Une tribune pour les luttes

CINQ POUR LE PRIX D’UN

par Gui

Article mis en ligne le samedi 20 décembre 2003

Dès le 1er janvier 2004, l’aide sociale en France pour les chômeurs les plus précaires (les RMIstes) ça se méritera... en travaillant ! ! ! Le gouvernement, dans sa grande générosité envers les patrons, a inventé et financera largement un nouveau type d’emploi précaire : le RMA, 20 h de travail payé au SMIC horaire (donc guère plus que le RMI). Il faudra donc toujours se contenter des miettes (545 euros) mais cette fois en se crevant.

Au contraire, pour le patron c’est tout bénef : le RMI lui sera reversé par le Conseil Général, il ne lui restera plus qu’à le compléter modestement (130 euros par RMAste, moins de mille francs !). Cinq employés au RMA ne lui coûteront pas plus cher qu’un employé au SMIC ! Les patrons se frottent les mains : 5 employés pour le prix d’1. Un gain de production de l’ordre de trois fois et demie, puisque 5 RMAstes en faisant chacun 20 heures par semaine, font 100 heures de travail au total, alors que le SMICAR ne produit "que" pendant 35 heures. Le tout payé par les deniers publics, c’est du jamais vu.

De plus, avec un salarié au RMA, il n’y a pas de carrière ni de revendications à gérer (avancement ou augmentation de salaire, ... ), la durée maximale étant de un an et demi (6 mois, renouvelable deux fois ). Et comme si cela ne suffisait pas, l’État offre un "cadeau bonus" aux amis du Baron Sellières en prenant aussi à sa charge les cotisations patronales de la sécurité sociale. Pour couronner le tout, le RMAste ne cotisera pas pour la retraite sur la base des 20 heures au SMIC mais sur les seuls 130 euros payés par l’employeur. A ce régime là, il lui faudra travailler 120 ans pour ouvrir ses droits à la retraite ! ! !

Plus besoin de délocaliser dans les pays "pauvres" pour trouver de la main-d’œuvre bon marché. Les entreprises auront dès lors tout intérêt à licencier des travailleurs en CDD ou en CDI pour les remplacer par la main-d’œuvre presque gratuite du RMA. D’autant plus que la loi ne limite pas le nombre de RMA par entreprise. Par ailleurs, l’augmentation du nombre des RMIstes, du fait de la limitation des Allocations Spécifiques de Solidarité à 2 ans maximum en 2004 permettra de disposer d’un réservoir considérable de travailleurs précaires. L’État prévoit pour l’année prochaine pas moins de 50 000 RMA dans le secteur marchand ! ! !

Enfin, gare aux RMIstes récalcitrants qui refuseraient ces "emplois de rêve" (qui risquent d’ailleurs de ne pas correspondre à leur expérience professionnelle, leur formation et leurs envies) proposés par l’ANPE, ils pourraient se voir suspendre leur RMI ! Mais si vous acceptez cette généreuse offre de réinsertion par l’exploitation, ne vous croyez pas à l’abri d’un tel danger puisque votre patron sera alors également votre tuteur et sera chargé d’attester au référent (représentant du Conseil général) tous les 3 mois que "l’action d’insertion" est bien suivie. S’il est établi que le non-respect de cette dernière est imputable au bénéficiaire du RMA, le versement du RMI à ce dernier peut être suspendu !

Après les RMIstes, caste de chômeurs sans droit au chômage, les RMAstes, caste de travailleurs sans droit du travail !

Le RMA ne fera qu’accélérer la précarisation des catégories les plus fragiles ( les moins diplômées et celles touchant les plus bas salaires) :

c’est une véritable attaque contre le déjà trop modeste SMIC. Quant aux RMIstes, ils n’auront plus guère d’espoir de décrocher un "emploi normal" puisqu’une entreprise pourra les embaucher pour le cinquième du coût d’un smicard à temps plein.

Le RMA n’est donc en aucun cas une mesure d’aide aux plus démunis mais au contraire un joli cadeau de Noël aux patrons et une vraie détérioration de nos conditions de travail ! ! !

Il est grand temps de montrer au MEDEF et à l’Etat que nous ne sommes pas des kleenex, justes bons à être jetés après utilisation !

# Gui

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