À l’initiative de cette tribune, Je dis OUI ! est un collectif citoyen de marseillais·es soutenant l’ouverture d’une HalteSoins Addictions (HSA) dans le centre-ville de Marseille. Il s’est formé en mars 2024 à la suite de l’annulation instrumentalisée et soudaine du projet, pourtant prévu de longue date et sur le point d’aboutir.
Les usager·es de drogues : des personnes abandonnées par les pouvoirs publics
Nous, marseillais·es déplorons l’inertie politique et le manque de volonté des pouvoirs publics quant à l’installation d’une Halte Soins Addictions (HSA) dans le centre-ville. Depuis plus de 30 ans,Marseille attend de voir ce projet de santé publique « ouvrir prochainement ». Le comité de pilotage de la HSA, instance réglementaire co-présidée par le maire de la commune, le directeur général de l’Agence Régionale de Santé, le préfet de département et le procureur de la République, a retiré son avis favorable au projet, pourtant sur le point d’aboutir. Depuis cette annulation soudaine, rien n’a avancé concrètement. Nous ne pouvons plus attendre davantage.
Il ne s’agit pas de « toxicomanes », il s’agit de nos voisin·es, de nos proches ou de personnes que l’on croise chaque jour près de chez nous, celles et ceux que le milieu du médico-social appelle « usager·es de drogues ».
N’ayant pas de lieu fixe qui puisse les accueillir, les personnes concernées se retrouvent en grande vulnérabilité. Elles consomment dans des escaliers, des parkings ou entre deux voitures. Les conséquences de cette consommation de rue sont nombreuses : l’augmentation des overdoses et des maladies comme le VIH et les hépatites, la présence de seringues dans l’espace public, la sollicitation croissante des associations pour les ramasser, au détriment de l’accompagnement qui est leur cœur de métier, des conflits entre usager·es et riverain·es.
Pourquoi une HSA ?
Une HSA est un lieu fixe d’espace de réduction des risques et d’accès aux soins. Ce dispositif est adapté à la prise en charge des personnes usagères de substances psychoactives par voie injectable, nasale ou par inhalation, les plus vulnérables, cumulant des risques (précarité, forte prévalence de pathologies infectieuses, absence de domicile, etc.). L’expérimentation menée depuis 2016 à Paris et à Strasbourg permet de tirer des leçons instructives pour la mise en place et la gestion de ce type de lieu. L’évaluation réalisée par l’Inserm en 2021 montre le bilan positif des HSA sur la santé, sur la tranquillité et la sécurité publique et son rapport coût-efficacité.
Une évaluation de l’état sanitaire, la réalisation de dépistages ou l’accompagnement dans des démarches d’ouvertures de droits font notamment partie des services proposés. Les HSA ne distribuent pas de produits, les utilisateurs doivent montrer les échantillons qu’ils ont l’intention de consommer.
Une équipe de professionnel·les soignants et de travailleur·euses sociaux·les assure la gestion du lieu et offre une prise en charge globale permettant aux usager·es de consommer dans un cadre sécurisé (en dehors des lieux publics) et avec des règles d’hygiène satisfaisantes.
Cette structure doit se situer à proximité des lieux où les individus ont déjà tendance à consommer. En l’occurrence à Marseille, dans le centre-ville et en particulier autour de la gare Saint-Charles. Celle-ci ne peut pas s’installer dans un hôpital, puisqu’ils sont tous éloignés des lieux de
consommation.
Concernant le lien entre la HSA et le voisinage, des équipes itinérantes de médiation complètent le dispositif pour faciliter l’accès à la HSA et prévenir les éventuels conflits de voisinage. L’ensemble est piloté par un dispositif interinstitutionnel associant les forces de l’ordre.
Quand le besoin se transforme en urgence
Au-delà du constat, le contexte et le calendrier politique nous poussent à nous mobiliser encore plus aujourd’hui. Le 31 décembre 2025 sera l’échéance de la loi offrant le cadre juridique et administratif de « l’expérimentation nationale des HSA ».
En 2026 auront lieu les élections municipales. La HSA aura peu de chance d’ouvrir pendant la campagne électorale, celle-ci étant malheureusement instrumentalisée à des fins politiciennes.
Nous continuons de croire en la promesse électorale de la majorité municipale d’ouvrir une HSApendant ce mandat.
Collectif Je dis OUI !
Marseille, le 11 novembre 2024
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