Une tribune pour les luttes

René Depestre : « Haïti doit être au foyer de la mondialité »

+ "Non Haïti n’est pas un pays maudit" François-Xavier Guillerm

Article mis en ligne le dimanche 23 janvier 2011

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Homme du monde, au sens que Baudelaire donne à cette expression, René Depestre l’est devenu par la force des choses. Et la force des choses en l’occurrence, c’est la force des idées au foyer de leur rencontre avec le réel. Pour le jeune écrivain et intellectuel marxiste René Depestre, le théâtre de ces opérations, ce fut son propre pays, Haïti, où il milita d’emblée au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour une « nouvelle indépendance » après celle qui est restée dans l’histoire.

C’est cette histoire extraordinaire d’un si petit pays à l’échelle internationale qu’il nous propose ici de redécouvrir, afin d’en tirer une leçon universelle. Car il y a, selon lui, beaucoup à apprendre de la «  mésaventure » haïtienne, de ses ressorts humains, politiques, gisant dans les limbes de cette première mondialisation, commerciale, qu’a entraînée la découverte de l’Amérique, et qu’expose aujourd’hui cruellement aux yeux du monde entier le terrible séisme du 12 janvier 2010.

Cette vie de combat pour les idées aux quatre coins du monde (Cuba, Amérique du Sud, Europe centrale, Japon, Chine, URSS… et France depuis 1979) a conduit René Depestre à rompre avec l’expérience marxiste, mais elle n’a toutefois en rien épuisé la soif de découverte d’un poète œuvrant à l’éclosion d’une nouvelle conscience « des humanités ».

De cet engagement spirituel, politique, cet entretien se fait l’écho, jusqu’aux événements actuels en Haïti. En effet, si le processus démocratique ne venait pas à échouer, le second tour des élections présidentielles pourrait consacrer la victoire de Mirlande Manigat, la candidate qui suscite un espoir en un nouvel Haïti. Et pour l’occasion, René Depestre vient tout exprès de mettre la main à un petit guide destiné aux personnalités politiques haïtiennes (à paraître courant 2011 aux éditions Desnel) : Souci d’un Haïti debout.

Avant toute parole sur la situation actuelle d’Haïti, un an après le séisme du 12 janvier 2010, il faut sans doute commencer, et vous y insistez, par rendre intelligible le parcours historique des Haïtiens.

René Depestre. C’est la première condition dans tout effort pour aller à fond dans la connaissance des réalités d’Haïti. Il faut effectuer une brève analyse de ce qui s’est passé dans le pays entre 1804 et 2004, date du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti.

J’ai caractérisé toute cette période comme une période de surplace existentiel. Ce n’est pas seulement une stagnation du droit, de la société civile, de la notion même de souveraineté, d’autonomie de l’individu, des droits de l’homme, de laïcité – des valeurs que l’on avait reçues de la Révolution française. C’est plus profond que cela, cela va jusqu’à la notion existentielle, c’est-à-dire la stagnation de l’être en Haïti de 1804 à 2004. Pourquoi ? Que s’est-il passé, comment avons-nous pu manquer le train de l’Etat-nation, alors qu’on était si proches de toute la problématique de la Révolution française ?

Car il n’y aurait pas eu de Révolution haïtienne s’il n’y avait pas eu une révolution à Paris. Quand les autorités françaises ont pris le contrôle de Saint-Domingue lors de l’effondrement de la royauté, beaucoup de Jacobins (je pense notamment à Léger-Félicité Sonthonax) ont pu communiquer directement leurs idées aux Haïtiens. Toussaint Louverture en particulier a écouté très attentivement ce que disaient les commissaires français officiels de la Révolution et les Haïtiens ont ressenti eux-mêmes le besoin de faire leur révolution qui devait aboutir à l’émancipation des esclavages de Saint-Domingue. Toussaint Louverture était informé par ses lectures (l’abbé Raynal, Diderot) de la pensée révolutionnaire et il a pu, dès 1791, constituer un mouvement révolutionnaire purement haïtien.

Il faut bien comprendre qu’avant même le triomphe de la Révolution, les Français rencontraient des difficultés politiques et militaires avec leurs rivaux coloniaux espagnols et anglais. Comme ils n’avaient pas assez de troupes métropolitaines pour faire face, ils ont engagé dans l’armée des indigènes, formant des soldats et des officiers, très brillants. C’est de là que va émerger toute une génération constituée par Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Alexandre Pétion et Henri Christophe (le fameux Roi Christophe). A l’instigation des autorités françaises, ces personnalités indigènes sont parvenues au grade de général de l’armée française.

Au moment de l’avènement de 1789, ces généraux se sont dit qu’il y avait une partie considérable à jouer. Ils ont donc déclenché une insurrection générale en 1791 qui a marché, en mettant à feu et à sang les plantations coloniales du nord du pays. Il faut rappeler que Saint-Domingue était la colonie la plus riche (jusqu’au tiers du commerce général de la France de l’époque, en exportation de sucre, café, coton, épices, agrumes). Ces marchandises étaient importées à travers le commerce triangulaire en France mais aussi partout en Europe. Cela représentait un volume d’affaires considérable, qui a enrichi nombre de grandes villes françaises. La République française, à travers toutes les grandes figures de la Révolution, avait donc toutes les raisons de suivre de très près les événements de Saint-Domingue.

En février 1794, la Convention nationale a voté, sous la pression de Toussaint Louverture, des autres généraux et des officiels français présents en Haïti, l’abolition de l’esclavage. Et c’est le rétablissement de l’esclavage par le consul Napoléon dès son arrivée au pouvoir qui a mis le feu aux poudres, en ôtant tout espoir de libération aux esclaves.

Entre-temps, Toussaint avait été nommé par les autorités de Paris, en tant qu’officier général de l’armée française, gouverneur général de France à Saint-Domingue par la Convention. Ce n’était pas là une façon de parler. C’était en soi un événement considérable qu’un Noir soit nommé gouverneur général : cela signifiait que, pour Robespierre et les autres jacobins, Toussaint Louverture était un des leurs, à Saint-Domingue.

Prenant acte de son arrivée au pouvoir en France, Toussaint a proposé à Napoléon la constitution de 1801 qui est à l’origine d’Haïti : une constitution très modérée, qui visait à créer une sorte de Commonwealth avant l’heure à la française. Cette proposition maintenait des liens avec la métropole. Mais il s’est heurté au refus de Napoléon, qui non seulement l’a tournée en dérision venant d’un Noir, mais a ourdi un complot avec des généraux de l’armée française contre Toussaint pour l’éliminer et ainsi étouffer dans l’œuf la révolution haïtienne.

Cette traîtrise a entraîné sur l’île la création d’une armée indigène, haïtienne, qui est entrée dans une guérilla très violente, une guerre sans merci, et qui a vaincu le corps expéditionnaire français envoyé par Napoléon le 19 novembre 1803. On imagine difficilement un tel tableau : deux armées qui s’affrontaient en chantant l’une et l’autre La Marseillaise. C’était une guerre civile, entre Noirs et Blancs.

C’est donc à ce moment là de son histoire qu’Haïti aurait dû se constituer en tant qu’Etat-nation.

En 1804, Haïti ayant donc conquis son indépendance aurait dû en effet entrer dans le système des nations. Mais paradoxalement, Haïti n’entre pas dans ce schéma. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, il faut dire qu’il y a eu un ostracisme à caractère racial jeté sur l’indépendance d’Haïti. Et pas seulement du fait de Napoléon.

En 1815, un ordre mondial, celui de monarchies blanches européennes, a été établi sur les ruines de l’Empire français lors du congrès de Vienne qui a décidé, sur des bases coloniales, de ne pas reconnaître l’indépendance d’Haïti. On a sciemment effacé l’héritage révolutionnaire des principes de 1789 de cette petite île éloignée pour mieux la ravaler aux yeux de l’opinion à un nid de barbares, à une révolte de Noirs. Alors même que la révolution haïtienne avait universalisé les idées de la Révolution pour la première fois hors de l’Hexagone. Sans cela, c’eût été une idée de Blancs que les droits de l’homme.

Haïti a donc dû faire face à un véritable cordon sanitaire, politique d’abord, mais aussi culturel. Pas même les voisins américains n’ont reconnu Haïti et ce jusqu’en 1865. Jusqu’à la fin de la guerre de Sécession. Ce sont des faits très graves. Concernant la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par la France, il a beaucoup été question depuis le séisme du 12 janvier dernier du remboursement de la dette, cette fameuse dette de l’indépendance. La question est plus complexe que ce qu’on veut bien en dire généralement. Ce sont les présidents haïtiens eux-mêmes, Pétion et Boyer, qui se sont dit que s’ils indemnisaient les colons de Saint-Domingue, la reconnaissance d’Haïti s’en trouverait facilitée. Ils ont donc fait part de cette idée à la cour de Louis XVIII. C’est finalement Charles X sous la Restauration qui a consenti à l’étudier. Il fut décidé qu’Haïti verserait 150 millions de francs or aux colons de Saint-Domingue en échange de la reconnaissance du pays. Mais un pays qui s’est battu et a triomphé sur les champs de bataille n’avait aucune indemnité à verser !

Haïti, une république raciale ?

Au moment de la révolution haïtienne, des atrocités avaient été commises des deux côtés. Dessalines avait ainsi décrété le massacre de colons blancs, sur la base de rumeurs sans fondement. C’est sans doute en raison de ces actes d’atrocité gratuits que les Haïtiens ont voulu faire un compromis. Après des discussions, la somme à rembourser a été ramenée à 90 millions de francs or qu’Haïti a dû payer pour le prix de la reconnaissance de son indépendance entre 1838 et 1885.

Mais à vrai dire, Haïti est dès lors tombée sous tutelle. D’une part, c’est dans cette période que l’économie haïtienne autrefois très prospère s’est effondrée : la petite propriété l’a emporté sur la grande propriété qui faisait la fortune de l’île. Il n’y a pas eu de scolarisation des enfants, d’intégration de la paysannerie aux grandes propriétés à la suite d’une réforme agraire conséquente. Depuis cette époque, Haïti est devenue dépendante des places boursières, d’abord de l’Europe puis des Etats-Unis.

Et il faut dire que tout le XIXe siècle était sous la coupe réglée des puissances européennes, des empires coloniaux et de leur vision ethnocentrique du monde.

C’est un point historique important : Haïti a obtenu son indépendance avant la seconde phase de la colonisation, avant même la pénétration française en Algérie, avant la colonisation par les Belges du Congo, avant tout le mouvement colonialiste hollandais, allemand… Haïti était entrée prématurément sur la scène politique, et s’est trouvée en porte-à-faux par rapport à tout ce qui se faisait et se pensait sur le plan politique et culturel en Europe. C’était l’époque des empires, des forces impériales. Avec pour point d’orgue le congrès de Berlin de 1885, où l’Allemagne est entrée en scène, pour un nouveau partage du monde. Haïti, ce petit pays, portait seul le drapeau de la race noire. Mais c’est ce qui a fait qu’il a manqué l’Etat-nation, parce qu’on pensait aussi avoir réussi l’Etat racial, qui est une chimère tragique.

Sur le plan politique, après les gouvernements des fondateurs, des pionniers, pour lesquels il y a un attachement presque mystique, Haïti n’a connu que des satrapes comme dirigeants. Une véritable satrapie s’est emparée du pays jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à René Préval actuellement au pouvoir. Ce ne fut qu’une succession de crises. Le bilan est terrible. On a perdu le XIXe siècle. Le pays n’a fait que dégringoler politiquement jusqu’à la rencontre avec les Américains. Au début du XXe siècle, les Américains sont arrivés dans la région de la Caraïbe. Ils ont découvert Cuba, Haïti, la République domicaine. Ils avaient besoin d’une base de ravitaillement face au canal de Panama dans une logique stratégique. Ils ont alors occupé Haïti de 1915 à 1934 qui est devenue un pays sous protectorat.

En 1934, grâce à la politique de New Deal de Roosevelt, les Américains ont retiré leurs troupes tout en préservant leur présence en s’appuyant sur l’oligarchie de l’île. Ils n’ont pas fait de réformes démocratiques, seulement quelques aménagements dans les domaines de la santé, des transports. On peut dire que ces dix-neuf ans d’occupation sont passés pour rien, sauf qu’ils ont servi à asseoir la tutelle financière des banques américaines sur Haïti.

En fin de compte, aucun Etat haïtien digne de ce nom n’a émergé, et ce constat vaut dès notre entrée sur la scène politique mondiale au XIXe siècle. Pas le moindre système démocratique, pas la moindre société civile. Et puis surtout, il y a un fait très grave, c’est qu’on s’est trompés d’idéologie. Alors qu’on aurait dû adopter l’héritage nationaliste de la France en constituant une nationalité haïtienne avec tout ce que cela comporte au plan de la démocratie, on est restés complètement inféodés à l’idée de race. L’idéologie qui a prédominé, à la source même de la formation historique d’Haïti, ce n’est pas une idéologie apparentée à la Révolution française, ce n’est pas une idéologie nationaliste, c’est une idéologie raciale. Tout simplement parce que sur les plantations, l’idéologie qui prédominait consistait à faire croire aux gens que les luttes n’avaient pas lieu entre colons et indigènes, entre maître et esclaves, ni sur le plan du travail, de l’organisation, mais qu’il s’agissait de lutte de races entre Noirs d’Afrique et Blancs d’Europe. Les Haïtiens ont cru de bonne foi pendant tout le XIXe siècle que la notion de race était plus importante que la notion de nation, que l’humanité était divisée en races, et que c’est en tant que race noire que nous avons fait notre indépendance.

Haïti est donc devenue une république raciale au point que beaucoup d’Haïtiens pensaient qu’Haïti était la Judée de la Caraïbe, une terre sacrée où l’homme noir est devenu homme. Dans la législation haïtienne, celle de 1804 de Dessalines, une loi établissait d’ailleurs que du moment qu’on vivait à Haïti, qu’on acceptait la nationalité haïtienne, quelle que soit la couleur de sa peau, on était un Noir. Cela parce que les Haïtiens ont sanctifié la notion de Noir qui avait été avilie, vilipendée, traînée dans la boue, par deux siècles de colonisation française. Dans l’idiosyncrasie des Haïtiens, dans la vie secrète de l’homme haïtien, dans le vaudou, le facteur racial a joué et joue encore un rôle décisif.

Comment ne pas penser à la négritude totalitaire de « Papa Doc » Duvalier (au pouvoir en Haïti de 1957-1971)…

Duvalier a récupéré en effet le mouvement de la négritude dans un sens totalitaire, célébrant une Afrique fantôme, une Afrique mythique qui n’avait jamais existé. Ce danger m’était apparu quand j’étais étudiant à Paris et j’en avais alerté Senghor, Césaire. En Haïti, je pressentais que cette affaire de négritude pouvait prendre un tour dramatique si un satrape en faisait, en la déformant, un instrument intégriste, fondamentaliste, ce qui n’a pas manqué avec Papa Doc. J’étais un jeune marxiste et je trouvais dangereux d’appliquer sans discernement, sans connaissance de la réalité d’un pays, un concept ethnocentrique (Sartre d’ailleurs en a convenu avec moi), qui était juste l’inverse de l’ethnocentrisme blanc.

On est donc passés en Haïti à côté d’une identité nationale, et naturellement avec une négritude totalitaire, on ne peut pas construire un Etat de droit, pas davantage une autonomie de l’individu, ni la moindre souveraineté nationale. Haïti a échoué à suivre l’expérience cohérente de la Révolution française entre nation et démocratie, nation et peuple. Bien sûr, c’est faute d’avoir pu suivre le scénario de Toussaint Louverture, qui était la figure la mieux préparée du personnel politique de l’époque. Mais c’est ainsi, ce fut un échec. Et il ne sert à rien de célébrer en Haïti le pays où la négritude s’est mise debout pour la première fois, car ce fut pour s’agenouiller tout de suite après. Cette première république noire des temps modernes ne fut jamais qu’une république de façade. Régis Debray a eu raison de parler d’Etat sans nation. Et même aujourd’hui c’est une société sans Etat.

On ne comprendrait donc rien au drame haïtien si on n’avait pas présents à l’esprit ce minimum de faits. On a ainsi un pays discrédité de manière éhontée durant toute son histoire, livré à un nombre incalculable d’agressions extérieures notamment à la fin du XIXe siècle, et qui en lui-même entretient de graves dissensions parmi ses élites : dans les oligarchies haïtiennes, il y a eu une couche noire et une noire mulâtre, qui se sont battues entre elles pour le pouvoir pendant toute la fin du XIXe siècle. En conséquence, le phénomène racial a surdéterminé la lutte des classes en Haïti. Au combat traditionnel de l’esclave et du maître, de l’indigène et du colon, on a ajouté une dimension « mythique » raciale qui a occupé une place démesurée dans la conscience des Haïtiens et qui a compliqué la lutte de libération du peuple haïtien.

Comment répondre aujourd’hui à cet échec historique de fondation de l’Etat haïtien ?

Il faut purement et simplement une refondation totale de la société haïtienne. Cela fait des années que je défends cette idée de refondation, bien avant le séisme du 12 janvier. Il ne s’agit pas seulement de refondation des infrastructures, des édifices, des dégâts causés par le sinistre, mais aussi du système judiciaire, sanitaire, éducatif, comme de l’imaginaire même des Haïtiens. Tout est à refaire en Haïti sur de nouvelles bases.

Cela dit, il ne faut pas s’y tromper. Nous n’appartenons plus à la période de l’Etat-nation. Il ne s’agit plus maintenant de fonder un Etat-nation. Une nouvelle donne historique est apparue avec la mondialisation. C’est d’ailleurs la raison de l’élan extraordinaire de solidarité envers Haïti. Le monde entier, si je puis dire, vit cette expérience mondialisante. Il y a une présence du réel aujourd’hui plus forte, telle qu’elle émane des sociétés civiles d’Europe, des Amériques, d’Asie… Redécouvrant peu ou prou l’histoire de ce petit pays qu’est Haïti, on réclame une tutelle, alors que le pays a toujours vécu sous tutelle (sauf une brève période d’indépendance, en pleine autonomie, de 1804 à 1825).

Le paradoxe pour ma génération, c’est que l’on s’est toujours battus pour une « nouvelle indépendance » d’Haïti, et ce dès l’après-guerre, comme en témoigne l’accueil qui fut réservé à André Breton à Port-au-Prince. Mais nous sommes des survivants. Car c’est l’armée qui a pris le pouvoir et nous avons été vaincus. Aujourd’hui, ce qui me peine le plus, alors qu’à 85 ans je ne peux pas revenir en Haïti, c’est qu’il n’y a pas de relais entre ma génération et les plus jeunes.

On ne peut donc faire durant le XXe siècle que le constat d’une destruction toujours plus en profondeur de la société civile haïtienne.

On peut dire que le duvaliérisme a détruit tout ce qui restait de la société civile haïtienne, et d’une façon terroriste avec les «  tontons-macoutes ». Ensuite, Aristide est resté dans la voie «  populiste », un populisme extrême. L’actuel président René Préval a géré les affaires sans faire de vagues, mais la situation n’a fait qu’empirer. Personne n’a jamais pris à bras-le-corps le drame haïtien. Les missions d’aide ne sont jamais que ponctuelles. Si à toutes choses malheur peut être bon, ce chaos qu’a créé le séisme, pourrait être l’occasion de tout refonder. Mais force est de constater que tout ce que nous écrivons, nous la diaspora haïtienne, ne parvient pas au peuple haïtien.

Il y a aussi le problème de la langue aujourd’hui. Il se trouve que nous écrivons en français. Autrefois, avant Duvalier, il y avait des relais, des gens qui traduisaient en créole, dans des petits journaux, de sorte que la pensée pouvait pénétrer dans le peuple. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tout ce que j’écris ne parviendra pas à l’oreille d’un paysan haïtien. Il y a une rupture grave, et un recul de la langue française en Haïti. Nous nous trouvons donc isolés. Tout cela par manque d’école, par défaut d’enseignement, et parce qu’aucun effort n’a été fait pour élever le niveau de la langue créole au niveau de la langue française, afin que l’on puisse être vraiment bilingue en Haïti.

Et au milieu de ce marasme, il y a une élite intellectuelle, des universitaires de talent, des écrivains, des mouvements picturaux de premier ordre, et également musicaux. On aboutit donc à ce que j’appelle un « hapax » historique, un fait sans précédent et unique, ontologique, culturel : nous n’avons pas de nation, peut-être même pas d’Etat, mais on a une nation culturelle, plutôt un foyer de civilisation, grâce à une élite artistique et d’intellectuels. Sans société civile.


Le peuple haïtien est donc abandonné à son sort ?

Il y a un fossé qui s’est creusé entre l’Haïti du dedans et l’Haïti du dehors. Entre les Haïtiens de l’île et les Haïtiens de la diaspora. Mais il y a encore moyen de ressouder tout cela. Cette communauté haïtienne assez forte, qui a pris pied à Miami, à New York, au Canada, elle agit sur le plan économique, financier, bancaire pour les Haïtiens de l’île. Mais ces Haïtiens de la diaspora se sont heurtés aux milieux du pouvoir en Haïti qui craignent une influence de ces gens du dehors, qui sont pour la plupart des démocrates. Sans compter qu’en Haïti, il n’y a qu’une petite élite qui lit contre 60 à 80% d’analphabètes qui sont maintenus dans l’ignorance d’une façon absolument éhontée.

S’il n’y a pas une société civile et un personnel politique fortement intéressés au sort du peuple haïtien, ce n’est pas le cas dans les communautés de la diaspora. Le problème, c’est donc que cette diaspora ne peut pas avoir beaucoup d’influence sur le peuple haïtien. Nous sommes donc dans l’impasse. Et c’est pourquoi, j’espérais un sursaut vital après ce terrible séisme. J’attendais une réévaluation complète de l’histoire haïtienne, en essayant de recontextualiser la situation d’Haïti.

Haïti est le pays des mythologies des «  haïtiâneries » meurtrières. Ce qui explique sans doute tous ces rendez-vous manqués avec l’histoire. On a vécu l’expérience de la plantation sur le mode fantastique. Alejo Carpentier me disait un jour avoir observé en Haïti un agrandissement de l’échelle de perception de la réalité, du fait même de l’extravagance de la plantation, de l’esclavage comme système. Le fantastique a pris une grande place à partir de ce qui fut une expérience existentielle tragique dans un environnement caraïbéen qui était totalement inconnu des Africains : les animaux, les arbres. De là vient aussi sans doute l’extraordinaire résistance des Haïtiens aujourd’hui face au malheur.

Il faudrait que l’intelligentsia haïtienne se regroupe en mouvement organique pour former des états généraux, par exemple afin de combler le vide de la société civile haïtienne. Il y a des gens remarquables en Haïti, progressistes, mais en dehors de Mirlande Manigat qui est candidate aux élections présidentielles, je note peu de prises de position, de véritables engagements d’intellectuels sur la scène politique. Car Mirlande Manigat aura bien du fil à retordre pour faire avancer la démocratie en Haïti. Or, près de 11 milliards de dollars ont été rassemblés pour Haïti aux Nations unies, qui sont disponibles. La balle est donc dans le camp des Haïtiens. C’est à nous de nous présenter devant ces réseaux d’amitiés internationaux en interlocuteurs valables. Hélas, encore une fois, les récentes élections ne sont pas là pour nous rassurer, quant à la présence massive sur la scène publique de membres éminents de l’intelligentsia en Haïti, en dehors de Lyonel Trouillot, Gary Victor, Jean-Claude Fignolé, Laënnec Hurbon, Raoul Peck, Yanick Lahens, Michèle Pierre-Louis, Frankétienne, Michèle Montas et d’autres personnalités, qui sont tous en mesure de jouer un rôle majeur.

Il faudrait qu’elle obtienne une majorité au Sénat et à l’Assemblée pour pouvoir réformer le pays. Haïti a besoin d’un pouvoir démocratique à sa tête qui s’attaque à la refondation du pays, tant sur le plan humain des mentalités que sur le plan matériel, dans le cadre des nouvelles réalités mondiales.

Car il s’est produit de grands changements à l’échelle mondiale. Autant le capitalisme, depuis la Renaissance, a pu bénéficier de garde-fou sur le plan de la culture, autant le phénomène de la mondialisation est comme livrée à lui-même, chaotique. Je veux dire par là que les grands pays actuels, tout en reconnaissant que nous sommes dans une période de mondialisation, n’ont pas une perception nouvelle de la planète, ce qu’Edgar Morin appelle la terre patrie. On est en train de sortir de l’Etat-nation dans des conditions complètement chaotiques (la révolution numérique, certes, est là). Mais on n’a pas ce qu’Edouard Glissant, au côté d’autres intellectuels, appelle une mondialité, qui serait une nouvelle perception de l’état des lieux de la planète. Pour cela, il faudrait faire un inventaire mondial, de toutes les aires de civilisation, et pas seulement de la civilisation occidentale, et enfin sortir des célébrations et des enfermements identitaires. La mondialisation a besoin d’une culture propre élaborée à partir des véritables acquis de l’humanité.

Vous le voyez, je tiens deux fers au feu, le fer haïtien et hexagonal-mondial (en faisant la médiation de l’Hexagone au monde). Dans ce «  contexte médian » (le mot est de Kundera), on peut parvenir à une vision synoptique de la société civile qui se constitue à l’échelle mondiale. Ce sens de la mondialité nous fait défaut aujourd’hui : il nous faudrait une «  panhumanité », des humanités, au-delà de l’humanisme que l’on a connu. Il nous faut faire preuve d’imagination. Il est frappant de constater que ce sont des intellectuels périphériques (caraïbéens, notamment) qui portent aujourd’hui cette vision originale, synoptique et intégrée de notre avenir qu’est la mondialité. Si on fait un effort d’imagination pour un petit pays comme Haïti, alors il faut le porter, cet effort, à l’échelle mondiale, car les circonstances ont montré que ce petit pays a besoin des humanités, de la société civile internationale.

Et si Haïti devenait la première expérience d’une mondialisation accompagnée de ce sens de la mondialité que vous appelez de vos vœux ?

C’est exactement cela qu’il faut espérer. Cela consisterait à la fois à reconstruire matériellement le pays, ses infrastructures, ses ponts, ses ports, ses aéroports, ses édifices publics, tous ses systèmes politiques, publics, et en même temps à refonder son imaginaire en liaison étroite cette fois-ci avec l’imaginaire de la civilisation mondiale qui se constitue. Ce que Césaire appelait le voyage vers l’ailleurs et le tout, autrement dit la fraternité.

Patrice Beray


Non Haïti n’est pas un pays maudit

Assez d’entendre trop souvent et à toutes les sauces qu’Haïti, la première République noire de l’Histoire, la première colonie qui s’est affranchie du joug du colonisateur, est un pays maudit. Non, Haïti n’est pas une nation maudite, Haïti est une nation qui subit aujourd’hui le contrecoup de son histoire.
Un cyclone, un tremblement de terre font beaucoup plus de dégâts sur la partie occidentale d’Hispaniola que sur sa partie orientale, ou même qu’à Cuba ou à la Guadeloupe pourtant sujettes aux mêmes aléas. Ce n’est pas parce que les Haïtiens seraient maudits, mais parce que, jamais la jeune nation n’a jamais pu se hisser au niveau des nécessités dues à son environnement.

Après son indépendance acquise en 1804, les Haïtiens ont du attendre 21 ans avant que l’ancien colon ne reconnaisse sa souveraineté. L’indépendance ne lui a été reconnue qu’en 1825 par Charles X, en échange du paiement de 150 millions de francs-or et d’une réduction de 50 % des droits de douane. Pour payer, Haïti a emprunté des millions auprès des banques françaises, puis aux États-Unis et en Allemagne. Ses richesses (comme celles provenant de la vente du café) ont été, dès le début, consacrées au remboursement, et dès 1828, le gouvernement a du emprunter pour pouvoir rembourser : la spirale infernale s’enclenche. Selon Alex von Tunzelmann, « en 1900, [Haïti] consacrait 80% du budget de la nation au remboursement ». 122 ans plus tard, en 1947, la nation n’avait remboursé qu’environ 60% de la dette, soit 90 millions de francs.
Dans ces conditions, les paysans appauvris ont détruit leur forêt pour avoir du bois de chauffage, les sols se sont érodés, désertifiés, les populations se sont massées dans les villes devenues rapidement de vastes bidonvilles… Le pays n’a jamais pu se structurer pour faire face aux caprices de la terre et du temps…Avant le séisme de 2010, sa dette extérieure, vis-à-vis de la Banque mondiale et de la banque interaméricaine de développement mais aussi des pays du Club de Paris, s’élevait à 1,2 milliard US$ et pesait sur les ressources de ce pays très pauvre. La dette a représenté, au cours des dix dernières années, le double du budget de la santé publique. Plus de la moitié de la dette actuelle a été contractée par le régime des Duvallier, sans compter les emprunts qui ont suivi pour assurer les remboursements. En 1986, la fortune de la famille Duvallier avait été estimée à 900 millions US$, alors qu’à ce moment la dette externe totale d’Haïti s’élevait à 750 millions US$.

En 2003, le président Aristide a demandé à la France la restitution des sommes versées depuis 1825. Il les avaient ­estimées à plus de 21 milliards en dollars. Quelques mois plus tard, il était renversé par un coup de force. La dette haïtienne, qualifiée par certains d’« odieuse et illégitime », a empêché le développement car elle était là pour imposer à ce pays libre de rester sous domination. Haïti n’est pas maudit. Ce serait admettre un déterminisme pour les nations ! Haïti a simplement été trop longtemps méprisé par le reste du monde. Haïti a trop longtemps été le pays oublié.

François-Xavier Guillerm
Agence de presse GHM
www.fxgpariscaraibe.com

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2011 à 20:09, par Lucien BONNET En réponse à : René Depestre : « Haïti doit être au foyer de la mondialité »

    mis en ligne le
    19/01/2011
    id_article=16286
    FORUM EN LIGNE René Depestre : « Haïti doit être au foyer de la mondialité »
    + "Non Haïti n’est pas un pays maudit"
    François-Xavier Guillerm


    OBJET :
    Période : 1959 - 2004
    Haïti, un pays à la dérive
    Ravagé par la misère et la corruption, Haïti a traversé de nombreuses crises politiques au cours de son histoire. Créée en 1804, la première république noire au monde a connu des élites prédatrices, qui se sont enrichies aux dépens du peuple haïtien. Et dans les dernières décennies, l’espoir de démocratie a souvent fait place aux coups d’État, au chaos et à l’anarchie.


    Je viens de lire avec intérêt votre article sur Haïti, un dossier très important.

    Puis-je à mon tour vous adresser le témoignage suivant.

    Acec l’expression de ma meilleure considération

    Lucien Bonnet

    www.contact-canadahaiti.ca


    Original Message -----
    From : Lucien Bonnet
    To : info chez nobel.se ; comments chez nobelprize.org
    Sent : Thursday, January 20, 2011 1:24 PM
    Subject : Fw : Jean-Claude Duvalier reste libre


    Original Message -----
    From : Lucien Bonnet
    To : BDescoteaux chez ledevoir.com ; JBoileau chez ledevoir.com ; RYCarigan chez ledevoir.com
    Cc : gtremblay chez ledevoir.com
    Sent : Wednesday, January 19, 2011 9:36 PM
    Subject : Fw : Jean-Claude Duvalier reste libre

    M. Bernard Descôteaux, directeur et éditorialiste ;
    Mme Josée Boileau, rédactrice en chef et éditorialiste ;
    M. Roland-Yves Carignan, directeur de l’information ;
    Mme Genviève Temblay, journaliste

    Mesdames, Messieurs,

    Permettez-moi de vous féliciter pour votre apport sans précédent en ce qui concerne la couverture et la bonne interprétation des événements qui surviennent sans arrêt en Haïti, particulièrement depuis le séïsme du 12 janvier 2010. Arrive ensuite, depuis le dimanche 16 janvier 2011, le choc sans précédent de l’arrivée de Jean-Claude Duvalier à Port-au-Prince.

    J’ai pu lire entr’autres, avec une la plus grande attention, les différents articles on ne peut plus documentés du Jounal Le Devoir sur le retour et l’inculpation de Baby Doc en Haïti.

    Ayant vécu moi-même les soubressauts du régime Duvalier, je ne peux m’empêcher aujourd’hui comme je l’ai fait dans le passé d’apporter à ce propos mon modeste témoignage.

    Voilà pourquoi dans, dans film documentaire sur la dictature des Duvalier actuellement sur YOUTUBE en français et en anglais, intitulé OÙ VAS-TU HAÏTI, j’ai voulu retracer les sinistres années du régime Duvalier pour essayer de brosser de nouveau avec vous une autre perspective. Celle qui découle d’un sujet sur la THÉORIE DE NEWTON SUR LA LUMIÈRE ET LES COULEURS. En ce 21e siècle, l`’ère de la Connaissance ou de l’Économie du Savoir. Parce que la trame des événements qui se sont succédés en Haïti, depuis François et Jean-Claude Duvalier, m’ont amené à faire une découverte. À mes dépends si j ’ose dire et surtout à mon corps défendant.

    Qu’est-ce à dire ?

    J’ai quitté un travail intéressant en Haïti en 1962. Comme homme à tout faire ou - touche à tout si vous préférezz - en studio de Télévision.

    (Clément Trudel alors journaliste au Journal LE DEVOIR, dans CULTURE ET SOCIÉTÉ, le samedi 11 mars 1978,
    page 51, disait plutôt HOMME-ORCHESTRE à cet effet). C’était à TÉLÉ-HAÏTI., une Station privée. La toute première à Port-au-Pince.

    J’ai quitté alors Haïti parce que PAPA DOC DUVALIER, voyant tous les jours des films d’actualité très bien faits sur
    John F. Kennedy que procurait gratuitement l’Ambassade américaine à Port-au-Prince à cette station de télévision, m’avait fait venir à son bureau pour me donner comme ordre d’y faire ses quatre volontés.

    Immédiatement, profitant de mes vacances, j’ai quitté Haïti pour le Québec et le Canada. C’était pour produire, réaliser et narrer un film très modeste - en cinéra vérité - intitulé « OÙ VAS-TU HAÏTI ? » Pour dénoncer Duvalier.

    Ce film fut présenté à l’Office National du Film du Canada qui en a fait bonne mention à l’occasion d’un Festival de cinéma amateur. Peu àprès, voilà que les Pères jésuites canadiens sont chassés d’Haïti par François Duvalier en 1964. D’urgence Radio-Canada m’appelle. Avec mon accord, le film est passé en ondes pour dénoncer Duvalier. J’étais donc banni de séjour en Haïti.

    Qui était donc Duvalier ?

    Quelqu’un qui disait aux haïtiens et à sa horde de Tontons Macoutes soutenus ensuite par Jean-Claude Duvalier :

    « On dit que vous êtes noirs et laids, montrez-le ! »

    « On dit que vous êtes méchants, violeurs, tricheurs, tueurs, prouvez-le ! » Et j ’en passe...

    Avec lui (Duvalier), l’Haïti de mon enfance et du temps de mes études au Petit Séminaire Collège Saint-Martial à Port-au-Prince, puis au Séminaire Saint Joseph à Trois-Rivières - comme condisciple de l’ex-Premier Ministre du Canada Jean Chrétien entr’autres - n’était plus la même Haïti. Pendant les trente ans du Régime Duvalier et bien au-delà.

    J’ai donc pris le parti - dans mon film très modeste de moins de vingt minutes - ainsi approuvé et promu par l’ONF, de montrer au contaire tout ce qu’il y a de positif dans l’haïtien ordinaire et son pays, Haïti.

    Sur cette lancée, je me suis mis, depuis mon premir séjour ici au Canada ainsi qu’à mon deuxième séjour qui remonte à 1962, à faire sans arrêt des recherches sur ce sujet. Surtout en ce qui concerne le monde scientifique de l’OPTIQUE. Tant et si bien que sans le vouloir - comme par hasard - j’ai découvert QUE LA THÉORIE DE NEWTON SUR LA LUMIÈRE ET LES COULEURS EST FAUSSE !

    Au profit de cette Haïti que l’on croirait destinée et vouée à tous les maux de la terre.

    C’EST BIEN PAR SUITE DE SON HISTOIRE DANS LE MONDE NOIR QU’HAÏTI SE TROUVE AINSI PERÇUE SI NÉGATIVEMENT.

    UN MONDE NOIR QUE RENIE À DIVERS TITRES LE MONDE OCCIDENTAL.

    UN MONDE OCCIDENTAL QUI SE PRÉSENTE COMME ÉTANT LE SEUL MONDE DE LUMIÈRE VERSUS TOUT AUTRE ENTITÉ COMME HAÏTI QU’ON ASSOCIE À CE QU’ON APPELLE - DANS LE CHRISTIANISME MÊME - LE MONDE DES TÉNÈBRES. DANS UN SENS ON NE PEUT PLUS PÉJORATIF.

    Dès lors, devrait-on dire à ce propos ici comme ailleurs à mon égard, comme dit la chanson bien connue :

    « À Trinidad - ( OU HAÏTI ) - tout là-bas aux Antilles »...

    « Quel malheur ! Quel grand malheur pour moi ! »...

    « Quel scandale si la Science savait ça » ?

    Serait-ce que cette recherche ou cette découverte constituerait pour moi comme étant un boulet ? Un vrai carcan à trainer tel un banni ? Parce que cette découverte remet en quesion toute une idéologie basée sur la notion jusque-là mal comprise ou mal interprétée du concept de LUMIÈRE ?

    N’est-ce pas là plutôt un atout majeur - cette découverte par un Canadien d’origine haïtienne - découverte qui porterait à dire en ce 21e siècle, l’ère de la Connaisance et de l’ Économie du Savoir - qu’ « à l’échelle cosmique comme à l’échelle terrestre l’obscurité ou la noirceur fait partie intégrante, sine qua non, du processus de la Lumière et de la Couleur ? »

    Que de ce « TROU NOIR », puisqu’il f aut l’appeler par ce nom - selon le vocable scientifiquement attribué - de cette « MATIÈRE NOIRE » du COSMOS, comme celle D’HAÏTI AUJOURD’HUI ATTÉRÉE mais « NON ENTERRÉE », puisse JAILLIR LA LUMIÈRE !

    OUI ! AU PROFIT DE L’OCCIDENT COMME DU MONDE NOIR !

    Pourquoi ne pas pouvoir dire et chanter à ce sujet :

    « Quel bonheur ! Quel grand bonheur pour moi !

    Pour Haïti, pour toute l’Humanité ?

    Quel bonheur si la Science faisait ça » !

    Car cette découverte, qui rejoint et respire la vie même du cosmos, c’est le fruit de ces quarante ans de toutes ces recherches assidues, au prix de grandes privations et d’incroyables situations ! Pour que Haïti soit acceptée et s’accepte,
    se reconnaisse et soit reconnue, se valorise et soit valorisée comme une entité respectable et respectée, consciente ou conscientisée, responsable et solidaire dans toute son humanité et son ineffable destinée.

    Au nom d’Haïti et de toutes les valeurs positives dont tous les humains sont capables, je dis à l’Occident que les Temps sont venus D’ACCEPTER CETTE RÉALITÉ à savoir : L’APPORT POSITIF DU MONDE NOIR SOUS TOUTES SES FORMES, QU’ELLES SOIENT DU DOMAINE COSMIQUE OU À L’ÉCHELLE TERRESTRE. QUE VIVENT « LES SOLEILS NOIRS ! » EN VÉRITÉ ET PAIX... LA VRAIE PAIX DES ÉTOILES !

    D’ACCEPTER DÉSORMAIS QUE HAÏTI PUISSE SORTIR RAJEUNIE DE SON ABÎME ET DE SES INCROYABLES ÉPREUVES, ET SURTOUT :

    D’AIDER LE MONDE, CET UNIVERS À TOUS, À DÉMYSTIFIER LE MOT LUMIÈRE. DANS CE GRAND ET MERVERVEILLEUX MONDE OCCIDENTAL QUI AU 21e SIÈCLE EN E ST PLUS QUE CAPABLE !

    Comme mon message s’étire... et s’adresse à vous... à votre bon accueil éventuel qui me stimule, stimule ma raison, ma raison d’être... maintenant je m’arrête. Non sans vouloir partager avec vous le témoignage dont je fais part dans un SITE WEB intitulé : www.contact-canadahaiti.ca.

    Le titre en est : « HAÏTI QUE LA LUMIÈRE SOIT ! »

    Je vous souhaite tous les succès possibles dans cette belle entreprise qu’est votre rôle public au niveau de la communication qu’est la presse.

    Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’hommage et l’expression de ma meilleure considération.

    Lucien Bonnet
    202 - 4300, 2e rue
    Laval, QC
    H7W 4P4
    Courriel : loubonnet chez sympatico.ca
    Site Web : www.contact-canadahaiti.ca
    Sur Youtube : bonnetlucien
    Et : contactcanadahaiti
    ou bien GOOGLE :
    Entrevue - Lucien Bonnet

    13 min - 30 oct. 2010 - Importé par ContactCanadaHaiti
    www.contact-canadahaiti.ca
    www.youtube.com/watch?v=_6qROd5v5Y4


    Original Message -----
    From : Lucien Bonnet
    To : loubonnet chez sympatico.ca
    Sent : Wednesday, January 19, 2011 1:56 PM
    Subject : Jean-Claude Duvalier reste libre

    Vous etes ici : Home // A LA UNE, ACTUALITE, Antilles, Haiti, Monde // Jean-Claude Duvalier reste libre
    Jean-Claude Duvalier reste libre
    Par sxm info le 18 jan 2011 | 2 Commentaires

    L’ex-dictateur haïtien est ressorti mardi libre du Palais de justice de Port-au-Prince
    Il reste "à la disposition de la justice", après avoir été inculpé pour corruption, a affirmé à l’AFP un de ses avocats.
    Arrêté dans la journée par la police à l’hôtel de Port-au-Prince où il résidait, "Baby Doc" est officiellement poursuivi pour corruption, vol et détournement de fonds pendant ses années au pouvoir (1971-1986) à Haïti.

    AFP/Hector Retamal

    http://www.sxminfo.com/18/01/2011/jean-claude-duvalier-reste-libre/

    PartagerTags : Haïti, jean-claude Duvalier
    2 Reponses dans " Jean-Claude Duvalier reste libre "
    Lucien BONNET dit :
    18 janvier 2011 à 21 h 22 min
    POLITIQUE OCCIDENTALE FACE AUX NOIRS

    Comme indiqué dans notre introduction de HAÏTI QUE LA LUMIÈRE SOIT ! le malaise qui existe dans les relations entre l’Occident et le Monde noir s’exprime à tous les niveaux et plus particulièrement sur le plan politique et donc économique. Le premier étant le dominant et le second le dominé. Cette relation se manifeste dans le cas d’Haïti qui est pris ici comme exemple. Et c’est dans ce contexte que nous présentons dans ce chapitre une analyse de l’évolution politique d’Haïti en rapport avec l’Occident, ainsi qu’une lettre que nous avons adressée au leader politique Jean Bertrand Aristide.

    HAITI À L’AUBE DE « LA PAIX DES ÉTOILES »

    « Il faut que quelque chose change ici », avait déclaré le Pape Jean-Paul II lors de sa visite en Haïti en mars 1983. Le Saint-Père voulait bien sûr faire allusion à la situation répressive dans ce pays mais, aussi, à n’en point douter, à quelque chose de plus profond et de plus vaste, à un changement dans l’attitude de l’Occident face au Monde noir.

    DUVALIER : SIMPLE INSTRUMENT

    N’est-il pas révélateur que l’annonce de la chute présumée du Président Jean-Claude Duvalier ait été faite par le Président américain Ronald Reagan ? N’est-ce pas là une façon brutale de signifier au Peuple haïtien que son devenir, comme cela avait été le cas pour ses ancêtres, dépend de la volonté de son maître occidental ? Car, enfin, par ses gestes passés et présents, l’Amérique ne s’affirme-t-elle pas comme étant le seul véritable maître de cette île, les Duvalier et autres dictateurs n’étant que ses instruments dociles ?
    Le problème du régime répressif des Duvalier n’est en fait que la conséquence d’un problème encore beaucoup plus vaste et profond qui conditionne l’ensemble des attitudes conscientes et inconscientes de l’Occident, dit chrétien, face au Monde noir.
    La grande dichotomie chrétienne, écrit à ce propos un savant français, Roger Bastide, c’est celle du blanc et du noir. Le blanc, expression de la pureté et le noir du diabolique. Ce qui fait que l’opposition du Christ et de Satan, de la vie spirituelle et de la vie charnelle, du bien et du mal, se traduit finalement par cette opposition de la blancheur et de la noirceur qui subsume toutes les autres. Même chez l’aveugle qui ne connaît que la nuit : mais les mots prononcés, ou entendus, suffisent chez lui comme chez le voyant à entraîner la ronde des anges et des diables : « une âme noire », « la noirceur d’une action », ou « une sombre action », « la blancheur innocente du lys », « la candeur d’un enfant », « se blanchir d’un crime³… Ce ne sont pas simples substantifs ou adjectifs.

    La blancheur se réfère à la lumière, à l’ascension dans la clarté, à la neige vierge et immaculée, au vol des colombes du Saint-Esprit, à la transparence limpide, tandis que la noirceur reste le paysage de l’Enfer, la couleur du Diable, comme celle des entrailles de la terre, des laves infernales… Ce jeu d’associations d’idées fonctionne automatiquement, tant notre pensée est esclave de notre langage, lorsque « l’homme blanc » se trouve en contact avec un Noir. Mario de Andrade a dénoncé, avec juste raison, les méfaits de ce symbolisme chrétien, aux origines même du préjugé de couleur.
    Et, en Amérique, lorsque un nègre est accepté, pour le détacher du reste de sa race, on dit de lui : « C’est un nègre, oui, mais à l’âme blanche ».
    Duvalier parti, le nouveau régime haïtien sera sans nul doute tout aussi répressif et corrompu s’il obéit à un « maître » méprisant à l’égard de l’homme noir. Seule une indépendance véritable de ce pays des Caraïbes, assumant pleinement son identité, permettra au peuple haïtien de se soustraire du carcan de la relation maître-esclave. Indépendance qui, malheureusement, ne pourra réellement se concrétiser sans un changement fondamental dans le comportement de ceux qui ont les moyens de perpétuer leur domination sur le Monde noir. Car c’est là, à notre avis, « qu’il faut que quelque chose change » d’abord.

    L’OCCIDENT : ESCLAVE DES PRÉJUGÉS ANTI-NOIRS

    Nous connaissons aujourd’hui fort bien les mécanismes avec lesquels l’Occident dit chrétien a véhiculé et justifié les préjugés anti-noirs. De nombreux savants occidentaux ont même eu le courage de dénoncer un tel état de choses. Parmi eux, citons encore l’anthropologue français Roger Bastide qui explique comment, chose à première vue inoffensive, le christianisme apporte avec lui une certaine symbolique des couleurs. Il souligne également qu’il y a dans le racisme anti-noir infiniment plus que l’effet de ce symbolisme. En particulier des racines économiques.
    Ainsi, écrit-il : « Lorsque des chrétiens ont voulu justifier l’esclavage, en faisant remonter la noirceur de la peau à une punition de Dieu, soit l’anathème jeté sur Caïn, meurtrier de son frère, soit celui jeté sur Cham, fils de Noé, qui avait découvert la nudité de son père, ils utilisaient sans doute le symbolisme de la noirceur, mais en deçà de ce symbolisme, ils inventaient des contes éthologiques, destinés à justifier à leurs propres yeux un mode de production fondé sur l’exploitation des travailleurs Noirs « importés » d’Afrique ».

    Les conséquences néfastes issues de ces préjugés anti-noirs véhiculés par la civilisation occidentale dite chrétienne ont déjà été largement constatées au niveau socio-politique (esclavage, conflits raciaux, apartheid, etc.). Et la nocivité de ces préjugés est telle que même le domaine scientifique que l’on croyait à l’abri de cette contagion ne semble guère épargné.
    Cette constatation paraît d’une manière plus évidente encore dans le domaine des Sciences dites exactes qu’est l’Optique. En effet, dès que l’on aborde cette discipline scientifique qui concerne l’étude de la lumière sous toutes ses formes, on se bute immédiatement à des ambiguïtés, à des imprécisions, à deinterprétations équivoques ou fantaisistes, voire même contradictoires.

    La notion de couleur issue d’expérimentation à caractère scientifique découle, en Occident, de la fameuse démonstration à laquelle se livra, en 1665, le célèbre savant anglais Isaac Newton. Cette expérience consiste à faire passer un rayon lumineux visible, appelé « lumière blanche » à travers un prisme dans une chambre noire, et provoquer la décomposition de cette lumière en un spectre continu de toutes les couleurs. Il est aisé de constater que cette expérience et les conséquences qui en ont découlé sont loin d’être scientifiques ou concluantes.
    Wolfgang Gœthe, le plus illustre des écrivains allemands et savant de grande valeur, a d’ailleurs mené, en son temps, un âpre combat sur ce qu’il appelle « l’erreur de Newton ». Selon lui, « cette clarté transparente qui paraît devant l’obscurité c’est la preuve de la loi selon laquelle la lumière n’est qu’un mélange de lumière et de ténèbres, à des degrés divers ». Le célèbre professeur américain Carl Sagan abonde dans son sens. Les ténèbres de l’espace, à son avis, cachent jalousement d’incroyables ressources bénéfiques à la Science. Or, il décèle dans la recherche de pointe telle la recherche astrophysique un ensemble de préjugés anti-noirs qui, selon lui, sont autant de freins pour l’avancement des découvertes de l’ère spatiale : « Après Apollo, dit-il, les savants ont été découragés ? Vous savez pourquoi ils ont été découragés ? Parce que le ciel sur la Lune est noir. Ça les a déprimés. Vous croyez qu’il s’agit d’une blague ? Pas du tout. Les savants sont plus fragiles qu’il n’y paraît. Or le ciel de Mars est rose. Les voilà qui reprennent espoir.

    Aujourd’hui, quelques savants, après avoir constaté « cette obscure clarté qui tombe des étoiles », suggèrent qu’il faut redéfinir le mot « lumière », c’est-à-dire rejeter la loi de Newton sur la couleur. Car il devient de plus en plus évident qu’à l’échelle cosmique comme à l’échelle terrestre, l’obscurité ou la noirceur fait partie intégrante du processus de la lumière et de la couleur.
    Ainsi, il appert que les préjugés anti-noirs profondément ancrés dans la culture occidentale, compromettent sérieusement la marche naturelle du progrès. Ils constituent également un handicap pratiquement insurmontable dans les relations Occident-Monde noir. La véritable solution du problème haïtien relève donc du long terme. La quête « de liberté, d’égalité et de fraternité », source de vérité ou de « lumière », nécessite de constants efforts.
    Lucien Bonnet
    http://www.contac-canadahaiti.ca

    Article publié dans le Journal montréalais « Le Devoir » en date du 26 février 1986 à l’occasion de la chute de Jean-Claude Duvalier. L’auteur, Montréalais d’origine haïtienne, a réalisé un film intitulé « Où vas-tu Haïti ? »

  • Le 26 janvier 2011 à 10:37, par Christiane En réponse à : Haïti regorge de matières premières

    En cherchant un peu sur le web, on peut trouver un grand nombre d’indicateurs qui expliquent que Haïti, la plus petite partie de Hispaniola (l’autre, et plus grande partie de l’île, étant la République Dominicaine ou Saint-Domingue) représente un potentiel énorme en ressources pétrolières, aurifères, mais également en Iridium (métal rare du groupe du Platine qui est actuellement utilisé dans l’industrie militaire : missiles nucléaires, mais aussi dans le développement de l’industrie liée à la conquête de l’espace : fusées, système de mise en orbite, etc…).

    A la lumière de ces éléments, on pourrait facilement en déduire que la volonté et l’énergie déployées par Washington pour déployer rapidement entre 12 et 15.000 soldats sur le sol haïtien dans une mission qui, comme l’annonce le haut commandement militaire US, se prolongera dans le long terme.

    Dans les années 70 des travaux géophysiques ont été entrepris en divers points d’Haïti. Les forages ont signalé la présence d’huile et de gaz révélateurs de l’existence de pétrole. Des réservoirs de pétrole ont été localisés dans les sédiments marins entre 6000 à 7000 mètres de profondeur dans le Canal de la Gonâve et spécifiquement dans la Baie de Rochelois à l’Ile de la Gonâve.

    Parmi les zones d’intérêt potentiel, citons le Plateau Central, la partie terrestre de la Plaine du Cul-de-Sac et la Grande Caïmite. « L’état actuel des connaissances accumulées sur le potentiel pétrolier haïtien est suffisamment satisfaisant pour attirer des investissements. » conclut le rapport No 3 du Bureau des mines d’Haïti.

    Mais pourquoi ne peut-on pas exploiter le pétrole d’Haïti et soulager la misère du Peuple haïtien ?

    La raison est d’ordre politique. Haïti est considérée comme l’arrière-cour du Grand Voisin (les USA bien sur). Le pétrole haïtien est inclus dans leurs réserves au cas d’une pénurie mondiale causée par la Guerre ou l’épuisement de cette ressource naturelle non renouvelable sur les autres Continents.

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