Une tribune pour les luttes

La « fluidité du dialogue social » ne coule pas de source !

Article mis en ligne le samedi 10 novembre 2007

La presse s’est largement fait l’écho, ces derniers temps des « sorties » en argent liquide du patron de l’UIMM pour la bagatelle de 17 millions d’euros qui serviraient pour reprendre son expression à la « fluidification du dialogue social ».

Ce scandale a vu le chef de la négociation patronale avec les syndicats dans le cadre de « la modernisation du marché du travail » être « remplacé » (malgré les marques de confiance appuyées de ses collègues de Renault et Peugeot) par la DRH d’Accor. Il a annoncé sa démission prochaine de la présidence de l’UIMM. Tout le syndicat patronal a fait bloc derrière lui mais les dossiers sont sortis partiellement.

Le prédécesseur de Gautier-Sauvagnac, Daniel Dewavrin (1999-2006) déclare au journal « Le Monde » que « les retraits en liquide ont toujours existé », François Ceyrac président lui aussi de 1969 à 1973 lui apporte son soutien dans la même veine. Enfin on apprend par le journal « Les Echos » qu’une « caisse de solidarité anti-grève » créée après mai 68, qui a bien servi dans les années 1970, est aujourd’hui évaluée à 600 millions d’euros (Le Figaro) et que 170 millions ont été distribués ! Ces fonds baptisés « Epim » (Entraide Professionnelle des Industries de la Metallurgie) permettaient « d’éviter la mollesse de certains patrons dans les négociations, et de les encourager à la fermeté moyennant rétribution » dixit un ancien patron du CNPF (qui précédait le Medef). Il est clair que dans les années 70 cette caisse a beaucoup servi !

Les milices patronales chez Citroën, Peugeot, armées, anciens de l’OAS et paras coloniaux encadraient le personnel de ces usines. Violences, tabassages, meurtres (P. Maître aux Verreries Champenoise à Reims, P. Overney chez Renault....). Les nervis, mercenaires étaient embauchés dans les usines avec l’argent occulte. Cet argent servait à financer les syndicats patronaux, syndicats jaunes de la CFT/CSL qui ont des successeurs aujourd’hui...

La situation des grèves s’étant apaisée à l’échelle nationale les patrons utilisent aussi différemment l’argent des caisses noires en liquide. Des accords scandaleux sont signés régulièrement avec certains syndicats qui vont à l’encontre des intérêts immédiats des ouvriers. Bien sûr, nous n’avons pas de preuve formelle mais il est toujours étonnant que ce soient des syndicats chez PSA issus de la CFT/CSL restructurés en syndicats « autonomes » ou « confédérés » qui défendent la position des patrons dans les grèves, qui signent des accords contraires aux intérêts ouvriers ou qui paient des syndicalistes jaunes pour prendre la place des grévistes. Pendant la grève de Citroën Aulnay, en mars 2007, ce sont environ 250 ouvriers des usines de Rennes et Mulhouse qui ont pris la place des grévistes (avant que le Tribunal sous l’action des syndicats ne leur interdise) au tarif de leur salaire habituel plus une prime de 2 000 €, transport, restauration et hébergement à l’hôtel couvert par la Direction PSA en sus). Est-ce la caisse noire de l’UIMM qui a financé ? Nous posons la question. Combien d’accords scandaleux et minoritaires ont été signés par d’autres syndicats ?

Encore une fois il serait utile que l’enquête diligentée par le ministère des finances aboutisse à préciser ces responsabilités : commanditaires et bénéficiaires.

Tout le mouvement syndical est mis en cause, c’est bien sûr inadmissible. D’autant plus que, les langues se déliant, on apprend que des membres de l’UIMM avaient l’habitude de prendre leur « argent de poche » dans la caisse. Et, surtout, il est de notoriété publique depuis longtemps que des députés ont souvent fait adopté des amendements inspirés - voire carrément rédigés - par le Medef : manifestement la caisse noire de l’UIMM n’a pas servi à arroser que des syndicalistes... Ces faits nous renforcent pour renouveler notre demande sur la représentativité syndicale, si l’on veut davantage de transparence. Si Solidaires n’a jamais touché un centime occulte il ne touche rien non plus de ce que touchent les confédérations par millions d’euros.

Il faut changer la loi. Il faut la transparence dans les comptes patronaux et syndicaux. Il faut la représentativité pour Solidaires.

Le 08/11/2007

Solidaires Industrie

www.solidaires-industrie.org/

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