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MODEF PACA

Baisse du prix du blé, mais poursuite à la hausse des prix de l’alimentation

Article mis en ligne le lundi 14 avril 2008

On a assisté au mois de mars à une nette diminution du prix du blé, annonce l’Office National Interprofessionnel des Grandes Cultures (Onigc).

En France, à Rouen, les prix à la production avaient atteint courant février des niveaux inédits. Non seulement ils étaient plus élevés que les prix allemands, mais ils surpassaient également les prix espagnols rendu Barcelone.

La chute marquée des cours du blé durant le mois de mars a été provoquée par le dégonflement de la bulle spéculative dans les bourses américaines (-50 euro la tonne, soit moins 18%), ce qui a permis aux blés européens et plus particulièrement français de retrouver une compétitivité à l’export, en dépit de taux de change euro/dollar toujours défavorables.

Sur le seul mois de mars, les certificats d’exportation de blé délivrés en France ont été en hausse de 400 000 tonnes (+15%), à destination du Maghreb et de la Turquie, acheteurs traditionnels non seulement structurellement déficitaires, mais dont la production de céréales a été sérieusement perturbée par la sécheresse en 2007.

La baisse spectaculaire des cours du blé sur les places boursières américaines au mois de mars démontre si besoin était combien les pratiques spéculatives sur les marchés à terme ont joué un rôle important dans la flambée des cours de ces derniers mois.

Mais ce ne sont pas les seules. Tandis que les cours du blé ont nettement diminué en mars, les prix des produits alimentaires ont de leur côté accentué leur flambée dans les rayons des grandes surfaces françaises. La hausse des prix de détail de l’alimentation a représenté 3,55% en moyenne en mars selon le cabinet Nielsen, soit l’augmentation mensuelle la plus importante depuis 6 mois (voir ici)

Les produits à base de céréale sont parmi ceux qui ont enregistré les hausses les plus importantes. Toujours selon le cabinet Nielsen les pâtes alimentaires ont connu au cours du mois de mars la plus forte progression moyenne (+17%). Les grandes marques de pâtes ont augmenté de 21%, alors que les pâtes de marques de distributeurs (MDD) ont pris 17% et les premiers prix 31%.

Les farines et semoules ont également de nouveau augmenté le mois dernier, en moyenne de 10%, dont +9% pour les grandes marques, 12% pour les MDD et 24% pour les premiers prix.

Pourquoi n’y a-t-il pas répercussion de la baisse du prix du blé sur les prix des produits alimentaires à base de céréales, alors que la répercussion est immédiate en cas de hausse ?

D’un bout à l’autre de la chaîne alimentaire, ce sont d’un côté les spéculateurs boursiers, et de l’autre les grandes entreprises agro alimentaires et les grands distributeurs qui raflent la mise. Ni les paysans, ni les consommateurs n’y trouvent leur compte. A tel point que face à la hausse des prix alimentaires, des émeutes de la faim ont éclaté ces derniers jours dans plusieurs pays africains ou des caraïbes.

L’intérêt général doit primer. Il est plus que temps de donner la priorité à la rémunération du travail paysan et à la satisfaction des besoins alimentaires des peuples en réformant la Politique Agricole commune vers un encadrement des pratiques spéculatives déconnectées des besoins et en sortant l’agriculture et l’alimentation de l’OMC.

http://modef-paca.over-blog.com/article-18634721.html

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Vos commentaires

  • Le 11 avril 2008 à 12:46, par Christiane En réponse à : Baisse du prix du blé, mais poursuite à la hausse des prix de l’alimentation

    Et parce que la mondialisation a détruit les cultures de subsistance au profit des trusts agro-alimantaires qui de plus en ce moment spéculent et s’enrichissent sur les hausses des produits alimentaires de base, il y a en ce moment encore plus que d’habitude des gens qui ont faim alors que la terre peut nourrir toute la population actuelle. D’où les manifestations et émeutes souvent violemment réprimées (mais on n’en parle pas dans les médias car ces pays ne recevront pas les Jeux Olympiques) à Haïti, en Egypte, en Mauritanie, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Burkina, au Sénégal... et sûrement dans plein d’autres endroits où les gens peuvent mourir dans l’indifférence générale

  • Le 11 avril 2008 à 13:01, par Christiane En réponse à : Une réponse à la crise mondiale des prix alimentaires

    Une réponse à la crise mondiale des prix alimentaires : L’agriculture familiale durable peut nourrir le monde

    Communiqué de presse - La Via Campesina

    (Rome, 14 Février 2008)

    Les consommateurs du monde entier ont vu les prix des denrées alimentaires de base augmenter d’une façon dramatique ces derniers mois, entraînant de grandes difficultés particulièrement au sein des communautés les plus pauvres. En un an, le prix du blé a doublé et celui du maïs a augmenté de 50%.

    Cependant la production n’est pas en crise. Les statistiques démontrent que la récolte de céréales n’a jamais été aussi abondante qu’en 2007 (1).

    Les prix augmentent pour diverses raisons. D’abord, une partie de plus en plus importante de la production est actuellement détournée pour la fabrication d’agro-carburants ; les réserves mondiales d’aliments sont au niveau le plus bas depuis 25 ans suite à la dérégulation des marchés par l’OMC et certains pays exportateurs comme l’Australie ont connu de mauvaises récoltes en raison d’accidents climatiques. Par ailleurs, les prix augmentent parce que des entreprises financières spéculent sur l’alimentation du monde, misant sur la perspective d’une offre insuffisante. La production alimentaire, sa transformation et sa distribution tombent de plus en plus sous la coupe de compagnies transnationales qui monopolisent les marchés.

    La tragédie des agro-carburants : ils nourrissent les moteurs, pas les peuples

    Les agro-carburants, (les carburants produits à partir des plantes, de l’agriculture et des forêts) nous sont présentés comme la réponse à la crise pétrolière et au réchauffement climatique. Toutefois de nombreux scientifiques et institutions admettent aujourd’hui que leur pouvoir énergétique et que leur influence sur l’environnement seront limités ou carrément négatifs. Malgré cela, le monde économique se rue vers ce nouveau marché qui entre en compétition directe avec les besoins alimentaires des populations. Le gouvernement indien envisage de planter 14 millions d’hectares de Jatropha, La Banque inter-américaine de Développement estime que le Brésil dispose de 120 millions d’hectares qui pourraient être cultivés pour des récoltes destinées aux agro-carburants et le lobby des agro-carburants parle déjà de 379 millions d’hectares disponibles dans quinze pays Africains (2). La demande actuelle de maïs pour la production d’éthanol représente déjà 10% de la consommation mondiale, ce qui fait monter les prix.

    Les agro-carburants industriels sont une absurdité économique sociale et environnementale. Leur production devrait être arrêtée et la production agricole devrait être dirigée en toute priorité sur l’alimentation.

    Tous les producteurs ne profitent pas de ces augmentations de prix

    Les prix records des aliments frappent les consommateurs/trices, et contrairement à ce qu’on pourrait attendre, ils ne bénéficient pas non plus à tous les producteur/trices. Les éleveurs de bétail sont en crise suite à l’augmentation du prix des aliments pour bétail, les producteurs de céréales voient le prix des engrais augmenter et les paysans sans terres ainsi que les travailleurs agricoles se voient dans l’impossibilité d’acheter les aliments de base. Les agriculteurs/trices vendent leur production bien au dessous du prix que payent les consommateurs. La COAG, la Coordination espagnole des agriculteurs et des éleveurs a calculé que les consommateurs/trices espagnol(e)s payaient jusqu’à 600% de plus que le prix payé aux producteur/trices.

    Les producteurs/trices et les consommateurs/trices ont besoin de prix justes et stables, et pas de l’instabilité actuelle. Les paysan(ne)s ne peuvent produire quand les prix sont trop bas, comme cela a souvent été le cas au cours des dernières décennies. Par conséquent ils ont besoin d’une régulation des marchés qui va à l’encontre des politiques de l’OMC

    Ce sont les entreprises agro-industrielles et la grande distribution qui profitent en premier lieu de l’augmentation des prix alimentaires actuelle parce qu’elles augmentent leurs prix bien au delà de ce qu’elles devraient le faire. Le prix des aliments descendra-t-il lorsque les prix agricoles baisseront ? Les grandes entreprises peuvent stocker des quantités de produits et les mettre sur le marché quand les prix sont élevés, ce qui leur permet de spéculer.

    La “libéralisation” du commerce agricole provoque la crise

    La crise actuelle montre bien que la “libéralisation” du commerce agricole entraîne la faim et la pauvreté. Les pays sont devenus très dépendants des marchés globaux. En 1992, les paysan(ne)s indonésien(ne)s produisaient assez de soja pour satisfaire la demande nationale. Le tofu et le ’tempeh’ produits à partir du soja constituent une part importante de la diète quotidienne dans l’archipel. En adoptant la doctrine néolibérale, le pays a ouvert ses frontières aux importations alimentaires, permettant au soja américain à très bas prix d’inonder le marché. Ceci a détruit la production nationale. Aujourd’hui 60% des fèves de soja consommées en Indonésie sont importées. En janvier dernier les prix records du soja des États Unis ont causé une crise nationale quand les prix du tofu et du ’tempeh’ (la “viande du pauvre”) ont doublé en quelques semaines. Le même scénario se répète pour de nombreux autres pays comme pour la production de maïs au Mexique.

    La dérégulation et la privatisation des mécanismes de protection ont également contribué à la crise actuelle. Les réserves nationales alimentaires ont été privatisées et sont maintenant gérées comme des multinationales. Celles-ci spéculent au lieu de protéger les producteur/trices et les consommateurs. De la même façon, les mécanismes de prix garantis sont démantelés partout dans le monde sous le dictat des politiques néolibérales, ce qui expose producteurs/trices et les consommateurs/trices à une instabilité extrême des prix.

    Le temps de la Souveraineté Alimentaire est arrivé !

    Devant les perspectives d’augmentation de la population mondiale jusqu’en 2050 et face à la nécessité d’affronter les changements climatiques, le monde devra produire plus d’aliments dans les années qui viennent. Les paysans et les paysannes sont capables de relever ce défi comme ils l’ont fait dans le passé. De fait, la population mondiale a doublé au cours des 50 dernières années mais les producteurs/trices ont augmenté la production de céréales à un rythme encore plus rapide.

    Pour La Via Campesina, l’alimentation doit prévenir de l’agriculture paysanne durable afin de protéger la subsistance, les emplois et la santé des populations ainsi que l’environnement. La nourriture ne peut pas être abandonnée au contrôle des grandes entreprises du secteur alimentaire et de la grande distribution. Les OGM et l’agriculture industrielle ne fournissent pas d’aliments sains et continuent à détériorer l’environnement. Par exemple, la nouvelle “révolution verte” promue par AGRA en Afrique (nouvelles semences, engrais chimiques et grands programmes d’irrigation) ne résoudra pas la crise. Au contraire, elle l’aggravera. Par ailleurs, des recherches récentes montrent que les petites exploitations biologiques sont au moins aussi productives que les fermes conventionnelles. D’aucuns estiment même que la production alimentaire mondiale pourrait augmenter jusqu’à 50% grâce à l’agriculture durable. (3)

    Pour éviter une crise alimentaire majeure, les gouvernements et les institutions publiques doivent adopter des politiques spécifiques afin de protéger la production de l’énergie la plus importante au monde : la nourriture !

    Les gouvernements doivent développer, promouvoir et protéger la production locale afin de réduire la dépendance face aux marchés mondiaux. Cela implique le droit de chaque pays ou union à contrôler les importations et le devoir de mettre fin à toute forme de dumping alimentaire.

    Ils doivent également mettre en place (ou maintenir) des mécanismes de régulation ou de gestion des marchés tels que la constitution de stocks de sécurité et des prix minimum garantis pour créer des conditions stables pour les producteurs/trices.

    Selon Henry Saragih, co-ordinateur général de Via Campesina et leader du Syndicat des Paysans Indonésiens, « les paysan/nes ont besoin de terres pour produire et alimenter leur communauté et leur pays. Il est temps de mettre en oeuvre de vraies réformes agraires pour permettre aux familles paysannes de nourrir le monde ».

    Pour Ibrahim Coulibaly, président de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) du Mali : « Devant les fortes augmentations des prix alimentaires, notre gouvernement a donné son accord aux revendications des organisations paysannes qui demandent que la protection et le développement des marchés locaux d’aliments plutôt que l’augmentation des importations. Augmenter les importations alimentaires ne fera que nous rendre encore plus dépendants des fluctuations brutales, à la hausse ou à la baisse, des marchés mondiaux ».

    La Via Campesina estime que la solution de la crise actuelle des prix de l’alimentation réside dans la Souveraineté Alimentaire. La Souveraineté Alimentaire est le droit des personnes à une alimentation saine et appropriée aux cultures locales, produite par des méthodes écologiquement intelligentes et durables. Elle est aussi le droit des gouvernements à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires sans endommager l’agriculture d’autres pays. Elle place les aspirations et les besoins de ceux qui produisent, distribuent et consomment la nourriture au coeur des systèmes de production et des politiques, plutôt que selon la demande des marchés et des corporations. La Souveraineté Alimentaire met en priorité les économies et les marchés locaux et nationaux. Elle garantit également l’autonomie de décision qui leur correspond. aux paysans et à une agriculture et à une production alimentaire gérée par des familles de fermiers,

    WWW.viacampesina.org

    (1) Les Chambres d’Agriculture - France : http://paris.apca.chambagri.fr/

    (2) Grain : www.grain.org

    (3) “Shattering Myths : Can sustainable agriculture feed the world ?” : www.foodfirst.org

  • Le 21 avril 2008 à 02:52 En réponse à : Une réponse à la crise mondiale des prix alimentaires

    Pourquoi les pays riches ne construisent
    pas dusines pour produire des pilules anticonceptionnelles et les distribuer
    gratuitement aux femmes des pays pauvres.
    Ou creer des aliments genetiquement modifies pour abaisser la fertilite des hommes et femmes.Il y aura moins de guerre et d injustice envers lenvironnement
    et les animaux qui souffrent de la cruaute des hommes par abattage etc...
    Franchement on est une espece nuisible et destructrice.

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