Une tribune pour les luttes

Communiqué de presse d’Act Up-Paris, 25 avril 2007

Procès du recteur de Notre-Dame contre Act Up-Paris : tout ça pour ça !

Article mis en ligne le mercredi 25 avril 2007

Dans le procès (1) qui nous avait été intenté au civil par Patrick
Jacquin, recteur de Notre-Dame-de-Paris, nous avons été condamnéEs à
lui verser 1 euro de dommages-intérêts et à 2000 euros de frais
d’avocat.

Si elle n’est que symbolique, cette condamnation nous laisse perplexe
puisqu’elle repose sur l’affirmation « que les faits se sont déroulés
sans l’autorisation du recteur de la cathédrale et même contre sa
volonté et malgré son opposition expressément manifestée ». Nous ne
voyons pas bien de quelle opposition il pourrait s’agir puisque toute
l’action s’est déroulée en l’absence de M. Jacquin : celui-ci ne nous
a interpelléEs qu’une fois que nous étions à la sortie de la cathédrale.

Nous prenons acte que le jugement reconnaît :

- que si préjudice il y a eu, celui-ci serait symbolique (1euro) et
que la demande initiale était « nettement disproportionnée par
rapport au dommage causé ».

- que notre action n’avait pas pour but de « remettre en cause la
liberté de religion ou de ridiculiser l’Eglise Catholique, mais, par
un acte symbolique, d’interpeller celle-ci sur la discrimination dont
[nous estimons] être victimes en raison de [notre] appartenance
sexuelle ».

En définitive, l’action de M. Jacquin n’aura servi qu’à enrichir ses
avocats avec l’argent de la lutte contre le sida.

Act Up-Paris décidera mardi prochain lors de sa réunion hebdomadaire
si elle souhaite faire appel ou non de cette décision.

ContactS : Jérôme Martin / 06 84 47 20 92
Antonin Sopena / 06 85 36 40 17

(1) voir notre communiqué du 21 février :

http://www.actupparis.org/
article2889.html

Communiqué du 21 février

« La liberté du culte, prétexte pour faire taire les critiques contre
l’Eglise »
.
Aujourd’hui se tient le procès que Patrick Jacquin, recteur de Notre-Dame-de-Paris, a intenté au civil à Act Up-Paris et certainEs de ses membres. Selon lui, nous aurions atteint à « la liberté religieuse, au libre exercice du culte et à l’affectation cultuelle » en organisant un mariage symbolique de deux femmes dans la cathédrale, le 5 juin 2005. Patrick Jacquin demande un euro de dommages et intérêts, 10 000 euros de frais d’avocatEs et la publication de la décision judiciaire dans 5 organes de presse, à hauteur de 10 000 euros chaque. Nous pouvons donc être condamnéEs à payer 60 000 euros, ce qui revient à ruiner l’association, à nous contraindre de sacrifier des activités de prévention ou de défense des malades, voire à fermer nos portes.
Nous n’avons pas bafoué la religion.

Nous n’avons pas perturbé l’exercice du culte. AucunE croyantE n’a été interpelléE, aucune prière n’a été interrompue. Le mariage a été prévu à une heure où il n’y avait pas de messe. La cérémonie a duré 4 minutes. Bref, nous n’avons pas « bafoué » la religion ni porté atteinte à la liberté religieuse ou l’exercice du culte. Nos communiqués de l’époque montrent que ni Patrick Jacquin, ni son autorité, n’étaient visés par notre action. Le recteur faire valoir « l’affectation cultuelle » - une sorte de droit de propriété. Mais s’il le fait pour montrer qu’un couple de lesbiennes est malvenu dans « sa » cathédrale, il aura ensuite du mal à convaincre que l’Eglise est un lieu d’accueil et d’asile.
Est-il possible d’interpeller l’Eglise quand elle ruine nos vies ?

Notre action visait à montrer, joyeusement, notre revendication en faveur du mariage homosexuel et à dénoncer l’opposition de l’Eglise à l’égalité des droits entre homos et hétéros. Nous voulions aussi protester contre le lobby national et international qu’elle mène sur cette question ainsi que son opposition au préservatif. Les récentes tentatives du Vatican pour empêcher l’adoption en Italie du mariage homosexuel le montrent encore, s’il en était besoin : la hiérarchie catholique ne se contente pas d’une simple pastorale qui concernerait les croyantEs ; elle entend imposer un modèle strict à la société laïque.

Patrick Jacquin parle de notre action comme d’une « parodie » de mariage. C’est sur ce terme que l’ensemble de son accusation repose. Plus grave, le Parquet l’a repris à son compte. L’Etat considère donc, comme l’Eglise, qu’une union symbolique de deux femmes est forcément une parodie, une caricature. Les demandes légitimes des couples homosexuels sont ainsi rabaissées. Cette démarche juridique du prêtre est une preuve du bien-fondé de notre action. Qu’il gagne ou qu’il perde, Patrick Jacquin nous aura donné raison. Sa plainte illustre parfaitement la politique de la hiérarchie catholique à notre égard : mépris, haine et exclusion
.
.

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Vos commentaires

  • Le 26 avril 2007 à 09:24, par Cornabras En réponse à : Cornabras

    Pourquoi ne pas être allé célébrer ce "mariage" dans une mosquée ou un synagogue ? Les religions qui utilisent ces lieux de culte ont des interdits sexuels encore plus rigides que ceux des cathos, du moins en théorie pour l’islam ? Le retentissement aurait été nettement plus médiatique (mais plus risqué !). Courage, camarades !
    P.S. Quelq’un peut-il me donner la référence exacte de la mention du préservatitf dans un texte pontifical ou une déclaration d’un pape ? Je n’en trouve pas.

  • Le 9 octobre 2009 à 10:57, par balzar En réponse à : Procès du recteur de Notre-Dame contre Act Up-Paris : tout ça pour ça !

    La religion catholique n’a pas a reconnaitre le mariage homosexuel car la religion a 2000 ans d’histoire et que son rôle est de ne pas changer, qu’un état tienne compte des évolutions d’une société d’accord mais la religion ne doit pas changé. De plus je ne comprend cet acharnement envers l’église, on est en démocratie, vous pouvez avoir les pratiques que vous voulez librement et ce n’est pas l’église qui pourra vous en empécher, alors pourquoi un acharnement aussi ridicule ?

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