Une tribune pour les luttes

Décès de l’anarchiste Jacques LEFORT

Article mis en ligne le dimanche 26 février 2023

Jacques Lefort (26 mai 1941, Paris – 22 février 2023, Saint-Pierre-d’Argençon)

Le compagnon paysan et anarchiste Jacques Lefort nous a quitté cette semaine, à 81 ans, à la suite de la propagation d’un cancer. Chaleureusement entouré de ses proches et de ses précieux bouquins. C’est paisible, serein, qu’il a livré cette dernière bataille.

Parmi les nombreux autres combats menés dans sa vie. L’oreille tendue, le regard attentif, posé sur les cheminements de notre société. La tête chargée encore de ses réflexions sur le monde qu’il laisse derrière lui. Sur notre mouvement aussi. Gardien de la mémoire. Farouchement opposé aux tendances post-modernes qui tentent de nier notre histoire. Farouchement accroché à la mise en pratique de nos théories qui, incomprises, sont qualifiées d’utopistes.

Jacques était un écologiste radical de la première heure, naturopathe, faucheur d’OGM, militant anti-nucléaire, antimilitariste, anti-industrialiste, propagateur du journal de La Gueule Ouverte... quand écologie et anarchie allaient de pair. Farouche nature qui se défend. Également, activiste des comités d’action au sein du laboratoire Leprince-Ringuet, où il était embauché en tant qu’aide-physicien, durant le combatif printemps de l’année 1968. Bakounine étant son éclaireur, Jacques affirmait que l’anarchisme ne pouvait être qu’insurrectionnel et fédéraliste. Mais il tenait aussi à nous rappeler que les liens avec les travailleurs et travailleuses de la terre étaient indispensables à l’action ouvrière et donc à la révolution sociale.
Arboriculteur à l’écoute des mauvaises herbes, il pratiquait la méthode Fukuoka, dite agriculture sauvage, qui se base avec confiance sur le respect du rythme de la nature. Complète, qui se suffit à elle-même. Instructeur de Q-Gong, il besognait aussi à la transmission de ses connaissances en naturopathie dans l’intention de répandre une forme d’auto-gestion de la santé. De réappropriation populaire de savoirs perdus, volés, privatisés... Individuellement, Jacques était engagé dans la recherche d’une vie intégrale, transversale.

Au cours des vingt-huit dernières années passées dans les Hautes-Alpes, il aura été à l’origine de plusieurs initiatives anarcho-syndicaliste comme la CNT-AIT 05, le Collectif Anarchiste de LUtte et de Résistance Haut-Alpin ainsi que l’Union des Travailleuses et des Travailleurs Anti-Autoritaires. Concernant la nourriture intérieure, il avait embrassé le bouddhisme qui contrastait étrangement - ou judicieusement - avec son engagement iconoclaste. Tu es ton propre flambeau. Flambeau qui vient de s’éteindre, mais seulement après avoir embrasé nos poitrines d’un puissant et éternel feu révolutionnaire.

Que la Tierra te sea leve, compañero.

P.-S.

Vallées en lutte

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