Une tribune pour les luttes

Contribution

UCIJ-13... retour aux fondamentaux

par des membres de UCIJ 13

Article mis en ligne le samedi 2 décembre 2006

Définitions

Q : Qu’est-ce que l’UCIJ aujourd’hui (décembre 2006) ?
R : L’ensemble des 104 000 personnes et 815 organismes signataires d’une pétition lancée en avril 2006 contre le projet de réforme du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA).

Q : Qu’est-ce que l’UCIJ-13 ?
R : Un sous-ensemble de l’ensemble précédent défini approximativement par la résidence des personnes et la localisation des organismes (ou de leurs branches locales) dans le département des Bouches-du-Rhône.

Corrollaires

a) La réforme ayant été adoptée (Loi nº 2006-911 du 24 juillet 2006), si les membres de l’UCIJ (en totalité ou en partie) souhaitent poursuivre leur union, ils doivent avant toute chose se donner un (plusieurs) nouvel (nouveaux) objectif(s) inscrit(s) dans une finalité qui devra nécessairement être un peu plus explicite que « contre l’immigration jetable ». En d’autres termes, il faudra établir une charte de l’UCIJ-13.

b) Les actions à envisager et à entreprendre doivent correspondre à la nature composite de l’UCIJ et à son fonctionnement de fait : union de personnes qui parlent en leur nom propre (je) ou au nom de l’organisme auquel elles adhèrent (nous) et qui prennent les décisions au consensus après discussion.

Ce principe de réalité est une condition nécessaire (non suffisante) pour éviter les écueils sur lesquels l’UCIJ-13 actuelle risque de s’échouer (cf. explication ci-dessous).


Comment l’UCIJ-13 s’est engagée dans une impasse ?

En ignorant (consciemment ou non) l’extraordinaire disparité des motivations, des expériences, des savoirs et savoir faire de ses membres, en souhaitant fournir un exutoire immédiat à l’envie d’agir sans plus de réflexion sur ses conséquences, l’UCIJ ne pouvait se donner qu’une perspective d’action : les manifs.

Elles offrent une échappatoire au sentiment d’impuissance individuelle (des personnes ou des orgas).

Mais organiser des manifs, c’est un métier. Lorsque des amateurs créatifs et motivés découvrent un nouveau produit d’appel à manif qui s’avère efficace, les professionnels viennent récupérer le marché.

La manif est une fin en soi, pas de place à la discussion et au doute sur son efficacité au regard de son objectif déclaré.

Une manif qui aboutit (anti-CPE) à un recul tactique du gouvernement gomme toutes celles qui échouent et ouvre l’espoir insensé que n’importe quelle manif, sur n’importe quel sujet, est susceptible d’aboutir.

Et puis, on finit par se foutre d’aboutir, ce qui compte c’est d’avoir été bien « tous ensemble », même à cinquante, pendant une heure et quatre kilomètres.

Pas question d’analyser lucidement la réalité : le préfet des Bouches-du-Rhône n’a rien à foutre des manifs organisées et encadrées. Les seules qui lui font un peu peur sont celles des agriculteurs furieux avec tracteurs, barrages de routes et d’autoroutes, incendies de palettes devant les bâtiments publics et saccages de bureaux.

Au bout du compte, l’impuissance individuelle dégénère en impuissance collective via une contribution mineure à la société du Spectacle (de rue, en l’occurrence).


Les atouts potentiels d’une UCIJ qui voudrait utiliser au mieux ses maigres forces

Profiter de la diversité pour s’auto-instruire
Parier sur l’intelligence collective pour trouver des modalités d’action gratifiantes et pas trop vaines. Contre-exemple : rédiger un tract consensuel d’appel à manif c’est la stérilisation de l’intelligence collective.

Principes d’action

Réfléchir et mettre le produit au pot commun (tribunes libres)
Connaître et observer pour témoigner

Organisation : AG forum mensuelle et groupes de travail.
L’ordre du jour de l’AG commencera systématiquement par le compte-rendu des groupes de travail (avancées, obstacles, questions...)

Communication : interne (liste de diffusion) et externe (à confier à un groupe de travail


Du passé, ne faisons pas table rase

Ce qui précède n’a rien d’original et a déjà été mis en œuvre par l’UCIJ-13 dans des opérations dont la mémoire semble curieusement éclipsée par le syndrome de la manif :

- l’UCIJ-13 a tenu une conférence de presse pour contester la déportation des étrangers sans papiers et son outil emblématique : le CRA du Canet ;

- l’UCIJ-13 a organisé un dispositif d’appui aux étrangers susceptibles de bénéficier de la circulaire Sarko de l’été ;

- l’UCIJ-13 a permis l’établissement de relations de coopération entre des personnes et des mondes qui s’ignoraient bien qu’elles participent à la défense droits des étrangers ;

- l’UCIJ-13 a mis en place des groupes de travail et de réflexion qui ne demandent qu’à prospérer.

Tout ceci a été réalisé sans l’autorisation d’aucune instance pré-existante et sans service d’ordre. Ce n’était pas récupérable, ça ne l’a pas été et il ne tient qu’à nous de rester sur ces rails... quittes à désespérer les récupérateurs.


Signatures : Anne Biquard, Louis Bretton, Jean-Marie Muggianu, Denis Natanelic (membres de l’UCIJ-13)

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