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Nominations au Conseil des Affaires étrangères : l’éviction programmée des femmes

Article mis en ligne le vendredi 2 mai 2008

Depuis 1992, le réseau d’associations féminines « Demain la Parité » attire l’attention des gouvernements et de l’opinion sur l’importance de la reconnaissance effective des femmes dans la vie politique, économique, sociale et culturelle de la République.

Alors que le président de la République a, pour la première fois dans l’histoire, instauré la parité dans les promotions et nominations de Pâques 2008 dans les ordres nationaux, Légion d’honneur & Mérite, le réseau s’interroge sur les discriminations qui persistent dans les nominations de femmes au sein des organes de décision et de conseil dépendant de l’autorité publique.

Un arrêté du 7 avril 2008, publié au JO du 22 avril, porte ainsi nomination de 15 nouveaux membres, diplomates et personnalités qualifiées (notamment issues monde industriel) au Conseil des Affaires étrangères, un « conseil des Sages » chargé de formuler des avis sur les grandes orientations de politique étrangère de la France.

Avant son renouvellement, seule une femme (professeure agrégée) siégeait dans le précédent conseil. Cette fois, l’arrêté publié au JO entérine l’éviction programmée des femmes : quelles que soient la compétence et la légitimité des nouveaux membres de cette instance, Demain la Parité constate qu’elle ne comporte plus aucune personnalité féminine.

Cette situation est d’autant plus étonnante que ce conseil a été officiellement créé en octobre 2006 pour « renforcer la collégialité de la prise de décision » sur la politique extérieure du pays.

Faut-il en conclure qu’il n’y pas en France une seule femme compétente en matière de politique étrangère, ou aucune femme « digne » d’occuper cette fonction ?

Cette situation inégalitaire est intolérable. Le réseau « Demain la Parité » rappelle d’ailleurs que les plus hautes institutions de la République demeurent démesurément inégalitaires : le Conseil Constitutionnel ne compte que 2 femmes pour 7 hommes, le groupe des personnalités qualifiées du Conseil Economique et Social 7 femmes pour 31 hommes, l’Assemblée des Français de l’étranger 3 femmes pour 13 hommes, etc…

De plus, aucune femme n’est présidente des 22 Conseils économiques et sociaux régionaux (CESR) de métropole, qui ont été renouvelés en septembre 2007. Seul le CESR de Polynésie est présidé par une femme.

Nous tenons à rappeler que c’est à tous les niveaux de la société que la parité doit être respectée : l’Etat doit traiter à égalité tous les citoyens, afin que le travail civique, social, politique et culturel de l’ensemble de la société soit reconnu. Il s’agit d’une exigence démocratique, et ne pas le reconnaître constitue, de fait, une rupture du contrat républicain.

Colette Kreder, membre fondatrice des réseaux Demain la Parité et Femmes et Sciences.

Tél 06 63 67 12 22

demain.laparite chez wanadoo.fr

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