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2 articles importants de la Confédération Paysanne

Article mis en ligne le jeudi 5 décembre 2024

Pour le revenu paysan, la Confédération paysanne bloque la Bourse de Commerce européenne au Grand Palais à Paris

Près de deux cents paysan·nes de la Confédération paysanne ont bloqué l’inauguration de la Bourse du Commerce européenne au Grand Palais à Paris. Alors que le sommet du Mercosur a lieu ces 5 et 6 décembre, avec en ligne de mire la finalisation de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, alors qu’on ne voit pas le bout de la crise agricole, nous avons voulu dénoncer les profiteurs de la dérégulation des marchés. Cette Bourse du Commerce européenne réunit notamment les 4 mastodontes du commerce international des produits agricoles, ADM, Bunge, Cargill et Dreyfus avec tous leurs partenaires.

En déployant une immense banderole « Sauvez les paysan·nes, mangez un trader », nous recentrons le débat sur la spéculation sur les marchés mondiaux qui mettent en concurrence les paysan·nes du monde entier. C’est bien ce système économique injuste qu’il faut remettre en cause pour la rémunération des paysan·nes, pour que le rôle nourricier de l’agriculture soit reconnu à sa juste valeur, dans le respect de la souveraineté alimentaire des peuples.

Les acteurs présents à cette Bourse de Commerce que nous avons pointé du doigt sont des marchands de pesticides, des négociants, des courtiers et traders du marché mondial, des banques d’investissement et certains dirigeants syndicaux, comme le président de la FNSEA, et de grandes coopératives. Leurs pratiques commerciales se font au détriment du revenu paysan, de l’accès au foncier, du renouvellement des générations, de la lutte contre le dérèglement climatique et d’une alimentation de qualité. Privatiser la Nef du Grand Palais et organiser un dîner fastueux à plus de 300000 euros : nous dénonçons cette indécence vis-à vis des paysan·nes et de la crise qui les touche.

Face à cette action symbolique et non violente, la préfecture de police a envoyé la Brav-M. Alors que nous quittions les lieux dans le calme, nous avons été violemment nassés, des paysan·nes tabassé·es et cinq ont été interpellé·es. Ces violences policières témoignent du deux poids deux mesures qui s’exprime lorsqu’un syndicat agricole dénonce le monde de la finance et ne s’attaque pas à des bâtiments ou agents publics. Mais nous refusons qu’elles éclipsent nos revendications.

Nous appelons avec force à la fondation d’un commerce international équitable qui protège le revenu des paysan·nes d’ici et d’ailleurs, et réponde aux enjeux sociaux et environnementaux de notre siècle. Cela passe par des mesures concrètes que les décideurs politiques doivent avoir le courage d’appliquer :

· L’interdiction d’achat de nos produits en-dessous de notre prix de revient.

· L’établissement de prix minimum d’entrée à l’importation, pour neutraliser la concurrence déloyale et stopper la course au moins-disant social et environnemental.

· La remise en place d’outils de régulation des marchés : lutte contre la spéculation, mécanismes de transparence et de répartition des marges dans les filières alimentaires, gestion des volumes, stockage public...

· La sortie des accords de libre-échange.

Le projet de la Confédération paysanne est un projet agricole et de société qui permet à 99% des paysan·nes du monde agricole et à nos territoires un avenir désirable et constructif.

Produire plus et mal pour sortir de la crise

Sacrifier la qualité de nos produits et rabaisser le coût du travail pour rester compétitifs, voilà la perspective proposée par « les représentants de la profession » au monde agricole, voilà la vision d’avenir qu’ils dessinent pour notre agriculture nationale et régionale.

On a failli y croire : tous les syndicats agricoles qui s’unissent dans un même combat contre les accords de libre-échange, pour défendre le revenu paysan.

Mais on n’abolit pas 60 ans de productivisme agricole d’un coup de pioche.

Quand FNSEA-JA reviennent aux fondamentaux de leur doctrine agricole... à Paris, ils s’en prennent aux institutions publiques de la science et de la recherche (INRAE, ANSES) accusées d’entraver le travail des agriculteur.ices et inspirent aux parlementaires quatre propositions de loi pour faciliter l’utilisation des pesticides. en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ils soumettent quatre requêtes au vote de la chambre d’agriculture régionale réunie en session ce vendredi 29 novembre (motion votée à l’unanimité sauf 4 votes Conf’ et sans aucune abstention) :

* Obtenir plus rapidement les dérogations pour pouvoir utiliser des substances non autorisées.

* Ne plus interdire de substance nocive sans solution alternative immédiate.

* Aligner les normes françaises à la baisse sur les normes européennes moins contraignantes.

*Maintenir une main d’œuvre à bas coût. dans le Var, ils manifestent, le 28 novembre, pour dénoncer les « entraves administratives à l’agriculture » et les normes qui nous empêcheraient de vivre de notre métier.

C’est évident, les responsables de la crise agricole sont l’OFB, l’ANSES et l’INRAE, ces « escrolos » invétérés qui fomentent l’extinction paysanne !

Si des filières s’écroulent, ce n’est pas la faute aux importations massives (miel, agneau, fruits et légumes) qui saturent le marché, non, c’est parce qu’on ne peut plus utiliser de pesticides à loisir et que l’Europe nous oblige à mettre des surfaces en jachère.

Si nos fermes disparaissent, ce n’est pas à cause des prédateurs du revenu paysan (Lactalis et consorts), c’est la faute à la paperasse administrative.

Les « normes » ne protègent pas notre outil de travail, notre santé ou les droits de nos salariés, elles nous entravent et contraignent nos rendements, elles renchérissent nos coûts de production.

Ainsi, à l’heure où il y a crise de la consommation dans certaines filières, comme celle du vin, allons-y, dégradons la qualité de nos produits pour rester dans le jeu.

Voilà le discours vendu par FNSEA-JA et Coordination rurale.

Pensent-ils vraiment qu’on va tomber dans le panneau ?

Nous ne nions pas qu’il y a des choses à revoir pour simplifier et fluidifier certaines démarches administratives. La Confédération paysanne entreprend depuis des années d’adapter les normes de biosécurité aux élevages paysans, par exemple. Et cela fait plusieurs mois que l’ensemble des organisations syndicales travaillent avec les préfets afin d’élaguer un certain nombre de procédures.

Mais « simplification » ne veut pas dire « régression ».

Aussi loin puissions-nous aller dans les régressions sociales et environnementales, nous ne serons jamais compétitifs, avec la moindre ferme moyenne australienne ou brésilienne ; c’est un leurre de faire croire que nous pouvons jouer dans la même cour.

Mais peu importe, en attendant, la vente des pesticides et la multiplication des accords de libre-échange enrichissent une agro-industrie qui se satisfait parfaitement de la disparition massive de centaines de milliers de paysan·nes depuis 40 ans.

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Pour sortir de l’impasse, la Confédération paysanne ambitionne de nous redonner, à nous agriculteurs agricultrices, la maîtrise de nos prix pour que nous puissions produire de la qualité et assumer des normes qui préservent nos ressources, notre outil de travail et notre santé.

Si cet horizon vous inspire, faites-le savoir en janvier 2025, en votant lors des élections professionnelles agricoles.

Solidarité avec les agents de l’Office Français de la Biodiversité

_La Confédération paysanne exprime sa solidarité envers les agents des institutions ciblées par les récentes manifestations, en particulier celles de la Coordination rurale qui ont visé les locaux et blessé des agents de l’OFB au cours du dernier mois.
_Ces actes irresponsables qui s’en prennent à l’intégrité physique des personnels sont inacceptables et ne doivent pas rester impunis. _
_Sur le fond, la remise en cause des missions de l’OFB et de sa capacité à agir générerait des reculs dommageables pour l’intérêt général et pour notre qualité de vie à moyen et long terme. _

_Elle ne constituerait en rien un gain pour le monde agricole, dont une grande partie a déjà intégré les enjeux de préservation des milieux qui conditionnent notre capacité à produire. _

Lire le communiqué du SNE-FSU - Les agentes et agents de l’OFB en danger

P.-S.

Pour nous joindre :
Confédération paysanne PACA
cp-paca chez wanadoo.fr
Tél : 06 34 68 97 34.

Contacts :
- Laurence Marandola, porte-parole nationale : 06 31 66 10 83
- Sylvie Colas, secrétaire nationale : 06 70 31 90 71
- Stéphane Galais, secrétaire national : 06 81 27 74 56
- Thomas Gibert, secrétaire national : 06 65 24 66 44
- Caroline Nugues, chargée de communication : 06 95 29 80 78

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