Une tribune pour les luttes

La propagande israélienne pirate les ondes de France 2 [entre autres !]

Grégoire Lalieu
+ Règles de l’expression du "bon" journaliste.

Article mis en ligne le jeudi 3 juin 2010

http://www.michelcollon.info/index....

La propagande israélienne pirate les ondes de France 2

Ce lundi 31 mai, quelques heures seulement après l’abordage de la flottille humanitaire en route pour Gaza, les autorités israéliennes ont procédé à un nouvel acte de piraterie, celui des ondes de France Télévisions. Parti pris, mensonges grossiers, désinformation… Le journal télévisé de France 2 naviguait en eaux troubles ce soir-là.

- Tu as vu chérie ? Ils recommencent à diffuser des publicités après 20h sur France Télévisions.
- Mais non mon amour, c’est le JT de Pujadas !

Etonnant ! Comme beaucoup d’autres chaînes de télévision à travers le monde, France 2 a ouvert le grand bal de l’actualité de ce 31 mai sur l’attaque israélienne menée contre la flottille humanitaire à destination de Gaza. Mais la couverture médiatique de cet événement a vite donné au journal télévisé des allures de spot gouvernemental israélien.
David Pujadas nous rapporte le récit du raid sur la flottille « pro-palestinienne », évitant systématiquement l’emploi de l’adjectif « humanitaire » pourtant utilisé partout ailleurs pour qualifier le convoi. _ Selon l’homme-tronc de France 2, l’opération a fait neuf morts. D’autres médias, y compris israéliens, font pourtant état d’un plus grand nombre de victimes. La plupart en tout cas, emploient prudemment le conditionnel ou précédent leur chiffre d’un «  au moins » professionnel, tant il est difficile dans pareille situation d’obtenir des informations précises. Mais David Pujadas, lui, confirme son nombre de victimes à plusieurs reprises durant l’émission avec tout l’aplomb du journaliste sûr de ses sources. Mais de quelles sources s’agit-il exactement ? Durant la journée du 31 mai, seule l’armée israélienne a communiqué le chiffre de neufs morts.

En fait, toute l’émission était axée sur la version de Tel-Aviv : les soldats ont gentiment prié le convoi de les suivre jusqu’au port israélien d’Ashdod ; les «  pro-palestiniens » ont refusé d’obtempérer ; un commando israélien est monté à bord d’un bateau où il a été attaqué à coups de bâtons, de couteaux et de billes ; les soldats ont été contraints d’ouvrir le feu. Le récit est appuyé par des images gracieusement fournies par l’armée israélienne qui, selon M. Pujadas, « veut ainsi prouver que ses soldats ont été agressés ». Des propos confirmés par les interventions de la porte-parole de l’armée israélienne, du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, ainsi que par une interview du porte-parole du ministère israélien des Affaires Etrangères, Daniel Saada. Nous reviendrons plus loin sur cette interview.

De la version «  pro-palestinienne » des événements, nous saurons juste que les activistes ont qualifié l’attaque de «  délibérée ». C’est tout ? Oui ! Pas un mot sur les témoignages concordants établissant qu’un bateau grec avait essuyé des tirs à balles réelles depuis un hélicoptère durant la nuit. Ces informations apportent pourtant un éclairage pertinent aux images diffusées par France 2 mais doivent avoir le fâcheux inconvénient de contredire la version israélienne.
Pas un mot non plus sur l’aspect illégal du raid israélien. Le reportage de France Télévisions rapporte que l’attaque s’est déroulée dans les eaux internationales, au-delà des eaux territoriales israéliennes. Mais la chaîne du service public se garde bien de préciser que l’opération viole donc le droit international et qu’elle constitue un acte de piraterie. Par conséquent, non seulement France 2 ne précise pas que l’équipage de la flottille humanitaire était en état de légitime défense. Mais de plus, la chaîne publique surexpose la version israélienne, inversant la victime et l’agresseur.

La présentation offerte par France 2 du convoi « pro-palestinien » cadre elle aussi parfaitement avec la propagande israélienne. Il fallait zapper si vous désiriez découvrir, comme c’est le cas généralement pour la couverture d’événements humanitaires, le portrait de courageux pacifistes s’embarquant dans une aventure solidaire. Il fallait zapper également si vous désiriez en apprendre d’avantage sur la présence de députés européens, d’un rescapé de la Shoah ou d’un prix Nobel de la paix. Le reportage de France 2 nous expliquait plutôt comment la flottille humanitaire avait été essentiellement préparée par une ONG turque, proche du Hamas « qui contrôle Gaza ». L’UMP contrôle-t-elle la France ? Etrange vocabulaire… Le reportage vise en fait à ternir l’image de la mission humanitaire qui aurait caché un objectif politique : briser le blocus pour renforcer le Hamas. Des députés européens, un rescapé de la Shoah et un prix Nobel œuvrant pour une « organisation terroriste » sous couvert d’actions humanitaires : joli scoop !

Quelques erreurs déontologiques plus tard, M. Pujadas nous annonce l’interview imminente de Daniel Saada, porte-parole du ministère des Affaires Etrangères, et envoie un reportage sur le blocus israélien, « pour bien comprendre » et mettre à l’aise l’officiel israélien. Le reportage de France Télévisions nous apprend en effet qu’Israël a imposé un blocus politique et économique sur Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir «  par la force » en 2007. Il s’agit d’un mensonge grossier répété inlassablement depuis plusieurs années. Le 25 janvier 2006, le Hamas a remporté haut la main des élections législatives dans la bande de Gaza. Ces élections avaient mobilisé plus de trois-quarts des électeurs sous le regard de 900 observateurs internationaux ayant validé la parfaite régularité du scrutin.
Le reportage revient ensuite sur la guerre de Gaza : « après des tirs de roquette par le Hamas sur le Sud d’Israël, l’armée de Tsahal lance une offensive majeure sur Gaza ». Le journaliste laisse ainsi entendre que le Hamas aurait rompu la trêve avec Israël et que ce dernier aurait agi en état de légitime défense. Il s’agit d’un vulgaire mensonge sur lequel s’est basée la propagande israélienne et que France Télévision propage, une fois de plus, complaisamment. La trêve conclue entre le Hamas et Israël impliquait comme condition le desserrement du blocus sur Gaza. Non seulement le gouvernement israélien n’a pas respecté cette condition mais il avait même lancé, en novembre 2008, un raid meurtrier sur l’enclave palestinienne, déclarant par la suite que la trêve n’était pas pour autant rompue ! Dans son rapport sur la guerre de Gaza, le juge Richard Goldstone, mandaté par les Nations Unies, a établi que c’est bien Israël qui avait rompu la trêve. Visiblement, l’avis d’une commission indépendante de l’ONU a moins de valeur pour France Télévisions que la propagande d’un pays en guerre.

Après avoir déroulé son tapis rouge de mensonges, M. Pujadas passe donc à l’interview du porte-parole du ministère israélien des Affaires Etrangères. Introduit par un reportage légitimant à demi-mot le blocus et la guerre contre Gaza, M. Saada joue sur du velours. La haute pugnacité M. Pujadas va-t-elle le faire vaciller ? Première question : « Finalement il y a eu neuf morts, pouvez-vous reconnaître que l’opération était disproportionnée ? ». Pas très mordant : en droit, une opération disproportionnée est une opération de légitime défense qui exagère dans ses proportions. Par le choix de ce vocabulaire insidieux, David Pujadas prend donc déjà la défense du crime israélien. Réponse de l’officiel : «  Lorsqu’on voit la violence inouïe déployée par les activistes à bord du bateau (…) on est amené à dire que les soldats israéliens ont fait preuve d’une retenue et d’une maîtrise de soi absolument exceptionnelle ». Peut-être M. Pujadas aurait-il pu rebondir sur les propos pour le moins surprenants de son interlocuteur. Mais le journaliste enchaîne aussi tôt : « N’avez-vous pas renforcé ceux que vous voulez combattre, le Hamas et ses alliés ? ». Réponse de Daniel Saada, imperturbable : « C’est le contraire qui s’est passé. L’objectif de cette mission n’était pas humanitaire (…) mais consistait à briser le blocus pour renforcer le Hamas ». Une idée déjà évoquée précédemment dans un reportage du journal télévisé : la boucle est bouclée. David Pujadas conclura l’entretien par une troisième et dernière question sur le crédit d’Israël. Le porte-parole rétorquera que les actions de son gouvernement sont souvent mal interprétées. Au regard de l’étonnant reportage ayant introduit l’interview, de la torpeur journalistique de M. Pujadas et des réponses psalmodiées par M. Saada, le téléspectateur sera en droit de se poser des questions sur la spontanéité de l’entretien. Et au regard de l’ensemble des reportages consacrés à l’attaque de la flottille pour Gaza, n’importe quel esprit critique se posera des questions sur l’indépendance de France Télévisions face à la propagande israélienne.

Le Journal Télévisé de David Pujadas est-il une exception dans le paysage médiatique ? La couverture de l’attaque de la flottille pour Gaza est-elle une anomalie dans le traitement quotidien du conflit israélo-palestinien ? Malheureusement, non. Dès qu’il s’agit de ce conflit, la propagande israélienne s’invite dans les médias occidentaux suivant ces cinq règles de la « propagande de guerre », telles qu’elles sont décrites par Michel Collon dans le livre Israël, parlons-en ! :

1. Cacher l’Histoire. Avant d’interviewer M. Saada, David Pujadas nous a proposé un reportage sur les raisons du blocus israélien, «  pour bien comprendre ». Pour bien comprendre, il aurait fallu rappeler les causes profondes du conflit et comment Israël, Etat colonial, occupe des territoires palestiniens en violation du droit international.

2. Cacher les intérêts économiques. Pourquoi un pays se croit-il autorisé à assassiner des membres d’un équipage humanitaire dans les eaux internationales ? Jusqu’ici, Israël a toujours jouit d’une impunité car il est soutenu par les plus grandes puissances occidentales, principalement les Etats-Unis. Sa mission ? Jouer le rôle du gendarme du pétrole dans la région stratégique du Moyen-Orient.

3. Diaboliser l’adversaire. Par la magie de France 2, un convoi humanitaire regroupant diverses ONG, des députés européens et même un prix Nobel de la Paix s’est transformé en action de déstabilisation politique au service du Hamas. Le mouvement de résistance palestinien démocratiquement élu étant présenté comme une organisation islamiste ayant pris le contrôle de Gaza par la force et étant la principale source de conflits.

4. Inverser la victime et l’agresseur. La propagande essaie de nous faire croire que le commando israélien a perdu le contrôle de la situation, attaqué par une bande d’activistes surexcités. Difficile de savoir ce qui s’est réellement passé sur les bateaux. Ce qui est clair par contre, c’est qu’Israël a abordé le convoi dans les eaux internationales. Il s’agit d’un acte de piraterie illégal qui place les activistes pro-palestiniens en situation de légitime défense.

5. Monopoliser l’info, exclure le vrai débat. La version israélienne a occupé la majeure partie du temps d’antenne consacré à l’attaque de la flottille. La rédaction de France 2 a tenté de comprendre ce qui s’était passé : les activistes étaient-ils armés ? Qui a attaqué en premier ? La flottille avait-elle un objectif caché ? Ces questions restent secondaires et il serait difficile d’y apporter des réponses précises pour l’instant car l’armée israélienne exerce un contrôle sur l’information. L’élément principal de ces événements, c’est le blocus illégal et inhumain qu’impose Israël à la population de Gaza. Ne l’oublions pas, des personnes ont payé de leur vie pour essayer de briser cette situation injustifiable.



Conflit israélo-palestinien : Les règles du "bon" journaliste (aux ordres)

Citation :
"c’est toujours un ravissement sans borne de lire les gauchistes bon teint des forum d’@si et leur rengaine sur le méchant Israël, méchant Tsahal & blablabla....les pauvres opprimés de Gaza....et gnagnagna."

(Réponse sur le forum) :

Il ne s’agit pas d’être gauchiste mais de regarder les faits, israel colonise, et les colonisés sont toujours opprimés partout et de tout temps

Voici, en exclusivité, ces règles que tout le monde doit avoir à l’esprit lorsqu’il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.

Règle numéro 1 : Au Proche Orient, ce sont toujours les arabes qui attaquent les premiers et c’est toujours Israël qui se défend et alors cela s’appelle des représailles.

Règle numéro 2 : Les arabes Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Quand ils le font cela s’appelle du terrorisme.

Règle numéro 3 :Les israéliens peuvent tuer des civils arabes et ça s’appelle de la légitime défense.

Règle numéro 4 : Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l’appellent à la retenue. Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale.


Règle numéro 5
 : Les Palestiniens et les Libanais n’ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas trois soldats.


Règle numéro 6
 : Les Israéliens ont le droit d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent (environ 10000 prisonniers à ce jour dont près de 300 enfants). Il n’y a aucune limite et n’ont besoin d’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique "terroriste".

Règle numéro 7 : Quand vous dites "Hezbollah", « Hamas » il faut toujours rajouter l’expression « soutenu par la Syrie et l’Iran ».

Règle numéro 8 : Quand vous dites "Israël", il ne faut surtout pas rajouter après : « soutenu par les Etats-Unis, la France et l’Europe », car on pourrait croire qu’il s’agit d’un conflit déséquilibré.

Règle numéro 9 : Ne jamais parler de "Territoires occupés ", ni de résolutions de l’ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l’auditeur de France Info. F. Culture, et des chaines TV.


Règle numéro 10
 : Les israéliens parlent mieux le français que les arabes. C’est ce qui explique qu’on leur donne, ainsi qu’à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s’appelle de la neutralité journalistique. Nouvelle règle :

Règle N°11 : GAZA : Si vous parlez des bombardements israéliens et de l’invasion terrestre, si vous parlez du bombardement des hôpitaux, des mosquées, des écoles, des habitations et de la centaine d’enfants innocents assassiné par l’armée israélienne, n’oubliez pas de commencer la phrase par : « En riposte aux tirs de roquettes du Hamas, l’armée israélienne etc.…. »

Règle numéro 12 : Si vous n’êtes pas d’accord avec ces règles ou si vous trouvez qu’elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c’est que vous êtes un dangereux islamiste antisémite.

José Luis MORAGUES université Paul Valéry Montpellier III France

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Vos commentaires

  • Le 5 juin 2010 à 22:23, par emira nadia En réponse à : Pourquoi et à quoi va servir ce crime

    Tous les membres des commandos israéliens été lourdement armés et vêtus de gilet pare balles. Ils été de plus équipés de masque à gaz ainsi que de lunette de visions nocturne. L’assaut eu lieu peu après 4 heures du matin, alors que les bateaux se trouvé toujours dans les eaux internationales, à environ 70 miles des côtes. Les accords de paix d’Oslo ne donnent le contrôle des eaux à Israël, au large de Gaza, que sur 20 miles. Il est maintenant très clair que le gouvernement israélien avait l’intention prématurée de commettre ces assassinats. Sinon comment expliquer malgrès tous cet arsenal que les neuf victimes turques de l’assaut israélien contre la flottille en route vers Gaza lundi ont été criblées de balles, selon un rapport d’autopsie des autorités turques. Certaines ont même été abattues à bout portant. Au total, les victimes ont essuyé 30 balles. Un sexagénaire a été atteint à la tempe, la poitrine, la hanche et au dos. Un ressortissant turco-américain a lui été touché par cinq balles tirées à bout portant contre le visage notamment, rapporte le "Guardian" en citant le médecin en charge de l’autopsie. Israël affirme avoir riposté à l’attaque de militants armés, en prétextant l’existence d’armes de destruction massive pour la 3ème intifada, de parents bombes humaine qui se font sauter avec des ceintures d’explosifs en plein sur les pauvres petits colons, les regroupements de soldats et même sous les fameux chars Merkava et vont jusqu’à utiliser leurs propres gosses en tant que bouclier pour se protéger des tirs de l’armée. C’est ainsi que se justifie Israël. Par contre les papiers d’identité, passeports et documents des victimes ainsi que des expulsés, ils ont tous étaient confisqués par les autorités israéliennes. Tous ceux qui ont osé les réclamés à l’aéroport ont été roués de coups par les soldats et policiers. Ce qui est certain c’est que tous ces passeports serviront pour de future tueries et opérations en plein Beyrouth, Damas, Téhéran, Ryad et même La Mecque n’y échappera pas.

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