Une tribune pour les luttes

Doléances des sans-papiers retenus au centre de rétention de Mesnil-Amelot

Du Mesnil Amelot à Vincennes, des luttes dans des prisons qui ne disent pas leur nom.

Article mis en ligne le mercredi 2 mai 2007

Mouvements de retenus ces dernières semaines dans les centres de rétention du Mesnil Amelot et de Vincennes.

Le centre de rétention du Mesnil Amelot où convergent
les personnes sans-papiers de 80 préfectures est plein
 : personnes sorties de prison en attente d’expulsion
(double-peines), parents d’enfants scolarisés ou non,
victimes de rafles et de descentes dans des ateliers
clandestins, etc. Les conditions de vie y deviennent
de plus en plus difficiles et les retenus chaque jour
plus nombreux se plaignent de ce qu’ils y subissent :
pressions extrêmement lourdes des forces de
gendarmerie sur place, atteintes à leur dignité et à
leurs droits, situation sanitaire à risque du fait de
la présence de personnes tuberculeuses non isolées,
etc.

Une centaine d’entre eux a entamé une grève de la faim
le 23 avril - momentanément suspendue. Leurs
portes-paroles nous ont adressé un fax reprenant
l’ensemble de leurs revendications et font appel aux
élus nationaux, pour que ceux-ci visitent le centre et
interpellent les autorités sur la situation du CRA,
ainsi que les organisations de défense des droits de
l’homme.

Toutefois, au-delà de la situation du Mesnil-Amelot,
c’est l’existence même des centres de rétention, ces
prisons pour personnes sans titres de séjour, qui est
en cause, d’autant que, comme le soulignent les
retenus du Mesnil-Amelot, ceux-ci se transforment peu
à peu en centres de détention.

Ainsi, au centre de rétention de Vincennes, où des
retenus étaient en grève de la faim la semaine
dernière, un jeune militant sans-papier proche de
militants du resf 19ème, Samir Kahloucha, nous a fait
parvenir un communiqué dans lequel il nous éclaire sur
la détresse psychologique des sans papiers qui y sont
détenus. Ceux ci n’ont souvent d’autre moyen que la
tentative de suicide pour alerter sur leur situation.
Il nous faire part également de la mise en place de
cellules d’isolement où sont enfermés les prisonniers
les plus réfractaires.

Tous ces témoignages nous montrent bien qu’au delà du
pseudonyme de « centre de rétention administrative »,
ces lieux sont de véritables prisons spéciales pour
étrangers sans-papiers dont certaines sont même
dorénavant aménagées pour accueillir des enfants. Ces
lieux où règne l’arbitraire n’ont pas lieu d’être au
pays des droits de l’Homme.

DOLEANCES DES RETENUS Centre de rétention de Mesnil-Amelot

Le Mesnil Amelot, le 25 avril 2007

Nous, Retenus du Centre de rétention de
Mesnil-Amelot :

Considérant les mauvaises conditions dans lesquelles
nous vivons au centre de rétention de Mesnil-Amelot,
avons décidé une grève de la faim et notifié les
doléances suivantes

Vu :

- L’absence de visite médicale (approfondie)
préalable à l’admission au centre de rétention

- Le risque de contagion des maladies (tuberculose
et autres)

par le partage des cellules et du réfectoire

par l’usage des fontaines d’eau, des douches
et toilettes

Constatant

- le manque d’informations (surtout pour le
rapatriement des retenus) qui n’ont pas le temps de
préparer leurs bagages et d’aviser leurs parents

- des arrêtés préfectoraux abusifs de reconduite à
la frontière pris à l’encontre des personnes qui font
plusieurs passages au centre

- le long séjour des retenus non reconnus par leur
consulat

- la consommation d’aliments en instance de
péremption

- la transformation du centre de rétention en
centre de DETENTION par la présence d’un grand nombre
de militaires, exerçant des pressions énormes sur les
retenus

Par conséquent

Nous souhaitons que les hommes politiques, les
media, les organes de défense et de sauvegarde des
droits de l’Homme nous aident à retrouver notre
liberté de bien-être, qui s’effrite dans un pays
démocratique, la France.

Les porte-parole :

Pasteur AZANDE GBE SISSOKO

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