au Studio Théâtre, 43 rue Curiol, 13001
au Studio Théâtre, 43 rue Curiol, 13001
Traversée par les vents
Edition Bruno Doucey
Ses rêves sont peuplés de fantômes, mais ses pas la conduisent légère et libre vers le désert où le vent calligraphie les dunes. Elle a connu le bruit sourd de la peur, celle qui déforme nos vies, nos habitudes, nos sentiments, nos convictions, mais elle sait les bienfaits du lâcher-prise, les mots qui apaisent, les mains que l’on brandit avec joie vers le ciel. L’effroi de la mort, Habiba Djahnine l’a trop côtoyé pour lui faire allégeance. Aujourd’hui, elle cultive l’art d’inventer « une aube nouvelle » aux portes du désert, là où débutent les immensités parcourues par les vents. Sa poésie porte une lumière qui voudrait éclairer chaque détail du monde. Elle adoucit les formes abrasives, déplace les ombres, allège la mémoire des pas nomades. Lisez-la : elle est de celles qui vous feront « traverser en silence la ligne d’horizon ».
Fragments de la maison
Edition Bruno Doucey
Après un premier recueil, publié en Algérie en 2003, mon amie Habiba Djahnine revient à la poésie en femme apaisée, combative et lucide. Dans ce livre écrit directement en français, ce n’est pas la guerre civile qui est évoquée, mais le temps d’après la guerre, le corps sorti des décombres de l’histoire, l’amour retrouvé, dans un monde voué à la reconstruction des autres et de soi. « J’éloignerai la guerre et l’identité / Je construirai les fragments de la maison », écrit-elle. Et d’ajouter, quand l’exil devient voyage : « Tu m’attends sur l’autre versant de mon crépuscule ». D’Alger la blanche aux sables du désert, Habiba Djahnine écrit de la poésie comme on construit une maison : avec ses nerfs, avec ses rêves, les mains plongées dans l’argile de la vie. Pour refuser « l’alphabet de la peur », le regard constamment rivé à la ligne d’horizon.