Une tribune pour les luttes

Ecole La Paix - Affiche Théatre

Le point de vue du graphiste

Article mis en ligne le mercredi 9 janvier 2008

Point de vue du Graphiste

« Pour que l’homme lie son destin à celui de la société, il lui suffit de percevoir avec évidence que les mêmes forces fondamentales qui régissent sa vie profonde ont également prises, amplifiées et toujours impératives, à l’échelle sociale »
Roger Caillois - 1936

Prétexte à une affiche

Aux mots, le petit d’homme est confronté très tôt, d’aucuns disent avant même sa naissance par sa tribu mère !

Avec cette pièce de Peter Handke, nous sommes appelés, nous les spectateurs, assis ensemble face à une scène, à être la tribu, les témoins silencieux, les chambres d’échos de nos mémoires collectives et individuelles. Nous sommes conviés à être cet espace où vont se jouer quelques uns de nos archaïsmes !

Ici, dans l’avant des mots, que nos destins d’humains vont se jouer en ce qu’ils ont de plus banal, primitif, de plus sophistiqué et à la fois de plus efficace : l’attrait et la rivalité sont les ressorts de la tribu, sans mots dire.

Donc une dramaturgie très ancienne où la vitalité, la volonté de pérennité, la survie d’espèce, la transmission par la copie et la différence d’avec le modèle sont les sujets présents. Dedans et dehors, l’avant et l’après, l’apprentissage de la coupure par les erreurs et les choix successifs … du petit comme du grand qui se fraient la voie au réel qui lui toujours échappe !

Spectateurs, nous sommes de façon paradoxale le lieu de la mise en scène des mots par la violence du silence des acteurs. Témoins des temps psychiques grâce à l’inertie, aux gestes, aux attitudes, aux actions et aux ressentis des 2 protagonistes. Ainsi, ils nous jettent sous les yeux une grammaire et une rhétorique de la transmission en douze tableaux et quelques objets épars qui font traces.

Nous sommes face à un réservoir de sens, confrontés à une naissance de la dialectique de l’intime au commun : celle du su et du tu, sans mots dire !

C’est réglé comme… une fermeture éclair : ça ouvre ou ça ferme, ça ouvre et ça ferme !

M. D. m’a demandé de la jouer muette cette histoire, plus exactement visuelle ! Quelle gageure : l’affiche, ici, serait donc l’aboyeur public de la baraque foraine !

A l’œil ?
Non ! Rassurez vous, je soutiens ces 2 parents/pères/pairs, les comédiens dans leurs doutes, leurs réflexions, leurs choix sur la question des transmissions.

Alors, dedans la baraque face à une cascade d’images, le film est muet … les immobilisations, les noirs disent l’ensemble et la particularité des instants des douze séquences.

Illustrer ces instants muets, donc ! … Muer du Pupille au Tuteur ? La question est aux pivots des décors réversibles, comme des rôles ! Rotations et séries… de récits des comment ça colle et décolle.

Le mont(r)eur au cinéma est celui qui insuffle la respiration aux scénarios. C’est lui qui va nous faire vivre le pendant de l’avant et de l’après du mythe moderne, celui de la condition de civilisation exhibée… sous la forme d’actions représentées.

Hébété à élucider le rébus, le vainqueur, au final, nous adresse sa sagesse et sa folle solitude en coulant entre ses mains les grains de silence …

Loin d’être muet, le Temps !

Quelle histoire !

« Donnez leur une éducation sans symboles, ils vous renverront des symboles sans éducation »
Parole retenue d’un psy.

R.D le 9/01/2008
repris le 26,01,08

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