Une tribune pour les luttes

Lettre au préfet pour protester contre l’expulsion de M.Zedal

Pour moi vous avez déjà perdu...

Article mis en ligne le dimanche 26 novembre 2006

Monsieur le Préfet,

Vous avez pris la décision d’expulser ce jour Monsieur Zedal, père de famille, qui laisse derrière lui en France sa famille, sa mère, ses soeurs.

Vous savez comme moi que Monsieur Zedal reviendra en France bientôt, car quel père abandonnerait sa famille ?
Au passage, il aura "engraissé" les marchands qui se livrent au commerce prospère du passage des sans papiers.
Vous savez comme moi que cette politique des expulsions ne sert à rien, mis à part faire du chiffre pour Monsieur le Ministre de l’Intérieur et flatter l’électorat de la droite extrême qui croit que les étrangers sont responsables de tous leurs maux.

Vous savez comme moi que tant que notre pays ne s’attaquera pas aux racines du mal que sont la disparité des richesses entre les pays du nord et du sud, les dictatures, les guerres, l’exploitation des pays pauvres par les pays riches, des hommes et des femmes continueront à migrer vers la France, là où ils pensent pouvoir vivre libres, égaux et solidaires.

Vous avez choisi d’expulser cet homme le jour où plus de 150 citoyens français, à Marseille, choisissaient de parrainer ces hommes privés de droits.

Pour moi, vous avez déjà perdu : ma détermination à me battre et à soutenir ces personnes sans papiers s’en trouve décuplée et je sais mon combat légitime et en adéquation avec les valeurs de la République Française.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le préfet, mes salutations respectueuses.

Madame Jousset, citoyenne

Monsieur le Préfet,

En proclamant le 25 novembre "Journée internationale pour l’élimination
des violences à l’égard des femmes", l’Organisation des nations unies
(ONU) invitait les gouvernements et les organisations non
gouvernementales à organiser ce jour-là des activités destinées à
sensibiliser l’opinion publique à ce problème.

Il ne fait nul doute que pour Madame Zedal, cette journée aura été une
journée de violence à son encontre et de ceux qu’elle aime.

Nul doute également qu’en "éloignant" ce père d’élève et ce mari, la
Préfecture des Bouches du Rhône aura organisé un signal clair destiné à
sensibiliser l’opinion publique aux violences faites aux femmes.

Aucune politique ne peut se justifier lorsqu’elle humilie, dégrade et
déshumanise.

Ce ne sont pas aux familles les plus exclues vivant sur notre sol d’être
désignées comme étant les responsables des problèmes que connaissent nos
concitoyens, ce ne sont pas aux mamans des élèves qui nous sont confiés
d’être les boucs émissaires et les pions d’un tel acharnement. Nos
élèves ont besoin de grandir dans la sérénité, dans la confiance, au
sein d’un pays suffisamment riche pour les accueillir et les protéger et
capable de leur donner les moyens d’apprendre, de réussir et de vivre
sans crainte.

Les français ont répondu dans leur immense majorité ( 85% ) qu’ils
souhaitaient " la régularisation de ceux qui disposent d’un emploi et/ou
dont les enfants fréquentent une école." (sondage RMC/20 minutes 10/2006
). Il faut qu’ils soient entendus et que plus jamais de telles
situations ne se répètent. Elles ne sont pas dignes des valeurs que nous
devons transmettre dans nos écoles.

Pour que cette "Journée internationale pour l’élimination des violences
à l’égard des femmes" ne soit pas à Marseille un vain mot, il suffit que
le gouvernement français et ses représentants dans le département des
Bouches du Rhône reconnaissent leur erreur d’avoir expulsé Mr Zedal, et
permettent à ce papa de rerevenir immédiatement en France afin qu’il
puisse retrouver sa famille.

Notre pays grandirait et s’enrichirait en déclarant siens tous les
enfants qui vivent aujourd’hui sur son sol et dont les parents n’ont
qu’un rêve : vivre en France. A l’heure des grandes échéances politiques
qui s’annoncent il est urgent de donner un signe fort à nos concitoyens
en déclarant que tous ceux qui vivent sur notre sol sont égaux en droits
et que les plus précaires d’entre nous méritent notre soutien et notre
solidarité, pas d’être encore plus meurtris par des mesures inhumaines.

Je vous prie d’agréer Monsieur le Préfet, mes respectueuses salutations.

Jean-Marie Muggianu, enseignant

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