Une tribune pour les luttes

Relaxe pour Kadidja et Salif !

Salif devant la cour d’appel de Paris le 19 février - Résultat du délibéré pour le procès de Kadidja le 29 février

Article mis en ligne le dimanche 17 février 2008

Kadidja, une jeune militante de l’APEIS de Saint-Denis comparaissait aujourd’hui devant la 16ème chambre du TGI de Bobigny « pour entrave à la circulation d’un aéronef » après avoir exprimé sa solidarité avec un jeune étudiant expulsé alors qu’elle se rendait à Bamako auprès de sa famille.

Le déroulement de l’audience

Kadidja a expliqué comment confronté à une violence institutionnelle, à une décision administrative qui brisait la vie d’un jeune homme, elle avait réagi en tant qu’être humain et que citoyenne, alertant les passagers, dont beaucoup lui ont prêté une oreille attentive, et demandant à parler avec le commandant de bord, pour attirer son attention sur une situation insupportable.

Malgré un dossier inexistant où ne figure que le procès verbal établi par la police des frontières à son retour, en dépit du fait que les pressions exercées sur le jeune malien l’aient finalement contraint à partir, et bien que l’avion soit finalement arrivé à destination avec moins de 20 minutes de retard, le Ministère public a réclamé contre elle une peine de trois mois de prison avec sursis.

L’avocate de Kadidja, pour sa part, a démontré que les faits n’étaient pas établis, que Kadidja avait toujours gardé son calme, usant simplement de sa liberté d’expression pour protester contre une situation de violence à laquelle nul ne pourrait assister sans réagir. Si la loi autorise les reconduites à la frontière, chacun sait qu’elle s’applique trop souvent en dépit des conventions internationales qui devraient protéger les droits de la personne.

Le délibéré sera rendu le 29 février. On saura alors si les juges de Bobigny suivront des réquisitions qui sont les plus sévères requises depuis plusieurs années pour des faits de cette nature.

Une volonté d’intimidation du mouvement citoyen

Dans la même veine, se tiendra le 19 février prochain le procès en appel de Salif Kamaté, sans papiers malien, victime d’une tentative d’expulsion tellement brutale l’année dernière que le tribunal avait estimé en première instance qu’il s’était trouvé en état de légitime défense en mordant le policier qui l’étranglait jusqu’à lui faire perdre connaissance. Il avait été relaxé mais la police a fait appel.

Ces procès interviennent dans une période d’emballement répressif contre les sans papiers : empilement des dispositions répressives contre les étrangers, politique de quotas chiffre qui conduit les préfectures à utiliser tous les expédients pour faire du chiffre, procédure en marge de la légalité (convocations pièges, interpellations à domicile, rafles systématiques). C’est une véritable guerre qui est menée contre les étrangers sans papiers, qui conduit à mobiliser comme jamais les forces de police et de gendarmerie, et à couvrir des comportement d’une violence inouïe, dans les centres de rétention ou dans un foyer de travailleurs à l’heure du laitier !

Dans ce contexte, les réquisitions contre Kadidja, ces poursuites diverses apparaissent pour ce qu’elles sont : une volonté de décourager la révolte des victimes et la solidarité qui s’exprime à leur égard, de décourager l’action citoyenne et plus généralement de réprimer toutes les formes de résistances individuelles ou collectives qui se manifestent contre une politique destructrice des droits et des libertés.

Mais le vent de la solidarité continuera à souffler

Pour les organisations et collectifs regroupés dans RESF, il est légitime de protester quand des droits fondamentaux sont quotidiennement violés par des décisions administratives ; il est légitime de s’indigner quand des milliers de personnes sont arrachées à leur existence quotidienne, quand des étrangers sont arrachées à leur famille ou leurs amis, brutalement privées de l’avenir qu’ils cherchaient tranquillement à construire parmi nous.

Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dénoncer cette politique inhumaine, aux relents nationalistes et xénophobes qui contaminent toute la société. Des citoyens se mobilisent sur les lieux des rafles, chaque tentative d’expulsion déclenche des réactions de soutien dans les écoles et les quartiers, des sans papiers s’organisent et luttent, y compris sur leur lieu de travail, certains policiers n’hésitent plus à exprimer leur malaise... Ce mouvement ne s’arrêtera pas ! il y aura de plus en plus d’indignations citoyennes, de plus en plus de consciences révoltées.

Non aux expulsions !

La solidarité n’est pas un délit !

http://www.educationsansfrontieres.org/?article11714


Adresse postale : C/o EDMP 8 Impasse Crozatier 75012 Paris -

educsansfrontieres chez free.fr / www.educationsansfrontieres.org

Contacts sur ce dossier : JM Delarbre – 06 89 30 86 15 / Richard Moyon

Salif KAMATE devant la cour d’appel de Paris le 19 février

Non aux expulsions ! Relaxe pour Salif !

Salif est ce père de famille qui risque d’être victime en 2ème instance de l’acharnement judiciaire et de la volonté répressive du procureur. Visiblement, on n’a pas admis au ministère de la justice et au ministère de l’immigration et de l’identité nationale l’acquittement par le TGI de Bobigny de ce père de famille qui refusait d’embarquer, ne pouvant se résoudre à abandonner les siens !

Et pourtant les témoignages des passagers du vol Paris- Bamako du 26 mai 2007 ont permis d’établir les actes de violences dont Salif a été victime de la part d’une escorte qui voulait à toutes forces le faire taire : l’un des policiers pratique sur lui un étranglement, l’autre lui assène de grands coups de poing dans le ventre. Ses hurlements se transforment en plaintes rauques. La scène dure dix bonnes minutes, peut-être plus. Les protestations des passagers, parmi lesquels le cinéaste Laurent Cantet et son assistant Michel Dubois, ne parviennent pas à calmer les policiers qui finissent par immobiliser et sangler leur victime. Mais Salif perd connaissance, yeux révulsés, langue pendante, écume aux lèvres. Les violences qu’il a subies sont telles que beaucoup le croient mort. Un mouvement de panique gagne les policiers qui prennent alors la décision de l’évacuer, sous assistance respiratoire. Quelques minutes plus tard, alors que la confusion est à son comble, la Police des Air et des Frontière fait irruption dans l’appareil. Michel Dubois, qui avait protesté comme les autres, est débarqué et sera placé quelques heures en garde à vue. Le commandant de bord prend la décision d’annuler le vol, invoquant les manifestations d’une minorité de passagers et oubliant les faits qui les avaient provoquées !

Deux jours plus tard, Salif comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour trois motifs (« opposition à une mesure d’éloignement », « refus d’embarquement » et « coups et blessures contre un policier ») ! Mais le tribunal refusait la comparution immédiate, renvoyait l’audience au 28 juin, date à laquelle Salif allait être relaxé. Mais le procureur a fait appel et ce père de famille qui n’a rien d’autre à se reprocher que sa volonté de rester auprès de sa famille et de continuer à vivre dans le pays qui est devenu le sien, risque à nouveau une lourde condamnation.

Derrière cet épisode, c’est la politique du chiffre et son engrenage impitoyable qui sont en cause. C’est la brutalité récurrente de toutes les expulsions, quelles qu’en soient les circonstances ! Aux yeux de ceux qui nous gouvernent, la relaxe de Salif Kamate reconnaissait implicitement un droit à la résistance légitime pour quelqu’un dont l’expulsion apparaissait comme une remise en cause de ses droits les plus fondamentaux. Salif apparaissait comme une victime et non comme un coupable. Aux yeux de ceux qui nous gouvernent, il fallait décourager la révolte des victimes, réprimer la solidarité des citoyens, faire un exemple alors même que s’annonçaient d’autres poursuites !

C’est cette logique répressive qui risque de rattraper Salif Kamate le 19 février ! :

RESF affirme sa solidarité avec Salif

et exige confirmation de sa relaxe !

Il appelle à venir le soutenir mardi 19 février, 9 h, 12ème chambre, TGI de Paris (M° Cité).

Entrée comme pour aller à la Sainte Chapelle, File de gauche sous le porche.

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