Une tribune pour les luttes

Parution aux Editions de La Découverte, en vente en librairie depuis février 2007

Travailler peut nuire gravement à votre santé

par Annie THÉBAUD-MONY

Article mis en ligne le samedi 17 mars 2007

TRAVAILLER PEUT NUIRE GRAVEMENT À LA SANTÉ

SOUS-TRAITANCE DES RISQUES, MISE EN DANGER D’AUTRUI,
ATTEINTES À LA DIGNITÉ, VIOLENCES PHYSIQUES ET MORALES,
CANCERS PROFESSIONNELS

Alors que les savoirs scientifiques et médicaux permettent aujourd’hui d’identifier de très nombreux facteurs d’altération de la santé par le travail, on constate la généralisation de la mise en danger délibérée d’autrui dans les choix d’organisation et de conditions du travail ainsi que dans les politiques publiques les rendant légitimes. Comment expliquer cette contradic-tion ? Les choix d’organisation du travail relèvent des « décideurs » et « managers », à qui in-combe la responsabilité d’abaisser constamment les coûts et qui sous-traitent le travail et ses risques. En bout de cascade de la sous-traitance, la figure de l’intérimaire, de l’intermittent et de tous les travailleurs « invisibles », en France ou ailleurs, témoigne d’un retour à l’insécurité et à l’indignité : à des formes modernes de servitude.

À partir de nombreux témoignages recueillis dans divers secteurs industriels (nucléaire, sidérurgie, chimie, agroalimentaire), mais aussi dans les serviceset à partir de l’exemple phare de l’amiante, ce livre met en lumière ce qui demeure constamment un « angle mort » de la santé publique, à savoir les atteintes à la vie, à la santé et à la dignité des travailleurs. Se situant en référence au code de procédure pénale, l’auteure montre comment au nom des règles du capitalisme néolibéral, l’impunité des responsables est totale, qu’il s’agisse de l’homicide, du délit de mise en danger d’autrui, des atteintes à la dignité, de la non-assistance à personne en danger. Elle montre aussi les dérives d’une recherche sous influence.
Un livre salutaire qui, loin d’établir un constat désespéré, appelle à la vigilance citoyenne et à la résistance individuelle et collective.

Annie Thébaud-Mony est sociologue, directrice de recherches à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), spécialiste des questions de santé au travail. Elle dirige le Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers professionnels (GISCOP 93) à l’université Paris-XIII. Elle est par ailleurs porte-parole de Ban Asbestos, réseau d’associations qui luttent au niveau international contre l’utilisation de l’amiante.

Collection : Cahiers libres - 300 pages - 19 €

TABLE DES MATIÈRES

Nb : On pourra lire l’introduction en ligne

Introduction

I. Homicides et blessures « involontaires », violences ayant entraîné la mort subie ou le suicide

De l’ « accident » du travail aux atteintes à la vie et la santé dans le travail
Gaetano, victime de l’organisation du travail intérimaire
Les jeunes sont-ils « casse-cou » ?
Précarisation du travail et suicide
Toulouse, 21 septembre 2001 : AZF accuse...
Quand l’accident du travail devient un crime... l’exemple du Québec

II. Délit de mise en danger délibérée d’autrui

Tentatives de législation européenne face aux pressions de l’industrie chimique et normes françaises
La silicose : une maladie industrielle emblématique
Tuberculose « importée » du Maroc ou silicose contractée dans les mines et fonderies françaises ?
Une usine de broyage d’amiante au coeur d’une commune ouvrière de Seine-Saint-Denis
La lutte des anciennes d’Amisol : ne pas échanger le procès contre un chèque !
Quand la mise en danger délibérée d’autrui dans le cadre du travail devient un crime... l’exemple de l’Italie

III. Sous-traitances des risques

« Nous venons avec nos hommes faire votre travail »
Éric, robinetier « saisonnier » du nucléaire
Martial, contrôleur, « infirmier du nucléaire »
Antonio, « agent des servitudes nucléaires »
La gestion de l’emploi par la dose
L’effacement des traces
Désorganisation du travail, effet boomerang

IV. Atteintes à la dignité

Travail et santé des femmes
Sandrine, hôtesse de caisse : de l’injonction contradictoire à l’accident du travail
Denise, infirmière : le refus d’une euthanasie des vieux qui ne dit pas son nom
Quand l’expertise médicale porte atteinte à la dignité

V. Non-assistance à personne en danger

Quand les syndicats en viennent à épouser la cause des industriels : l’exemple des grèves de l’amiante au Québec
En France, quelles stratégies syndicales ?
Le rôle ambivalent des médecins du travail
Mission de contrôle et risques professionnels des inspecteurs du travail

VI. Recherches sous influence, expérimentation humaine

Que cherche l’épidémiologie ?
La découverte du mésothéliome en Afrique du Sud
Richerd Doll, un chercheur politiquement très influent
Les effets des faibles doses de rayonnements ionisants : un « modèle » épidémiologique en question ?
Génétique et travail : travail à risque ou « travailleurs à risque » ?

VI. Délocalisation de la mort au travail

Au Brésil, les multinationales européennes exploitent l’amiante... et les travailleurs
Le réseau international Ban Asbestos et la « mondialisation d’en-bas »
Le démentélement des navires en fin de vie sur les chantiers indiens : un travail d’esclaves
La saga du Clémenceau

Conclusion
Annexes

Retour en haut de la page

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Lire c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 340