Une tribune pour les luttes

Quelle solution face à la crise ?

Article mis en ligne le vendredi 3 octobre 2008

Une crise grave génératrice de misère

Depuis quelque temps le ton des commentaires concernant la crise financière n’a cessé d’évoluer. Les économistes, naguère, nous affirmaient qu’une crise de type de 1929 ne pouvait plus nous arriver. Et ils souriaient même du pauvre béotien qui osait prophérer une telle ânerie. Et puis, les mines de ces messieurs se sont assombries, leurs yeux se sont écarquillés et certains d’entre eux nous avouaient finalement que cette crise pourraient être pire que celle 1929. Un seul avait parlé, éminent entre tous et pourtant personne ou presque ne l’avait écouté. « Si la crise n’avait pas été déclenchée par une mauvaise évaluation des prêts subprime US titrisés, elle aurait fini par se déclarer dans d’autres secteurs ou marchés. Quelque chose devait céder. » aurait en effet déclaré Alan Greenspan.
Que s’était-il donc passé en réalité ? Que ne nous avaient-ils pas dit ?
On ne nous parlait guère de ces fond spéculatifs sur lesquels reposent à présent la finance et donc l ’économie capitaliste.

Il y a en effet belle lurette que le capital n’est plus investi de façon prioritaire dans la production de richesses, mais dans des opérations spéculatives. Il faut sauter de bulles en bulle pour tenter d’obtenir toujours plus de capital, afin de conserver un profit acceptable. Et, pour le coup, ceux qui se réclament de la sociale-démocratie, aurait pu relire un certain Marx qui évoque bien ce stade « impérialiste » où domine le capitalisme financier. C’est le capital lui-même qui est en surproduction.
_ On pourrait citer quelques chiffres au passage.
En 2001-2002, au moment de l’éclatement de la bulle internet, les pertes s’étaient établies à 148 milliards de dollars. C’est d’ailleurs à la suite de cette déroute que des fonds spéculatifs avaient été formés pour ensuite être portés sur l’immobilier. La crise dite des « subprimes », d’après les chiffres du FMI, aurait, à elle seule, occasionné plus de 1000 milliards de dollars de perte. C’est l’équivalent de la dette publique accumulée de la France. La capitalisation boursière, imparable, était de 50635 milliards de dollars en 2006 contre un PIB mondial estimé à 48144 milliards de dollars.
Il faut sans cesse dégager des capitaux, même fictifs, pour investir sous peine de voir les profits se tarir. Maintenant que l’immobilier est en crise où investir ? Les investisseurs – ou en sont réduits à se porter vers des « valeurs refuge », sur des marchandises de première nécessité ou des matières premières indispensables dont on pourra organiser la pénurie pour faire monter les prix.

A présent que l’Etat intervient pour aider les banques ou investir lui-même à la place du secteur privé, comme c’est le cas en France dans le bâtiment et l’immobilier, une question simple se pose : d’où vient le crédit dont il dispose, alors qu’on nous disait il y a peu, que les caisses étaient vides ? A cette question, qui parait certains comme une sorte de grossièreté, l’économiste Elie Cohen, répondait péremptoirement, lors d’une émission de télé, que ce crédit était « adossé à nos revenus, aux revenus des contribuables » sous la forme d’obligations. Que vaudront alors ces obligations en cas de récession économique, de chômage ? Car plus encore que la crise financière, c’est en effet la crise économique qui se profile.

Vers une nouvelle organisation de la société.

Si l’on regarde l’histoire du mouvement ouvrier, on se rend compte que celui-ci avait des idéaux socialistes correspondant à ces expériences historiques. Il en était venu, avec la Première Internationale à vouloir s’organiser lui-même, sans collaboration de classes. A partir de ce moment il a intégré dans ses traditions le refus des institutions bourgeoises.
C’était d’ailleurs des rapports que l’on pouvait dire convenus : d’une part il y avait un camp ouvrier, avec ses modes, ses organisations (coopératives, mutuelles, syndicats, partis), sa culture, sa fierté. De l’autre il y avait les bourgeois qui élisaient leurs représentants et qui gouvernaient un Etat qui leur appartenait clairement.
Jusqu’à la prise du pouvoir en Russie par les bolchéviks, les ouvriers étaient anti-étatistes, ne participant que de loin aux joutes électorales.
L’anti parlementarisme faisait partie, à juste raison, de la culture ouvrière.
L’intégration des travailleurs dans la société bourgeoise, l’adoption de ses valeurs, s’est fait lorsque après s’être équipé lui-même, le Capital a équipé le Travail. C’est ce que l’on a appelé le fordisme. Parallèlement au fordisme, le complétant par les revendications qu’elle mettait en avant, s’est renforcée la sociale-démocratie (PC et PS), devenue dominante dans le monde ouvrier, acceptable en participant au parlementarisme bourgeois.

On aurait pu croire que la boucle était bouclée.
La recrudescence de luttes plus modernes, la démythification du stalinisme et du capitalisme d’état, dans les années 60, ont amené à un regard plus critique sur la nature de l’Etat en général, qu’il soit libéral ou socialiste (Socialisme ou Barbarie, Internationale Situationniste…) et à des souvenirs comme ceux des collectivisations de l’Espagne libertaire.
Aujourd’hui, plus que jamais, dans toutes les luttes, c’est la démocratie et l’action directes qui sont mises en avant. Toute décision est prise en assemblée générale. Quand c’est important on veut participer aux décisions et les délégués doivent être révocables. La sociale démocratie ne peut suivre un tel développement car sa vision est au contraire hierachisée, centralisé et étatique - c’est ce qui produit la bureaucratie.
_ Il pourrait être pertinent d’évoquer le cas de l’Argentine en crise en 2002. En fait, comme souvent en cas de crise, c’est l’Etat qui s’est désagrégé et nombre de patrons qui ont donc mis la clef sous la porte ou qui ont fait faillite. Que fallait-il faire alors que l’on commençait à manquer de tout ? Attendre les prochaines élections ? Nombre de travailleurs sont simplement retournés dans leurs entreprises et, sans le patron, ont recommencé à faire tourner les machines pour produire et diffuser des biens de consommation. Etaient-ils manipulés ? Ils semblaient plutôt poussés par la nécessité. C’est ici un exemple concret de ce que pourrait être une grève gestionnaire et expropriatrice. Tout ce que l’on peut regretter c’est qu’ils ne soient pas allés plus loin.

Une Révolution supposerait donc, dans un premier temps, au niveau de l’Etat, la neutralisation des forces de répression, de façons à ce que puissent s’organiser librement des comités, des conseils ou des syndicats sur les lieux de travail. Parallèllement sont constitués des fédérations de consommateurs. Les travailleurs, tout comme les consommateurs sont fédérés à l’échelon local,régional, international. Un conseil,de la production et de la consommation à différents échelons, collecte les informations, les offres et les demandes. Il n’a qu’un caractère consultatif. L’important est d’obtenir une production suffisante pour satisfaire les besoins, et être le plus en adéquation avec ceux-ci sans les lois du marché.
Les échanges doivent être progressivement démonétarisés.

Il faut se méfier des ruptures trop radicales en voulant « tout casser ». Comme dirait Chomsky l’état est une cage, certes, mais une cage qui nous protège des requins. Le libéralisme, lui aussi veut moins d’état, plus de liberté ; mais cette liberté là, nous savons bien que c’est la liberté du renard dans le poulailler. Si le terme « dictature du prolétariat » évoque des mauvais souvenirs, il faut néanmoins se défendre contre ceux qui voudraient saboter l’économie, attenter par la violence et la destruction à la société nouvelle. Il faut garder des institutions comme la Sécurité Sociale, les Caisses de retraites, les caisses d’allocations familiales etc. Il suffit de les adapter vraiment aux besoins, de les renforcer parfois, de les améliorer. Une telle organisation, aussi incroyable que cela puisse paraitre, nait naturellement, quand les prolétaires - il faudrait définir ce que l’on entend par là - ont la possibilité de s’organiser, comme cela a pu être le cas en Argentine en 2002. On pourrait bien sûr évoquer les Lip de 1973, tentative trop isolée pour espérer réussir.

La solution repose donc sur une réappropriation de tous les moyens de production par la collectivité, sur la base de la démocratie directe, la fin de l’économie de marché, la satisfaction des besoins par une relation directe et démocratique entre ceux qui produisent et ceux qui consomment. Le moyen reste toujours la grève générale expropriatrice et gestionnaire.
Dans un tel schéma où est la place des politiciens et des bureaucrates ? Dans le bac à sable, avec leurs copains, au fond du jardin…

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Vos commentaires

  • Le 4 novembre 2008 à 01:42, par Chantal En réponse à : Quelle solution face à la crise ?

    « Peuple libère-toi ! »
    Sommes-nous divisés au point de ne pas pouvoir nous entendre, résister ensemble ? Nous devons prouver le contraire.
    L’Argentine subi la crise que nous traversons depuis 2001, son expérience peut nous donner des réponses et aller plus vite dans la réflexion et l’action. La solidarité doit nous permettre de sortir de cette crise voir vidéo, nous devons prendre confiance en nous. http://www.lacausedupeuple.com/documentaires/2008/10/22/prise-autogestion-argentine-crise-2001
    Pour cela apprenons à nous connaître par ce qui fait nos différences à vivre la fraternité et la liberté lors d’un pique nique en partageant :

    >>> Toutes les musiques qui nourrissent la joie par divers groupes
    >>> Nos meilleurs mets : recettes personnelles et autres qui nourrissent le corps
    >>> Nos meilleures idées et réflexions fraternelles qui nourrissent l’esprit qui pourront s’exprimer par des banderoles et dessins qui seront affichés devant ou sur les grilles des institutions (mairie, préfecture, assemblée nationale, etc)
    Le devoir de chaque personne est d’être essentiellement humaine ou spirituelle, tellement humaine ou spirituelle que sa conscience et son cœur font un. Être acteur du bien est une libération !!!! Que l’on crée en faisant des efforts conscients et volontaires, de cultiver dans la joie et le bien actif et l’intelligence du cœur, pour bâtir une société où l’Amour est le principe et la Sagesses de toutes relations humaines. Comme l’affirment les femmes de la place de Mai en Argentine : « Qu’ils s’en aillent tous…. Les hommes politiques sont pareils » et démontrent que « ce n’est que par l’Amour que l’on peut créer une organisation qui ait la capacité de représenter tous les membres. Parce que la capacité de réflexion n’est pas l’application d’une technique, d’une méthodologie. On avance que par l’Amour, le dévouement et la gratuité. »
    Pour toutes infos tél : 0661721 692 ventsteppes chez free.fr http://ventsteppes.free.fr
    FORUM http://convergenceluttes.ning.com/forum/topics/2337743:Topic:1576 Imprimerie spéciale Crise financière, économique, crise du démantèlement social, manif du 7/10 et grève du 10/11/2008 CNR..
    REFLEXION DE VENT DANS LES STEPPES
    Femmes, hommes, noirs, violets, blancs, athées, chrétien, juif, musulman, arabe, français, européen, russe, américain, chinois, asiatique, cadres, ouvriers, techniciens, fonctionnaires, commerçants etc.

    La grève a été un moyen utilisé pour des avancées sociales notables, mais restons toutefois lucides : les acquis ne sont, —en regard d’un déséquilibre Nord-Sud et d’un niveau de vie fluctuant en fonction de paramètres qui sont ceux-là même de l’instabilité du matérialisme,— que précaires, comme le furent ceux des civilisations antécédentes (Egyptiens, Grecs, etc). Inciter à la grève générale demande de bien peser les choses ; il serait sans doute plus juste d’entrevoir des conséquences, parfois graves, que cela engendre. Par exemple, pouvons nous accepter qu’une personne qui doit aller aux soins d’urgence ne puisse y parvenir parce que l’ambulance serait bloquée dans un gigantesque bouchon résultant d’une grève générale ? ! Arrêt de la production alimentaire et des assiettes vides donc plus de chômage (pour illustrer avec une image simple) ; etc. Cette réflexion n’est pas une critique mais une manière d’amener à voir comment déterminer l’axe de la désobéissance civile : frapper l’Etat ou une bonne partie des gens.
    Un simple rappel, l’histoire française, depuis les rois en passant par la révolution et mai 68, nous apprend malheureusement que l’histoire se répète constamment. Combien de fois le peuple s’est il révolté contre les abus des pouvoirs, leurs arrogances, leurs privilèges, la liberté … …. Et rien ne change !!! Que ceux qui parlent de liberté, de défense de liberté, de libéralisme, religieux ou politique, n’ont plus impitoyablement saisi, enchaîné, enregistré, fiché, minuté, réprimé, taxée la vie. Aucune révolution ou insurrection ne sont la solution. Les révolutions dans le monde n’ont rien changé pour preuve il y a toujours des opprimés et des oppresseurs, des spoliés et des spoliateurs. La disparition des hiérarchies des biens, de jouissances, de privilèges n’a pas eu lieu. Parce que les révolutions ont abouti à une vengeance sans fin, elles se sont appuyées sur l’envie des pauvres d’hier de devenir riches et s’organise à l’imitation de la vie des riches. Comme le disait Piotr Kroptkine qui, rentrant en Russie en juin 1917, après quarante ans d’exil, se voit offrir le ministère de l’instruction publique ; atterré, il refuse par ces mots : « La révolution, ce n’est que ça ? Remplacer un ministre par un ministre, une instruction d’état par une autre instruction d’état, imposée ! Au lieu de libérer l’imagination, les dons, le génie peut-être, de l’élève et du maître, leur joie de se lancer à la recherche de toutes les richesses possibles de la création comme de la connaissance. Vous enterrez déjà la révolution ». Notre libération de cette prison sans barreaux se trouve en nous, ne soyons pas des moutons parqués par des lois, des dogmes, des pouvoirs illusoires, des superstitions, l’état providence etc, parce que c’est nous qui leurs en donnons de l’importance, ils ne sont pas indispensables. Ne soyons pas des humains en paroles ou bonnes pensées, changeons les en actes (Comprenez par là que la notion de pouvoir est en nous tous et qu’il ne suffit pas d’éliminer des chefs pour que tout soit résolu, car si l’homme ne change pas de fond en comble on ne fait que perpétuer sous d’autres formes le système de pouvoir).
    La liberté est en nous, parce que nous devons croire en nous, dans une transformation humaine ou spirituelle personnelle et collective sociale. Ne perdons pas le sens de la vie en tant qu’être humains, nous avons la possibilité de construire l’espérance dans la main, la tête et le cœur qui sont notre seul devenir. Construisons un monde où il y a de la place pour tout le monde, toutes les mentalités, tous les visages, toutes les couleurs, toutes les ethnies, toutes les pensées, toutes les philosophies etc. Nous ferons surgir ainsi une nouvelle lumière ou espérance dans cette société de haine, de sang, de mensonge, de pensée unique …. Contre toutes ses armes, nos armes sont la vérité, la justice, l’amour qui nous guériront de cette société en crise.
    Par conséquent, il s’agit de redistribuer toutes les richesses, tant matérielles qu’humaines ou spirituelles nécessaires au bien-être de tous. Ainsi, nous pouvons suggérer ”sans rien imposer” d’aménager les jardins publics pour y trouver un espace maraîcher collectif (modalités d’usage à définir) ; une aire de détente et de jeux ; des arbres fruitiers, de prendre possession de la place publique (payées par nos impôts) de créer, prendre possessions de nos biens.
    Il y a donc deux voies possibles d’évolution de l’histoire :
    - pacifiste : par la transformation volontaire et consciente de tous les hommes (même les opulents et nantis, les oppresseurs de tous bords) vers une société juste et plus humaine ;
    - non violente : par la reprise de l’Héritage terrestre aux voleurs dans des actions qui leur sembleront violentes. Ce texte est une façon d’interpeller notre vigilance/bienveillance pour que les actions aillent dans le sens d’une désobéissance civile constructive. Résister, c’est créer l’Utopie ici et maintenant. C’est déjà créer une contre-société en nous avec les outils de l’amour et de la liberté pour une nouvelle civilisation. Pour plus d’informations sur notre façon de voir les choses, pour échanger (mentionnez ce texte "Insurgeance : à chacun d’agir ! " : écrivez à ventsteppes chez free.fr et visitez le site http://ventsteppes.free.fr Pour toutes infos tél : 0661721692 10/2008 blog http://convergenceluttes.ning.com/forum/topic/show?id=2337743%3ATopic%3A1576

  • Le 21 septembre 2011 à 20:04, par Anonymous En réponse à : Quelle solution face à la crise ?

    Derrière le discours de Chantal se cache une secte dangereuse, la révélation d’Arès ou pèlerins d’Arès.

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