Une tribune pour les luttes

Bac pro trois ans : une attaque sans précédent contre l’enseignement professionnel !

Article mis en ligne le mardi 4 décembre 2007

C’est incidemment que l’on apprenait que le ministère Darcos avait décidé, sans la moindre concertation, de refondre entièrement les filières d’enseignement professionnel. Aux deux années de BEP suivies des deux années de bac professionnel qui ont cours actuellement, il veut substituer des filières de bac professionnel en trois ans.
Trois ans de formation professionnelle au lieu de quatre : la belle affaire !

Cette énième réforme n’a aucune justification pédagogique. Au contraire, elle méprise totalement l’intérêt des élèves.

− Les élèves entrant en première année de BEP sont, le plus souvent, ceux qui étaient en échec scolaire au collège. Ils ne sont pas sûrs de leur orientation, souvent choisie par défaut, et ils ont besoin de prendre confiance en eux et de trouver une place qui les valorise dans le système scolaire. Cela demande de la part des enseignants un travail long et un an au moins est nécessaire.

− L’insertion professionnelle de ces jeunes dépend, entre autres, de la qualité de la formation générale et professionnelle qui leur est donnée. Comment la maintenir en diminuant le parcours scolaire d’un an ? Et si elle est maintenue malgré tout, que vont devenir les élèves qui parviennent tout juste aujourd’hui à obtenir leur BEP ?

− Le ministère prévoit de créer une sorte de « BEP fantôme » sous la forme d’une certification reçue au bout de la deuxième année de bac professionnel. Mais elle ne vaudra rien sur le marché du travail : elle ne correspondra à aucun référentiel ayant pris en compte les besoins des jeunes pour une insertion professionnelle. Elle servira simplement à se dédouaner à bon compte des élèves qui décrocheront avant d’obtenir le bac.

− À cela, il faut ajouter la réforme de l’enseignement technologique qui se prépare et qui vise à le fondre pour partie dans l’enseignement général et pour une autre dans l’enseignement professionnel. La filière professionnelle aurait alors vocation à se poursuivre vers les BTS et les licences professionnelles. Une nouvelle fois, que vont devenir les élèves en grande difficulté scolaire ?

Cette réforme créera dans le second degré un système encore plus sélectif qu’il n’est actuellement : aux uns les CAP d’insertion et les sections d’apprentissage strictement calibrés sur les besoins du patronnant local, aux autres les sections professionnelles amputées d’un an.

Mais la raison d’être de cette réforme est d’initier une restructuration d’ampleur de l’enseignement au collège et au lycée avec comme objectif final : moins de formation, moins de choix d’orientation, moins d’heures d’enseignement et donc moins d’enseignants et moins de fonctionnaires en général.

Déjà, les rectorats travaillent à supprimer les premières années de BEP dès la rentrée 2008. À l’horizon 2009, ce ne seront pas moins de 25% des postes d’enseignants en section professionnelle qui pourraient disparaître.

Dans cette attaque d’ampleur contre l’enseignement professionnel, tout est fait pour empêcher l’unité des personnels : traitement différencié des académies, traitement différencié des filières tertiaires et industrielles, concurrence entre établissements pour « conserver » les sections et les postes, etc.

C’est la raison pour laquelle la Fédération des syndicats SUD Éducation appelle tous les personnels à s’organiser dès aujourd’hui pour mener la lutte la plus large et la plus unitaire possible pour un enseignement professionnel permettant la réussite et l’épanouissement de tous les élèves :

− une « vraie » formation professionnalisante de niveau V, de type BEP, comprenant une aide aux élèves en difficulté ;

− équilibre entre formation générale et formation professionnelle ;

− pour tous, sections sous statut scolaire avec rémunération des stages en entreprise.

http://www.sudeducation.org/

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