Le départ en vacances du gouvernement coïncide avec une intensification des interpellations d’étrangers en situation irrégulière. Hier, 120 étrangers ont été évacués de la Bourse du travail de Lille, dans laquelle ils s’étaient installés depuis le 25 juillet afin d’obtenir une régularisation. Mardi, ce sont 21 étrangers en situation irrégulière qui ont été interpellés à Cherbourg.
Ces derniers sont aujourd’hui les premiers résidants du nouveau centre de rétention administrative de Rennes où ils attendent leur renvoi vers leur pays d’origine. On nous dira qu’il s’agit d’une application objective de la loi, selon laquelle un étranger en situation irrégulière n’a pas vocation à se maintenir sur le territoire français.
Certes, mais la loi et son application se doivent d’être justes et humaines. Or, dans le cas des 21 personnes interpellées à Cherbourg, 11 sont ressortissants d’Irak, 4 de Syrie et 6 d’Iran, trois pays qui ne sont pas réputés pour leur particulière ouverture et stabilité démocratique. Rappelons, pour ce qui est de l’Irak, que la Commission des recours des réfugiés a reconnu en février 2006 que la situation prévalant dans ce pays se caractérisait par une violence généralisée.
Le renvoi vers l’Irak n’est donc pas possible notamment au regard des obligations internationales de la France. Dans ces circonstances, le placement en centre de rétention n’a aucun sens puisque ces personnes vont être libérées et se maintenir sans titre de séjour ni droit sur le territoire français. Elles vont rejoindre la cohorte des étrangers « ni expulsables ni régularisables », dont la situation est dénoncée par la Commission nationale consultative des droits de l’homme depuis une dizaine d’années. Le réalisme et le pragmatisme, si chers au ministère de l’Immigration, doivent prévaloir dans cette affaire et conduire à la délivrance de titres de séjour provisoires.
Paris, le 2 août 2007