononcée contre notre compañero Miguel Ángel Peralta Betanzos, originaire d'Eloxochitlán de Flores Magón Oaxaca, suite à la révocation de la remise liberté qu'il a obtenue le 14 octobre 2019, après avoir été emprisonné pour des raisons politiques pendant quatre ans, cinq mois et quatorze jours.
Le 4 mars 2022, la troisième chambre pénale de la Cour supérieure de justice de l'État de Oaxaca, saisie en appel par l'agent du ministère public du tribunal mixte de première instance de Huautla de Jiménez contre la sentence de remise en liberté de Miguel, l'a condamné en deuxième instance pour les deux crimes fabriqués dont on l'accuse depuis décembre 2014 ; homicide qualifié avec circonstances aggravantes de préméditation et ventaja (notion d'abus de position avantageuse), et tentative d'homicide avec la circonstance aggravante de ventaja dans l'affaire pénale 02/2015.
Par cette résolution, elle ordonne au Tribunal Mixte de Première Instance d'émettre un mandat de ré-arrestation pour le priver de sa liberté dans n'importe quelle prison de Oaxaca où il reste de la place, pour une condamnation de 50 ans. Il est incongru et peu soucieux de l'appeler « Cour de justice », alors que ce qui prévaut dans ses Chambres, c'est l'impunité et l'ingérence d'autres pouvoirs.
Aujourd'hui, nous nous demandons une nouvelle fois : en vertu de quels éléments juridiques, après plus de 24 décisions de justice, dont des décisions de ce même tribunal, en faveur des 35 personnes citées dans le dossier, pour l'un ou l'autre délit, Miguel est-il le seul à se voir retirer sa liberté et réaffirment-ils les deux crimes qui ont été fabriqués contre lui en le condamnant à une peine d'un demi-siècle de prison ? Il n'y a pas une seule preuve judiciaire conséquente dans le dossier mais bien une preuve politique d'une punition exemplaire face à la défense de la communauté et à l'autodétermination.
Depuis le jour où sa liberté a été gagnée en 2019, grâce à un combat politique et juridique, les accusations portées contre lui par le gouverneur de Oaxaca, Alejandro Murat et par la députée locale de MORENA de l'époque et ancienne présidente de la Commission permanente d'administration et de justice de la LXIVe législature de Oaxaca, Elisa Zepeda Lagunas, sont devenues visibles, mettant ainsi en évidence que les pouvoirs exécutif et législatif de l'état de Oaxaca avaient envoyé une lettre à la présidente de la Cour d'alors pour qu'elle « réexamine l'affaire » en raison de leur désaccord avec la libération. Ils firent ainsi, depuis leur poste de pouvoir, une nouvelle démonstration de leur ingérence dans le système judiciaire.
Non satisfaits de cette ingérence, le 29 octobre 2019, 42 député.e.s de MORENA et le Parti des Travailleurs du Congrès Fédéral ont signé un "point d'accord" dans lequel ils violent une fois de plus le droit de Miguel à un procès équitable en validant la version publique de Elisa Zepeda, en tant que députée, sans fondement juridique selon conformément au dossier et remettant en cause de manière éhontée une résolution judiciaire sans connaissance de l'Affaire pénale 02/2015, car ils font état de faits qui n'apparaissent dans aucun des dossiers de l'affaire.
La nouveau jugement, qui condamne notre compañero à 50 ans d'emprisonnement et l'utilisation de l'appareil législatif et exécutif par le parti au pouvoir au Mexique, réaffirment la persécution politique de Miguel et des indigènes qui défendent leurs propres formes d'organisation face à un système de partis politiques mis en place par les groupes caciques de Oaxaca, en complicité avec le système de justice régional et national. Ceux qui, ensemble, lui ont déjà ôté quatre ans de liberté et tentent maintenant de la lui ôter pour 50 ans.
En sortant, Miguel a continué à dénoncer la fabrication de crimes et l'incarcération injuste de ses sept compañeros d'Eloxochitlán, ainsi que de ceux qui font toujours l'objet d'un mandat d'arrêt.
Cela a conduit à ce qu'il continue à être criminalisé, parce qu'il ne se tait pas et qu'il dénonce les abus de pouvoir d'un groupe de caciques qui réprime sa communauté depuis plus de 10 ans et qui ont finalement obtenu la rupture du tissu communautaire, la désintégration des familles, des déplacements forcés, les persécutions avec mandats d'arrêt et emprisonnements par la fabrication de crimes.
Miguel et ses compañeros continuent d'être emprisonnés et persécutés pour un conflit social et politique pour lequel, par des sanctions judiciaires avec des peines telles que celle qui lui a été infligée à nouveau, telles que 50 ans de prison, sans preuves, avec des témoins qui se contredisent, qui sont incohérents ou qui nient même avoir témoigné, on cherche l'immobilité et le silence.
C'est pourquoi nous faisons appel à votre solidarité, qui nous a accompagnés pendant toutes ces années, pour dénoncer la condamnation à 50 ans de prison et la persécution de Miguel par le régime des partis au pouvoir, et une possible nouvelle arrestation, ainsi que pour la libération immédiate des sept prisonniers politiques d'Eloxochitlán et la fin des mandats d'arrêt pour les personnes déplacées par ce même conflit.
Nous vous demandons d'être attentifs à toute tentative d'arrestation ou d'atteinte à l'intégrité de Miguel, de sa famille et de ses avocats. Parce que ce n'est pas une mince affaire de dire que les accusations qui ont été faites à son encontre, proviennent d'une ancienne députée du parti au pouvoir et qui fait actuellement partie de l'équipe du gouverneur élu de Oaxaca pour MORENA.
Compte tenu du contexte d'impunité et de criminalisation dans l'État de Oaxaca et dans le pays en général, nous tenons pour responsable Elisa Zepeda Lagunas, son père Manuel Zepeda et leur groupe de caciques de la persécution politique, des actes de harcèlement et de la répression qui ont été déclenchés contre Miguel avec cette nouvelle sentence. Les années de condamnation reflètent la hargne avec laquelle sont persécutés ceux qui luttent, mais cela nous remplit aussi de rage et de courage pour ne pas abandonner !
Stop à la persécution politique ! A bas les murs des prisons !
Les prisonniers dans les rues ! #Libres Ya!!
Groupe de soutien en solidarité avec Miguel Peralta Betanzos.


mutvitz13

Vérité et Justice pour Álvaro Sebastián Ramírez


Réseau contre la Répression et pour la Solidarité


Álvaro Sebastián Ramírez est né dans la région de Sierra Sur, à Oaxaca, le 19 février 1958. Originaire de San Agustín Loxicha, il était paysan, enseignant, conseiller municipal pédagogique, père et combattant infatigable pour son peuple.
Enseignant de profession, l'une de ses premières actions organisationnelles a été d'obtenir de l'eau potable pour la communauté de Jazmín del Potrero, où il enseignait. Sa lutte frontale contre les caciques et les paramilitaires dans son village s'est concrétisée par la fondation de l'Organisation des peuples indigènes zapotèques (OPIZ) en 1984.
Son combat l'a amené à affronter des groupes de pouvoir locaux, étatiques et fédéraux. En 1997, l'État de Oaxaca était gouverné par Diódoro Carrasco Altamirano, connu pour son profil répressif avec des détentions, des disparitions, des exécutions extrajudiciaires et des cas de torture, notamment dans la région de Loxicha.
Le 15 décembre 1997, Álvaro Sebastián Ramírez fut enlevé par les forces répressives de l'Etat dans la ville de Oaxaca, accusé d'avoir participé à une action de la guérilla EPR contre des éléments de la Marine, de la Police Préventive et de la Police Municipale le 28 août 1996 à Crucecita Huatulco. Alvaro fut objet d'une disparition forcée et soumis à la torture afin qu'il plaide coupable, avant d'être emprisonné avec 152 indigènes zapotèques de Loxicha. Il fut alors injustement accusé des crimes de conspiration, de terrorisme, d'homicide aggravé et de tentative d'homicide.
Depuis lors, et pendant près de vingt ans d'emprisonnement injuste, les proches d'Álvaro Sebastián Ramírez entreprirent des campagnes, des mobilisations et des forums de dénonciation et pour la lutte pour la justice et la liberté. Chaque initiative a été rejointe par des collectifs, des organisations et des individus du Mexique et du monde entier, toujours encouragés par la ténacité et le travail d'organisation qu'Álvaro Sebastián Ramírez avait promu depuis la prison. Avec des prisonniers politiques du Chiapas et du Guerrero, ils ont organisé des grèves de la faim, des mobilisations et des déclarations, qui ont abouti à la libération de centaines de dizaines de camarades.
En 2006, Álvaro a rejoint l'Autre Campagne de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) et a adhéré à la Sixième Déclaration de la Fôret Lacandone. Depuis son lieu de lutte et à chaque occasion, Álvaro s'est prononcé et a exprimé sa solidarité avec les luttes dignes des peuples du Mexique et du monde. Sa voix a toujours accompagné les disparus, les prisonniers politiques, les persécutés politiques, signalant et dénonçant les agressions contre les communautés zapatistes, exigeant la présentation des étudiants normaliens ruraux d'Ayotzinapa, luttant pour la vérité et la justice.
En 2007 est née La Voix des Zapotecos Xiches en Prison, organisation adhérant à la Sixième Déclaration de la Fôret Lacandone et membre du Réseau contre la Répression et pour la Solidarité.
En 2013, la lutte pour la liberté d'Álvaro Sebastián Ramírez a été embrassée par le Congrès national indigène, unissant les forces, les mains et les cœurs pour la justice et la dignité.
Grâce à La Voix de los Xiches, Álvaro a fait tomber des murs et des barrières au Mexique et dans le monde : il a été entendu dans les vallées, les villes et les communautés de Oaxaca, dans le zócalo de Mexico, dans le digne Chiapas, au pied du volcan Xinantécatl dans la communauté nahua de San Pedro Tlanixco ; il a été représenté sur les graffitis de Valle de Chalko ; il a échangé des mots et des pensées avec le camarade Mumia Abu-Jamal aux États-Unis ; il a été entendu dans des émissions de radio des compas de Guerrero, de Querétaro et de Caroline du Nord ; la solidarité s'est ouverte dans les espaces collectifs des femmes qui luttent, des groupes punks, des organisations anarchistes, étudiantes, enseignantes, syndicales, indigènes et paysannes ; elle a traversé les frontières jusqu'à sentir l'étreinte fraternelle et combative de l'internationalisme latino-américain, européen et américain.
Les fruits de la lutte pour la liberté et la justice ont fleuri en 2017, lorsqu'Álvaro a été libéré de prison grâce à deux décennies d'organisation et de mobilisation.
Une fois rentré dans sa communauté et dans la ville, Álvaro a continué sa lutte civile et pacifique, avec pour principes celui de placer le travail d'organisation de base au-dessus de la recherche de postes de pouvoir électoral, celui de la dénonciation de la corruption et du cynisme des mêmes groupes de pouvoir qui ont toujours détenu la structure de l'État, mais sous un autre nom, sous un autre acronyme, quoiqu'agissant avec la même impunité depuis plus d'un siècle.
Pour nous, pour le Réseau contre la répression et pour la solidarité, il est impossible de séparer la lutte et le travail organisationnel de notre camarade Álvaro Sebastián Ramírez de son assassinat roublard, lâche et ignoble. La coïncidence n'existe pas : il y a quelques jours, Álvaro accusait les gouvernements locaux de détournement de fonds et hier, 19 juillet, il a été assassiné. Depuis qu'il est retourné dans sa communauté, il a été persécuté et on a plus d'une fois attenté à sa vie. Comme Álvaro, de nombreuses autres personnes qui ont atteint leur liberté, ont été assassinés.
Avec ce meurtre, les médias donnent libre cours à la curiosité malsaine et à la désinformation, en exposant des photos qui montrent le peu d'éthique qui caractérise les mercenaires qui possèdent l'argent et les bureaux de presse, en publiant des notes journalistiques qui manquent de légitimité sur les intentions politiques attribuées au camarade Álvaro Sebastián Ramírez, rien de plus faux et de plus ignoble que de tenter de déformer une lutte qui se préparait depuis la base, en insinuant des recherches invraisemblables de positions de pouvoir de la part de notre camarade.
Depuis le Réseau contre la Répression et pour la Solidarité, nous lutterons pour la vérité et la justice pour notre camarade Álvaro Sebastián Ramírez. D'en haut, rien ne viendra que des déclarations stériles et vides ; la petite bureaucratie mexicaine est aujourd'hui plus que jamais le garant de l'impunité et de la lâcheté.
Notre solidarité, notre affection, notre douleur et notre colère vont à la famille Sebastián Luis, en particulier à notre camarade Erika. Nous l'embrassons fraternellement et collectivement.
Nous nous souviendrons du camarade Álvaro souriant, auprès des siens, avec sa famille, convaincu que l'éducation et l'organisation sont fondamentales pour transformer ce système de mort à la racine, sa lutte pour la vie sera toujours un exemple.
Adieu compa Alvaro, que la Terre t'embrasse comme tu nous as appris à la défendre et que la liberté t'atteigne où que tu sois.
Vérité et justice pour Álvaro Sebastián Ramírez !
Contre la dépossession et la répression : solidarité !
Réseau contre la Répression et pour la Solidarité
Juillet 2022
(Communiqué original à lire, en espagnol, ici :
https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2022/07/22/denuncia-de-la-red-contra-la-represion-y-por-la-solidaridad-rvsr-sobre-el-asesinato-de-alvaro-sebastian-ramirez/


Merci d'avoir lu cette gazette, nous espérons que vous l'aurez trouvée intéressante.
Pour tout commentaire sur cette « gazette », ne répondez pas à ces messages, car ceci est une liste de diffusion et non de discussion. Écrivez-nous plutôt à mutvitz13@no-log.org. Nous serons ravis de vous lire.
Salut !

Mut Vitz 13, 2021
mutvitz13@no-log.org
Licence Creative Commons

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#9 - Septembre 2022

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Bienvenue au neuvième numéro de la « Gazette de Mut Vitz 13 ».
Nous espérons que vous avez réussi à traverser indemnes cet été particulièrement chaud. Après les vagues virales, les vagues caniculaires : à ce rythme-là, on finira bientôt par ne plus rien dénombrer.
Alors que les souscripteurs du café vont recevoir en ce mois de septembre le café des communautés zapatistes, vous trouverez dans cette Gazette deux communiqués : le premier, du Groupe de soutien en solidarité avec Miguel Peralta Betanzos. à propos d'un nouveau mandat d'arrêt émis contre ce compa mexicain, condamné récemment à 50 ans de prison, suite à la révocation de la remise liberté qu'il avait obtenu le 14 octobre 2019.
Le deuxième communiqué nous arrive du Réseau contre la Répression et pour la Solidarité, qui nous informe de l'assassinat, ce 19 juillet, du compa Álvaro Sebastián Ramírez, enseignant et activiste.


mutvitz13

Nouveau mandat d'arrêt contre Miguel Peralta

La contradiction de l'indolente justice actuelle

50 ans, un demi-siècle, c'est la peine qui a de nouveau été prononcée contre notre compañero Miguel Ángel Peralta Betanzos, originaire d'Eloxochitlán de Flores Magón Oaxaca, suite à la révocation de la remise liberté qu'il a obtenue le 14 octobre 2019, après avoir été emprisonné pour des raisons politiques pendant quatre ans, cinq mois et quatorze jours.
Le 4 mars 2022, la troisième chambre pénale de la Cour supérieure de justice de l'État de Oaxaca, saisie en appel par l'agent du ministère public du tribunal mixte de première instance de Huautla de Jiménez contre la sentence de remise en liberté de Miguel, l'a condamné en deuxième instance pour les deux crimes fabriqués dont on l'accuse depuis décembre 2014 ; homicide qualifié avec circonstances aggravantes de préméditation et ventaja (notion d'abus de position avantageuse), et tentative d'homicide avec la circonstance aggravante de ventaja dans l'affaire pénale 02/2015.
Par cette résolution, elle ordonne au Tribunal Mixte de Première Instance d'émettre un mandat de ré-arrestation pour le priver de sa liberté dans n'importe quelle prison de Oaxaca où il reste de la place, pour une condamnation de 50 ans. Il est incongru et peu soucieux de l'appeler « Cour de justice », alors que ce qui prévaut dans ses Chambres, c'est l'impunité et l'ingérence d'autres pouvoirs.
Aujourd'hui, nous nous demandons une nouvelle fois : en vertu de quels éléments juridiques, après plus de 24 décisions de justice, dont des décisions de ce même tribunal, en faveur des 35 personnes citées dans le dossier, pour l'un ou l'autre délit, Miguel est-il le seul à se voir retirer sa liberté et réaffirment-ils les deux crimes qui ont été fabriqués contre lui en le condamnant à une peine d'un demi-siècle de prison ? Il n'y a pas une seule preuve judiciaire conséquente dans le dossier mais bien une preuve politique d'une punition exemplaire face à la défense de la communauté et à l'autodétermination.
Depuis le jour où sa liberté a été gagnée en 2019, grâce à un combat politique et juridique, les accusations portées contre lui par le gouverneur de Oaxaca, Alejandro Murat et par la députée locale de MORENA de l'époque et ancienne présidente de la Commission permanente d'administration et de justice de la LXIVe législature de Oaxaca, Elisa Zepeda Lagunas, sont devenues visibles, mettant ainsi en évidence que les pouvoirs exécutif et législatif de l'état de Oaxaca avaient envoyé une lettre à la présidente de la Cour d'alors pour qu'elle « réexamine l'affaire » en raison de leur désaccord avec la libération. Ils firent ainsi, depuis leur poste de pouvoir, une nouvelle démonstration de leur ingérence dans le système judiciaire.
Non satisfaits de cette ingérence, le 29 octobre 2019, 42 député.e.s de MORENA et le Parti des Travailleurs du Congrès Fédéral ont signé un "point d'accord" dans lequel ils violent une fois de plus le droit de Miguel à un procès équitable en validant la version publique de Elisa Zepeda, en tant que députée, sans fondement juridique selon conformément au dossier et remettant en cause de manière éhontée une résolution judiciaire sans connaissance de l'Affaire pénale 02/2015, car ils font état de faits qui n'apparaissent dans aucun des dossiers de l'affaire.
La nouveau jugement, qui condamne notre compañero à 50 ans d'emprisonnement et l'utilisation de l'appareil législatif et exécutif par le parti au pouvoir au Mexique, réaffirment la persécution politique de Miguel et des indigènes qui défendent leurs propres formes d'organisation face à un système de partis politiques mis en place par les groupes caciques de Oaxaca, en complicité avec le système de justice régional et national. Ceux qui, ensemble, lui ont déjà ôté quatre ans de liberté et tentent maintenant de la lui ôter pour 50 ans.
En sortant, Miguel a continué à dénoncer la fabrication de crimes et l'incarcération injuste de ses sept compañeros d'Eloxochitlán, ainsi que de ceux qui font toujours l'objet d'un mandat d'arrêt.
Cela a conduit à ce qu'il continue à être criminalisé, parce qu'il ne se tait pas et qu'il dénonce les abus de pouvoir d'un groupe de caciques qui réprime sa communauté depuis plus de 10 ans et qui ont finalement obtenu la rupture du tissu communautaire, la désintégration des familles, des déplacements forcés, les persécutions avec mandats d'arrêt et emprisonnements par la fabrication de crimes.
Miguel et ses compañeros continuent d'être emprisonnés et persécutés pour un conflit social et politique pour lequel, par des sanctions judiciaires avec des peines telles que celle qui lui a été infligée à nouveau, telles que 50 ans de prison, sans preuves, avec des témoins qui se contredisent, qui sont incohérents ou qui nient même avoir témoigné, on cherche l'immobilité et le silence.
C'est pourquoi nous faisons appel à votre solidarité, qui nous a accompagnés pendant toutes ces années, pour dénoncer la condamnation à 50 ans de prison et la persécution de Miguel par le régime des partis au pouvoir, et une possible nouvelle arrestation, ainsi que pour la libération immédiate des sept prisonniers politiques d'Eloxochitlán et la fin des mandats d'arrêt pour les personnes déplacées par ce même conflit.
Nous vous demandons d'être attentifs à toute tentative d'arrestation ou d'atteinte à l'intégrité de Miguel, de sa famille et de ses avocats. Parce que ce n'est pas une mince affaire de dire que les accusations qui ont été faites à son encontre, proviennent d'une ancienne députée du parti au pouvoir et qui fait actuellement partie de l'équipe du gouverneur élu de Oaxaca pour MORENA.
Compte tenu du contexte d'impunité et de criminalisation dans l'État de Oaxaca et dans le pays en général, nous tenons pour responsable Elisa Zepeda Lagunas, son père Manuel Zepeda et leur groupe de caciques de la persécution politique, des actes de harcèlement et de la répression qui ont été déclenchés contre Miguel avec cette nouvelle sentence. Les années de condamnation reflètent la hargne avec laquelle sont persécutés ceux qui luttent, mais cela nous remplit aussi de rage et de courage pour ne pas abandonner !
Stop à la persécution politique ! A bas les murs des prisons !
Les prisonniers dans les rues ! #Libres Ya!!
Groupe de soutien en solidarité avec Miguel Peralta Betanzos.


mutvitz13

Vérité et Justice pour Álvaro Sebastián Ramírez


Réseau contre la Répression et pour la Solidarité


Álvaro Sebastián Ramírez est né dans la région de Sierra Sur, à Oaxaca, le 19 février 1958. Originaire de San Agustín Loxicha, il était paysan, enseignant, conseiller municipal pédagogique, père et combattant infatigable pour son peuple.
Enseignant de profession, l'une de ses premières actions organisationnelles a été d'obtenir de l'eau potable pour la communauté de Jazmín del Potrero, où il enseignait. Sa lutte frontale contre les caciques et les paramilitaires dans son village s'est concrétisée par la fondation de l'Organisation des peuples indigènes zapotèques (OPIZ) en 1984.
Son combat l'a amené à affronter des groupes de pouvoir locaux, étatiques et fédéraux. En 1997, l'État de Oaxaca était gouverné par Diódoro Carrasco Altamirano, connu pour son profil répressif avec des détentions, des disparitions, des exécutions extrajudiciaires et des cas de torture, notamment dans la région de Loxicha.
Le 15 décembre 1997, Álvaro Sebastián Ramírez fut enlevé par les forces répressives de l'Etat dans la ville de Oaxaca, accusé d'avoir participé à une action de la guérilla EPR contre des éléments de la Marine, de la Police Préventive et de la Police Municipale le 28 août 1996 à Crucecita Huatulco. Alvaro fut objet d'une disparition forcée et soumis à la torture afin qu'il plaide coupable, avant d'être emprisonné avec 152 indigènes zapotèques de Loxicha. Il fut alors injustement accusé des crimes de conspiration, de terrorisme, d'homicide aggravé et de tentative d'homicide.
Depuis lors, et pendant près de vingt ans d'emprisonnement injuste, les proches d'Álvaro Sebastián Ramírez entreprirent des campagnes, des mobilisations et des forums de dénonciation et pour la lutte pour la justice et la liberté. Chaque initiative a été rejointe par des collectifs, des organisations et des individus du Mexique et du monde entier, toujours encouragés par la ténacité et le travail d'organisation qu'Álvaro Sebastián Ramírez avait promu depuis la prison. Avec des prisonniers politiques du Chiapas et du Guerrero, ils ont organisé des grèves de la faim, des mobilisations et des déclarations, qui ont abouti à la libération de centaines de dizaines de camarades.
En 2006, Álvaro a rejoint l'Autre Campagne de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) et a adhéré à la Sixième Déclaration de la Fôret Lacandone. Depuis son lieu de lutte et à chaque occasion, Álvaro s'est prononcé et a exprimé sa solidarité avec les luttes dignes des peuples du Mexique et du monde. Sa voix a toujours accompagné les disparus, les prisonniers politiques, les persécutés politiques, signalant et dénonçant les agressions contre les communautés zapatistes, exigeant la présentation des étudiants normaliens ruraux d'Ayotzinapa, luttant pour la vérité et la justice.
En 2007 est née La Voix des Zapotecos Xiches en Prison, organisation adhérant à la Sixième Déclaration de la Fôret Lacandone et membre du Réseau contre la Répression et pour la Solidarité.
En 2013, la lutte pour la liberté d'Álvaro Sebastián Ramírez a été embrassée par le Congrès national indigène, unissant les forces, les mains et les cœurs pour la justice et la dignité.
Grâce à La Voix de los Xiches, Álvaro a fait tomber des murs et des barrières au Mexique et dans le monde : il a été entendu dans les vallées, les villes et les communautés de Oaxaca, dans le zócalo de Mexico, dans le digne Chiapas, au pied du volcan Xinantécatl dans la communauté nahua de San Pedro Tlanixco ; il a été représenté sur les graffitis de Valle de Chalko ; il a échangé des mots et des pensées avec le camarade Mumia Abu-Jamal aux États-Unis ; il a été entendu dans des émissions de radio des compas de Guerrero, de Querétaro et de Caroline du Nord ; la solidarité s'est ouverte dans les espaces collectifs des femmes qui luttent, des groupes punks, des organisations anarchistes, étudiantes, enseignantes, syndicales, indigènes et paysannes ; elle a traversé les frontières jusqu'à sentir l'étreinte fraternelle et combative de l'internationalisme latino-américain, européen et américain.
Les fruits de la lutte pour la liberté et la justice ont fleuri en 2017, lorsqu'Álvaro a été libéré de prison grâce à deux décennies d'organisation et de mobilisation.
Une fois rentré dans sa communauté et dans la ville, Álvaro a continué sa lutte civile et pacifique, avec pour principes celui de placer le travail d'organisation de base au-dessus de la recherche de postes de pouvoir électoral, celui de la dénonciation de la corruption et du cynisme des mêmes groupes de pouvoir qui ont toujours détenu la structure de l'État, mais sous un autre nom, sous un autre acronyme, quoiqu'agissant avec la même impunité depuis plus d'un siècle.
Pour nous, pour le Réseau contre la répression et pour la solidarité, il est impossible de séparer la lutte et le travail organisationnel de notre camarade Álvaro Sebastián Ramírez de son assassinat roublard, lâche et ignoble. La coïncidence n'existe pas : il y a quelques jours, Álvaro accusait les gouvernements locaux de détournement de fonds et hier, 19 juillet, il a été assassiné. Depuis qu'il est retourné dans sa communauté, il a été persécuté et on a plus d'une fois attenté à sa vie. Comme Álvaro, de nombreuses autres personnes qui ont atteint leur liberté, ont été assassinés.
Avec ce meurtre, les médias donnent libre cours à la curiosité malsaine et à la désinformation, en exposant des photos qui montrent le peu d'éthique qui caractérise les mercenaires qui possèdent l'argent et les bureaux de presse, en publiant des notes journalistiques qui manquent de légitimité sur les intentions politiques attribuées au camarade Álvaro Sebastián Ramírez, rien de plus faux et de plus ignoble que de tenter de déformer une lutte qui se préparait depuis la base, en insinuant des recherches invraisemblables de positions de pouvoir de la part de notre camarade.
Depuis le Réseau contre la Répression et pour la Solidarité, nous lutterons pour la vérité et la justice pour notre camarade Álvaro Sebastián Ramírez. D'en haut, rien ne viendra que des déclarations stériles et vides ; la petite bureaucratie mexicaine est aujourd'hui plus que jamais le garant de l'impunité et de la lâcheté.
Notre solidarité, notre affection, notre douleur et notre colère vont à la famille Sebastián Luis, en particulier à notre camarade Erika. Nous l'embrassons fraternellement et collectivement.
Nous nous souviendrons du camarade Álvaro souriant, auprès des siens, avec sa famille, convaincu que l'éducation et l'organisation sont fondamentales pour transformer ce système de mort à la racine, sa lutte pour la vie sera toujours un exemple.
Adieu compa Alvaro, que la Terre t'embrasse comme tu nous as appris à la défendre et que la liberté t'atteigne où que tu sois.
Vérité et justice pour Álvaro Sebastián Ramírez !
Contre la dépossession et la répression : solidarité !
Réseau contre la Répression et pour la Solidarité
Juillet 2022
(Communiqué original à lire, en espagnol, ici :
https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2022/07/22/denuncia-de-la-red-contra-la-represion-y-por-la-solidaridad-rvsr-sobre-el-asesinato-de-alvaro-sebastian-ramirez/


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