Une tribune pour les luttes

Intervention Manif « camions » 15 11 03

Article mis en ligne le jeudi 4 décembre 2003

Intervention faite lors de la manifestation contre les nuisances provoquées par les camions qu’a organisé le « Collectif pour la défense du cadre de vie dans les 15 ème et 16 ème arrondissements », manifestation qui a eu lieu le 15 novembre 2003 et dont nous n’avions pu faire qu’une annonce partielle dans notre agenda militant.

J’interviens au nom du Collectif pour la Défense du Cadre de vie dans les 15° et 16°, qui a organisé cette manifestation en association avec la Fédération des CIQ du 15°arrondissement.

Tout d’abord, nous tenons à remercier tous ceux, habitants et élus, qui sont là pour soutenir notre action . Nous tenons aussi à préciser que, suivant une tradition bien établie dans les manifestations de notre collectif, il n’y aura pas d’intervention d’élus aujourd’hui : ils auraient certainement des choses intéressantes à dire mais nous pensons qu’ils ont beaucoup d’autres lieux pour les dire. Donc, nous les remercions d’avance, et de leur soutien, et d’écouter nos revendications, et de s’en faire l’écho auprès de leurs institutions respectives.

D’abord, en ce qui concerne l’entreprise GRAVELEAU .
Nous étions ici même, la semaine dernière, pour barrer l’accès des camions au site et l’association Cap au Nord est au Tribunal Administratif pour demander l’annulation du permis de construire de GRAVELEAU. Pourquoi ? :
- parce qu’il a été attribué de manière tout à fait irrégulière, sans information, sans affichage de permis de construire et sans l’avis de la Mairie de Secteur qui est pourtant obligatoire selon la loi.
- parce que l’accès prévu est scandaleux : un portail de 4m, qui ne permet même pas à des poids lourds de se croiser, dans une impasse au ras des maisons qui est déjà emboucannée par les camions de Lafarge.
- parce que le débouché se fait, par un carrefour qui est déjà jugé et sur le chemin de St Louis au Rove, complètement saturé et où on compte déjà de très nombreux accidents, dont un accident mortel il y a moins de trois semaines.
Si on ajoute que GRAVELEAU n’apportera aucun emploi, on aura fait le tour de la question et on comprendra que nous disions « NON à GRAVELEAU »

Mais si nous sommes si nombreux aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas que GRAVELEAU . GRAVELEAU, c’est simplement la goutte d’eau qui fait déborder le vase et que nous ne laisserons pas passer.

Les camions sont devenus un véritable fléau sur tous les 15° et 16° arrondissements : aux Aygalades comme à l’Estaque, à la Madrague-Ville comme à Saint-Antoine,. Ils représentent tout à la fois le danger, la difficulté quotidienne à circuler, le bruit et la pollution. Bref, ils nous empoisonnent la vie.

Pourquoi cette invasion ?
Pour comprendre, il faut regarder ce qui se passe au niveau de l’ensemble de la ville. Sur le Vieux Port, au J4, à la Joliette, Marseille est en train de se construire une belle vitrine : tourisme de croisière, centre d’affaires, Euroméditerranée, la coupe de l’America etc...
Mais l’activité réelle du port ?
Les beaux projets de la Ville de Marseille repoussent vers chez nous tout ce qui est moche, qui est dangereux, qui fait du bruit et qui pollue. Les conteneurs, c’est pas joli-joli mais en même temps, le trafic de conteneurs est un des principaux axes de développement du port ? Alors on regroupe le trafic de conteneurs à Mourepiane. Les nouveaux portiques à conteneurs, on les voit bien, mais ce qu’on sait moins, c’est que ce n’est pas fini : Près de 100000 m2, aménagés avec de l’argent public, sont en vente entre la porte 4 et la porte 5 sous le nom de « projet Distrimar ».

.... et pour que les marchandises arrivent sur le port et en repartent, il faut des camions et il faut des transporteurs... et ça, c’est la zone arrière-portuaire. C’est nous.

Pouvons-nous être d’accord ?
Après tout, on peut penser que le développement économique est indispensable et que c’est bien qu’il y ait de grands projets d’aménagement.
Mais quand GRAVELEAU s’installe n’importe comment sur un chemin où il y a des écoles et des enfants qui fréquentent ces écoles, quand SILVERSTAKE prétend s’installer à l’Estaque là où on avait promis de rendre l’accès à la mer à la population, quand les ordures de tout Marseille arrivent aux Aygalades avec un trafic de bennes qui empoisonne la vie le jour comme la nuit, quand TPA, à Mourepiane, se met sans autorisation à traiter des hydrocarbures à 50m des habitations et pollue tellement qu’on est obligé d’évacuer une école à la Viste, ce n’est pas de l’aménagement, c’est de la colonisation sauvage !
On voudrait nous faire tout supporter sous prétexte de créations d’emplois, et c’est vrai qu’il y a tellement de chômeurs sur nos quartiers que nous serions prêts à faire des sacrifices s’il y avait des chances pour qu’ils trouvent du travail. Mais, les trois quart du temps, c’est du bluff ! et particulièrement sur les activités qui nous intéressent. Est-ce que vous savez pourquoi le transport par conteneurs se développe tant ? C’est parce qu’il économise de la manutention, c’est-à-dire des emplois. Est-ce que vous savez pourquoi les transporteurs ont besoin de se regrouper et des disposer de grands terrains ? C’est pour pouvoir installer des plateformes de tri automatique. Donc supprimer des emplois de manutentionnaires.
Aujourd’hui ce n’est pas la main d’œuvre de nos quartiers qui intéresse les entreprises. Ce sont nos terrains qui les intéressent.
Nous ne voulons pas nous sacrifier pour ça.
- Nous ne voulons pas que tous nos espaces libres soient bradés aux entreprises. Nous en avons besoin. Il y a un projet de maison de retraite pour les vieux qui n’arrive pas à aboutir faute de terrain, avec tout l’espace que nous avons !Et nous en avons besoin aussi pour construire des équipements pour les jeunes et des crèches pour les enfants
- Nous voulons plus de transports en commun et moins de camions sur nos routes.
- Nous voulons que nos quartiers se développent comme de vrais quartiers, avec des habitants et pas d’une zone arrière-portuaire où les entreprises s’installent comme elles s’installeraient en plein désert !
Alors, aujourd’hui, avec cette manifestation, nous avançons une revendication :
- Nous demandons que chaque entreprise qui s’installe fasse l’objet d’une concertation : combien d’emplois ? pour quelles nuisances ? avec quels moyens de réduire ces nuisances ?

Et, au cours des prochaines campagnes électorales, nous demanderons aux candidats de prendre position par rapport à cette revendication.

NOS QUARTIERS VEULENT VIVRE ET NOUS, NOUS VOULONS VIVRE DANS NOS QUARTIERS !

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