Une tribune pour les luttes

1er Mai, journée internationale des travailleurs

Ce n’est donc pas la « Fête du Travail », appellation substituée par Pétain.

Article mis en ligne le mardi 30 avril 2024

Mise au point historique sur le 1er mai

Il est utile de faire une mise au point historique sur le 1er mai,
alors que certains tentent de se l’approprier.

Il y eut de grandes grèves le 3 mai 1886 dont celle des usines Mack Cormick à Chicago, qui se traduisit par une sauvage répression policière par six morts et de nombreux blessés. Suite à ces grèves et aux manifestations qui suivirent, le gouvernement et le patronat américain décidèrent de se débarrasser des militants. Huit condamnations à mort furent prononcées sans preuves, malgré la protestation du monde entier, 6 condamnés furent pendus le 11 novembre 1887.

En France, lors du 3ème congrès de la Fédération Nationale des Syndicats, qui se tenait au Bouscat en Gironde, en octobre 1888, sur impulsion et proposition du Bordelais Raymond Lavigne, le congrès approuva l’idée d’appeler les travailleurs du monde entier à ne pas travailler et à manifester le 1er mai.

Cinq mois plus tard à Paris, le congrès international ouvrier décida en juillet 1889 que le premier mai serait une journée internationale de lutte et vota la motion suivante :

"Il sera organisé une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du congrès international de paris. ..........".

Raymond Lavigne, secrétaire de la fédération des syndicats (la CGT n’existait pas encore mais en 1895), impulsera l’organisation des manifestations du 1er mai 1890 (les premières du genre), celle-ci seront des succès dans de nombreuses villes. A Paris, 100 000 manifestants, comme toujours la police procédera à des arrestations. A Bordeaux il y eut une manifestation imposante avec trois lieux de rassemblement : Place d’Aquitaine (La Victoire), Place de la République et Place Picard. Il y eut 10 000 manifestants en tout, ce qui était un succès d’importance.

L’année 1891 vit le renouvellement de la manifestation et cette fois toutes les composantes ouvrières s’y associèrent. Les pouvoirs publics décidèrent la répression. A Bordeaux les forces de police et de gendarmerie occupent les 4 lieux de rassemblements et dispersent violement les manifestants qui se replieront l’après-midi dans diverses salles de Bordeaux, dont la Bourse du Travail.

Mais c’est surtout à Fourmies dans le Nord que le 1er mai va connaître un grand retentissement. Depuis quelques jours les usines du textile sont en grève. Lors du rassemblement sur la place de l’église, l’armée tire sur les manifestants faisant 9 tués, dont 4 jeunes de 12 à 20 ans, et 4 jeunes filles de 17 à 21 ans et 30 blessés.

La France entière et l’Europe sont indignés. A la chambre, Clemenceau, alors à gauche, interpelle le 8 mai le gouvernement :

"Messieurs est-ce que vous n’êtes pas frappés de l’importance qu’a prise cette date du 1er mai... c’est le quatrième État qui se lève et qui arrive à la conquête du pouvoir. Prenez garde ! Les morts sont de grands convertisseurs : il faut s’occuper des morts !".

A partir de ce moment là, le premier mai deviendra le jour de ralliement universel de la classe ouvrière et de tous les peuples.

Sources et bibliographie :

Archives Départementales de la Gironde, de l’Institut d’Histoire CGT33, A.Zéavaes : les guesdistes. Cl Willard : les guesdistes. Compère-Morel : Jules Guesde. M.Dommanget : Histoire du 1er Mai. G.Seguy : 1er mai 100 printemps. A.Rossel : 1er mai. Hubert-Roger : Encyclopédie socialiste. Maitron : dictionnaire biographique. P.Brana, Cavignac, Cuq : le mouvement ouvrier en gironde. A.Anziani : cent ans de socialisme en gironde. Aperçus d’histoire sociale 16, 36,44.G.Dupeux : Bordeaux au 19eme sicle. Collection "socialiste". Comptes-rendus de congrès. Brana IAESn°3.

Le premier mai appartient au monde du travail et à personne d’autre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_internationale_des_travailleurs

Le Premier mai ou journée internationale des travailleurs est une fête internationale instaurée à l’origine comme journée annuelle de grève pour la réduction du temps de travail, qui devint rapidement une journée de célébration des combats des travailleurs.

Elle est célébrée dans de nombreux pays du monde et est souvent un jour férié ; le 1er mai est l’occasion d’importantes manifestations du mouvement ouvrier.
Histoire
Les origines ouvrières et anarchistes

La fête internationale tire son origine des combats du mouvement ouvrier pour obtenir la journée de huit heures, à la fin du XIXe siècle1.

Aux États-Unis, au cours de leur congrès de 1884, les syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils choisissent de débuter leur action le 1er mai, date du moving day parce que beaucoup d’entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable, et que les contrats ont leur terme ce jour-là, l’ouvrier devant déménager (d’où le terme de moving day) pour retrouver du travail. La grève générale du 1er mai 1886, impulsée par les anarchistes, est largement suivie2. Ils sont environ 340 000 dans tout le pays.

À Chicago, la grève se prolonge dans certaines entreprises, et le 3 mai 1886, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester. Le lendemain a lieu une marche de protestation et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers.

C’est alors qu’une bombe explose devant les forces de répression. Elle fait un mort dans les rangs de la police. Sept autres policiers sont tués dans la bagarre qui s’ensuit. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort (Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel, August Spies et Louis Lingg) ; quatre seront pendus le vendredi 11 novembre 1887 (connu depuis comme Black Friday ou « vendredi noir ») malgré l’inexistence de preuves, le dernier (Louis Lingg) s’étant suicidé dans sa cellule. Trois autres sont condamnés à perpétuité.

Juste après la diffusion de la nouvelle de l’assassinat de dirigeants anarchistes de Chicago, en 1888, les habitants de Livourne se retournèrent d’abord contre les navires américains ancrés dans le port, puis contre le siège de la police, où on disait que le consul américain s’était réfugié[réf. nécessaire].

Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, August Spies :

« Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui3 »
Le combat pour une journée de travail de huit heures

La fusillade de Fourmies

En 1889, la IIe Internationale socialiste se réunit à Paris, à l’occasion du centenaire de la Révolution française et de l’exposition universelle.

Sous l’impulsion de Jules Guesde et de son PO (Guesde inventera le terme de « fêtes du travail » en 18901) et sur une proposition de Raymond Lavigne, cette Internationale décide le 20 juillet 1889 de faire de chaque 1er mai une journée de manifestation avec pour objectif la réduction de la journée de travail à huit heures (soit 48 heures hebdomadaires, le dimanche seul étant chômé)4.

À l’époque, la durée de la journée de travail est de 10 h, voire plus, dans la plupart des pays industrialisés5.

Le 1er mai 1890, l’événement est ainsi célébré dans la plupart des pays, avec des participations diverses.

Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, en France, la manifestation tourne au drame : la police tire sur les ouvriers et fait neuf morts (voir la Fusillade de Fourmies et affaire de Clichy). Avec ce nouveau drame, le 1er mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Les militants épinglent une églantine écarlate (Rosa canina ou Rosa rubiginosa), fleur traditionnelle du Nord, en souvenir du sang versé et en référence à Fabre d’Eglantine6.

Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l’Internationale socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.
De la revendication à la commémoration

Le 23 avril 1919, le Sénat français ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai 1919 une journée chômée.

En 1920, la Russie bolchévique décide que le 1er mai sera désormais chômé et deviendra la fête légale des travailleurs.
La seconde guerre mondiale

En Italie, la fête a été supprimée au cours de la période fasciste — qui a préféré célébrer la Fête du travail italien (Festa del lavoro italiano) le 21 avril, soit à la date de la Natale di Roma, jour supposé de la fondation de Rome — mais a été restaurée peu après la fin de la guerre, en 1945.

Le 24 avril 1941, le maréchal Pétain instaure officiellement par la loi Belin le 1er mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale »7, appliquant ainsi la devise Travail, Famille, Patrie : par son refus à la fois du capitalisme et du socialisme, le régime pétainiste recherche une troisième voie fondée sur la corporatisme, débaptisant « la fête des travailleurs » qui faisait trop référence à la lutte des classes1. À l’initiative de René Belin, ancien dirigeant de l’aile anticommuniste de la CGT (Confédération générale du travail) devenu secrétaire d’État au travail dans le gouvernement de François Darlan, le jour devient férié, chômé et payé8. La radio ne manque pas de souligner que le 1er mai coïncide aussi avec la fête du saint patron du maréchal, saint Philippe. L’églantine rouge, associée à la gauche, est remplacée par le muguet. Cette fête disparaît à la Libération1.
L’institutionnalisation

En France, en avril 1947 sur proposition du dé­puté socialiste Daniel Mayer et avec le soutien du ministre communiste du Travail Ambroise Croizat, le 1er mai est ré-institué jour chômé et payé dans le code du travail, sans être une fête nationale9 (mais il n’est pas officiellement désigné comme fête du Travail). Ce n’est que le 29 avril 1948 qu’est officialisée la dénomination « fête du Travail » pour le 1er mai.

En 1947, la célébration a été marquée à Portella della Ginestra (PA), lorsque la bande de Salvatore Giuliano a tiré sur un cortège d’environ deux mille travailleurs au sein du parti, tuant onze personnes et faisant cinquante blessés.
Journée des travailleurs et Fête du Travail

Aux États-Unis, le Labor Day (ou Fête du Travail) n’est pas directement lié aux fameuses journées de mai 1886 à Chicago dites Haymarket affair.

En 1885, alors que d’autres syndicats avaient déjà appelé à chômer le 1er mai, le Central Labor Union (en) déclara le premier lundi de septembre de chaque année Labor Day et décida que ce jour sera observé comme jour de repos. Cette proposition resta tout d’abord sans effet.

En 1894, après les émeutes qui suivirent la répression par la troupe de la Grève Pullman, les représentants syndicaux réussirent à faire passer la proposition d’un jour chômé pour honorer les travailleurs. Le président lui-même signa le projet de loi instaurant officiellement le Labor Day le 1er lundi de septembre10.

Aux États-Unis et au Canada, la fête du Travail (Labour Day) est depuis célébrée le premier lundi de septembre, il s’agit d’un jour férié et chômé qui n’a pratiquement plus de signification politique particulière. La fête des Travailleurs du 1er mai, n’est quant à elle pas fériée ; elle est essentiellement célébrée par les syndicats ainsi que les partis, groupes et organisations de gauche. Elle est vue comme une journée de la célébration de la classe ouvrière. Traditionnellement, lorsqu’il y a une augmentation du salaire minimum au Québec, cela a lieu le 1er mai.

Les fleurs du premier mai

L’églantine ou Rosa rubiginosa

Le 1er mai, avant d’être la journée des travailleurs, était célébré en Europe par les coutumes de l’arbre de mai. Il en subsiste quelque chose dans certains des premiers défilés. Une des jeunes filles victimes de la fusillade de Fourmies, Marie Blondeau, participait à cette manifestation en robe blanche, portant des branches d’églantine.

C’est en son honneur qu’en France, les manifestants du 1er mai portaient à la boutonnière la fleur d’églantine (Rosa canina ou Rosa rubiginosa), remplaçant le triangle rouge des premiers défilés.

En Allemagne, on porte traditionnellement un œillet rouge à la boutonnière pour la fête du Travail (Tag der Arbeit). Cette tradition remonte au 1er mai 1890, où pour répondre à l’appel de la IIe Internationale malgré l’interdiction de manifester prévue par la Sozialistengesetz, les militants décident de se retrouver dans des parcs en portant un œillet rouge en signe de reconnaissance.

En 1907, à Paris, le muguet, remplace l’églantine. Le brin de muguet est porté à la boutonnière avec un ruban rouge11. Au début du XXe siècle, il devient habituel, à l’occasion du 1er mai, d’offrir un brin de muguet, symbole du printemps en Île-de-France. Une tradition parisienne voulait que les forts des Halles portent le muguet au président de la République au Palais de l’Élysée le matin de chaque premier mai12,13. Aujourd’hui, une tolérance de l’administration fiscale dans certaines communes permet aux particuliers et aux organisations de travailleurs de vendre les brins de muguet sans formalités ni taxes sur la voie publique14 en respectant toutefois les autres obligations légales (il s’agit par exemple de muguet du jardin ou des bois et non pas de muguet acheté, sinon ce serait de la revente).
Points de vue religieux
Catholicisme

Le pape Pie XII institua en 1955 la fête de saint Joseph artisan, célébrée le 1er mai, afin de christianiser cette fête des travailleurs 15.

Cette fête reprenait l’initiative du pape Léon XIII qui en 1889 avait fait de saint Joseph le « saint patron des pères de famille et des travailleurs » afin de donner un pieux modèle aux travailleurs.
Islam

Dans le monde arabe, elle est appelée fête des ouvriers (’eid al-’umâl) ; en Tunisie le parti Ennahda fut le premier parti islamiste à la célébrer16.
Dans le monde

Aujourd’hui, la fête des Travailleurs est commémorée par un jour férié chômé le 1er mai dans la plupart des pays ayant institué une telle fête[réf. nécessaire]17,18.
En Amérique
Amérique du Nord

En Amérique du Nord, suite à la distinction entre fête du Travail et fête des Travailleurs, le 1er mai n’est pas férié, bien qu’il soit très largement célébré par les syndicats ainsi que les partis, groupes et organisations de gauche ; cette fête est vue comme une journée de la célébration de la classe ouvrière.

Au Québec, les grandes centrales syndicales ainsi que quelques partis et organisations de gauche manifestent le 1er mai. Plus récemment, les institutions syndicales québécoises ont tendance à célébrer la Fête des travailleurs par des rassemblements festifs le samedi ou le dimanche précédent ou suivant le 1er mai, plutôt que la journée même lorsque celle-ci tombe un jour ouvrable. Malgré cette nouvelle tendance, des manifestations sont scrupuleusement organisées le 1er mai de chaque année par des collectifs et organismes anticapitalistes.
Caraïbes

En République dominicaine, la « Fête des travailleurs » est célébrée le 30 avril et est un jour férié. À Cuba, el día del trabajadores est célébré le 1er mai et est un jour férié. Durant ce jour, de nombreux défilés de travailleurs ont lieu dans les rues du pays.

En Europe
En France

Des manifestations syndicales, voire intersyndicales ou unitaires (selon les années, les revendications et les mouvements sociaux en cours), ont lieu dans les grandes villes de France le 1er mai, les plus importantes d’entre elles ayant traditionnellement lieu à Paris

En Allemagne

En Allemagne, le 1er mai est chômé. On porte traditionnellement un œillet rouge à la boutonnière pour la fête du Travail (Tag der Arbeit). Cette tradition remonte au 1er mai 1890, où pour répondre à l’appel de la IIe Internationale malgré l’interdiction de manifester prévue par la Sozialistengesetz, les militants décident de se retrouver dans des parcs en portant un œillet rouge en signe de reconnaissance.

Plutôt délaissé en République fédérale d’Allemagne, ce symbole était très utilisé en République démocratique allemande, entre autres par les organisations de jeunesse.

En certains endroits, comme à Stuttgart, les enfants profitent de la nuit précédant le 1er mai pour faire des farces d’une façon qui rappelle l’Halloween19.

En Suisse

En Suisse, le 1er mai n’est chômé que dans certains cantons (Bâle, Jura, Neuchâtel, Schaffhouse, Soleure, Tessin, Thurgovie, Zürich) ou districts. Les syndicats organisent des défilés dans l’après-midi ou en fin de journée, dans les cantons où ce jour n’est pas chômé20.

En Italie

Parmi les premiers documents de la fête filmés en Italie, le producteur de films Cataldo Balducci présente le documentaire Un magnifique événement pour le 1er mai 1913 à Andria convoqué par les classes laborieuses, qui rend compte la fête en sept plans, et l’on peut ainsi voir le cortège serpentant à travers les rues bondées de la ville : les hommes portant tous leur chapeau, suivent avec quelques drapeaux la fanfare qui joue.

Depuis 1990, les syndicats italiens CGIL, CISL et UIL, en collaboration avec la municipalité de Rome ont organisé un concert annuel pour fêter le 1er mai de chaque année en présence de centaines de milliers de personnes.

En Afrique
Afrique du Nord

Dans les pays d’Afrique du Nord, elle est appelée fête des ouvriers (’eid al-’umâl).

Article de Roland Melo, proposé par Philippe

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