Procédures et mécanismes pratiques pour la mise en œuvre de l’accord pour l’échange des otages israéliens et des prisonniers palestiniens et le retour à un calme durable qui permettrait d’instaurer un cessez-le-feu permanent entre les deux parties
Analyse d’Urgence Palestine
Cet accord de cessez-le-feu a été obtenu grace à la ténacité et à la résistance héroïque du peuple palestinien face à une guerre génocidaire. Il est une étape positive dans la lutte pour la libération de la Palestine, bien qu’il ne représente pas l’aboutissement final de cette lutte.
Comment peut-on considérer cet accord comme une victoire au vu des pertes ?
Nous considérons l’accord comme une victoire en raison de la résistance héroïque du peuple palestinien, qui a contraint Israël à des concessions. L’invasion de Rafah fut une tentative ratée d’Israël de forcer le Hamas à accepter une version désastreuse de l’accord, ce qui décrédibilise les médiateurs. Plus récemment, Israël a tenté en mettant en œuvre le plan Eiland d’exterminer le nord de Gaza pour une potentielle recolonisation par des Israéliens. Un plan mis en échec par la résistance. Enfin, la volonté du gouvernement de Netanyahu de forcer la reddition de la résistance palestinienne a échoué.
Si Israël a finalement accepté cet accord de cessez-le-feu, quasiment le même que celui accepté par la résistance palestinienne en mai 2024, ce n’est que grâce à la tenacité de la résistance et la pression internationale. L’intronisation prochaine de Trump à la présidence des USA a accéléré ce processus.
La résistance palestinienne est le seul porte-parole légitime du peuple palestinien. Elle ressort plus unie encore de cette séquence. Malgré les pertes humaines et matérielles, les conditions posées par la résistance à Gaza sont donc essentielles pour comprendre les aspirations du peuple palestinien.
L’accord garantit ainsi les 5 conditions posées par la résistance :
1. Retrait total d’Israël de Gaza : cela inclut le retrait des forces israéliennes vers l’est des zones densément peuplées, et un redéploiement progressif dans le corridor de Philadelphie. Le corridor de Netzarim, considéré par les Palestiniens comme "l’axe de la mort", était utilisé par Israël pour contrôler le mouvement des Palestiniens entre le nord et le sud de Gaza, mais les forces israéliennes s’en retireront
2. Début immédiat de la reconstruction
3. Levée du blocus : le point de passage de Rafah sera préparé pour le transfert de civils et de blessés, avec des modalités de gestion basées sur les discussions d’août 2024 avec l’Égypte. Les civils malades et blessés pourront passer par ce point, conformément à un accord antérieur.
4. Échange de prisonniers : L’échange inclut des malades et blessés, des personnes âgées, ainsi que d’autres prisonniers, avec un ratio variable selon les cas. Des prisonniers doivent être libérés à l’étranger ou à Gaza. L’échange est basé sur un nombre plutôt que des listes de noms, ouvrant la possibilité, dans la deuxième phase de l’accord, de la libération de figures importantes de l’unité de la résistance palestinienne, telles que Marwan Barghouti
5. Retour des Gazaouis et échec du projet de déportation : L’accord permet le retour des Gazaouis chez eux, mettant ainsi en échec tout projet de déportation. Le retour des personnes déplacées se fera via le corridor de Netzarim, avec des modalités spécifiques pour les piétons et les véhicules.
Cet accord de cessez-le-feu signifie-t-il la fin de la guerre génocidaire contre le
peuple Palestinien ?
Bien que l’accord en 3 étapes ouvre la voie à un cessez-le-feu permanent, nous devons rester prudents et vigilants face aux violations israéliennes. Le cessez-le-feu n’est pas une garantie absolue contre les bombardements israéliens, compte tenu des violations israéliennes passées et présentes de tous les accords. La possibilité qu’Israël viole l’accord, comme ils le font au Sud Liban, est une quasi certitude. De façon plus générale, il est dans la nature des pouvoirs coloniaux de violer les accords avec les colonisés. Ce n’est que par le rapport de force imposé par la résistance et la pression internationale que ce régime colonial le respectera.
De plus, le colonialisme porte en lui-même le germe du projet génocidaire qui date de bien avant octobre 2023. La Nakba, l’expulsion et le massacre des palestiniens de leurs terres, en 1948 par les forces armées du régime sioniste naissant était déjà une des manifestations de ce génocide contre le peuple palestinien.
Si les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte se sont posés en garants de cet accord, cette posture est limitée par les intérêts impérialistes eux-mêmes. Il nous faudra rester vigilant et maintenir la pression sur les diplomaties occidentales pour leur rappeler leur engagement.
Enfin la guerre peut se continuer par d’autres moyens, notamment par l’utilisation de la reconstruction pour imposer un agenda visant à éliminer la résistance palestinienne. La lutte doit donc continuer jusqu’à la libération totale et la fin du régime colonial. Nous devons continuer notre soutien à la résistance palestinienne jusqu’à la fin du régime colonial.
Jusqu’à ce que les responsables des crimes commis soient traduits en justice, que le blocus de Gaza soit levé et tous les prisonniers levés, la mobilisation du mouvement de solidarité doit se poursuivre avec la même intensité notamment par le Boycott contre les entreprises et institutions complices de la colonisation, et des sanctions contre les criminels sionistes et leurs complices.
En synthèse, l’accord est une étape importante dans la lutte pour la libération de la Palestine qui nécessite de rester mobilisé et de poursuivre la lutte pour atteindre la libération.
Synthèse de l’accord
À l’issue de négociations au Qatar, un cessez-le-feu à Gaza a été adopté. L’accord se divise en trois étapes.
Première étape qui durera 6 semaines à partir du dimanche 19 janvier
• Le Hamas libérera 33 otages israélien.nes en échange d’environ 1000 prisonnier.es palestinien.nes
• Israël retirera progressivement ses forces des centres de population gazaouies
• Les palestinien.nes déplacé.es pourront retourner au nord de Gaza, avec jusqu’à 600 camions d’aide humanitaire autorisés à entrer dans l’enclave
• Israël ouvrira le point de passage de Rafah à l’Égypte et les palestinien.nes gravement blessé.es seront autorisé.es à quitter Gaza pour être soigné.es
Deuxième étape :
• Si les conditions de la première étape sont remplies, le Hamas libérera les otages restants, principalement des soldats, en échange de la libération de davantage de prisonnier.es palestinien.nes, en particulier les plus symboliques et décisifs pour la direction politique de la résistance palestinienne
• Israël commencera alors son “retrait complet” de Gaza, y compris de la frontière entre Gaza et l’Égypte
Troisième étape :
• Si la deuxième étape est réalisée, les corps restants seront restitués en échange d’un plan de reconstruction mené sous supervision internationale, qui durera entre trois et cinq ans
1. Préparation de la deuxième phase :
L’objectif des parties et des médiateurs est de parvenir à un consensus final pour mettre en œuvre l’accord du 27 mai 2024 sur l’échange d’otages et de prisonniers et le retour à un calme durable qui permettrait d’instaurer un cessez-le-feu permanent entre les parties. Toutes les procédures de la première phase se poursuivront dans la deuxième phase tant que les négociations sur les conditions de mise en œuvre de la deuxième phase seront en cours et les garants du présent accord s’emploieront à faire en sorte que les négociations se poursuivent jusqu’à ce qu’un accord soit conclu.
2. Retrait des forces israéliennes :
Retrait des forces israéliennes vers l’est des zones densément peuplées le long des frontières de la bande de Gaza, y compris Wadi Gaza (axe de Netzarim et rond-point de Koweït). Les forces israéliennes seront déployées dans un périmètre de 700 mètres, à l’exception de 5 points localisés qui seront augmentés de 400 mètres supplémentaires au maximum, que la partie israélienne déterminera, au sud et à l’ouest de la frontière, et sur la base des cartes approuvées par les deux parties qui accompagnent l’accord.
3. Échange de prisonniers :
a. Les 9 malades et blessés de la liste des 33 seront libérés en échange de la libération de 110 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité.
b. Israël libérera 1000 détenus gazaouis à partir du 8 octobre 2023 qui n’ont pas été impliqués dans le 7 octobre 2023
c. Les personnes âgées (hommes de plus de 50 ans) de la liste des 33 seront libérées en échange d’une clé d’échange de 1:3 condamnations à perpétuité + 1:27 autres condamnations.
d. Ebra Mangesto et Hesham el-Sayed - seront libérés selon une clé d’échange de 1:30, ainsi que 47 prisonniers Shalit.
e. Un certain nombre de prisonniers palestiniens seront libérés à l’étranger ou à Gaza sur la base de listes convenues entre les deux parties.
4. Corridor de Philadelphie :
a. La partie israélienne réduira progressivement ses forces dans la zone du corridor au cours de la première étape, conformément aux cartes jointes et à l’accord conclu entre les deux parties.