Une tribune pour les luttes

Relaxe pour Kadidja comme pour Salif ! Non aux expulsions, non au délit de solidarité !

Procès de Salif le 19 février. Aujourd’hui, 15 février, 3 mois avec sursis requis contre Kadidja ; verdict le 29 février.

Article mis en ligne le vendredi 15 février 2008

Kadidja en procès le 15 février au TGI de Bobigny

Salif devant la cour d’appel de Paris le 19 février

Relaxe pour Kadidja comme pour Salif !

Non aux expulsions, non au délit de solidarité !

• Pour Kadidja, c’est la première comparution : plus d’un an après les faits, elle se retrouvera le vendredi 15 février à 13 h devant la 16ème chambre correctionnelle du TGI de Bobigny pour « entrave à la circulation d’un aéronef », autrement dit pour avoir protesté contre l’expulsion d’un jeune sans papier vers le Mali.

Cette habitante de Seine Saint-Denis, militante de l’association de chômeurs et précaires Apeis, risque jusqu’à 5 ans de prison et 18 000 euros d’amende ! Quels sont les faits ?

Le 29 novembre 2006, Kadidja est à Roissy pour prendre un vol sur Bamako où elle doit retrouver sa famille paternelle. Alertée à l’enregistrement par des syndicalistes de Sud Etudiant de l’expulsion imminente d’un jeune sans-papier, elle prend l’initiative d’informer les autres passagers qui se trouvent en salle d’embarquement. Puis, dans l’avion, elle demande à parler avec le commandant de bord pour lui signifier son refus de voyager avec un expulsé, quel qu’il soit. Le commandant ne se manifeste pas durant un long moment malgré les demandes répétées auprès du personnel navigant. Aussi de nombreux passagers refusent de s’asseoir et d’attacher leur ceinture. Le commandant arrive enfin, refuse la requête de Kadidja relayée par les autres passagers et entreprend même de la faire débarquer. La police intervient, menace le sans-papiers de 3 mois de prison s’il était débarqué, ce qui le conduit à accepter finalement de rester dans l’avion. Elle relève l’identité de Kadidja qui s’envole tout de même pour Bamako grâce ici aussi au soutien des autres passagers. A son retour du Mali, le 24 décembre, la police des frontières interpelle Kadidja qui se voit accusée d’avoir « entravé volontairement la circulation d’un aéronef ».

Pour le Réseau Education Sans Frontières, l’action de Kadidja répondait à une indignation légitime : celle de nombreux citoyens qui refusent d’assister sans réagir à ces « reconduites à la frontière » d’étrangers privés du droit au séjour par des lois répressives et une logique xénophobe. C’était une insurrection de la conscience face à des décisions administratives qui s’appliquent trop souvent au détriment des droits les plus fondamentaux, au mépris des considérations humaines.

Nous exigeons la relaxe de Kadidja et l’abrogation des dispositions répressives qui visent à criminaliser la solidarité et l’action citoyenne.

Pour la relaxe de Kadidja

Rassemblement devant le TGI de Bobigny

Avenue PV Couturier (M° P. Picasso)

vendredi 15 février, à partir de 12 h 30

• Pour Salif, c’est la troisième comparution. Ce malien, père de famille, risque d’être victime en 2ème instance de l’acharnement judiciaire et de la volonté répressive du procureur. Visiblement, on n’a pas admis au ministère de la justice l’acquittement par le TGI de Bobigny de ce père de famille qui refusait d’embarquer, ne pouvant se résoudre à abandonner les siens !

Et pourtant les témoignages des passagers du vol Paris- Bamako du 26 mai 2007 ont permis d’établir les actes de violences dont Salif a été victime de la part d’une escorte qui voulait à toutes forces le faire taire : l’un des policiers pratique sur lui un étranglement, l’autre lui assène de grands coups de poing dans le ventre. Ses hurlements se transforment en plaintes rauques. La scène dure dix bonnes minutes, peut-être plus. Les protestations des passagers, parmi lesquels le cinéaste Laurent Cantet et son assistant Michel Dubois, ne parviennent pas à calmer les policiers qui finissent par immobiliser et sangler leur victime. Mais Salif perd connaissance, yeux révulsés, langue pendante, écume aux lèvres. Les violences qu’il a subies sont telles que beaucoup le croient mort. Un mouvement de panique gagne les policiers qui prennent alors la décision de l’évacuer, sous assistance respiratoire. Quelques minutes plus tard, alors que la confusion est à son comble, la Police des Air et des Frontière fait irruption dans l’appareil. Michel Dubois, qui avait protesté comme les autres, est débarqué et sera placé quelques heures en garde à vue. Le commandant de bord prend la décision d’annuler le vol, invoquant les manifestations d’une minorité de passagers et oubliant les faits qui les avaient provoquées !

Deux jours plus tard, Salif comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour trois motifs (« opposition à une mesure d’éloignement », « refus d’embarquement » et « coups et blessures contre un policier ») ! Mais le tribunal refusait la comparution immédiate, renvoyait l’audience au 28 juin, date à laquelle Salif allait être relaxé.

Derrière cet épisode, c’était déjà la politique du chiffre qui déroulait son engrenage impitoyable, avec la brutalité récurrente de toutes les expulsions, quelles qu’en soient les circonstances ! Mais il s’affirmait aussi un droit à la résistance légitime de ceux qui en sont victimes ! D’abord celle des étrangers arrachés à leur vie, mais aussi celle des passagers dont on voudrait faire des témoins passifs ou celle des personnels de bord dont on voudrait faire des complices actifs. Il fallait décourager la révolte des victimes, réprimer la solidarité des citoyens, faire un exemple alors même que s’annonçaient d’autres poursuites !

C’est cette logique répressive qui risque de rattraper Salif Kamate le 19 février : le procureur a fait appel et ce père de famille qui n’a rien d’autre à se reprocher que sa volonté de rester auprès de sa famille et de continuer à vivre dans le pays qui est devenu le sien.

Le Réseau Éducation Sans Frontières affirme sa solidarité

avec Salif KAMATE et exige que la Cour d’Appel de Paris

confirme la décision prise en 1ère instance.

En appelant à se mobiliser en solidarité avec Kadidja et Salif, RESF condamne

- une politique qui fait disparaître les hommes et les femmes derrière les chiffres,

- une politique qui produit toujours plus de malheurs individuels et remet en cause des droits fondamentaux,

- une politique dont la logique xénophobe contamine toute la société !

Il appelle à soutenir tous ceux qui en sont victimes, mais aussi tous ceux, citoyens étrangers ou citoyens français, qui refusent de se plier à des lois qu’ils estiment injustes.

Contacts sur ces deux dossiers :

JM Delarbre – 06 89 30 86 15 /

K. Toure – 06 16 63 77 19
mardi 12 février 2008.

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