Une tribune pour les luttes

Vendredi 23 et samedi 24 novembre 2007 lancement du Grenelle de l’Insertion :

Les décisions sont déjà prises, les précaires déjà léséEs.

GREnelle de GREnoble… GRRR…

Article mis en ligne le jeudi 22 novembre 2007

A Grenoble vont se tenir les vendredi 23 et samedi 24 novembre 2007
les « 
Rencontres de l’expérimentation sociale », qui marqueront le
lancement du
Grenelle de l’Insertion annoncé par Sarkozy le 2 octobre dernier.

Ces rencontres sont organisées par le Haut commissariat aux Solidarités
actives contre la pauvreté, la ville de Grenoble, Solidarités actives...

Rappelons quels sont les trois axes du Grenelle de l’Insertion :
- D’abord, la fusion de la dizaine de contrats aidés en un
Contrat Unique
d’Insertion.
- La généralisation du Revenu de Solidarité Active, qui
remplacerait à
terme les multiples minima sociaux (RMI, Allocation Parent Isolé...)
- L’adoption de la recommandation du conseil de l’Union
Européenne sur « 
l’inclusion active ».

Tout cela pour réduire la pauvreté d’un tiers en cinq ans...

Avant même d’évaluer l’utilité d’un Grenelle, de la fusion des contrats
aidés en un Contrat Unique d’Insertion, de la pertinence du RSA qui
remplacerait les différents minima sociaux, nous réaffirmons que des
mesures d’urgence s’imposent !

Il s’agit immédiatement, alors que plus de 7 millions de personne vivent
avec moins de 817 euros mensuels :

- de relever le seuil des minima sociaux, pour que pas un
revenu ne soit
inférieur au Smic mensuel. Parce que le SMIC, c’est rien et moins que le
SMIC c’est moins que rien.
- de garantir à tous un véritable accès au soin (une enquête
de la DREES,
publiée le 4 octobre 2007, rappelle q’un tiers des allocataires des
minima
sociaux doivent renoncer à se soigner.)
- de garantir à tous un accès à un logement, par la
réquisition des
logements vides

Le RSA, c’est quoi ?

Le Revenu de Solidarité Active est un dispositif promu par Martin
Hirsh,
aujourd’hui haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté.

Ce dispositif est expérimenté dans l’Eure actuellement et doit bientôt
l’être dans 25 autres départements.
En fait, il vise à terme, à remplacer le RMI : il s’agit d’imposer une
activité qui conditionnera le versement du revenu…

Le résultat, concrètement, sera de diminuer les revenus des précaires…

Revenu de Solidarité Active et « Inclusion active »

Qu’est ce qui se cache sous ce terme d’activité, qu’on nous sert à
toutes
les sauces ?

Du revenu de solidarité, certes, mais ACTIVE, à l’inclusion ACTIVE, en
passant par l’ACTIVATION des dépenses passives qui commande à la plupart
des réformes de l’assurance chômage et des politiques de solidarité
depuis
une dizaine d’années, l’activité, ça sonne bien dans la novlangue des
gouvernants et des décideurs, ça fait mieux que « mise au travail
forcée
 ».

C’est pourtant bien ce que ça veut dire !

L’insertion par l’activité, préalable à l’insertion sociale, fait
écho au
« Travailler plus pour gagner plus » de Sarkozy, c’est dire qu’on
résoudra
la pauvreté par la mise au travail, à l’emploi à n’importe quel prix :
surtout pas par le partage des richesses !

Et si pas d’activité, pas de revenu. C’est sûr que là on hésitera
moins à
prendre un boulot payé des miettes, non choisi, pas conforme à ses
qualifications.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : il est moins question de simplifier
la vie des pauvres que de les contraindre à bosser pour que dalle.

Et de reléguer au placard, le plus possible, l’accompagnement social
autre
que celui qui a pour finalité l’insertion professionnelle (trouver un
logement, se former...)
C’est d’ailleurs ainsi que la France répond à la fameuse recommandation
européenne :
« Quant à l’accompagnement social des bénéficiaires de minima
sociaux, il
s’avère indispensable pour que la personne trouve un soutien global aux
difficultés qu’elle rencontre, notamment en matière d’emploi. Mais il ne
doit pas, en règle générale, être considéré comme un préalable à une
démarche d’insertion professionnelle.
 »

L’inclusion active, c’est travaille ou crève...

Les mesures d’urgence ?

On va nous répondre que l’urgence, ça a un coût, qu’on voudrait bien
augmenter le Smic et les minima sociaux, le pouvoir d’achat, mais qu’on
peut pas...

Pourtant il y en a bien eu, quelques mesures urgentes dernièrement,
et qui
en disent long sur l’importance que le gouvernement accorde
réellement aux
pauvres...

Le bouclier fiscal de cet été (15 milliards) ; l’augmentation du
salaire du
Président de la République de 140 % (19 000 euros, c’est à dire 43
fois le
RMI)...

Et puis en parallèle, la mise en place des franchises médicales ; la
fusion
UNEDIC-ANPE ; les négociations sur le Contrat Unique.... bref la
destruction des acquis sociaux.

Le partage des richesses, c’est une question de priorité... alors
quant au
Grenelle de l’Insertion, non, on n’est pas dupes !

Mais on veut bien faire preuve de bonne volonté ...

Alors une fois que les minima sociaux et le Smic auront été augmentés
de 140 %, on en reparle...

C’est pour nous un préalable !

AC ! Grenoble et le MCP

Permanences les mercredi de 16h à 18h

email : acgrenoble chez no-log.org


Grenelle de l’Insertion : Les décisions sont déjà prises, les précaires déjà léséEs.

mercredi 21 novembre 2007, par AC !

Christine Boutin s’était offert les « Réunions de Chantier » : des centaines de milliers d’euros pour installer un chapiteau à Lyon et faire son cirque, tout ça pour définir une politique qui consiste à matraquer systématiquement les mal logéEs et subventionner les destructions de logement.

Décidément leurs ministres coûtent cher aux pauvres, puisque Martin Hirsch a décidé à son tour de s’offrir son grand barnum, baptisé « Grenelle de l’Insertion ».

Concrètement, à quoi peut servir le Grenelle alors que les deux réformes, dont il s’agit soi-disant de débattre, sont déjà entrées en vigueur ?

Un RSA destructeur des droits

Le Revenu de Solidarité Active (RSA) est déjà institué dans quarante départements : derrière le logo, c’est en fait une seconde réforme du cumul minima/salaire qui intervient moins de trois ans après celle entérinée par le plan de Cohésion sociale de 2005. Celui-ci, annoncé comme une amélioration notable de la situation des allocataires du Rmi et des autres minima qui reprenaient un emploi, n’a fait qu’aggraver leur précarité, avec la mise en place de dispositifs complexes et inégalitaires, notamment la prime de retour à l’emploi.

Comment en serait-il différemment pour le RSA, encore plus complexe, encore plus inégalitaire puisque le revenu dévolu à celles et ceux qui reprennent une activité changera désormais d’un département à un autre, voire d’une commune à une autre, mais aussi d’une personne à l’autre dans une même zone ? Quand on sait le nombre d’erreurs liées aux règles des contrats aidés et de la dernière réforme de l’intéressement, avec son cortège de trop perçus à rembourser, de justificatifs à envoyer et à réenvoyer, de droits perdus ou diminués automatiquement en cascade, comment ne pas craindre une multiplication à la fois des erreurs administratives et du contrôle sur la situation et les moindres ressources, y compris en nature, des précaires « expérimentantEs » ?

Un Contrat Unique d’Insertion trompeur

La réforme des contrats aidés, présentée sous le nom trompeur de Contrat Unique d’Insertion, est, elle aussi opérationnelle et ce depuis la décentralisation du RMI aux Conseils Généraux : il n’y a pas de Contrat Unique, mais dans chaque département la possibilité ouverte aux Conseils généraux de modifier la législation applicable en termes de durée du contrat, de subventionnement aux employeurs, de volume horaire. Bref l’instauration de contrats sur mesures, au gré des besoins des employeurs, public ou privé, et des salariéEs condamnéEs à la précarité perpétuelle et à l’incertitude sur leurs droits.

Concrètement, en quoi le Grenelle pourrait-il être utile aux concernéEs (manifestement représentéEs par DEUX « membres du groupe témoin de bénéficiaires RSA-Eure »), dans la mesure où, centré sur l’insertion professionnelle, il part du présupposé absurde que l’emploi peut répondre seul aux problèmes sociaux ?

Martin Hirsch peut-il ignorer qu’un SDF sur trois travaille ? Martin Hirsch peut-il ignorer qu’il gouverne un pays où le scorbut et la tuberculose sont en voie de réapparition chez les travailleurs pauvres ?

Comment prendre Martin Hirsch au sérieux ?

Comment un Ministre qui brandit comme un étendard les 35 millions d’euros qui ont été attribués pour la mise en place du RSA pourrait-il être pris au sérieux quand ce sont au minimum 13 milliards d’euros de cadeaux fiscaux qui dans le même texte de loi, ont été consentis aux plus riches ? Comment un Ministre qui, avec cette somme ne va prendre en charge que la moitié du coût du RSA, ne se doute-t-il pas que l’autre moitié, financée par les Conseils Généraux, le sera au détriment de l’insertion sociale ou d’autres budgets gérés par ces collectivités (fonds de solidarité logement, fonds d’aide aux jeunes...) ?

La liste très longue des présents au Grenelle ne peut masquer l’absence des concernéEs qui ont mieux à faire que venir y applaudir la précarisation en marche et la stigmatisation des allocataires des minima sociaux qui va avec.

L’utopie du contrôle total des pauvres

Si Martin Hirsch se contente de se taire lorsque ses confrères des Ministères emploient le terme péjoratif d’« assistés » à longueur de discours, l’absence totale au Grenelle de problématiques ayant trait à l’insertion sociale revient de fait à considérer que l’emploi est une obligation immédiate, un préalable à toute prise en compte des problèmes de santé, de logement, de mobilité, de formation, et que celui qui en est privé ne peut prétendre à rien.

Ce que ce Grenelle doit sanctifier, c’est un projet global de société : celui des utopies du contrôle total des pauvres, celui du travail obligatoire pour la masse de celles et ceux qui ne sont pas néEs avec une cuillère d’argent dans la bouche, la substitution de la charité au droit du travail et aux droits sociaux.

Les notables locaux, comme les représentants des employeurs ultra subventionnés du secteur de l’insertion par l’activité économique -qui avancent souvent masquées derrière la raison sociale d’associations caritatives voire de « solidarité »- pourront en tout cas difficilement faire abstraction du contexte dans lequel se tient le Grenelle, à un moment où des millions de salariés et précaires, en emploi ou non, en entreprise, à l’université ou à la retraite exigent, mobilisés en masse, la seule réforme susceptible d’améliorer leurs conditions de vie : une autre répartition des richesses.

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