Une tribune pour les luttes

Sur la frontière, de Michel Warschawski

par Michelle Portigliatti, août 2008

Article mis en ligne le vendredi 29 août 2008

Un ouvrage choisit par mon Amie Lulu dans la bibliothèque de Mille Bâbords. Je me devais le lire avec plus d’attention, j’étais entrain de lire Un candide en Terre sainte, de Régis Debray ; avec Michel Warschawski c’était comme ajouter un autre compagnon de voyage vers ce pays qui s’entoure d’un mur. L’ouvrage a pour titre Sur la frontière.
Après ce voyage quel souvenir je vais garder ?
Par Régis plus d’Histoires, et par Michel plus de Vécu ! UN Vécu en chair et en os et encore mieux respirer l’histoire à s’en étouffer !

Page 35 Michel W. raconte : « Ce soir-là, le rabbin Schlesinger, directeur du collège talmudique local, me demanda de l’accompagner dans son tour de garde autour du kibboutz. C’est alors que j’ai vu, à moins d’un kilomètre de l’endroit où nous nous trouvions, un cortège qui me rappela les images d’un autre temps tellement décrites lors de mon enfance et de mon adolescence : des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui s’en allaient vers l’est encombrés de ballots en tous genres. Tous les déportés se ressemblent, qu’ils viennent de Pologne, de Palestine ou du Kossovo. Je venais d’être témoin, sans le savoir et sans le comprendre, de la déportation des habitants des trois villages palestiniens de la poche de Latrum ; quelques semaines plus tard, Yallu, Beit Nuba et Emmaùs allaient être rasés pour faire place au “parc Canada”.
Aujourd’hui, les familles israéliennes y vont en pique-nique le week-end et les groupes d’écoliers y étudient la flore d’Eretz-Israël. »

La suite de la page est intéressante et sait transmettre l’éveil de la conscience de Michel, tout à son honneur, et de nous décrire ses sentiments ; combien il serait intéressant de savoir combien de journalistes ont pris la plume et donné leur voix pour le faire savoir. Oui, peut-être qu’un psy expliquera : « L’individu ayant vécu tel fait, fera subir à son tour à autrui … »

Page 166 Après une visite de la police israélienne dans son bureau, Michel est emmené dans un hangar pour interrogatoire :
« J’ai eu le rare privilège d’y être conduit sans l’infâme sac de jute puant que l’on met, souvent pendant des jours entiers, sur la tête et le visage des détenus arabes - j’ai eu la possibilité d’apercevoir des détenus, recouverts du sac et attachés dans des poses diverses à un tuyau qui longe le hangar… »
Qu’il y eu et qu’il y a des associations qui regroupent les deux communautés israélienne et palestinienne ça ne fait jamais la UNE des médias !

Page 180 « Au nouvel an 1989 près de dix mille Israéliens Palestiniens et étrangers manifestent au coude à coude autour des murailles de la vieille ville de Jérusalem scandant “La Paix Maintenant” »
« Pour une fois, manifestants Israéliens et Palestiniens subissaient sans discrimination la violente répression d’une police qui ne comprenait plus ce qui se passait… »

En écrivant 1989, je me souviens d’avoir assisté à la démolition du mur de Berlin la nuit du 9 novembre. Cette nuit-là arrivera aussi sur ce petit espace de notre planète et il me semble entendre Lamartine dans sa Marseillaise de la paix [1].
Et pourquoi nous haïr et mettre entre les hommes ces bornes ou ces eaux qu’abhorre l’œil de Dieu (œil conscience)
De frontières au ciel voyons nous quelques traces ?
Sa voûte a-t-elle un mur une borne un milieu ?.......
L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie la Fraternité n’en a pas

Un mur, sur une terre revendiquée par les trois religions monothéistes ! c’est le comble de la religiosité !

Page 179 « Des milliers de réservistes appelés à réprimer le soulèvement dans les territoires occupés ramenaient dans leurs foyers les images d’une résistance courageuse et d’une répression qui leur faisait souvent honte. »

Page 276-277 Un soir prenant le livre le marque page est tombé, je n’avais mis aucune trace au crayon, mais le hasard me fait ouvrir sur ces deux pages : mes yeux et le regard circule de ligne en ligne : « Pourquoi ne pars-tu pas avant que ce ne soit trop tard ? me demandent des amis qui ont fait le choix d’un nouvel exil ! … je réponds que je ne suis pas un déserteur … et pourtant, si tous ceux qui sont envoyés contre le Liban… Un insoumis explique : moi ce n’est pas par idéologie que j’ai décidé de ne pas y aller, mais parce que je n’ai pas envie de mourir ou de me faire blesser dans cette guerre de merde … Alors j’ai tout simplement décidé de ne pas y aller. La police vient me prendre à la maison … »

Il me semble entendre Le Déserteur de Mon Boris Vian, mais il est interdit de le chanter en temps de guerre ! Après oui ! vous pouvez même vous en saouler, vous ne serez pas inquiété, j’en ai fait l’expérience durant la guerre déclenchée en Irak, envoyant des lettres à toutes les radios qui vous offrent de vous faire écouter la chanson de votre choix. Aucune n’a diffusé Le Déserteur ! ! !

Page 284 « Israël n’a d’avenir que dans l’acceptation de sa réalité moyen-orientale et de son intégration dans le monde arabe environnant. »

Les pages suivantes sont pleine d’espoir, Michel termine l’ouvrage :

« Le projet sioniste a cru que la rédemption de l’existence juive ne serait possible qu’en rompant avec notre passé juif et en tournant le dos à notre environnement arabe.
Au contraire, ce n’est qu’en retrouvant ses racines juives et en s’ouvrant à la dimension arabe de son identité et de son environnement que la société israélienne pourra enfin construire sa vie dans la normalité et projeter l’avenir de ses enfants avec sérénité. »

Août 2008, Michelle Portigliatti

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Notes

[1À Marseille, dans le Jardin du Palais Longchamp de notre ville cosmopolite, un extrait de “La Marseillaise de la Paix” a été gravé sur le socle de la statue de Lamartine en 1947 (Statue en pierre qui a remplacé celle en bronze enlevée en 1943, comme d’autres œuvres dont le métal est très précieux pour la guerre !)

[2À Marseille, dans le Jardin du Palais Longchamp de notre ville cosmopolite, un extrait de “La Marseillaise de la Paix” a été gravé sur le socle de la statue de Lamartine en 1947 (Statue en pierre qui a remplacé celle en bronze enlevée en 1943, comme d’autres œuvres dont le métal est très précieux pour la guerre !)

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