Une tribune pour les luttes

Grève des cheminots : Qui nous prend en otage ?

« Pas un jour sans qu’il y ait des retards ou des suppressions de trains ! »

Article mis en ligne le lundi 19 novembre 2007

« Pas un jour sans qu’il y ait des retards ou des suppressions de trains ! »

Vrai ! 98% des retards et des suppressions de trains correspondent à
des problèmes techniques induits par les économies effectuées sur
l’entretien et la surveillance des trains et du réseau ferré (2%
seulement sont dus aux grèves !).

De plus, quand il y a panne ou
retard, les informations passent mal depuis l’automatisation de
l’accueil et des guichets.

Le désengagement de l’Etat par
décentralisation aux régions, avant-goût de la privatisation pur et
simple de la SNCF, annonce un désastre digne de celui qui fait, depuis
sa privatisation, la réputation du chemin de fer britannique.

Dans ce contexte, les cheminots sont très souvent les premières cibles
de la colère légitime des usagers, pendant que les vrais responsables
(l’Etat et la direction de la SNCF), saboteurs de ce service public
fondamental, organisent la propagande médiatique anti-cheminot, et
s’enrichissent à nos dépends des non-remboursements de plus en plus
fréquents des billets pour cause de retard…

« Les cheminots sont des privilégiés ! »

Faux ! Le régime spécial a été créé en 1909 pour tenir compte des
contraintes du métier de cheminot : spécificité des tâches,
obligations de sécurité, continuité du service public.

Nous ne sommes
plus au temps de la vapeur, mais ces contraintes existent toujours.
120 000 cheminots ont des horaires atypiques ou décalés (de nuit, les
weekends end et jours fériés), des conditions de travail qui n’ont
rien à voir avec les « privilèges ».

En échange de la possibilité de
partir à 55 ou 50 ans, les cheminots touchent de plus petites
retraites que les autres salariés à qualification égale. 62 % des
pensionnés de la SNCF touchent moins de 1500 euros brut par mois.
Or
on leur demande maintenant de travailler plus longtemps et de toucher
moins encore : L’introduction de la décote va se traduire par une
baisse des retraites de près de 30 %. Chacun peut donc comprendre la
légitimité de leur colère et de leur volonté de défense.

Il faut
défendre l’égalité et l’équité entre régimes de retraites, mais par le
haut, pas par le bas. Les salariés qui ont des métiers difficiles,
pénibles ou dangereux doivent pouvoir partir à 55 ans.

En 1995, on a parlé de grève par procuration. Aujourd’hui le
gouvernement prévoit une nouvelle attaque du système de retraite pour
tous les salariés, public et privé, après les municipales de 2008 :
entre autres, tous les salariés passeront à 41 puis 42 ans de
cotisations. Il y a aujourd’hui une communauté d’intérêts entre ceux
qui défendent les régimes spéciaux et ceux qui refusent une nouvelle
remise en cause du régime général… Nous sommes tous concernés, et
c’est maintenant qu’il faut être solidaires !

L’ex-numéro 2 du MEDEF l’annonce clairement ( Challenges, 4 octobre
2007) : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil
National de la Résistance, un compromis entre gaullistes et
communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y
emploie ».

Quand tous les acquis sociaux auront été alignés par le
bas, le gouvernement et le MEDEF n’auront plus qu’à qualifier de « 
privilèges » nos retraites et nos congés payés !

Novembre 2007

Collectif Lillois d’Usagers Solidaires des Cheminots en lutte

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Vos commentaires

  • Le 18 novembre 2007 à 11:04, par thierry -dubois En réponse à : des régimes spéciaux ( mdr )

    au gouvernement on travaille 6 mois et on touche une retraite pendant 9 ans, pour les autres citoyens c’est 40 ans à trimer !!
    Ou est l’équité ???

  • Le 19 novembre 2007 à 13:45 En réponse à : des régimes spéciaux ( mdr )

    Les députés sensés nous représenter (moi j’ai un revenu de 45O € par mois, malade incurable)reçoivent 100% de leur revenu (important)s’il ne sont plus au travail (leur chômage quoi !)5 ans,puis ensuite 20% à vie pour au maxi 5 ans de cotisation. Régimes spéciaux, n’est ce pas ! personne ne dit rien ! si ceux-là pouvaient faire grève ! !Comment voulez-vous qu’ils défendent nos interêts ? ils sont bien ligotés !

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