Une tribune pour les luttes

Marche de la Liberté pour Gaza mardi 29 décembre 2009

Nouvelles du Caire et témoignage de Charling

Rassemblement mardi 29/12 à 18h sur le Vieux-Port et mercredi 30/12 à 18h en haut de la Canebière

Article mis en ligne le mardi 29 décembre 2009

Nouvelles du Caire 29/12

Les Français (notamment d’Europalestine) qui avaient manifesté devant l’ambassade de France au Caire se retrouvent complètement encerclés par la police égyptienne : il n’y a pas moins de 44 camions de policiers, ce qui représentent des centaines de policiers, lesquels retiennent pratiquement les marcheurs en otage. Ils n’ont le droit que de sortir au goutte-à-goutte, deux à la fois pour aller chercher boissons et nourriture et tant que les 2 qui sont partis ne sont pas revenus, les autres restent bloqués sur le trottoir devant l’ambassade.
L’ambassade de France a ouvert partiellement ses portes.

D’autres Internationaux occupent à l’heure actuelle l’ambassade de Belgique et il y a une manifestation de la population civile égyptienne devant le Ministère de l’Intérieur.

La manifestation d’hier au soir devant le siège de l’ONU n’a pas abouti : toute demande auprès de l’ONU comme auprès des autorités égyptiennes se voit opposée une fin de non-recevoir, quand bien même elle a été faite dans les règles. Cette manifestation pacifiste s’est soldée par 4 arrestations, 3 Egyptiens et 1 Américain.

B. Netanyahu est attendu à 12h au Palais Présidentiel de Moubarak. Il est donc prévu une manifestation devant le Palais Présidentiel.
Ce que les autorités égyptiennes proposent aux marcheurs, c’est un rapatriement gratuit et immédiat dans leur pays d’origine. Il va sans dire que la proposition a été rejetée.

Un rassemblement sur le Vieux-Port est prévu ce soir à 18h.


Témoignage de Charling

Lundi 28 décembre 2009

7h RV au Ramses Garage pour un "faux" départ de car.
La compagnie de cars nous a prévenus qu’elle n’avait
pas le droit d’assurer notre transport à El-Arish et Rafah.
Mais l’appel à la présence est maintenu avec nos sacs à dos, car la
presse est convoquée. Les journalistes sont dispersés par la police.

Les français du groupe Europalestine ont monté un village de tentes sur le
trottoir devant l’Ambassade de France, leiu de leur départ prévu la veille
au soir.
Ils sont entourés de barrières et de trois rangées de "CRS" égyptiens.
En insistant, on peut encore entrer et sortir, et leur apporter soutiens
psychologiques et logistiques. L’ambassadeur et le personnel de
l’ambassade se sont bien impliqués pour négocier, sans succès par rapport
au voyage vers Rafah et au passage vers Gaza.

Tous les internationaux qui ont essaye de leur coté par
petits groupes se sont faits arrêter par la police en chemin.
Ceux qui sont arrivés à El-Arish sont bloqués dans leur hôtel.
Nous n’avons pas de nouvelles de présence à Rafah même. Certains sont
détenus avec confiscation de passeport, dans l’ensemble, nous n’avons pas
nouvelle de maltraitance.

Nous cherchons des moyens pour aller vers Gaza.
Codepink avait un accord de passage vers Gaza à condition de ne
pas contacter les Egyptiens. Mais maintenant que le gouvernement
égyptien ne respecte pas cet accord, nous faisons un appel
à la population égyptienne pour nous aider à entrer dans Gaza.
Le président Moubarak n’a pas répondu à la lettre ouverte portée au palais
Présidentiel d’Abdeen hier.

8h30 Réunions dans 3 hôtels du centre ville tous les matins jusqu’au
depart.

Nous allons à 12h devant le siège de l’ONU au World Trade Center pour
demander de l’aide.
Nous dressons une tente devant : "Gazan Embassy" en réclamant des "visas to
Gaza".

Nous sommes petit a petit encerclés aussi par un cordon de police. Le
village est très animé, chants, danses, réunions. Les gardes du World
Trade Center nous expriment leur sympathie,
les policiers aussi quand nous discutons avec eux.
En général, ils croyaient tous que la frontière à Rafah était ouverte
pendant 3 jours.
A nos demandes d’aide, certains osent répondre que ce que nous faisons est
vraiment très bien mais "Il n’y a qu’une seule personne qui puisse vous
aider...".
Nous entendrons cela à chaque fois que nous aurons à faire avec les
Egyptiens. Dans le camp des jeunes égyptiens arrivent et nous aident à
organiser la logistique (repas et
boissons). La police qui est d’une courtoisie extrême avec les
internationaux est plus brutale avec les Egyptiens. Une jeune femme voilée
a recu un coup de poing.

Une délégation est recue à l’ONU. Elle a demandé une intercession aupres du
gouvernement égyptien et l’acheminement du matériel humanitaire vers Gaza.
Entretemps nous attendons dans le camp en discutant et réfléchissant aux
manières de partir vers Gaza.
Le groupe Marseillais a rejoint dans sa majorité ce camp international, et
participe très activement à l’animation (C’est notre tente qui sert
d’ambassade de Gaza bien prise en photos).

C’est un vrai village international très animé et varié, avec 44
nationalités. Nous organisons des conférences de presse, avec de nombreux
journalistes.
Nous décidons d’une grève de la faim avec une quinzaine de volontaires dont,
Hedy Epstein, ancienne déportée de 85 ans.

Une nouvelle délégation est appelée pour discuter avec le responsable de
l’ONU et revient en nous proposant la dispersion pour pouvoir agir mieux à
partir d’autres lieux.
Une partie des gens va se réunir encore vers 19h pour préparer les journées
suivantes, une autre va retrouver les campeurs de l’ambassade de France.
Après la réunion, je vais à l’ambassade avec des allemands et nous y
retrouvons des Suisses. J’obtiens le droit de rentrer quelques minutes dans
le camp pour leur apporter quelques nourriture et des infos. Ils n’ont
presque plus de téléphones chargés.

Le programme du lendemain mardi 29 est chargé, et susceptible de changement :

8h30 réunion dans les hotels

9h30 les différents sous groupes vont vers leurs ambassades respectives pour
demander de l’aide et certains iront demander aux gouvernments sympathisants
(Venezuela, Turquie, syrie, pour qu’ils interviennent aupres du gouvernement
egyptien)

11h conférence de presse avec les "grévistes" de la faim et les
"personnalites" de la Marche
Nous demandons le droit d’aller a Gaza pour nous et le convoi Viva
Palestina bloqué a Aqaba.

12h Rassemblement devant l’ambassade de France par solidarite avec les
"enfermés".

14h Réunion devant la maison des journalistes

18h Manifestation contre la venue de Netanyaou en Egypte avec les Egyptiens.

Nous ne savons toujours pas s’il sera au Caire ou à Sharm el Sheikh

Par rapport à la presse hier soir, nous avons eu une depeche de l’AFP et
des rapports de personnes en France et aux USA qui ont vu des reportages
sur AlJazeera, CBS, BBC sur l’annonce de la grève de la faim.

C’est un peu dur le premier jour de ne pas manger, mais par
expérience je sais que cela va mieux après. En dessous de 5 jours,
on ne risque pas grand chose. Nous nous permettons des jus de fruits et
thés et cafes sucres.
Il y a un appel à relayer cette grève de la faim en local, ie en France, et
partout ailleurs. On peut trouver différentes formes un jour de solidarité
par exemple. Il s’agit de faire savoir pourquoi nous faisons la grève de la
faim, par solidarité pour les Palestiniens. Nous craignons ici que
l’isolement plus important de Gaza, signale une menace de nouveaux
bombardements pour ses habitants.



Marche pour la liberté, liberté pour la marche !

Depuis maintenant quarante-huit heures, nous sommes au Caire où, de discussions en discussions, les 1400 participants à la marche pour la liberté pour Gaza – 1400 comme les 1400 victimes gazaouies de l’offensive israélienne d’il y a un an – n’ont toujours pas l’autorisation de se rendre à Gaza.

Deux arguments – irrecevables – sont avancés par les autorités :

Les Marcheurs s’ingéreraient dans les affaires intérieures égyptiennes. C’est doublement faux. D’abord, nous n’avons jamais mis en cause les autorités égyptiennes. Nous avons, au contraire, travaillé avec elles en leur donnant toutes les informations qu’elles souhaitaient - jusqu’à nos numéros de chambres !

Selon nous, la liberté d’aller et venir, de circuler où bon nous semble est une liberté fondamentale de l’être humain. Mais elle ne s’applique pas à la population de Gaza, soumise à un blocus illégal et inhumain. Raison de plus pour qu’elle s’applique aux Marcheurs venus de quarante-deux pays – dont la France – qui doivent bénéficier de ce droit fondamental. En le leur refusant, ce sont les autorités égyptiennes qui s’ingèrent dans la liberté des Marcheurs.

Deuxième argument : si les Marcheurs passaient à Gaza, ce serait nuisible à la sécurité égyptienne. On a beau chercher le sens de ce raisonnement, il ne tient pas. Les 1400 Marcheurs peuvent entrer à Gaza et en sortir sans que cela ne pose le moindre problème. Si le feu vert était donné – lequel procède évidemment d’une décision politique –, nous sommes tous assez responsables pour ne prêter le flanc à aucune manœuvre, d’où qu’elle vienne. Notre interlocuteur à Gaza est le Palestinian Center for Human Rights, dont chacun connaît le sérieux. En quoi l’entrée et la sortie des Marcheurs mettraient-elles en cause la sécurité égyptienne ? Cette objection n’est donc pas fondée.

Nous sommes porteurs d’une double exigence : la levée du blocus illégal qui a transformé Gaza en prison et en mouroir à ciel ouvert depuis deux ans et demi, et la fin de l’impunité dont jouissent les autorités israéliennes. C’est l’objet unique de cette marche et la raison pour laquelle nous venons exprimer notre solidarité aux Gazaouis. Nous sommes porteurs du droit international, des valeurs mêmes qui fondent l’Humanité… Voilà pourquoi nous attendons des autorités égyptiennes qu’elles prennent la décision politique de nous laisser passer à Gaza.

J’ajoute que les autorités françaises ou européennes ont une lourde responsabilité dans cette situation pour n’avoir pas – à notre connaissance – effectué les démarches nécessaires auprès des responsables égyptiens. C’est la première chose à faire : exiger une intervention adaptée de nos pouvoirs publics en direction des autorités du Caire. La seconde remarque à méditer est la suivante : si, par absurde les autorités égyptiennes s’entêtaient, elles se placeraient dans une situation des plus paradoxales. En effet, alors qu’Israël est bien le principal responsable du blocus de Gaza, voilà qu’aux yeux de l’opinion publique, cette responsabilité se déplacerait vers d’autres, qui sont pourtant à la tête d’un pays qui, l’an dernier, a manifesté avec force et massivement sa solidarité avec les Palestiniens. En maintenant leur interdiction, les autorités égyptiennes créeraient elles-mêmes les conditions d’un déplacement du débat dans leur propre société – ce que nous nous sommes toujours refusé à faire. Par ricochet, ce sont elles qui provoqueraient l’immixtion, qu’elles dénoncent.

ll est temps que la raison l’emporte sur un certain aveuglement : qu’on laisse marcher les citoyens venus du monde entier dire, sur place et pacifiquement, leur solidarité avec le peuple de Gaza.

Jean-Claude Lefort

Le 28 décembre 2009

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Vos commentaires

  • Le 30 décembre 2009 à 13:51, par françois En réponse à : Nouvelles du Caire et témoignage de Charling

    le centre palestinien des droits de l’homme ?
    c’est là un humour déplacé...
    en iran aussi et en chine il y a des centres pour les droits de l’homme ,en birmanie également et ailleur
    cessez de nous mentir et ...de vous tromper

  • Le 1er janvier 2010 à 17:06 En réponse à : Nouvelles du Caire et témoignage de Charling

    Au lieu de vous lancer dans des comparaisons vagues, generales et douteuses, mettez votre temps a profit en allant voir, sur internet par exemple, l`incroyable travail d`information que realise le PCHR de Gaza. Ensuite, quand vous saurez ce qu` ils font reellement, vous pourrez a n`en pas douter reformuler une critique precise portant sur des points precis, ce sans quoi les propos que vous tenez ne peuvent relever que de la logique de la rumeur et de la diffamation.
    Matthias, depuis le Caire.

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