Une tribune pour les luttes

Propos sur "Droit des Prisonniers Français"

Article mis en ligne le vendredi 13 juin 2025

Sur un événement qui a été largement mal compris, peu commenté, peu justifié et qui pourtant porte des enjeux éminemment politiques et soulève de nombreuses questions auxquelles la société donnent de bien mauvaises réponses qu’il serait urgent de réexaminer.

En avril 2025 ont eu lieu toute une série d’attaques contre les prisons, ou leur personnel ( notamment les gardien.nes qui ont vu par exemple leur véhicule incendié ) aux quatre coins de la France. Elles étaient toutes signées DDPF ( Droit des Prisonniers Français ) et se revendiquaient d’une réponse aux conditions d’incarcération déjà désastreuses et qui allaient de toute évidence empirer avec les effets de la " loi narcotrafic " promue par Gérald Darmanin, ministre de la Justice.
Après avoir envisagé des actes menés par "l’ultra-gauche" ou des ingérences étrangères, l’arrestation d’une trentaine de personnes a été présentée par le gouvernement et la presse mainstream comme une opération des chefs de la mafia, de barons de la drogue emprisonnés et désirant protéger leurs revenus mais exécutée par des hommes de mains précaires. Il s’agirait donc d’une stratégie mafieuse pour intimider l’administration pénitentiaire alors que le ministère de la Justice envisage l’installation de prisons ultra-sécurisées destinées aux grands trafiquants.
Or ces actions " que personne ou presque n’a défendues " soulèvent de nombreuses questions et celles-ci nous regardent...
Par exemple la place de la drogue dans nos sociétés, qui n’a pas toujours été celle que nous connaissons et qui n’est pas la même selon l’endroit du monde où l’on se trouve.
En France, elle est totalement prohibée, criminalisée et il faut bien le dire prétexte à répression sur une certaine partie de la population. Ce qui n’est pas le cas sur ce que la société nous enjoint à ne pas appeler drogues mais qui sont autant sinon plus néfastes pour la santé consommés excessivement : tabac, sucre, chocolat, café, coca-cola... et y compris des psychotropes légaux comme l’alcool et certains médicaments.
Nombreuses sont les interrogations qui ne peuvent manquer de se poser sur les moyens démesurés mis au service d’une répression au nom de la salubrité publique vu son piètre résultat et surtout de l’incroyable hypocrisie quant aux différences d’attitude vis-à-vis des produits consommés...Il est à noter aussi que l’usage de drogues, contrairement à la doxa diffusée est répandu dans tous les milieux et bien évidemment pas seulement dans les " quartiers", par contre ce sont leurs habitants qui subissent la répression parce que vendant les produits et pas les milieux bourgeois qui se les font livrer.

Dans un autre domaine, il est intéressant aussi de s’interroger sur le rôle de la prison dans nos sociétés, et spécifiquement celui que veut lui faire jouer notre garde des Sceaux avec cette "loi narcotrafic".
Les discours officiels tendraient à répandre une utilité de celle-ci qui permettrait au délinquant, ici le dealer et/ou le consommateur de prendre conscience du tort qu’il se fait et qu’il fait à ses client.es...
Or toute les études démontrent qu’il est rarissime que l’enfermement, l’humiliation quotidienne, l’avenir gravement compromis etc. permettent à quiconque de se "réinsérer " de manière satisfaisante dans une société déjà si peu accueillante. Et les études sont nombreuses aussi qui documentent la criminalisation augmentée lors des passages en prison qui loin de décourager le délinquant ou de provoquer chez lui la "repentance salutaire" au contraire l’inscrive dans un cycle infernal dont il est très difficile de sortir.

L’article d’ Alessandro Stella paru dans Lundi Matin, rapporte des informations précieuses sur ces problématiques insuffisamment traitées dans nos milieux militants alors qu’ elles sont pourtant intimement liées à la lutte des classes, la ségrégation et la discrimination subies particulièrement par les populations noires et arabes en France, l’utilisation qui en est faite par les différents gouvernements de part le monde et spécifiquement en France pour gagner ou conserver le pouvoir au prétexte de protéger la population.

Indéfendables ? - À propos de la vague d’attaques contre le système pénitentiaire signée DDPF Alessandro Stella

Pour aller plus loin, la vidéo de Lundi soir

Indéfendables ? - À propos de la vague d’attaques contre le système pénitentiaire signée DDPF Un lundisoir avec Anne Coppel, Ales...

P.-S.

Thérèse, adhérente à Mille Bâbords

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