Une tribune pour les luttes

Graine de Crapule

Anti hiérarchie - Graine N° 4

Emission un lundi sur deux - radio Galère

Article mis en ligne le mardi 4 novembre 2008

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_ La revue du CAH - Collectif antihiérarchie
Le couvre chef

Le mot de la Crapule
« […]Il y a […] une sorte de conformité de vue avec une certaine conception de l’ensemble de l’éducation nationale, de l’ensemble des classes sociales et des corps sociaux dans lesquels nous sommes, malgré tout, un certain instrument d’une certaine politique qui tend à conserver des différences hiérarchiques importantes et à les établir dans des relations de personnes à personnes. » extrait d’un texte de Mme Déjean, inspectrice générale de l’instruction publique, dans les Cahiers pédagogiques, n°82, mai 1969.

Rapide tour d’horizon de la hiérarchie gigogne de l’Education nationale.
Le ministre pressé par son premier ministre ou le monarque du moment, ordonne à ses recteurs ou inspecteurs d’académie. Ceux-ci sonnent les cloches de leurs IEN (inspecteurs de l’éducation nationale), qui s’en donnent à cœur joie vis-à-vis de leur professeur des écoles (les anciens instits) et directeurs. Pour ce faire ils dirigent leur bataillon de contre maître, les imf (instit maitre formateur) et surtout leurs conseillers pédagogiques, gens chargés de transmettre les ordres du petit chef.
Dans le secondaire, collège et lycée, la chose est moins claire, les proviseurs –chef d’établissement auront aussi voix au chapitre du contrôle de l’enseignant, en complément de l’IPR, inspecteur pédagogique régional.
Mais alors que le dirlo des classes élémentaires restait un enseignant, se profile un statut plus hiérarchique à travers l’évolution en EPEP (grosse école appelée établissement primaire d’enseignement public). Un nouveau chef pour les nouveaux profs des écoles.

Ceci dit les enseignantEs ne sont pas les derniers de la liste…les élèves individus déshumanisé passant d’un statut d’enfant reconnu par la charte universel des droits de l’enfant à celui d’élève non reconnu…les voilà les derniers car toute la suite hiérarchique depuis le ministre leur déroule le tapis rouge d’aigreur, de mépris, entassé coup après coup au fond de leur tripe d’adulte. Leur hiérarque direct à ces enfants ? le corps enseignantEs.

Une école ça ne se décline pas qu’à l’épreuve de l’enseignement ! il faut aussi compter avec le personnel effectuant le ménage, la cantine, s’occupant des enfants en maternelle (les atsem), réparant les casses et détérioration dans les collège et lycée… ils sont libre ? que nenni ! le directeur dans le primaire, les tient à l’œil d’une notation, associé aux dirigeantEs de leur employeur, la mairie. Ils se trouvent un étage en dessous des enseignants, pas la même classe.
Pour les collèges simple changement d’échelle. Proviseur et conseil général ou régional en lieu et place de directeur et maire.
Et puis tout le bataillon des educateurs, des assistants d’education, pédagogique, administratif, les précaires sous hiérarchie directorial et professoral qui les recrutent
Alors que certains directeurs (directrices) de l’école élémentaire réclament un statut se rêvant déjà chef d’établissement, il est bon de rappeler que la lutte antihiérarchique est ancienne quoique relativement récente pour les enseignantEs puisque l’ampleur nationale n’a eu lieu que vers 1970 alors que l’inspection générale fut créée en 1802.
A noter que depuis 1995, le champ de réflexion et d’action a dépassé le seul problème de l’inspection des enseignantEs (le refus d’inspection est un droit pour les enseignants !), et s’est élargi à l’interprofessionnel notamment par la création du collectif national antihiérarchie (cah).

Alors que l’air managérial tente de passer au broyeur toute réflexion questionnant la hiérarchie, nous redisons qu’il s’agit d’une question qui touche tout individu, de l’enfant à l’adulte, une histoire de classe en quelque sorte…

Rapide historique des Crapules
Historique du refus inspection

Créée en 1802, l’inspection générale n’a pas subi d’opposition immédiate. Un des premiers que l’on connaisse, fut Célestin Freinet en 1933, qui répondit à son inspecteur par un contre rapport. Il fut exclu quelque temps plus tard.

Il faut attendre les années 1970 pour que les premiers échos nationaux aient lieu. Ils relèvent de refus individuels d’abord dans le secondaire puis dans le primaire.
On notera en 1971, suspension 10 ans, révocation, mais aussi prise de position de deux représentants de l’administration favorable à deux enseignantEs « refuseux ». C’était aussi la première réaction collective qui se manifestait par la création d’un comité de soutien.

Le ministere réagit : pour tout refuseux traduction devant un conseil de discipline unique, à Paris, et menace de deux ans de suspension sans traitement.
Malgré tous les refus continuent et les sanctions sont variables selon le rapport de force collectif.

En 1979, se développe le premier mouvement collectif à l’échelon d’un département, en Seine et Marne. 80 instits issus du sgen cfdt, d’école émancipée, d’enseignants libertaires, de l’icem (institut coopératif de l’école moderne créé entre autre par Célestin Freinet) signent une pétition de refus d’inspection., appellent à la greve, organisent des réunions publiques. Trois enseignants sont traduits pour l’exemple devant un conseil de discipline.

La lutte collective des enseignantes contre la hiérarchie est donc bien lancé. Par le refus de l’inspection, mais aussi par une réflexion autour d’une autre évaluation, du « travailler autrement et collectivement »

Le 13 décembre 1983, Alain Savary, indique dans une note de service qu’ »en cas de refus d’inspection et compte tenu des garanties qui sont désormais données aux enseignants auune note péda n’est attribuée… »
De fait le refus d’inspection des enseignantEs était reconnu.

La lutte se poursuit et en 86 les collectifs de refuseux s’organisent en coordination nationale.
Jusqu’en 95, des réunions des publications ont lieu et puis…les mouvements sociaux mettent en sommeil le nouveau collectif d’opposition qui se nomment désormais collectif antihiérarchie.
15 ans après ce mouvement antihiérarchique se poursuit, des stages nationaux ont lieu, notamment l’an denier sur Marseille, le CAH (collectif antihiérarchie) reprend vie et signe du durcissement de nouveau refuseux apparaissent.
Mais surtout, la réflexion ne se limite plus aux enseignantEs et s’élargit à l’interpro. Car c’est l’ensemble des personnels de l’education nationale qui ont à subir la pression de leur hiérarchie qu’il soit fonctionnaire nationaux ou territoriaux comme nous allons le voir ce soir.

Pour conclure...et après...

[…] Contester l’inspection conduit en effet à contester l’institution éducative et la société économique qui l’inspire et l’exploite.
C’est en ce sens que la lutte contre l’inspection rejoint la lutte de l’ensemble des salariés. Elle concerne, non seulement les enseignantEs, mais aussi les élèves et les travailleurs oeuvrant à l’émancipation de la société. Il appartient aux enseignantEs de prendre dès maintenant leurs responsabilités, de restreindre les risques de répression avant l’action, de se regrouper, de s’organiser aussi efficacement que possible. C’est en agissant pour controler leurs propres conditions de travail que les enseignants, avec les élèves et les travailleurs, favoriseront le contrôle de la collectivité sur l’école, afin que celle-ci ne soit plus ségrégative, sélectionniste et reproductrice d’une société inégale. C’est de cette manière que demain l’ensemble des travailleurs pourra décider de ses formes d’éducation.
C’est contradictoire avec les objectifs du capitalisme ? Bien sûr. Et après ?

_ Conclusion du livre collectif « Non à l’inspection –dossier des profs sanctionnés », Edition du Cerf, 1973

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