Une tribune pour les luttes

Témoignage

Quatre jours à Calais

Article mis en ligne le mardi 22 décembre 2009

Quatre jours à Calais avec les migrants et les militants Noborder (14/12/2009 au 17/12/2009)

JOUR 1 :

Arrivée à 18 heures, mise au point de la situation : Il fait très froid et nous avons ouvert le local noborder aux migrants mineurs (de 11 ans à 18 ans). Une vingtaine y dort toute les nuits (60 m carré) avec les militants Noborder. Harcèlement tous les jours du squat africain. On s’attend à une expulsion dans les jours qui suivent. Manifestation appelée par les humanitaires devant le Centre de rétention de Coquelle ou sont enfermés des Afghans qui devraient être expulsé le lendemain par charter. Nous étions une cinquantaine devant le centre. La police était très présente, nous empêchant de passer pour essayer de parler aux migrants enfermés. Au lit chez une noborder local vu le manque de places. Rendez vous le lendemain à 7 heures pour faire des patrouilles (contrôle des va et viens de la police)

Jour 2 :

Vers 9 heures la police expulse les africains de leur squat. Il leur confisque leurs biens (Couvertures, matelas jetés dans des bennes). Une bonne vingtaine se fait arrêter. Réinstallation des africains dans le même squat. Nous leur amenons des couvertures et des matelas et essayons de les aider à mieux sécuriser le bâtiment. Ouverture d’une salle d’hébergement « grand froid »par la mairie : Une centaine de migrants peuvent s’y rendre de 19 heures à 10 heures du matin. Pour passer la nuit. Soixante s’y rendent la première nuit, beaucoup se méfient.
Départ vers l’aéroport de Lesquin pour dénoncer les expulsions des afghans (qui sont amenés à l’aéroport de Roissy / Paris).Une centaine de personnes, beaucoup de beaux discours puis marche bruyante vers le CRA, ou une flopée de flics nous attendent. Nous (des humanitaires de la région, des Noborders et des anarchistes bien remontés de Lille) restons devant le centre pendant
une heure, se réchauffant par des slogans genre No Border, No Nation. _ Retour à Calais : La police veille autour de la salle grand froid et ont arrêté des migrants qui avaient quitté la salle pour aller au point d’eau, 50 m plus loin. On surveille, puis allons dormir dans le local noborder.

Jour 3 :

Il fait très froid. Beaucoup de migrants rejoignent le local après la fermeture à 10 heures du matin de la salle grand froid. On se retrouve à une cinquantaine, serrés comme des sardines Un jeune nous apprend qu’un de ces amis de 15 ans a été tué par une voiture sur l’autoroute. En effet on apprend qu’ils étaient une dizaine à vouloir traverser l’A5. Le dernier s’est fait attraper par une voiture. Ce genre d’accident est très fréquent. SANS COMMENTAIRES !!!! Le soir quelques jeunes se font arrêter en se rendant dans notre local. Nous suivons le combi qui les amènent au CRA, essayons de savoir quand on pourrait venir les rechercher pour leur éviter un long retour à pied de 6 km. Bien sur aucun renseignement obtenu. Au soir beaucoup de migrants reviennent dormir au local. Je dors dans ma camionnette.

Jour 4 et dernier jour pour moi :

Encore énormément de migrants au local. Au soir un débat est organisé dans un amphithéâtre de l’université sur l’identité nationale avec l’éventuelle présence de Besson en personnes. Très peu de personnes sont au courant. Même le personnel du bâtiment n’est pas au courant et croit qu’on leur raconte des blagues. Même si on commençait à douter de l’information, nous préparons notre présence lors de ce débat. ET il aura lieu, les entrées étant minutieusement contrôlées. L’un de nous arrive malgré tout à s’infiltrer et fera une intervention. A l’extérieur les noborders montent sur le bâtiment pour mettre une banderole et distribuent des tracts. Ils ont été très vite écartés par la police sans ménagement. Moi je quitte Calais avant le débat

Pour la suite voir http://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/fr/
ou http://lille.indymedia.org/

Nous ne somme pas toujours très nombreux à Calais pour gérer ces situations ; Appel à des coups de mains !!! Appel à des couvertures, vêtements chauds, etcN Je repartirais le 1 janvier pour 3 jours : des candidats ? Des vêtements, couvertures à donner ? Contactez-moi !!!!!!!!! LA LUTTE CONTINUE

PS : des situations similaires existent tout le long du littoral. En Belgique aussi il y a des « jungles », notamment à Ostende et à Zeebrugge. Si certains ont des informations sur ces endroits, appelez nous.

Eveline

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2009 à 21:43, par Christiane En réponse à : Calais : passagers Eurostar sous abri, migrants aussi

    http://www.libelille.fr/saberan/200...

    22 décembre 2009

    Hier soir, Calais sous la neige, rue de Moscou, près du port. Ils se croisent. Chaussures trouées, baskets sans chaussettes, tête dans les épaules, une centaine de migrants quittent le préau du repas chaud offert par l’asso Salam. Sur le même trottoir, des voyageurs de l’Eurostar tirent leurs valises à roulettes dans la neige. Cette nuit, la ville a ouvert le complexe sportif Calypso pour ces riches naufragés de l’Eurostar. Et depuis six jours, l’ancienne salle des dockers reçoit d’autres naufragés, les futurs passagers clandestins des ferries, ceux qui se glissent la nuit dans les camions, les migrants sans-abri.

    Cartons.

    Les premiers traversent la ville de la gare au port, pour tenter de trouver un bateau pour Douvres. Un petit groupe des seconds, des Soudanais, se dirige vers le port pour tenter d’embarquer en clandestin sous un camion. Vite. Il ne reste que deux nuits avant que la trève de Noël raréfie les chances de passer, pour les quelque 300 jeunes hommes -parfois, même pas des ados-, obsédés par le passage de l’autre côté.

    Les plus fatigués s’installent avec les bénévoles du collectif C’Sur dans la salle des dockers, pas chauffée, mais abritée. Pas de lit, mais des cartons à même le sol, des couvertures et des sacs de couchage. Un petit garçon kurde avec ses parents. Des ados Afghans seuls, parfois d’à peine 11 ans.

    Orteils. Wahid, 17 ans, maigrichon, s’approche, sourit et s’asseoit sur une table, les pieds ballants. Il a enlevé ses baskets et fait bouger ses orteils rougis. Il rit : "je suis plus à l’aise. Mes pieds sont devenus malheureux dans mes chaussures". Et puis, grave : "Tu penses que ça va être comment, ici, pour les Afghans, en 2010 ?" On lui rappelle ce qu’il sait : la France s’est mise à expulser les Afghans sans-papiers majeurs vers leur pays, les Anglais le font aussi, il a le droit de demander l’asile ici.

    Il raconte que sa mère a vendu sa maison pour payer son voyage. "Elle a dû partir vivre chez mon oncle. Les Talibans ont tué mon père, ils ont tué mon frère. Moi, il fallait que je me sauve". Il lui reste deux sœurs, un petit frère. Il fait le geste de la taille avec sa main, le frère qu’il a laissé grandir derrière lui ne doit pas avoir plus de neuf ans. Il dit tout ça très vite, il parle un peu plus fort, le souffle coupé, une sorte d’épouvante dans l’œil. Sa main effleure sa poitrine. Il a l’air de s’excuser, la tête penchée. "La douleur, je ne peux même pas te la dire". Il saute de la table et s’échappe, on le perd de vue dans la petite foule des jeunes migrants aux cheveux noirs.

    Sandwiches.

    Pendant ce temps-là, selon la préfecture du Pas-de-Calais, 286 passagers de l’Eurostar ont été logés dans le complexe sportif Calypso, à quelques kilomètres. Avec l’aide de la préfecture, de la mairie, de la société P&O, la Chambre de commerce, la SNCF, et la Croix-Rouge, on leur a offert des sandwiches et des boissons, indique la préfecture qui précise que la police a "assuré leur sécurité".

    Ce soir, en raison du froid, le collectif C’Sur ouvre à nouveau la salle des dockers aux migrants, sans-abri depuis la fermeture du hangar de la Croix-Rouge de Sangatte en novembre 2002.

    H.S.

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