Une tribune pour les luttes

CIP-IDF, Coordination des intermittents et précaires

L’économie c’est la loi et le social c’est du vol ?
Ni honte, ni dette, ni culpabilité, s’organiser !

Article mis en ligne le mercredi 18 janvier 2012

Avec les liens :
http://www.cip-idf.org/article.php3...

Mardi 17 janvier 2012

Dernière modification : mercredi 18 janvier 2012

Nous répondons à l’appel à occuper les Pôle emploi ce 17 janvier car l’auto-organisation des chômeurs, des précaires et des intermittents est une impérieuse nécessité.

Lorsque la société organise notre atomisation, il y a lieu de se coaliser. Lorsque l’on est attaqué de toute part et que l’on ne peut fuir, il n’y a d’autre choix que de se défendre [1].

Depuis qu’on qualifie les chômeurs et jusqu’aux retraités [2] de fainéants et de parasites, la vision dominante s’est radicalement précisée : «  L’économie c’est LA loi et le social c’est du vol. ».

Demain, le président reçoit patronat et syndicats pour un sommet « social » sur l’emploi... cela fait déjà longtemps que l‘invocation du social ne présage rien de bon. On va encore chercher à nous flexibiliser et nous contraindre, tout en expliquant que c’est pour le bien de tous [3]. Et bien non.

Le social c’est du vol

Ceux qui dépendent de prestations sociales sont donc tous des profiteurs et des voleurs, c’est logique. Ainsi la chasse à la « fraude sociale » est elle ouverte [4]. Cette politique permet de faire de chaque allocataire, de chaque salarié en arrêt maladie, un fraudeur potentiel à débusquer. Au guichet et dans les ordinateurs de Pôle Emploi comme de la CAF [5] la présomption de culpabilité s’applique démocratiquement, c’est-à-dire au plus grand nombre.

L’économie c’est la loi

À l’initiative de la « droite sociale », le Parlement a décidé, pour «  rendre sa dignité au chômeur », d’imposer 7 heures hebdomadaires aux RSAstes, sous peine de perdre cette mini allocation. 11 départements expérimentent la mise au travail obligatoire des RSAstes. Ainsi on va forcer toujours davantage les « assistés » à participer activement à la bonne marche de l’économie, c’est-à-dire à accepter n’importe quelle miette d’emploi, dans n’importe quelle conditions, pour des miettes de salaire voire pas de salaire du tout.

Ça vient de loin. Lionel Jospin, lorsqu’il était premier ministre déclarait en réponse aux mobilisations de chômeurs et précaires en 1998, « Je préfère une société de travail à l’assistance »… [6] La gauche de droite a préparé le terrain à la « droite sociale ». En 2007 le vichyssois de Neuilly Sarkozy pouvait oser paraphraser le IIIe Reich et déclarer « le travail c’est la liberté, le plein emploi est possible ».

Alors rien de choquant non plus à ce que des chômeurs soit gratuitement mis à disposition des entreprises à travers des dispositifs comme les EMT (évaluation en milieu de travail) ou les AFPR (action de formation préalable au recrutement). Manière en fait de balader les gens au profit des entreprises avant de les renvoyer à la case départ. Quand une entreprise a besoin d’embaucher, elle dit quelle forme et puis c’est tout. C’est normal.

Tous endettés et coupables

Les gouvernants cherchent à redonner confiance aux actionnaires en renflouant les banques, mais cela ne suffit pas. Il faut aussi désigner des coupables auxquels faire payer la crise, non seulement les immigrés, les chômeurs, mais aussi les vieux, les malades, les enfants et leurs trop coûteuses existences qui creusent les déficits. Maintenant, nous sommes tous endettés vis-à-vis de la société [7]. Et ce pour toute la vie. Redevables par avance, y compris de nos lendemains qui devraient, tout comme le présent, être consacrés à encore et toujours "sauver le système", préserver « l’intérêt général », ne pas "trahir"... l’économie.

On n’est plus seulement flexibles... on devient extra perméables

Les mauvais chômeurs vivent du sacrifice des salariés en poste, les travailleurs paresseux et insouciants de l’intérêt général vivent aux crochets de ceux qui leur offrent un emploi, les retraités vivent grassement aux dépends de ceux qui travaillent. C’est avec de tels présupposés que l’on restructure les entreprises et les services et qu’on ne cesse de dépouiller et de culpabiliser des pans entiers de la population.

Et ces discours sont si obstinément assénés (merci les média, merci les experts) que des pauvres les reprennent. Contre le pauvre d’à côté, érigé en bouc émissaire, et contre eux mêmes, minés par un sentiment d’indignité et le déshonneur de n’avoir pas « réussi ». La culpabilisation a notamment pour conséquence que de nombreux pauvres ne demandent même pas ce à quoi ils auraient droit. Au point de ne prendre ni le chômage, ni le RSA. Une récente étude gouvernementale montre que 1,65 millions de personnes qui pourraient prétendre au RSA ne le font pas. C’est plus de 5 milliards d’économie par an [8].

L’idéologie du travail se veut plus têtue que les faits eux mêmes

C’est précisément pour défendre un ordre social profondément inégalitaire qu’on nous qualifie de profiteurs. Il ne s’agit surtout pas de considérer que l’emploi se fait rare et plus rarement encore acceptable, que les conditions de travail sont assez peu désirables, que bien souvent on cherche à nous manager à mort, comme c’est le cas à Pôle emploi de part et d’autre du guichet ; Il ne s’agit surtout pas de considérer que la production de marchandises, souvent inutiles, conçues pour durer bien moins longtemps que la frustration engendrée par leur omniprésence, et si souvent nuisibles, n’a le plus souvent rien d’exaltant. Le parcours du chômeur, lui, se doit donc d’être dur, inquiétant, contrôlé. Courez au taf, rasez les murs, jouez, si possible avec brio, le rôle qui vous est assigné, vous êtes suivis ! [9] Disposer d’un minimum pour vivre ce n’est pas la priorité.


Le chômage nous met en crise

Les chômeurs sont autant de personnes qu’il s’agit de maintenir en état de crise. On le sait bien, Pôle emploi [10], loin d’être à leur service, est un des facteurs majeurs de cette mise en crise, et ce au motif que nous serions improductifs. Peu importe que 700 000 RSAstes soient déjà employés, peu importe que la catégorie des "chômeurs en activité à temps réduit", de ceux qui dépendent à la fois d’un salaire de l’emploi et d’une allocation, n’ait jamais réunie autant de monde. Les mêmes discours travaillistes reviennent sans cesse. Comme si on y croyait.

Nous le savons d’expérience,

le chômage n’est pas l’envers du travail mais l’un de ses moments. Le plein emploi ne reviendra pas.

Si nous ne voulons pas crever, fissa ou à petits feux, dans les eaux glacées du calcul égoïste, si nous ne voulons pas être réduits à survivre dans le dénuement et la honte, l’isolement et le désarroi, nous avons à être tenaces et inventifs, à tout faire pour modifier ce paysage mental irrespirable.

NOUS NE LEUR DEVONS RIEN
NOUS VOULONS VIVRE LIBRES
ET LES MOYENS DE LE FAIRE

Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement, partager les infos et les expériences passez les lundi de 15h à 17h30 à la CIP 13 bd de Strasbourg, M° Strasbourg Saint-Denis, Tel 01 40 34 59 74
Nous proposons des permanences d’accueil et d’information
• sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle, vous pouvez envoyer vos questions, remarques, analyses à cap chez cip-idf.org
• sur la précarité, adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite chez cip-idf.org.
Coordination des intermittents et précaires

Pour information, faites passez le mot à tous les allocataires de la CAf de votre connaissance :
Le collectif de chômeurs et précaires des CAFards de Montreuil a réalisé un guide pratique pour faire face aux contrôles domiciliaires de la CAF. Ce guide donne des billes pour se débrouiller face aux contrôleurs et invite à ne pas le faire seul, isolé, mais collectivement. Il nous faut inventer de nouvelles formes de lutte et de solidarité.
Mail : cafardsdemontreuil chez riseup.net
Ce guide se trouve là : http://cafard93.wordpress.com/

Pourquoi occuper les Pôles emploi à partir du 17 janvier ? MCPL, Rennes
http://www.cip-idf.org/article.php3...

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