Une tribune pour les luttes

Plus d’un mois de grève...

Pour la victoire des grévistes de PSA-Aulnay ! Solidarité !

Article mis en ligne le samedi 31 mars 2007

Communiqué du MPE du 27 mars.

Alors que les projecteurs de l’actualité sont braqués depuis des mois sur la scène électorale, monopolisée par deux ou trois candidats (les autres ayant été relégués d’office - curieuse démocratie ! - aux seconds rôles), les luttes continuent, en « coulisses », ignorées de la « grande presse ». Luttes de sans-papiers (Université de Saint-Denis, canal Saint-Martin, Bourse du travail de Paris...), mais grèves ouvrières aussi. Ces travailleurs savent qu’ils ont à compter avant tout sur eux-mêmes s’ils veulent en finir avec les discriminations, les injustices, les inégalités dont ils sont victimes.

Peu médiatisée, mais pourtant hautement révélatrice : la grève des ouvriers de PSA-Aulnay, dans ce secteur automobile si profitable pour ses patrons et si dur pour ses salariés : suppressions d’emplois, qui frappent prioritairement les intérimaires ; salaires dérisoires ; dégradation des conditions de travail...

Les ouvriers de PSA-Aulnay, sur les chaînes de montage de la C2 et de la C3, sont en grève depuis le 28 février pour une augmentation de salaire de 300 euros pour tous, l’embauche à 1525 euros minimum, le départ à la retraite pour les 600 travailleurs de plus de 55 ans, l’embauche des 700 intérimaires... En grande partie « issus de » l’immigration, ils savent qu’en luttant pour leurs revendications, ils luttent aussi pour leurs frères et leurs sœurs, leurs fils et leurs filles - bien souvent exclus du monde du travail ou précarisés à outrance, stigmatisés et traités comme de la « racaille » par des politiciens démagogues...

En finir avec la régression sociale, de droite comme de gauche !

Depuis plusieurs années, les salariés de l’automobile comme ceux des autres entreprises subissent attaque sur attaque, autant de la part de leurs patrons que des gouvernements de droite comme de gauche : allongement du nombre d’annuités pour la retraite, baisse des remboursements de l’assurance-maladie, aggravation de la précarité et de la flexibilité, entraves au droit syndical, etc. Pour défendre cette société basée sur la maximisation des profits capitalistes, ces gouvernements s’acharnent à détruire toute une série de droits et d’acquis sociaux, tout en cherchant à nous affaiblir en nous divisant et en nous dressant les uns contre les autres (« Français » contre « immigrés », « jeunes » contre « vieux », « France profonde » contre « banlieues », etc.) Nous devons au contraire leur opposer un front uni - notamment en combattant le poison raciste - si nous voulons contrecarrer cette offensive destructrice.

Alors que l’on ne nous donne dans ces élections le choix qu’entre une politique « libérale » de droite et une politique « libérale » de gauche, une autre politique est possible : une politique qui - conduite par un gouvernement qui sera le nôtre, issu de notre mobilisation, au service de la majorité de la population et non du sacro-saint profit - s’attellera à transformer en profondeur la société en réalisant l’égalité dans tous les domaines (économique, social, politique...).

Les grévistes de PSA montrent la voie

Il est possible dès maintenant de mettre un coup d’arrêt à la régression sociale et passer à une contre-offensive. Une grève comme celle de PSA, dans un secteur aussi important au niveau économique que social et même politique (rappelons-nous le rôle des grandes grèves « immigrées » de l’automobile dans les années 80), exprime la volonté, ressentie dans de larges couches populaires, de ne plus subir la soi-disant fatalité du chômage, de la précarité, de l’austérité salariale, de l’érosion de la protection sociale... Dans la dernière période, la métallurgie notamment (dont l’automobile) a connu plusieurs grèves, dont certaines victorieuses : Magnetto (sous-traitant de PSA), General Motors à Strasbourg, Renaut-Sovab-Batilly, Renault-Trucks-Venissieux, etc. Les revendications des PSA sont aussi les revendications de tous les salariés. Leur grève est un encouragement aux luttes pour dire ensemble : Stop ! Ca suffit ! Seule une lutte déterminée et généralisée aura les moyens de s’attaquer radicalement aux inégalités qui ne cessent de s’accroître.

Les grévistes de PSA se heurtent à l’intransigeance d’un patronat qui sait que s’il cède sur leurs revendications, cela risque de faire tâche d’huile. De ce point de vue, il a le soutien du gouvernement et tout le Medef qui veulent éviter la contagion... Pour briser cette intransigeance et contrer les tentatives de la direction d’utiliser des intérimaires et des salariés d’autres sites pour faire tourner les chaînes, la grève des 500 travailleurs d’Aulnay a besoin de s’élargir à toute l’usine et à tout PSA. Des débrayages ont déjà eu lieu dans d’autres sites : Rennes, Mulhouse, Poissy... L’extension est possible mais, pour cela, les dirigeants des syndicats, structurés nationalement, doivent y jeter sincèrement toutes leurs forces. C’est leur rôle. Mais ce rôle peut aussi être rempli par le comité de grève élu (qui est composé de syndiqués et de non-syndiqués) en envoyant des délégations dans les autres usines pour les entraîner dans la grève, jusqu’à satisfaction. L’arrêt total de la production, voilà qui touche le patronat là où cela lui fait le plus mal : à son portefeuille (ses profits) ! Et il ne lâche généralement quelque chose que s’il est menacé de tout perdre !

La grève de PSA-Aulnay a besoin aussi de notre soutien. La popularisation, entreprise par le comité de grève, doit être relayée à l’extérieur et élargie en premier lieu par les syndicats. Pas une solidarité symbolique mais active. Des comités de soutien pourraient être constitués, et tout d’abord dans les cités et villes environnantes, en Seine-Saint-Denis, là où habitent de nombreux travailleurs de PSA, là où vivent leurs familles. La jonction dans ce cadre entre les grévistes d’Aulnay et la population marginalisée de ces « banlieues », si décriées - dont les jeunes ont hurlé leur colère et leur désespoir à l’automne 2005 -, représenterait un grand pas en avant. Un grand pas en avant dans le soutien à la grève mais aussi pour briser le dramatique isolement de ces banlieues et lutter contre leur ségrégation et leur paupérisation, pour unir dans l’action travailleurs (français et immigrés, avec ou sans-papiers), chômeurs, femmes, jeunes, étudiants, etc. Gage de victoire pour les combats à venir...

- Solidarité financière :

chèques à l’ordre de « CGT PSA Aulnay », à envoyer à PSA, Boulevard André-Citroën, 93600 Aulnay-sous-Bois

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