Une tribune pour les luttes

Communiqué d’AC (Agir ensemble contre le chômage) du jeudi 10 mai 2007

Aucune majorité ne peut légitimement imposer à quatre millions de pauvres de renoncer au droit de vivre décemment.

Article mis en ligne le dimanche 13 mai 2007

75 pour cent des chômeurs n’ont pas voté pour Nicolas Sarkozy.

Si les sondages ne sont que des sondages, celui-ci montre tout de même que ceux qui ont subi de plein fouet la politique de destruction de leurs droits par la droite décomplexée ont su s’en souvenir.

Il faut dire que le nouveau Président les y a aidés : avec les jeunes précaires des quartiers populaires et les sans papiers, les chômeurs ont été les cibles principales de la campagne de haine et de mépris de Sarkozy, campagne couronnée de succès avant tout parce que la gauche n’a pas voulu rappeler des vérités évidentes sur l’assurance chômage : que celle-ci n’est en aucun cas de l’assistanat, mais un droit gagné par tous les salariés face aux employeurs. Que son financement devrait être à l’entière charge de ces mêmes employeurs qui jouent du chômage comme une arme de destruction massive du Code du travail.

Aujourd’hui ce silence et bien souvent cet acquiescement de la gauche aux discours du MEDEF et de leurs représentants de l’Etat UMP, nous les concernés allons le payer cher : d’ores et déjà, on compte nous imposer dès l’été l’obligation d’accepter n’importe quel emploi sous peine de radiation définitive. D’ores et déjà, au nom de la "valeur travail" une réforme des minima sociaux (RMI, ASS, API, etc.) devrait contraindre ses tributaires au travail gratuit.

D’ores et déjà, avant même que ces mesures entrent en vigueur, nous savons tous, qu’à la CAF, à l’ANPE, dans les ASSEDIC, les contrôleurs zélés vont redoubler d’ardeur, tandis que ceux qui refusent le rôle qu’on leur assigne vont avoir d’autant plus de difficultés à résister.

Nous le disons clairement : aucun chômeur, aucun précaire, aucun travailleur pauvre ne doit se sentir lié par les résultats électoraux.

Se battre au quotidien et résister aux mesures annoncées est non seulement nécessaire, mais légitime, car aucune majorité ne peut légitimement imposer à quatre millions d’entre nous de renoncer au droit de vivre décemment, au droit au logement, au choix de son emploi.

Aucune majorité, quand bien même s’inspire-t-elle du programme de la droite des années ’40, ne peut rétablir le travail obligatoire.

Les chômeurs et les précaires comme les immigrés pauvres n’ont pas à se soumettre au programme délétère sorti des urnes d’avril 2007 alors que la parole ne leur a jamais été donnée dans les grands médias, alors qu’ils y ont été insultés, accusés du pire sans jamais pouvoir se défendre et sans jamais être défendus par les principaux candidats.

Aujourd’hui, la résistance passe par la solidarité et par la constitution d’une force commune qui ne soit pas seulement celle du rejet d’un candidat ou d’un parti.

La résistance passe par le collectif et nous appelons l’ensemble des chômeurs et précaires à ré-apprendre la lutte commune : vous êtes des milliers à consulter notre site, à contacter nos permanences quand une radiation, une coupure EDF, un trop perçu Assedic, ou un problème avec votre employeur vous tombe dessus.

Mais vous êtes encore peu à participer à des actions collectives ou à prendre de votre temps pour aider d’autres précaires.

Pourtant la résistance commence là, dans chaque ANPE, dans chaque ASSEDIC, dans chaque CAF, chaque fois que des chômeurs et précaires refusent d’être fragilisés par l’isolement pour devenir une force collective capable d’imposer ses revendications.

La résistance, ce n’est pas un grand mot mais mille pratiques qui peuvent mettre en échec ce pouvoir assassin à notre niveau. Quand on est agent de l’ANPE, c’est informer les chômeurs de leurs droits, c’est aussi refuser d’appliquer le “suivi” mensuel quand on n’a rien de pertinent à leur proposer, c’est ne pas signaler le chômeur absent à une convocation, c’est encore tenir informés les chômeurs et précaires des pratiques de contrôle et des moyens de les contrer. Quand on est agent de la CAF, c’est traiter en priorité les dossiers d’attribution de ressources plutôt que les dossiers de trop-perçus. Quand on est chômeur, salarié précaire ou pas, c’est accompagner massivement la personne menacée de sanction (privation de ressources) à la source de la menace. Quand on est agent d’EDF, de GDF, de l’eau potable, c’est jouer les Robin des Bois.

La résistance commence dans nos têtes : là où ils ont voulu nous diviser et nous catégoriser, nous devons faire le pas pour nous retrouver.

Si nous laissons faire, il n’y aura ni chômeurs, ni travailleurs dans la France d’après. Il n’y aura que des précaires en souffrance qui se retrouveront un jour ou l’autre aux restos du coeur ou chez ED et Lidl, quand en face, la bourgeoisie célèbre avec Sarkozy l’unité retrouvée au Fouquet’s.

Ni plein emploi précaire, ni chômage de masse, nous voulons vivre !

http://www.ac.eu.org/spip.php?article1646

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