Une tribune pour les luttes

Evénement de la Médiathèque de Mille Bâbords

Les fiches de lecture de la commission Médiathèque

Rebetiko , 1922- 1960, un faux pas dans la chanson populaire grecque"

Article mis en ligne le mercredi 11 décembre 2024


Yanis KARAKOS, l’auteur "Rebetiko , 1922- 1960, un faux pas dans la chanson populaire grecque", sera présent exceptionnellement à Marseille le 3 janvier, à Mille Bâbords, pour présenter son ouvrage
Voir ici l’annonce de la rencontre

"La chanson rébète est moderne en ce sens qu’elle est le produit de son histoire. Le -rebetiko est la musique populaire urbaine des Grecs depuis plus de cent ans. L’ombre portée par les rébètes est celle qui a le plus contribué à mettre en échec la bourgeoisie grecque. C’est l’accueil d’une parole de souffrance, mais aussi celle de la brillance, celle de la création, celle de la communauté, de la fraternité. Il y a une dimension d’appel dans ce chant de la parole, une urgence du temps, un instant d’arrimage à l’Autre comme la corde du moussaillon jetée en direction du ponton pour accoster. Il est alors nécessaire que quelqu’un soit présent pour réceptionner la corde jetée. Le rébétiko est sans conteste un mélange d’Orient et d’Occident, d’une intégration à la grecque de racines qui vont puiser leurs sources dans les territoires lointains. C’est bien mal connaître l’histoire grecque que de ne pas penser à cette dualité dans leur histoire. C’est naturellement que le mélange s’est effectué. Le rébète s’adresse à son « public », peu lui importe les autres ! Il n’y a aucune tentative d’intégration. C’est à une véritable destitution des pouvoirs confondus de la raison dominante qu’appellent les rébètes. Et si testament il devrait y avoir c’est bien celui d’avoir dessiné, sourds aux sirènes du cynisme et du calcul, des rêves démesurés de liberté. Les rébètes sont parvenus pour l’éternité à identifier l’ennemi, ce qui est toujours la marque d’une solide prise de conscience. Le rebetiko est partie prenante du monde de l’informe, un monde qui apparaît comme une revendication, une dénonciation, un refus de la domination. La loi ne donne aucun droit car rien ne nous oblige à exercer les droits qu’elle nous donne. Si la loi suffisait à instaurer la justice, il n’y aurait plus d’histoire du tout.
De manière encore plus radicale, le rebetiko demeure irrécupérable par cette douloureuse remise en question de lui-même, de sa nécessité, voire de sa justesse et de sa vérité. La chanson rébète n’est pas un moyen de renversement et de transformation du réel, mais un double mouvement de désacralisation et de soulèvement poétique, sans le moindre accommodement avec les conventions sociales, un véritable sabotage du réel pour le rendre au vivant. Avec l’ironie du désespoir, parfois."

Retour en haut de la page

Répondre à cet article

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Rubrique "Publications"

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 15330