Une tribune pour les luttes

Le Quotidien des Sans-Papiers n°17 est paru.

"Marseille rebelle" et de nombreux autres articles...

Article mis en ligne le lundi 24 décembre 2007

le Quotidien des Sans-Papiers est disponible au format Pdf en téléchargement :

http://quotidiensanspapiers.free.fr.

Ce bulletin d’information et d’alerte est libre de reproduction. Il est destiné à être imprimé par tous ceux qui le souhaitent - en particulier

dans les collectifs de sans-papiers, afin d’être diffusé dans l’ensemble du territoire.

Téléphone : 09 52 73 81 53 (en semaine de 14H à 20H, et même plus)

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Vous pouvez dorénavant écouter des reportages sur les sans-papiers à cette adresse :

http://quotidiensanspapiers.free.fr/w/spip.php?rubrique22

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MARSEILLE REBELLE

"Il faut sauver le camarade Tastan, et tous les autres..."

Ferzende Tastan est passé en procès, devant le Tribunal de Lyon, pour avoir résisté à l’embarquement, lors de sa tentative d’expulsion le 10 décembre. Le juge aura suivi les réquisitions du procureur : trois mois fermes, plus trois ans d’interdiction du territoire. Trois mois de prison fermes, pour résister à une expulsion vers un pays où l’on risque trente ans de prison ! À l’heure où des médias turcs se félicitent de la "livraison" de celui qu’ils considèrent comme un dirigeant du PKK, la justice française aura réussi à faire preuve une fois de plus de son absence totale de vergogne.

de notre envoyé spécial

En arrivant dans le quartier du panier à Marseille je pensais à Izzo, l’auteur de polar qui m’avait fait aimer ce quartier avant même de le connaître. Je m’imaginais déambulant dans les rues escarpées, de bars en vieux port, de parfums iodés en saveurs anisées. Et puis, il y avait les sourires à trois cent soixante degrés et même plus de Christine, d’Agathe, d’Ivora. Et il y avait aussi la centaine de marches qui mènent à la terrasse dominant le vieux port et invitant à s’alanguir… Mais… Mais j’ai demandé en arrivant : « Il se passe quelque chose ici pour les sans papiers ? » Derechef, je fus informé qu’un rassemblement était prévu le soir même à 17 heures, station Bougainville. Je pris note du rendez-vous.

Au sortir du métro, on entendait le nasillement caractéristique des mégaphones enroués. La personne qui me précédait récrimina contre « ces gens qui n’ont rien à faire ici », lorqu’on lui proposa un tract.

Si elle avait pris le temps de le lire, elle aurait appris ceci :

« Monsieur Ferzende Tastan, Turc d’origine kurde, a été arrêté le 24 novembre à Marseille. Il est actuellement au Centre de Rétention Administrative du Canet, dans l’attente d’être expulsé. Il vit et travaille en France depuis cinq ans, avec sa femme et ses cinq enfants. Il a déposé à ce jour huit demandes de régularisation : sans succès. Et pourtant, son dossier était conforme aux critères définis par la circulaire Sarkozy de juin 2006. Alors qu’une partie de la famille Tastan a obtenu le statut de réfugiés politiques, Ferzende a essuyé un refus de l’OFPRA. (…)

En Turquie, c’est la prison qui attend M. Tastan, condamné par contumace l’an dernier, car il est soupçonné de soutenir la cause du peuple kurde. D’autre part, en l’expulsant vers la Turquie, la France l’expose à la possibilité d’une nouvelle condamnation, pouvant aller jusqu’à 36 années du fait qu’il est kurde. Tous les kurdes qui ont, comme M.Tastan, fait une demande d’asile politique sont accusés par le gouvernement d’Ankara d’insulte à l’identité nationale. Ils subissent tortures, humiliations, voire des exécutions extrajudiciaires. (…) »

J’eus le sentiment qu’on venait de me remettre la nécrologie du droit d’asile. Mais la cinquantaine de personnes réunies sur le parvis venteux, n’arborait nulle gueule d’enterrement. Slogans alternaient avec chansons. « Laissez passer les sans papiers » s’éleva sur la mélodie de Gainsbourg chantée jadis par Régine… Le détournement de rime est-il une arme efficace contre la politique hystérique d’un État raciste ?

Le cortège ne tarda pas à s’ébranler en direction du centre de rétention administratif du Canet. Une poignée de minutes plus tard, la cohorte s’arrêta devant une triste grille en fond d’impasse. Ma voisine m’expliqua qu’il s’agissait de l’entrée de la police de l’air et des frontières. « Les voitures et les fourgons renfermant les expulsés s’élancent de là. Généralement ils sortent en tombes, renversant les poubelles, dérisoires entraves, mises en travers du passage. » Le centre du Canet présente une particularité : le TGI siège à l’intérieur même du centre de rétention. Cette mesure facilite les jugements ad oc et les expulsions expéditives.

Ici, des étoiles de David, rouges sur fond jaune, marquées « sans-papiers », fleurissent au revers des manteaux. Des écharpes tricolores d’élus ceignent quelques torses. On remarque aussi des badges du collectif Uni Contre l’Immigration Jetable, d’autres du Réseau Éducation Sans Frontières, mais la caractéristique de la petite foule est surtout d’être très hétérogène. Des citoyens d’origines, de conditions sociales et de générations très différentes se côtoient.

Un peu en retrait se tient un homme à l’air digne et grave. Il s’agit de Monsieur Bobouch, le père de Samira, expulsée il y a peu par le port de Sète sans que personne n’ait pu s’opposer. Je me souviens de cette affaire ; nous en avons parlé dans le précédent numéro du Quotidien des sans papiers. Mais là, il ne s’agit plus de mots couchés sur du papier. Je fais face au visage d’un homme marqué par la tristesse de ne plus voir celui de sa fille. Il me raconte son histoire.

"Monsieur Bobouch est arrivé régulièrement en France, il y a trente ans, pour travailler comme ouvrier agricole. Ses demandes réitérées de regroupement familial ont toutes été refusées au motif qu’il ne disposait pas de ressources suffisantes. Alors, comme tant d’autres Monsieur Bobouch dû trouver par lui-même les moyens appropriés de pallier les défaillances d’un État hors-la-loi au regard du droit international. Il appliqua sans le savoir l’article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’article 8 de la Convention européenne des droit de l’homme qui notifient que le respect de la vie de famille constitue un droit fondamental, garanti par des instruments juridiques internationaux. Samira et sa soeur jumelle vinrent vivre avec leur père. Elles suivirent leur scolarité au lycée de Saint-Chamas, et Samira mit ses qualités relationnelles au service d’une association accompagnant des enfants autistes.

Arrêtée, suite à un contrôle routier le 19 novembre, l’adolescente fut placée en centre de rétention. Les juges, qui se sont déclarés « compréhensifs » sur sa situation, ont néanmoins rejeté tous les recours de libération !

Le 4 décembre, Samira, fut conduite jusqu’aux portes de l’avion par lequel elle devait être expulsée. Soutenue par le ramdam de ses amis dans l’aéroport et par des passagers sensibilisés, elle affirma son refus d’embarquement, si bien qu’elle fut reconduite au centre de rétention.

L’acharnement de la Préfecture à réaliser son quota d’expulsions conduisit alors les forces du désordre à déployer une nouvelle stratégie. Redoutant une nouvelle mobilisation de ses amis, ils exfiltrèrent discrètement Samira du Canet, la conduisirent jusqu’à Sète où elle fut brutalement menottée et embarquée sur un bateau à destination du Maroc. Les premiers soutiens arrivés sur place ne purent que manifester en vain leur indignation. Ni son père, ni sa soeur jumelle n’ont pu lui dire au revoir. Cette dernière, qui n’a jamais vécu séparée de Samira, songe régulièrement à se livrer à la police pour partager le sort de sa soeur."

Le rassemblement se termine en discussion sur les moyens à mettre en oeuvre pour faire échec à l’expulsion redoutée pour Monsieur Tastan et d’autres, cette nuit ou au petit matin par l’aéroport de Marignane. Chacun donne son avis ; les échanges et les conclusions sont pragmatiques : rendez-vous à l’aéroport à quatre heures du matin. Des personnes se relayeront cette nuit devant le Centre de rétention et donneront l’alerte en cas de signe d’expulsion imminente.

Virginie raconte cette nuit de veille :

"Nous sommes restés dans une voiture face à l’entrée, bien en vue. Vers une heure du matin, un fourgon est sorti avec un expulsé à l’intérieur, vers deux heures des gens du CRA sont venus voir ce qu’on faisait. Nous leur avons répondu que nous faisions une veille citoyenne. Cette réponse n’a pas eu l’air de leur plaire. Ils ont contrôlé nos identités et vérifié les papiers du véhicule.

Le chef de patrouille nous a demandé combien de temps nous pensions rester : « Toute la nuit et tous les jours à venir ». Ça ne lui a pas plu et il a cherché à nous convaincre de partir : « Ça fait pitié de voir des jeunes perdre leur temps. Et après, vous aller prendre les sans-papiers chez vous ? Vous savez, il ne va rien se passer cette nuit. Vous pouvez rentrer… ». Vers 4 heures, un fourgon est arrivé. Nous avons appris que Erkan n’était plus dans sa chambre, les policiers semblaient très nerveux.

À 5 heures 30 une haie de policier s’est formée. Ils exhibaient leurs flash-ball. Est ce qu’ils craignaient une intervention citoyenne ? Nous avons vu monter trois personnes dans des fourgons aux vitres fumées. Ferzende Tastan n’était pas parmi eux, mais j’ai reconnu Erkan Barkin, une autre Kurde, père de trois enfants."

Samedi, 4 heures du matin. Une trentaine de personnes se retrouvent à Marignane.

L’information qu’un fourgon s’apprête à sortir du Canet circule. Les regards se tournent vers le tableau des départs. Quels vols sont-ils susceptibles d’embarquer les expulsés ? L’hypothèse du prochain vol d’Air Italia est retenue.

L’entour du comptoir est occupé. Slogans et messages fusent. L’enjeu est d’informer et convaincre les passagers de s’opposer pacifiquement à la présence d’expulsés parmi eux. Aucun policier n’est présent. « D’habitude, ils arrivent très vite. » Le baromètre indiquant en bleu marine notre présence sur un lieu sensible est donc au plus bas. Affleure la crainte que la préfecture ait décidé d’expulser nos camarades par la base militaire d’Istres.

5h48, le groupe apprend de source fiable qu’un expulsé est prévu sur le vol d’Amsterdam, puis qu’un fourgon est prêt à partir du Canet. Quarante-cinq minutes plus tard le véhicule est repéré à l’entrée de l’aéroport. Il file vers la PAF. Les compagnons d’infortunes entendent à leur descente. « Résistez, on est là ! » On peut deviner un sourire sur le visage d’Erkan.

À l’intérieur de l’aéroport, le climat se tend. Une équipe du personnel essaye d’intimider les militants et de récupérer les tracts qui jonchent le sol. L’interpellation des salariés à l’objection de conscience est entonnée de plus belle. Elle laisse de marbre ceux-là qui, dans un coin, devisent sur la « saleté des Kurdes » et la nécessité de recourir à des méthodes musclées avec ces passagers récalcitrants. « Ne t’inquiètes pas », dit l’un, « avec ce que je leur mets, ça ne traîne pas ». Dans la file d’attente, les passagers écoutent généralement avec attention l’information donnée par les militants. Quelques-uns donnent leurs coordonnées et acceptent de communiquer les informations lorqu’ils auront embarqué.

Ainsi apprendrons-nous que la présence d’expulsés fut sujette à débat dans la salle d’embarquement et que plusieurs passagers manifestèrent la ferme intention refuser de voyager sur un vol cellulaire. Devant cette révolte naissante, ou suivant simplement sa conscience morale, le commandant de bord refusera d’accéder à la demande policière et arguera qu’il manque un document pour motiver l’impossibilité de prendre les expulsés à son bord. Ce jour-là, à Marseille, la raison morale l’emporta sur la raison d’État. Mais, d’autres jours de lutte attendaient les Sisyphe des droits humains.


AFFAIRES TASTAN
Chronique d’une
martyrisation

L’histoire de la famille Tastan est emblématique du mar-
tyre quotidiennement infligé aux sans-papiers. Cette
famille a fui la Turquie après l’emprisonnement du père,
accusé de sympathie pour les indépendantistes kurdes.
Mais cela est insuffisant, aux yeux des autorités françaises
pour accorder un droit d’asile, à cet homme qui risque
trente années d’emprisonnement s’il retourne en Turquie.
Sedat, l’un des fils de Ferzende Tastan, est également
menacé de prison sur le sol turc pour s’être soustrait au
service militaire. Les Tastan sont établis à Marseille, les
quatre jeunes frères et sœurs de Sedat sont scolarisés.
Sedat travaille dans le bâtiment.

Sedat Tastan a déjà été placé deux fois en rétention et
présenté trois fois à l’embarquement. La première incar-
cération s’est déroulée le 28 février dernier. Quelques
jours plus tard, il entame une grève de la faim avec six
autres jeunes Kurdes de la prison administrative pour
étrangers (ou CRA, centre de rétention administrative)
du Canet.

Sedat, ligoté de la tête aux pieds et porté comme un
paquet, est présenté deux fois à l’embarquement pour la
Turquie sur des vols Air France. Par deux fois, les 13 et 16
mars, alors qu’il est toujours en grève de la faim, il réussit
à refuser d’embarquer, soutenu par les militants du RESF
et sa famille dans le hall de Marignane et par les passagers.
À sa descente d’avion, il est passé à tabac. Une plainte a
d’ailleurs été déposée, pour cela. Le 17 mars, la police
réussit à le conduire à Roissy pour une troisième tentative
d’expulsion (toujours sur Air France) malgré la tentative
de suicide de son père qui tente de s’immoler en s’asper-
geant d’essence devant la prison pour étrangers (CRA). Il
en sera empêché in extremis. Quatre militantes de
Marseille sautent dans l’avion pour suivre Sedat, elles sont
rejointes à Roissy par des militants du RESF Ile-de-France.
Grâce à la solidarité des passagers d’Air France, cette troi-
sième tentative d’embarquement échoue elle aussi. Sedat
est traduit le lendemain devant le Tribunal de grande ins-
tance de Bobigny pour refus d’embarquer. Ses soutiens
sont là. Son avocate, Me Terrel obtient sa libération et le
report du procès en septembre 2007 puis un ajournement
au 17 mars 2008.

Mercredi 24 octobre, Sedat accompagné de plusieurs mem-
bres du RESF déposait une demande de titre de séjour en
préfecture. Deux policiers zélés, constatant qu’il était tou-
jours sous le coup d’un APRF (Arrêté provisoire de recon-
duite à la frontière) ont alors tenté de l’interpeller malgré
les protestations des personnes l’accompagnant. Avec vio-
lences, les renforts policiers ont finalement arrêté Sedat et
quatre militants du RESF dont sa compagne de 18 ans.
Sedat a été ensuite placé au centre de rétention de
Marseille, malgré des interventions d’élus locaux et de
citoyens des quatre coins de France en direction de la pré-
fecture des Bouches-du-Rhône et le rassemblement d’une
centaine de personnes aux portes de la prison des étrangers
(CRA). Une veille a été maintenue toute la nuit.

Finalement, Sedat a été libéré quelques jours plus tard par
la cour d’appel du juge des libertés et de la détention (JLD)
qui a jugé « déloyales » les conditions de son arrestation.
C’est maintenant au père, Ferzende Tastan, que s’en prend la
préfecture. Arrêté lors d’un contrôle de routine, il est placé
en rétention et menacé d’expulsion à court terme. Bien évi-
demment, à Marseille, c’est la mobilisation générale.
Jours et nuits des citoyens veillent devant le centre réten-
tion du Canet. Le lundi 10 décembre, Journée des droits
de l’homme 2007, marque le début de la commémoration
pendant toute une année du 60e anniversaire de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.
C’est ce jour anniversaire que la préfecture choisit pour
enterrer le droit d’asile en France. Avant l’aube, l’alerte à
l’expulsion de Ferzende est lancée. Une voiture banalisée,
phares éteints, est sortie en trombe de la PAF du centre de
rétention vers 6h15. Ferzende ne répond plus au télé-
phone. Ses codétenus disent que les policiers sont venus le
chercher. Pendant quelques heures, les réseaux citoyens
restent dans l’incertitude de la destination du maintenant célèbre expulsable.

Tous les contacts possibles sont informés de la situation. Il semble que des Kurdes doivent être expulsés sur le vol Air France de Roissy à 12h35, mais le nom de deux des passagers a été occulté, comme c’est de plus en plus souvent le cas dès lors qu’il s’agit d’expulsés « sensibles » et soutenus. Contrairement à la fable qui prétend que les personnes en rétention ne sont pas en prison et doivent être localisables et jointes à tout moment, Ferzende Tastan a donc disparu façon Stasi. En fin de matinée, on apprend grâce à des « fuites » qu’il doit partir sur un vol Turkish Airlines. Le RESF-Lyon se précipite à Saint-Exupéry… L’avion a du retard, de plus en plus de retard jusqu’à ce que la bonne nouvelle tombe. Tastan a été débarqué de l’avion qui devait l’emmener en Turquie. Echapper à la PAF, être placé en garde-à-vue et devoir être traduit en comparution immédiate le lendemain est perçu comme une « bonne nouvelle » ! « C’est dire à quel niveau le tandem Sarkozy-Hortefeux a fait descendre les droits de l’Homme ! » note un militant.

Mardi 11 décembre au matin Ferzende Tastan est présenté devant le TGI de Lyon pour « refus d’embarquement ». Le RESF13 est présent au tribunal pour exiger sa libération sans aucune condamnation puisqu’il n’a commis aucun autre délit que de vouloir rester en France avec les siens. L’audience est finalement reportée au 21 décembre. Malgré les garanties apportées, Ferzende ne pourra pas comparaître libre. Un mandat de dépôt est prononcé et le voilà incarcéré tel un délinquant à la maison d’arrêt de Lyon, risquant toujours d’être expulsé vers les geôles turques.

Comme pour faire écho aux craintes de tous ceux qui soutiennent Ferzende Tastan, des journaux en ligne turcs se réjouissent de l’expulsion annoncée de Ferzende Tastan. Le plus connu d’entre eux allant jusqu’à titrer : « La France fait un geste en livrant aux autorités turques Ferzende Tastan, un des principaux leaders européens du PKK ». Même si cette allégation est mensongère, on imagine aisément, s’il était expulsé, ce qui attend ce père de cinq enfants réfugié sur notre sol pour fuir les persécutions faites aux Kurdes.

Le 21 décembre, forte mobilisation au Tribunal de Lyon pour le passage de Ferzende. L’ajournement demandé par l’avocat est refusé. Une quarantaine de marseillais ont fait le déplacement, et autant de lyonnais se sont joints à eux. La famille de monsieur Tastan était présente : son frère Celam, deux de ses filles, Tutba et Evin. Très peu d’entre eux ont été autorisés à assister au procès. Siégeait le même juge que lors de la comparution immédiate.

Celui-ci aurait tenu à juger l’affaire Tastan. Il suivra sans hésiter les réquisitions du procureur : trois mois fermes assortis de trois ans d’interdiction du territoire. Le juge aurait dit à l’avocate : « je me verrais bien faire partie de RESF… ». Le prononcé du jugement aura fait tomber la consternation sur la salle. Il reste trois mois pour faire libérer Ferzende Tastan. Et qu’enfin lui soit accordé le droit d’asile.

Le même jour, à Aix-en-Provence se tenait le procès d’un autre “fameux” marseillais, Florimond Guimard, ce membre de RESF accusé de violence sur agent. Une fois n’est pas coutume : Florimond aura été, lui, relaxé.


UJFP
Pourquoi porter cette étoile ?

Le jour de la tentative d’expulsion de Ferzende à l’aéroport de Marignane, sous une banderolle de l’UJFP, était distribués les autocollants rouge et jaune dénonçant la persécution des sans-papiers à l’image de celle des juifs sous l’Occupation.

Ci-dessous, le tract explicatif de l’UJFP-Paca.

Nous portons ces étoiles en solidarité avec les sans-papiers.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le roi du Danemark demanda à tous les Danois d’accrocher des étoiles jaunes à leur vêtement, comme l’occupant nazi obligeait les Juifs Danois à le faire. Cette solidarité nationale fit reculer l’occupant. Le roi du Maroc pris la même initiative.

Nous voulons faire reculer le gouvernement, arrêter les expulsions, obtenir la régularisation.

Mais, dira-t-on, les sans-papiers n’exhibent pas d’étoiles.

Nous utilisons ces étoiles, marques d’infamie et d’isolement que les Juifs durent porter et qui les désignaient aux bourreaux pour dire :

“Nous sommes avec ceux qui sont privés de droits”.

“Nous sommes avec ceux qui sont privés de vie”.

Nous détournons cette icône de la barbarie. Nous la donnons à chacun pour que tous nous puissions dire : “Nous reprenons ce signe de honte, nous le reprenons pour dire notre honte !”

OUI.

Nous avons honte de notre pays qui fut terre d’accueil, d’asile et de liberté.

Nous avons honte qu’on y arrête des hommes et des femmes qu’on piège dans les hôpitaux, les administrations, les écoles.

Nous avons honte que notre pays se parjure en arrêtant et en expulsant des enfants et leurs parents au mépris de la Charte des Droits des Enfants. Nous portons et nous demandons à tous de porter ces étoiles, en solidarité avec les sanspapiers, pour choquer, pour provoquer, pour faire s’interroger, pour faire réagir nos concitoyens.

Seule la mobilisation de notre peuple empêchera les expulsions et obtiendra la régularisation.

Union Juive Française pour la Paix- PACA


Et bien d’autres articles sur le vécu des sans-papiers et leur luttes à Marseille, en France et dans le monde .......
« BALI, C’EST FINI Le génocide des pauvres E finita la comedia, dit-on. » :
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