Une tribune pour les luttes

Julio, 77 ans, principal témoin des crimes de la dictature argentine, "disparu" il y a 2 semaines...

Julio : faut qu’il revienne !

par Gérard Jugant + communiqué ARLAC

Article mis en ligne le lundi 2 octobre 2006

Julio Lopez, 77 ans, a étrangement disparu il y a deux semaines de chez lui en Argentine.

Fugue, amnésie d’un vieux monsieur, penserez-vous.

Là ce ne doit pas être le cas.

Julio est le principal témoin à charge des crimes contre l’humanité commis par la dictature argentine entre 1976 et 1983. Il a lui-même été enlevé et torturé à cette époque.

Julio est un témoin gênant que certains veulent voir disparaître.

En espérant que ce ne soit pas trop tard, on manifeste à Buenos Aires, à la Plata, à Cordoba.

Regardez les photos des manifs à partir du lien ci-après, et pour Julio, notre frère, notre ami, diffusez, diffusez...

Julio, vieux frère, faut qu’tu reviennes, tu pourrais être notre père, tu as son âge (un an de moins, c’est presque rien) !

Faut qu’tu reviennes pour les 30.000 morts et disparus d’Argentine sous dictature, pour leurs familles, pour un peu de paix et de justice en Argentine et dans le monde. Un monde pour qui tu manques si cruellement, Julio.

Julio, sache que tu vivras toujours dans nos coeurs.

Gérard Jugant

www.flickr.com


Communiqué


LE CAMARADE JORGE JULIO LOPEZ, DISPARU EN ARGENTINE, DOIT APPARAITRE EN VIE

Le camarade Jorge Julio López a été arrêté le 27 octobre 1976 et libéré le 25 juin 1979. Pendant cette période, qui englobe les pires années de la dictature, López a séjourné au "Cuatrerismo" de Arana, dans le centre clandestin de détention "Pozo de Arana", dans les 5e et 8e commissariats et, pour finir, à l’Unité pénale nº 9 de Olmos, où il est resté à la disposition du Pouvoir exécutif national. Auparavant, il a dû supporter la torture à l’électricité ("picana") des centres clandestins.

Le camarade López, maçon de profession, a témoigné dans le cadre de l’enquête sur le sort de Alicia Dell’Orto et Ambrosio De Marco, disparus le 5 novembre 1976 et vus pour la dernière fois au "Pozo de Arana". López a raconté que "tous deux ont été tués d’une balle dans la tête. Je l’ai vu par le judas de la porte de ma cellule et je les ai vus tomber". Il a également affirmé que ce même jour, les membres des Forces de sécurité ont tué Norberto Rodas, un ressortissant paraguayen qui était privé de liberté, et divers autres détenus dont il ne connaissait pas le nom.

López a rapporté qu’un moment avant l’exécution, les gardes l’ont mis face au couple De Marco pour qu’il les reconnaisse, car tous deux militaient dans une unité de base de son quartier. "Ils étaient attachés à un poteau et portaient une cagoule. La jeune femme avait été violée. Lui (Ambrosio) était entravé, la tête en sang", a affirmé le témoin devant le tribunal. De même, il a déclaré, en se référant aux militants de l’organisation Montoneros : "... ils ont été les seuls courageux à faire front devant 240.000 hommes armés..." En outre, López a affirmé avoir conversé avec Alicia Dell’Orto quelques jours avant sa mort et précisé qu’elle lui avait demandé qu’au cas où il serait libéré, "il dise à son père de faire tout ce qu’il pourrait et de prendre soin de la petite", la fillette du couple qui avait 25 jours quand ses parents ont été arrêtés.

Après son passage dans le circuit de la répression qui a duré près de trois ans, López est revenu dans la zone de Arana pour faire des travaux dans une construction et a constaté - selon un tiers - que "en 1976, près du ruisseau Correa, il y avait une tente et deux militaires qui gardaient le lieu, où des gens étaient enterrés". Le témoin a mentionné qu’à cet endroit et dans un autre dans les champs de Arana qu’il n’a pu préciser, les corps de victimes de la répression illégale avaient été enterrés. López a pu prouver au Tribunal que sa mémoire était bonne et reconnaître plusieurs détenus au vu des photos des disparus. Il a reconnu Norberto Rodas, Guillermo Williams (il a déclaré que celui-ci avait été torturé avant d’être assassinat) au "Pozo de Arana", et Raúl Bonafini au "Cuatrerismo" de Arana.

Par ailleurs, López a soutenu qu’au début des années 1960, il avait participé à la construction de ce qui devait se transformer, pendant la dictature, en centre clandestin de détention connu sous le nom de "Pozo de Arana" et que, pour cette raison, il connaissait très bien l’endroit. De la même manière, il a décrit en détail chacun des lieux où il a vu des détenus illégaux.

López s’était mis d’accord le dimanche 17 septembre dernier avec son fils pour qu’il l’accompagne le lundi 18 jusqu’au Palais municipal, où allaient être lus les allégations dans le procès contre Etchecolatz, mais quand son fils est allé le chercher chez lui, il ne l’a pas trouvé et il ne s’est pas présenté non plus à l’audience.

María Isabel Chorobick de Mariani, connue sous le nom de "Chicha" et l’une des fondatrices des Grand-mères de la Place de Mai, a soutenu aujourd’hui qu’elle ne croit pas que Jorge Julio López, arrêté et torturé par Miguel Etchecolatz en 1976 et disparu depuis lundi dernier, se soit absenté volontairement. "Je ressens une grande angoisse, je suis inquiète pour sa santé, son histoire et ce qu’il a déclaré. Je ne crois pas qu’il ait décidé de s’absenter, parce qu’il s’est toujours conduit comme une personne très entière et très sure d’elle-même ; j’estime que le motif de son absence est involontaire", a affirmé "Chicha" Mariani dans des déclarations à la presse.

Cette femme, qui depuis 30 ans cherche sa petite-fille Clara Anahí, que les forces de sécurité ont prise après avoir assassiné sa mère, Diana Teruggi, a déclaré qu’il "serait terrible d’en revenir à un tel point, mais cependant des signes donnent à penser que tout peut arriver". "On n’a pas puni comme on l’aurait dû, tout est assez doux, la première condamnation réellement importante a été celle de Etchecolatz", a rappelé Mariani. Elle a estimé que ceux qui répriment "peuvent aller et venir, rester un temps et armer de nouvelles bandes ; on ne sait donc pas ce qu’il y a derrière ce cerveau si sale de tant de gens impliqués. C’est alarmant, préoccupant et j’ai du mal à croire que l’on en arrive à un tel extrême ; ce qui pourrait bien arriver, c’est que l’on veuille installer la peur". Mariani a affirmé : "J’ai peur depuis 30 ans, il y a beaucoup de gens qui savent des choses et n’osent pas parler. La peur a été bien ancrée par les "Seigneurs de la Peur", ce qui contribue à ce que les gens s’enferment de nouveau dans leur coquille et se cachent chez eux".

Jorge Julio Lopez a 77 ans, il est blanc de teint, ses cheveux sont blonds et courts et il est à demi chauve, presque blanc, il mesure 1,70 mètre, il est robuste, a les yeux vert clair, et porte plusieurs cicatrices sur l’abdomen, il était vêtu d’un pantalon de jogging bleu et d’un vieux sweater gris foncé. L’Unité judiciaire d’Instruction numéro 3 et la chambre des garanties numéro 4 du Département judiciaire de La Plata ont pris note.

En raison de cette situation pour le moins délicate et alarmante, nous nous déclarons en état d’ALERTE et de MOBILISATION, et nous exhortons l’ensemble des organisations du secteur populaire à adopter une position identique, afin de diffuser ces événements, et nous nous mobilisons par tous les moyens à notre portée pour qu’APPARAISSE IMMÉDIATEMENT EN VIE LE CAMARADE JORGE JULIO LOPEZ.

MOUVEMENT PÉRONISTE AUTHENTIQUE BUREAU NATIONAL

source ARLAC

Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Répression c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 1265