Une tribune pour les luttes

Un État ou deux États en Palestine ?

par Pierre Stambul

Article mis en ligne le dimanche 9 décembre 2007

Interventions à Boulogne-sur-Mer (24 novembre 2007) et Thionville (7 décembre 2007) à l’invitation de l’AFPS

Le sujet pourrait paraître surréaliste quand on examine les drames actuels et la situation réelle de la Palestine : un pays qui n’a jamais été indépendant. Plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés de chez eux en 1947-48. L’Etat d’Israël s’est établi après la Naqba sur 78% de la Palestine historique et a été reconnu internationalement malgré ce nettoyage ethnique fondateur. Ce qu’on appelle les « territoires palestiniens » sont occupés et (en bonne partie) annexés depuis près de 40 ans. Si on se bat pour une paix fondée sur l’égalité des droits et la justice, on doit se poser la question de la forme étatique future.

Où est la frontière ?

La première sensation que l’on a quand on voyage en Israël et en Palestine, c’est que la frontière internationalement reconnue (la ligne verte), celle d’avant 1967, a totalement disparu et que la colonisation a radicalement modifié la géographie de la région. Aucune carte israélienne n’indique la frontière.
Le réseau routier a absorbé la Palestine. L’autoroute Tel-Aviv Jérusalem traverse sur 10 Km les territoires occupés au niveau de Latrun, mais il faut une carte française pour s’en apercevoir. Les routes qui partent de Jérusalem vers le nord (Tibériade) ou le sud (Eilat) passent par Jéricho.
Le tourisme a absorbé les territoires occupés : les ruines de Qumran ou Hérodion en Cisjordanie, ainsi que le mont Hermon sur le Golan Syrien, sont devenus des parcs nationaux israéliens.
L’occupation a transformé la Palestine en plusieurs bantoustans. Les colonies d’Ariel et de Maale Adoumim sont devenues de véritables villes d’une trentaine de milliers d’habitants chacune. Celle de Maale Adoumim a été construite avec l’argent des « Chrétiens Sionistes » américains (qui sont des antisémites). Elle est devenue une luxueuse ville de banlieue de Jérusalem qui est distante de 10 Km. Les loyers sont beaucoup moins chers qu’à Jérusalem. Cette colonie est située sur un site fantastique entre le mont des Oliviers et le désert de Judée. Si Maale Adoumim reste israélien, il n’y aura aucun Etat Palestinien viable et le sud (Bethléem, Hébron) sera comme aujourd’hui totalement coupé du centre (Ramallah) ou du nord (Naplouse, Jénine).

L’économie a absorbé la Palestine : les colonies sont devenues des unités de production prospères et elles utilisent plus de 80% de l’eau de la région. Pour la production agricole, il est impossible de distinguer un fruit ou un légume produit en Cisjordanie occupée d’un autre qui serait produit à l’intérieur des frontières internationalement reconnues. Mais il n’y a pas que l’agriculture : la colonie de Mod’in Ilit est devenue un centre de pointe en informatique grâce à une main d’œuvre abondante et bon marché d’intégristes juifs. La colonie d’Ariel s’est dotée d’une grande université. La gigantesque usine de cosmétiques Ahava est installée au bord de la Mer Morte à quelques centaines de mètres de l’ancienne frontière mais en territoire occupé. Des routes de contournement permettent à tout Israélien(ne) d’aller en une heure de n’importe quelle colonie ou de la Mer Morte à Tel-Aviv. Pour les Palestinien(ne)s, le pays est balafré par 750 check-points et ces voyages sont un véritable casse-tête quand ils ne sont pas purement et simplement impossibles. L’économie a aussi absorbé le Golan où se trouvent les seules pistes de ski « israéliennes » et où l’on produit le meilleur vin « israélien ».
Même quand l’occupation a théoriquement disparu, cela peut être encore pire. À Gaza, les anciennes colonies sont toujours des monceaux de ruines. Dans cette « entité hostile », les gouvernements israéliens expérimentent un blocus hermétique qui a plongé l’écrasante majorité de la population dans la misère.

La question de Jérusalem

Plus de 450 000 Israéliens vivent dans les territoires occupés après 1967 et la moitié d’entre eux vivent dans « le grand Jérusalem ». Après la guerre de 1967, la ville a été instantanément annexée par un vote de la Knesset et ses limites ont été considérablement agrandies. Jérusalem-Est s’étend de Ramallah à Bethléem. Sa superficie représente 4% de la Cisjordanie. Jérusalem qui a aujourd’hui près de 800 000 habitants, c’est à peu de choses près 1/3 d’habitants Israéliens à Jérusalem Ouest, 1/3 d’Israéliens à Jérusalem Est et 1/3 de Palestiniens à Jérusalem Est. On repère qu’on rentre en « zone palestinienne » instantanément : les Palestiniens paient des impôts, mais ils ne reçoivent aucun service municipal en retour. Du coup, les rues sont défoncées, les égouts débordent, l’éclairage est chiche.
L’accroissement de la Jérusalem Est israélienne est impressionnant : nouveaux quartiers, nouvelles routes, tramway en construction (merci Véolia, merci Alstom). Cette extension intègre petit à petit des colonies qui deviennent des villes de banlieue. Ces « nouveaux quartiers » sont construits sur d’anciens villages palestiniens. Deir Yassine où s’est déroulé l’un des plus graves crimes de guerre commis en 1948 (entre autres) par les terroristes de l’Irgoun n’existe plus. Le « nouveau quartier » qui a pris sa place s’appelle Givat Shaul. Le tunnel routier qui passe sous Givat Shaul s’appelle « tunnel Menachem Begin », l’homme qui, avant d’être Premier Ministre, avait dirigé l’Irgoun.

Une annexion qui se veut irréversible

Si je m’attarde sur la situation actuelle, c’est pour signaler une évidence : les Israéliens ont déjà procédé à trois évacuations :
- 12 000 colons du Sinaï évacués au moment de la paix séparée avec l’Egypte (1979)
- le « retrait » militaire du Sud Liban en 2000
- 8 000 colons quittant la bande de Gaza quand Sharon a décidé l’évacuation en 2004.

À chaque fois, ces évacuations concernaient un faible nombre de personnes. À la lumière de ce passé, une évacuation du Golan et une paix séparée avec la Syrie semblent possibles. Mais pas une évacuation de la Cisjordanie et de Jérusalem où vivent 8% des citoyens israéliens.
Entre la signature des accords d’Oslo et l’assassinat de Rabin (en un an et demi), 50 000 nouveaux colons se sont installés. En 14 ans depuis Oslo, la population israélienne dans les territoires occupés a doublé. Tout a été fait pour rendre cette annexion irréversible. Symboliquement, du point de vue des Français, la fin de la guerre d’Algérie avait été rendue possible par la décision de tirer sur les partisans de l’OAS (la fusillade de la rue d’Isly). On voit mal des dirigeants israéliens prendre la décision politique de déloger par la force 450 000 personnes, voire de tirer s’ils résistent. Et si cette présence est définitive, que restera-t-il pour les Palestiniens, même s’il y a des « compensations territoriales » sous forme d’arpents de désert. Si la Jérusalem Est actuelle (ou en tout cas ses quartiers israéliens) restent israéliens, la Cisjordanie sera coupée en deux et la Palestine en trois avec Gaza. Ce sera encore bien pire si les Israéliens gardent Ariel, voire une partie de la vallée du Jourdain. Le Mur qui est déjà réalisé aux 2/3 annexe de fait une partie importante de la Cisjordanie. Dans le film « Le Mur », le général israélien interviewé par Simone Bitton explique que de toute façon « c’est chez nous des deux côtés ».
On peut donc dire que si les accords d’Oslo devaient aboutir dès 1997 à la création d’un Etat Palestinien, l’occupant a tout fait depuis leur signature pour rendre impossible cette issue. Attitude compréhensible à court terme, vu le rapport de force militaire, mais délirante à long terme. Cette politique n’est pas seulement criminelle pour les Palestiniens maintenus sous occupation. Elle est aussi suicidaire pour les Israéliens. Comment peuvent-ils imaginer se maintenir ad vitam eternam par la force sans accord équitable avec les Palestiniens ?

Un Etat, deux Etats ? Un peu d’histoire

Les rapports des Sionistes avec les Palestiniens commencent classiquement par une ignorance ou un refus de « voir » l’autre. C’était dans l’air du temps et tous les colonialismes ont procédé de la même façon avec les « indigènes » maintenus en infériorité et ignorés quand ils n’étaient pas massacrés. Il y a eu des divergences dans la communauté juive palestinienne au début du XXe siècle. Beaucoup étaient totalement étrangers à l’idée d’un foyer ou d’un Etat Juif. Ceux qui n’étaient pas des immigrants se sont opposés à cette idée. Le premier assassinat politique sioniste date de 1924 à Haïfa : il frappe le Juif Jacob de Haan qui partait à Londres pour protester contre la déclaration Balfour. Parmi, les premiers immigrants, beaucoup étaient révolutionnaires et il y a eu des grèves d’ouvriers Juifs et Palestiniens contre des patrons Juifs. Mais dès les années 20, les tendances les plus chauvines et les plus colonialistes s’imposent. C’est l’essor d’institutions étatiques comme l’Agence Juive qui provoque une prise de conscience nationale palestinienne et dès 1936 une révolte générale. En gros, les Palestiniens peuvent accepter une immigration même massive mais pas l’accaparement des terres ou la création d’un Etat Juif. La partition de la Palestine était impensable, tous courants confondus pour les Palestiniens d’où leur refus du plan de partage de 1947. Les Sionistes ont eu une attitude incroyablement pragmatique, manoeuvrant habilement pour obtenir le maximum dans un Etat Juif « ethniquement pur ». Ils ont d’abord accepté le partage de 1947 pour mieux préparer la guerre de 48. Dans l’histoire de cette guerre, l’historien Ilan Pappé montre, documents à l’appui, qu’il existait un plan délibéré (le plan « Dalet ») d’expulsion de tous les Palestiniens. Ceux qui ont pu résister à l’expulsion sont quelque part des miraculés. De nombreux politiciens israéliens regrettent aujourd’hui « qu’on n’ait pas achevé la guerre de 48 » et ceux qui prônent le « transfert » (l’expulsion au-delà du Jourdain) sont cohérents avec cette position.
La Naqba a eu des conséquences doublement dramatiques. Elle a durablement effacé l’idée même de la Palestine. Les Palestiniens qui ont pu rester sur place sont devenus des étrangers dans leur propre pays (devenu Etat Juif) et en tout cas des sous citoyens. Pour les Israéliens, jusqu’aux accords d’Oslo, il n’existe pas de Palestine. Il y a les « Arabes » et ils ont suffisamment de territoires pour intégrer les réfugiés et leurs descendants.
Depuis 60 ans, les réfugiés palestiniens dans les pays arabes voisins subissent toutes sortes de discriminations (c’est flagrant au Liban). Entre 1948 et 1967, l’Egypte et la Jordanie ont considéré comme définitives les annexions de Gaza ou de la Cisjordanie. La Palestine avait disparu.
Quand le mouvement national palestinien a commencé à émerger à partir de 1965, il était très influencé par diverses idéologies révolutionnaires et il était pour « Un seul Etat laïque en Palestine » où cohabiteraient Palestiniens et Juifs après le retour des réfugiés Palestiniens.
La reconnaissance d’Israël par l’OLP (dans ses frontières internationalement reconnues) à Alger en 1988 est un virage complet. Comment l’expliquer ? Après des années de lutte partout où c’était possible, après des défaites cinglantes (Septembre Noir, la guerre du Liban que la direction de l’OLP doit quitter pour Tunis), la direction palestinienne décide de jouer la légalité et le droit international. Il n’y avait probablement pas d’alternative. Cette décision ne fait pas l’unanimité et des petits groupes palestiniens inféodés à certains pays arabes se lanceront dans des campagnes d’assassinats contre les dirigeants de l’OLP. La décision d’Alger est consécutive au déclenchement de la première Intifada. Il y a alors un espoir de sortir de l’occupation. Cette décision va permettre les accords d’Oslo. En tout cas, l’acceptation de limiter le futur Etat palestinien à 22% de la Palestine historique et de reconnaître Israël (y compris comme Etat Juif) était une concession majeure … que les Israéliens n’ont pas voulu saisir.
La dynamique d’Oslo, ça aurait dû être « la paix contre les territoires ». Cela supposait la fin de l’occupation et de la colonisation. Or, comme l’explique Tom Segev, la guerre de 1967 a radicalement changé la société israélienne. La colonisation (qui était préméditée) est devenue le centre de toutes les activités. Le projet dément de faire venir les Juifs du monde entier en Israël s’est développé et il y a deux fois plus de Juifs en Israël (ou considérés comme tels) aujourd’hui qu’en 1967. Oslo était donc un marché de dupes. Israël n’avait aucune intention de se retirer et de rendre les territoires. Les dirigeants israéliens ne souhaitaient pas une paix juste, ils voulaient juste qu’on leur foute la paix. Faute d’Etat, les Palestiniens n’ont aujourd’hui qu’une « Autorité » impuissante voire corrompue et ils ont deux gouvernements rivaux qui ne gouvernent pas.

Quelle solution ? Avantages et inconvénients

Après 1988 et encore plus après 1993, les mouvements de soutien à la cause Palestinienne (dont l’AFPS, l’UJFP …) soutiennent la décision d’Alger et prônent donc un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale sur l’ensemble des territoires occupés en 1967. L’argument principal est que l’ONU n’a jamais reconnu les conquêtes de 1967.
Il faut remarquer que même les ennemis de cette solution restent prudents. Le maire de Bethléem (Victor Batarseh, FPLP) est pour un seul Etat comme son parti mais il m’a dit que si la paix se faisait avec un retour aux frontières de 67, il accepterait sans hésitation cette idée. Sauf qu’il n’y croit pas.
S’appuyer sur l’ONU a aussi des inconvénients : c’est l’ONU qui partage la Palestine en 1947 puis légitime la création de l’Etat d’Israël en 1948. C’est toujours l’ONU qui organise la première invasion de l’Irak. Du point de vue du droit international, il est difficile d’estimer que le nettoyage ethnique de 1948 était plus « légitime » que les annexions de 1967. Toujours dans la région, l’ONU a des troupes (au Liban) qui n’ont jamais tiré le moindre coup de feu contre l’agresseur israélien, mais qui sont plutôt là pour contrôler l’occupé.
Jamais l’ONU n’est intervenue pour protéger les Palestiniens (pourtant demandeurs d’une telle protection). Bien sûr, l’ONU a souvent voté des résolutions favorables aux Palestiniens, mais elle ne s’est jamais donné les moyens de les faire appliquer. Bref, la référence à l’ONU est discutable. L’ONU, c’est davantage la loi du plus fort plutôt que la voix du Droit et de la Justice.
Un autre argument en faveur de deux Etats, c’est que les Palestiniens qui n’ont jamais eu d’Etat sont demandeurs et que ça leur paraît le seul moyen d’obtenir enfin liberté et légitimité. C’était très vrai au moment des accords d’Oslo. Ça l’est beaucoup moins aujourd’hui. Aucun(e) des Palestinien(ne)s que j’ai rencontréEs lors de mon dernier voyage (qu’ils/elles soient citoyens israéliens, de Jérusalem ou de Cisjordanie) n’était favorable à la solution « Deux Etats ». Pour plein de raisons : pour les Palestiniens d’Israël, la priorité est la fin de la définition d’Israël comme Etat Juif (cette disposition raciste est totalement contraire au Droit) et dans le cas de deux Etats, ils craignent un renforcement du « caractère juif » d’Israël. Pour les habitants des territoires occupés, ils ne croient pas à la faisabilité d’un retrait et encore moins à une décision politique d’évacuer les colons. Ils estiment que les peuples sont tellement imbriqués qu’une séparation n’est pas réalisable, voire pas souhaitable. Et puis, 22% pour les Palestiniens, c’est très injuste quand ils forment 50% de la population de la région. Et puis toujours, l’écart de niveau de vie entre Israël et la Palestine occupée va de 20 à 1. Avec deux Etats, cet écart se maintiendrait longtemps.

Le retour d’une vieille idée

Je ne parlerai pas de courants qui ne précisent pas quand ils disent vouloir « rayer Israël de la carte », ce que deviendraient les Israéliens. Il me semble qu’il faut être totalement clair. Autant l’existence d’un Etat « Juif » s’autoproclamant représentant des Juifs du monde entier (en les appelant à venir en Israël) et refusant l’égalité aux Non Juifs est contraire au droit international, autant il ne fait aucun doute qu’il existe aujourd’hui un peuple israélien qui restera sur place. Il faut donc envisager sous quelle forme égalitaire se fera la cohabitation.
Parmi les Palestiniens, plusieurs courants d’extrême gauche n’ont jamais renoncé à la revendication historique de l’OLP. Cette idée est de plus en plus populaire parmi les anticolonialistes israéliens. Un débat d’une grande qualité a été organisé entre Uri Avnéry de Gush Shalom (le bloc de la paix) favorable à deux Etats et l’historien Ilan Pappé favorable à un seul Etat. Il y a quelques années s’était créée une association « pour un seul Etat en Palestine » largement noyautée par des personnalités très douteuses (négationnistes, antisémites …) qui avait fait une grande réunion à Lausanne en 2004. Ce courant a été fort heureusement marginalisé. La réunion des 17-18 novembre à Londres regroupe cette fois-ci des militantEs engagéEs dans la lutte contre l’occupation.
Idéologiquement, « un seul Etat » aurait ma préférence. L’exemple de la Yougoslavie montre que la séparation artificielle des peuples avec les rêves absurdes ou criminels de « pureté ethnique ou religieuse » sont des non-sens. Les 7 Etats issus de la Yougoslavie ont quasiment tous d’importantes minorités discriminées. Et puis, en tant que Juif, je vis comme un cauchemar la notion d’Etat Juif avec tout ce qu’elle implique : le choix impossible d’être traître ou complice.
En même temps, on doit avoir conscience qu’en l’état actuel de la situation, cette issue est tout aussi utopique que la précédente. Le Sionisme procède sans doute par fuite en avant mais hélas, la prophétie d’Avraham Burg n’est pas réalisée. Le rêve sioniste n’est pas mort et l’attachement des Israéliens à leur « Etat Juif » (reconstitution symbolique de l’ancien ghetto) toute comme leur certitude de ne pouvoir vivre qu’entre eux sont encore (hélas) largement majoritaires. Sans compter la certitude qu’on leur a inculquée : que sans Etat Juif, ils seront « jetés à la mer ».

Alors, quelle position défendre ?

Le mouvement de soutien à la cause Palestinienne doit être intransigeant sur l’essentiel : fin de l’occupation, démantèlement des colonies, libération de tous les prisonniers, droit au retour des réfugiés, partage équitable de toutes les ressources de la région, égalité totale entre les deux peuples. Quelle forme politique cela prendra ? Quand ces principes auront été acceptés, on verra où ira la négociation. Peut-être même, on aura les deux solutions : deux Etats dans un premier temps puis une confédération. Que ce soit un ou deux Etats, il faudra que ce soient les sociétés de tous leurs citoyens. Mais ce que je viens de dire signifie que les plateformes revendicatives de l’AFPS ou de l’UJFP devront peut-être évoluer.
En tout cas, ce débat sur la forme que pourrait prendre une paix juste est à des années-lumière du contenu des discussions censées mener à la conférence d’Annapolis. Vouloir parler de la paix sans aborder les questions de l’occupation, de la colonisation ou du droit au retour des réfugiés ne peut mener nulle part … sauf peut-être à une nouvelle guerre régionale.

Pierre Stambul
(membre du Bureau National de l’Ujfp
s’exprimant à titre individuel)

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Vos commentaires

  • Le 12 décembre 2007 à 07:02, par ron linder En réponse à : Un État ou deux États en Palestine ?

    sans vouloir abuser de votre espace, je vous soumets, l’éditorial de l’hebdomadaire progressiste suisse "Gauchebdo" du 7 décembre. Gauchebdo (http://www.gauchebdo.ch)est proche du Parti suisse du Travail, membre du PGE)

    vendredi 7 décembre 2007
    Rendre Israël attentif à ce qui n’est plus acceptable

    Nous aurions aimé célébrer Annapolis. Nous nous serions, comme tant d’autres, contentés d’applaudir à quelques décisions minimalistes mais essentielles : le gel réel et indiscutable de la colonisation, par des Israéliens religieux et d’extrême droite, de parcelles, plus ou moins grandes, du territoire palestinien ; la réouverture, aux Palestiniens, du marché du travail israélien ; la fin des restrictions israéliennes de livraison de gaz et d’électricité à Gaza, encore et toujours sous le joug du Hamas… Des événements, de portée limitée, mais plus vitaux les uns que les autres pour rendre viable l’ombre d’une ambition nationale palestinienne et la volonté d’intégration d’Israël au Proche Orient. Il y a soixante ans, Israël devint réalité et la Palestine resta un rêve. Les dirigeants palestiniens n’ont rien à offrir de « minimaliste » en échange de ce plan de survie : la reconnaissance d’Israël, la fin des actions militaires et terroristes, le voisinage pacifié étendu à tout le Moyen Orient, sont autant de contributions gigantesques qui nécessitent les petits pas élémentaires. Seul Israël est en mesure aujourd’hui d’avancer sur le chemin de la paix que ses dirigeants affirment ou prétendent désirer plus que tout. La Palestine survit le dos au mur…face à un mur. 300 millions de dollars viennent d’être réunis pour assurer la mission de l’Office des Secours et des Travaux pour les Réfugiés palestiniens pour 2008. Le 17 décembre prochain, le Club de Paris se réunira pour tenter d’organiser le financement des projets de développement de l’Autorité palestinienne. Il est hors de question d’accepter l’idée, terrible au XXIème siècle, de bâtir un état fantoche. La Palestine sera viable ou ne sera pas.

    Les parrains du processus de paix d’Annapolis ou de la Feuille de route ou de toute autre initiative qui dépasse le cadre de la démagogie la plus idiote, doivent s’imposer…d’imposer aux Israéliens une politique à hauts risques pacificateurs.

    Au prix de sacrifices considérables à terme, sans doute, mais le plus petit commun dénominateur parmi les nations n’indique-t-il pas que la Paix n’a pas de prix ?
    La communauté internationale dispose de tous les moyens de pressions économiques pour rendre Israël attentif à ce qui n’est plus acceptable. Ne pas les utiliser au service d’une solution qui libère les peuples de la région des sentiments de haine, de frustration, de peur, mais aussi d’arrogance, reste incompréhensible.
    La sécurité d’Israël c’est la paix. La paix des Palestiniens c’est la sécurité. Et vice versa.
    Ron Linder, Gauchebdo, Suisse, décembre 2007

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