
Le livre "Pour la Palestine comme pour la Terre" d’Andreas Malm explore la relation entre l’impérialisme fossile et la situation en Palestine. Malm soutient que la condition palestinienne ne peut être comprise sans analyser l’assujettissement de la Palestine à l’impérialisme fossile depuis deux siècles. L’auteur commence son récit en 1840, lorsque la victoire britannique sur les Ottomans à Saint-Jean-d’Acre, grâce à la force des bateaux à vapeur, ouvre la région à l’extractivisme. La déclaration Balfour en 1917 , qui prévoit l’établissement de populations juives en Palestine, visait à sécuriser les intérêts britanniques dans une région riche en gisements pétroliers. Aujourd’hui, le gaz naturel est un pilier de l’économie israélienne et une clé de son intégration régionale. Le soutien occidental à Israël est motivé par la volonté de préserver l’ordre pétrolier, au détriment des vies palestiniennes et des victimes de l’inaction climatique.
Le livre met en lumière la continuité stratégique du colonialisme de peuplement et ses conséquences génocidaires, de la pulvérisation d’Acre à celle de Gaza. Malm explique que la vassalisation de l’Égypte et du monde arabe a été obtenue grâce à la supériorité technologique offerte par la vapeur et le charbon, justifiant ainsi le sous-titre "Les ravages de l’impérialisme fossile". Cette domination a ensuite été maintenue et renforcée par l’exploitation et le contrôle des ressources pétrolières, principales responsables du réchauffement climatique. Malm argue que l’État d’Israël, en tant que poste avancé de l’impérialisme dans la région, est responsable du "maintien de l’ordre pétrolier", liant ainsi les combats pour une Palestine libérée de l’apartheid et contre le réchauffement climatique.
Le livre est une critique de l’impérialisme fossile et de ses conséquences sur la Palestine, mettant en lumière les liens entre l’extractivisme, le colonialisme et la crise climatique. Malm soutient que la lutte pour la Palestine et la lutte contre le réchauffement climatique sont intrinsèquement liées, car elles découlent toutes deux de la même logique impérialiste et extractiviste.
Malm fait également un point politique de ses positions sur la résistance à Gaza, du FPLP, FDLP et au Hamas en passant par le Djihad islamique.
"Pour la Palestine comme pour la terre", Andréas Malm
Editions La Fabrique
Prix : 14 euros
Cet ouvrage sera disponible à la Médiathèque de Mille Bâbords à compter du 8 mai







Vos commentaires
# Le 12 mai à 07:56, par Annick Stevens En réponse à : Les fiches de lecture de la commission Médiathèque
Salut ! Merci beaucoup pour cette fiche, comme pour toutes les autres.
Surprise qu’on parle de pétrole en Israël, j’ai trouvé un article très détaillé sur la question (du moins jusqu’en 1984), qui explique comment Israël est devenu un lieu essentiel pour le passage des pipe-lines et le raffinage : https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_1984_num_29_1_965
Quand à la thèse du livre, que le combat pour la Palestine et celui pour l’écologie vont ensemble, elle est plus que douteuse : il est évident que, si les Palestiniens parvenaient à obtenir leur propre Etat, ils auraient exactement la même politique pétrolière et gazière que tous les Etats de la région, car on comprend bien que, dans la situation économique mondiale actuelle, aucun ne peut subsister autrement.
# Le 13 mai à 17:34, par Philippe En réponse à : Les fiches de lecture de la commission Médiathèque
Assez d’accord avec toi au sujet de la thèse défendue par Malm.
Cela n’enlève rien à l’intérêt du bouquin mais je trouve qu’il a parfois des positions assez "gauchistes", campistes. Cela se ressent sur ce problème du pétrole mais aussi, à mon avis, sur son soutien très peu critique aux organisations de la "résistance" palestinienne. Distance que j’ai parfois aussi dans les thèses de Stambul sur le même sujet...
Sur le pétrole, on peut penser qu’il met en avant le fait que les palestinien.e.s sont passé.es par pertes et profits dans la course aux énergies fossiles des grandes puissances, depuis le 19° siècle...