Une tribune pour les luttes

Les “Sept d’Agrigente” : Enfin hors de prison !

Fédération des Tunisien-nes Pour une Citoyenneté des deux Rives FTCR

Article mis en ligne le mardi 11 septembre 2007

Samedi 1er septembre : 1 mort et trois disparus au large de la Sicile

Vendredi 7 septembre : 10 morts au large des Canaries

Les victimes de la Guerre aux Migrants continuent de mourir

Aujourd’hui, lundi 10 septembre, les sept pêcheurs tunisiens des navires
Mortadha et Mohammed el-Hedi ont obtenu la levée de leur détention
préventive. Ces marins ayant leur port d’attache à Teboulba (gouvernorat de
Monastir, Tunisie) ont pris l’initiative de secourir 44 femmes, hommes et
enfants qui se trouvaient sur une embarcation sur le point de chavirer dans le
canal de Sicile. Ils se sont retrouvés incarcérés et poursuivis à Agrigente
(Sicile, Italie) pour “aide à l’immigration clandestine à fin de lucre”,
délit passible de quinze ans de prison en vertu de la loi italienne dite
Bossi-Fini.

Une deuxième demande de libération provisoire introduite par leurs avocats
(Leonardo Marino et Giacomo LaRussa) a donné lieu à une assignation à
résidence avec obligation de ne pas quitter la Sicile pour deux d’entre eux
(les capitaines Abdelbasset Jenzari et Kamel Ben Khlifa). La libération a
été accordée aux cinq autres (Mohammed-Lamine Bayyoudh, son père Abdel-Krim Bayyoudh, Hamza Braham, Abdel-Wahid Ghafouri et Lassaad Gharrad) qui pourront rentrer en Tunisie.

La FTCR félicite leurs familles et amis ainsi que tous ceux qui les ont
soutenus et ont partagé la détresse et l’incompréhension causées par un
mois d’injustice. Elle salue les sept marins et les assure de son soutien et
de son admiration pour leur conduite qui leur fait honneur. Elle considère
néanmoins que cette bataille pour la justice ne sera close que lorsque les
deux capitaines (dont le courage et la combattivité nous a particulièrement
frappé lorsque nous les avons visité à la prison d’Agrigente vendredi 7
septembre) seront également libres et que tous les sept cesseront d’être
poursuivis et obtiendront les réparations et la reconnaissance qui leur sont
dûes.

Il est évident que ce premier résultat est le fruit d’abord du travail
mené de manière exemplaire par les avocats assurant la défense des sept
inculpés, ainsi que de la mobilisation infatigable menée à Agrigente et en
Sicile par quelques militants de la Rete Antirazzista Siciliana et de l’ASGI
(Associazzione Studi Giuridici sull’Immigrazione). Quant à la mobilisation
qui a permis de donner tout l’écho qu’elle mérite à cette affaire et de
la présenter pour ce qu’elle est (une bataille emblématique pour
l’égalité des droits et pour le refus de la guerre sécuritaire aux
migrants), il ne nous aurait pas été possible de l’impulser sans la
disponibilité et l’engagement de plusieurs protagonistes : des organisations
et associations européennes et maghrébines (le REMDH, Migreurop, Arci, le
Forum Social Tunisien, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, l’ATFD,
le CNLT…) ; des parlementaires européens (Giusto Catania, Hèléne Flautre,
Francis Wurtz, Pasqualina Napoletano, Claudio Fava…) ; des députés de
l’Assemblée Nationale italienne (Graziella Mascia, Antonio Falomi, Gennaro
Migliore, Robberto Zaccaria, Angelo Bonelli, Iacopo Venier…) ainsi que tant
d’autres en Italie, en Tunisie, en France, en Belgique, au Maroc, en
Algérie…

La mobilisation doit se poursuivre et passer à un niveau supérieur :

1/ Le procès des "Sept d’Agrigente" reprend le jeudi le 20 septembre, et
rien dans l’attitude du président du tribunal (Mme Antonia Sabbatino) ne
laisse présager une attitude moins absurde et moins injuste que celle qui a
prévalu jusqu’à présent. Le fait que ses décisions et déclarations
soient démenties de manière cinglante par le juge qui s’est prononcé
après elle sur le maintien en détention comme par la position du ministère
public, ne garantit en aucun cas que tous les éléments factuels et les
témoignages plaidant en faveur des inculpés soient considérés avec plus
d’objectivité. Nous restons donc mobilisés pour la libération des deux
pêcheurs assignés à résidence, pour l’arrêt des poursuites et pour
l’indemnisation des dommages moraux et matériels causés par cette affaire.

2/ Des centaines de personnes continuent à mourir chaque mois en tentant
d’arriver en Europe pour chercher une vie meilleure pour eux et leurs
familles, ou pour fuir la guerre et la persécution. Le véritable mur de
séparation que construisent les politiques sécuritaires et la militarisation
des contrôles des frontières rendent le droit à se déplacer, pourtant
reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, quasiment
inaccessible au pauvres s’ils ne mettent pas leur vie gravement en danger. La
Méditerranée et les îles atlantiques espagnoles sont des fronts
particulièrement meurtriers de cette Guerre aux Migrants. Ces derniers temps, les discours et les politiques mises en œuvre dans les différents pays
méditerranéens aggravent chaque jour cet état de fait. Il faut plus que
jamais se battre pour l’égalité des droits et pour un élargissement et un
accès réellement universel aux droits fondamentaux. Novembre et décembre
prochain se tiendront à Lisbonne un sommet euro-méditerranéen et un sommet euro-africain dans lesquels le contrôle des migrations sera un thême central.

Cela peut constituer une échéance importante pour tous ceux qui se battent
pour l’égalité, la justice et la liberté.

Lundi 10 septembre 2007

Pour la FTCR
Le président, Mouhieddine Cherbib

Pour tout contact concernant ce dossier :
Omeyya Seddik
- zonegrise chez yahoo.fr
- ftcr.etudes chez no-log.org

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